Un Partenaire
Je me décrirais comme un partenaire qui n’entre pas dans une relation pour y prendre possession, mais pour y habiter. Habiter le lien comme on habite un lieu vivant. Avec attention. Avec respect. Avec la conscience que rien n’est jamais acquis, ni l’amour, ni le désir, ni même la présence. Je ne crois pas aux contrats éternels signés sous la peur de la perte. Je crois aux accords renouvelés. À la fidélité choisie. À l’engagement qui se réécrit sans cesse parce qu’il est vivant.
L’homme que je suis en couple n’est pas un garant de sécurité émotionnelle au sens infantile du terme. Je ne viens pas réparer, colmater, rassurer à l’infini. Je viens rencontrer. Je viens marcher à côté. Je viens offrir un espace dans lequel l’autre peut respirer sans se sentir surveillée, évaluée, retenue. J’aime les femmes qui restent parce qu’elles le veulent, pas parce qu’elles ont peur de partir. Et je sais que cela implique un risque réel. Celui d’être quitté. Celui de ne pas être choisi un mois donné. J’accepte ce risque parce qu’il est le prix de la vérité.
Si je devais utiliser une image, je dirais que je propose une maison sans cadenas. Une maison chaude, solide, habitée, mais dont la porte n’est jamais verrouillée. Chaque mois, on se regarde et on se dit si on signe encore pour y vivre ensemble. Pas par calcul. Par désir. Par cohérence. Par joie. Ce n’est pas un bail juridique. C’est un acte intérieur. Un oui répété. Et parfois un non. Et je préfère mille fois un non honnête à un oui par confort.
Je suis un partenaire qui croit que le désir ne supporte pas la dette. Dès qu’il devient une obligation, il se fane. Dès qu’il est attendu, exigé, négocié, il se transforme en service rendu. Je n’attends pas qu’on me doive le désir. Je veux qu’on me l’offre. Libre. Spontané. Parfois débordant, parfois silencieux. Et j’accepte les saisons. Les creux. Les absences. Les reprises. Le désir n’est pas un robinet. C’est un animal sauvage. Il s’approche quand il se sent en sécurité et quand il n’est pas traqué.
J’ai connu la confusion entre liberté et fuite. Entre ouverture et dispersion. Entre désir vivant et agitation intérieure. Il y a une manière immature de vouloir tout garder ouvert parce qu’on ne veut rien perdre. Parce qu’on a peur de manquer. Parce qu’on cherche à se prouver qu’on existe encore dans le regard de l’autre. Cette liberté-là est bruyante. Elle consomme. Elle accumule. Elle laisse un goût de vide après coup. Je la connais. Je ne la méprise pas. Mais je ne la confonds plus avec la mienne.
La liberté que je propose aujourd’hui est plus sobre. Plus exigeante. Elle demande de savoir pourquoi on désire. D’où ça part. Ce que ça vient réparer ou célébrer. Elle demande de pouvoir dire non à une excitation qui n’est qu’un anesthésiant. Elle demande aussi de pouvoir dire oui à un désir qui dérange, qui déplace, qui oblige à parler vrai. Cette liberté-là n’est pas contre le lien. Elle le rend possible et plus beau. Parce qu’elle n’utilise pas l’autre comme un outil de régulation interne.
Je suis un partenaire qui parle. Pas pour expliquer. Ni pour gronder. Pour dire ce qui se passe en moi. Ce qui s’éteint. Ce qui s’allume. Ce qui résiste. Ce qui a peur. Je ne promets pas la stabilité émotionnelle parfaite. Je promets la lisibilité. On ne se perd pas dans le flou avec moi. On peut souffrir. Mais on sait pourquoi. Et on sait où on en est.
Je ne cherche pas une femme qui me complète. Je cherche une femme entière. Une femme qui n’a pas besoin de moi pour exister, mais qui me choisit pour partager. Une femme capable de rester même quand elle part. Et capable de partir même quand elle reste. Une femme qui sait que l’amour adulte n’est pas une fusion totale, mais une cohabitation consentie entre deux mondes distincts.
Être avec moi, ce n’est pas être tranquille au sens confortable. C’est être en mouvement. C’est être invitée à vérifier régulièrement si ce que nous vivons est encore juste. C’est accepter que rien ne soit figé, ni les rôles, ni les désirs, ni les formes. Mais c’est aussi être profondément respectée. Jamais utilisée. Jamais réduite. Jamais enfermée.
Si je devais résumer, je dirais que je suis un partenaire qui préfère être choisi chaque mois plutôt que promis pour toujours. Et qui, de son côté, choisit aussi. Pleinement. Sans retenue. Tant que c’est vivant. Tant que c’est vrai. Tant que l’on se regarde encore avec ce mélange rare de tendresse, de désir et de liberté assumée.