Thursday, February 12, 2015

Wednesday, February 11, 2015

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie.

Marguerite Duras
in Ecrire

Saturday, February 07, 2015

Saturday, January 03, 2015

Wednesday, June 04, 2014

Sunday, May 11, 2014

Talk to me like lovers do (texte de Ann Aroïs)


Je connaissais l’Abbaye des Vaux de Cernay, lieu majestueux au cœur de la forêt de Rambouillet.
Je donnais à Philippe mon accord pour cette rencontre le jour dit. Je ne me lassais pas de regarder ce bouquet.
Les courriels de Philippe suggéraient son goût pour la symbolique des fleurs. Mon dictionnaire des symboles indiquait que l’anthurium rouge était un signe d’invitation à l’amour, de fougue sensuelle. Quant à l’arum rouge, l’offrir signifiait à son destinataire le désir ardent d’une relation d’amour charnel.  L’entrelacement des fleurs dans le bouquet me fit penser que Philippe n’avait pas choisi au hasard ces fleurs et cela me plaisait mais m’angoissait tout autant.
Comment était Philippe ? Etait ce prudent d’aller à ce rendez-vous ? Quelque chose me poussait vers cet homme. J’avais envie de savoir qui se cachait derrière ces mots, ces conseils botaniques, ces allusions, ces messages, ces fleurs.
J’avais envie de cet homme. Sans même le connaître.

Le vendredi, un peu avant 20h, j’entrais dans le parc de l’Abbaye. La vision était éblouissante. Le lac paisible, l’herbe verte, la forêt tout autour,  le pavillon chinois rouge au bord du lac, l’abbaye merveilleuse devenu aujourd’hui un hôtel luxueux.
Je traversais un long couloir de boiseries avant d’entrer dans le grand salon. Près de l’immense cheminée, assis dans un canapé rouge passion, je vis un homme et su tout de suite que c’était lui. A sa façon de me regarder. Il se leva, s’approcha et m’invita à venir s’asseoir. Il était massif, les cheveux blonds, des yeux bleu ciel, une peau matifiée par le soleil. Je remarquais son large sourire, ses mains épaisses. Je réfléchis à l’âge qu’il pouvait avoir. Quarante ans, peut être un peu moins. Peut être un peu plus. Je ne l’avais pas imaginé comme cela.
Je lui trouvais beaucoup de charme. Je lui proposais d’aller boire un verre dehors, sur la terrasse, près des vieilles pierres. Nous parlâmes pendant plusieurs heures. De son métier de botaniste. Il effectuait une mission pour un parc botanique de Bretagne afin de rescencer de nouvelles plantes venues d’autres pays et pouvant s’acclimater au climat breton. Je compris alors pourquoi il m’avait aperçu le jour où j’étais allée chercher mes fleurs. Le parc pour lequel il intervenait était un de ceux que j’avais visité. David travaillait lui aussi pour ce même parc. Il me raconta avoir lu mes écrits et avoir eu envie de créer une rencontre qui soit à la hauteur de celle de Jacob. Nous marchâmes le long de l’abbatiale.
Je lui dis avoir apprécié ses métaphores jardinières. Il me répondit qu’il avait envie de connaître mon jardin secret, le plus intime, de sentir son parfum… J’avais envie de cet homme.
De plus en plus envie. Il n’était pas vraiment beau. Pas vraiment attirant mais j’avais envie de lui. Il me demanda maladroitement si j’avais envie de rester cette nuit avec lui dans une chambre. Je lui dis oui.
Il ne m’embrassa pas.
Nous sommes rentrés dans le hall et avons pris l’ascenseur jusqu’au dernier étage. Il ne parlait pas. Moi non plus. Au fonds du couloir, il ouvrit la porte de la Chambre Rotschild. Une suite donnant sur le parc, avec une fenêtre en œil de bœuf près d’un petit salon art déco. Le lit immense avait été ouvert par la femme de chambre. Les lumières des chevets étaient allumées.
Je posais mon sac. J’aperçus la fresque en mosaïque de la salle de bains, ses boiseries et les deux peignoirs blancs posés près de la fenêtre. Philippe est allé entrouvrir la fenêtre, tira le rideau, ce qui assombrit légèrement la pièce. Il éteigna une des des lampes puis s’approcha de moi. Je le laissais faire. Il se déshabilla devant moi dans le silence. Je ne bougeais pas et le regardais. Il avait un torse carré et massif. Des cuisses larges.
Son sexe était large, déjà dur. J’avais envie de me laisser faire.
Il s’approcha de moi, écarta les épaules de ma robe, sortit mes bras des manches, puis fit glisser ma robe le long de mes cuisses. Il dégrafa mon soutien gorge et baissa doucement la culotte que je portais. Je le laissais faire. Il se colla à moi. Je sentis ses mains autour de ma taille. Il me dit simplement au creux de l’oreille « je veux plonger entre tes cuisses, respirer ton odeur, te sentir, te ressentir ».  Je m’allongeais sur le grand lit, au milieu. Philippe ne m’embrassa pas. Je ne fis rien de cela moi non plus. J’écartais simplement les cuisses et lui dis « viens ».

Wednesday, July 11, 2012

Au fond du jardin (partie 11)


Ann
Actuellement, j’ai une envie irrésistible de promener mon ver dans un ruisseau pour qu'une truite le gobe.
Savez vous que l'on peut lire une rivière, deviner où se cachent les belles. D'une touche électrique, quasi jouissive, certaines avalent goulument l ‘appât, d autres timidement par petits coups. Je prends ma gaule et vais de ce pas vers le ruisseau, vous abandonnant lâchement pour mon plaisir.
J'aurai plus de temps à vous consacrer dans une semaine.
Je dois partir à Courson en vue de la préparation de la journée des plantes.
Philippe


Philippe,
Je dois partir quelques jours à Paris pour mon travail. Je vous attends donc à mon retour.
Ann

Un homme frappa à ma porte le lendemain matin. C’était un livreur, il apporta un bouquet d’anthuriums rouges et d’arums rouges entrelacés de feuillages abondants verts.
Une carte accompagnait le bouquet.
« Lady,
Si ce n’est en Bretagne, voyons nous ailleurs… Nous ne serons pas si loin… Abbaye des Vaux de Cernay – vendredi - 20h dans le Grand Salon –  Voulez vous ?
 Votre jardinier
Philippe ».

Tuesday, July 10, 2012

Au fond du jardin (partie 10)


Philippe,
A vous lire, c’est une digitale rouge qu’il me faudrait vous offrir. N’est ce pas la fleur qui crie le désir charnel ardent ? 
Ou peut être un iris ? car vous enchantez mes jours mais je rêve, je vous avoue, que vous enchantiez mes nuits.
Vous voyez, moi aussi, je jouis du langage des fleurs. Quand viendrez vous donc vous montrer dans mon jardin ?
Ann, qui n’en puis plus de ne pas vous connaître.


Silence à nouveau.


Monsieur,
Je ne sais si votre silence doit m’irriter ou m’émouvoir.
J’ai acheté toutes ces plantes au moment même où vous abandonnez mon jardin  me semble t’il. 
Il me serait bien agréable que vous mettiez à ma disposition David ou un autre jardinier, puisque vous ne daignez pas venir vous même afin de planter comme il faut ces fleurs en pots qui ne demandent qu’à intégrer la terre.
Que dois je comprendre à votre silence ?
Dois je y voir une signification balzacienne ? Allez vous m’envoyer un lys ? Etes vous donc Felix de Vandenesse et moi la Comtesse de Mortsauf ?
Votre Lady, quelque peu impatiente. 


Lady,
Pour mettre la plante en terre, il faut que le trou qui la recevra soit bien humide, n’oubliez pas cela. 
Votre jardinier


Monsieur,
Arrosez, arrosez… pour que cela soit humide…
Votre Lady


Bonsoir Lady,
Durant la nuit, comme l'ouverture de la pêche approche, je vais entreprendre l'inventaire des zones humides.
Si durant votre sommeil vous ressentez des frémissements, ce n'est que moi qui suis en train de passer.
Il est même possible que je vérifie l’humidité en y entrant un doigt, voire ma gaule.
Votre jardinier


Monsieur,
Vous avez un sixième sens, celui de savoir ce qui me plait.
Car en effet, qu'on me réveille la nuit par quelques caresses bien choisies est une chose que j'adore. Il ne faut pas longtemps pour me convaincre d'écarter un peu plus les cuisses.
Pour y laisser entrer un doigt, voire deux.
Et lorsque l’humidité laissera trace sur votre peau, ce qui viendra assez vite sous des doigts d'experts, c'est avec une envie non dissimulée que j'en appellerai à votre queue.
Apprendre les sciences de la nature avec vous, jardinage ou pêche, est un pur délice.
Je ne me suis jamais sentie aussi proche de la nature.
Ann