Polémique marchés de Noël: Nazifiez, nazifiez, il en restera bien quelque chose ! (Guess why two years before a critical presidential election that should logically see France’s leading party come to power and at a time when some of our Christmas markets are being closed amid the imprecations of priest-haters and the bombs and car-ramming attacks of Islamists, our public service is pulling out all the stops to demonize our Christmas celebrations by taking historical elements out of context ?)

11 décembre, 2025
The surprisingly sordid history of Germany's Christmas markets | National GeographicHow The Nazi Ideology Ruined And Reshaped ChristmasBerlin Exhibition Chronicles Evolution of Christmas Decorations From 19th Century to Today
ImageImageImageImageGerman Christmas markets face higher security costs – DW – 12/03/2025ImageLaissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.  Jésus (Luc 18:16)
Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. Jésus (Mathieu 25 : 40)
N’est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Jésus (Marc 11: 17)
Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée. Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Jésus (Matthieu 12: 43-45)
Du passé faisons table rase. Eugène Pottier (L’Internationale, 1871)
O Enfants d’Israël ! rappelez-vous la faveur que Je vous ai octroyé, et remplissez vos engagements envers Moi comme Je remplis Mes obligations envers vous, et ne craignez personne d’autre que Moi. Et croyez en ce que Je révèle, confirmant la révélation qui est avec vous, et ne soyez pas les premiers à rejeter la Foi qui s’y trouve, ni ne vendez Mes Signes pour un petit prix; et craignez Moi, et Moi seul. Coran 2:40-41
Combattez ceux qui rejettent Allah et le jugement dernier et qui ne respectent pas Ses interdits ni ceux de Son messager, et qui ne suivent pas la vraie Religion quand le Livre leur a été apporté, (Combattez-les) jusqu’à ce qu’ils payent tribut de leurs mains et se considèrent infériorisés. Coran 9:29
Des théologiens absurdes défendent la haine des Juifs… Quel Juif pourrait consentir d’entrer dans nos rangs quand il voit la cruauté et l’hostilité que nous manifestons à leur égard et que dans notre comportement envers eux nous ressemblons moins à des chrétiens qu’à des bêtes ? Luther  (1519)
Nous ne devons pas […] traiter les Juifs aussi méchamment, car il y a de futurs chrétiens parmi eux. Luther (Propos de table, 1543)
Si les apôtres, qui aussi étaient juifs, s’étaient comportés avec nous, Gentils, comme nous Gentils nous nous comportons avec les Juifs, il n’y aurait eu aucun chrétien parmi les Gentils… Quand nous sommes enclins à nous vanter de notre situation de chrétiens, nous devons nous souvenir que nous ne sommes que des Gentils, alors que les Juifs sont de la lignée du Christ. Nous sommes des étrangers et de la famille par alliance; ils sont de la famille par le sang, des cousins et des frères de notre Seigneur. En conséquence, si on doit se vanter de la chair et du sang, les Juifs sont actuellement plus près du Christ que nous-mêmes… Si nous voulons réellement les aider, nous devons être guidés dans notre approche vers eux non par la loi papale, mais par la loi de l’amour chrétien. Nous devons les recevoir cordialement et leur permettre de commercer et de travailler avec nous, de façon qu’ils aient l’occasion et l’opportunité de s’associer à nous, d’apprendre notre enseignement chrétien et d’être témoins de notre vie chrétienne. Si certains d’entre eux se comportent de façon entêtée, où est le problème? Après tout, nous-mêmes, nous ne sommes pas tous de bons chrétiens. Luther (Que Jésus Christ est né Juif, 1523)
Les Juifs sont notre malheur (…) Les Juifs sont un peuple de débauche, et leur synagogue n’est qu’une putain incorrigible. On ne doit montrer à leur égard aucune pitié, ni aucune bonté. Nous sommes fautifs de ne pas les tuer! Luther
Ou Dieu est injuste ou vous, les Juifs, vous êtes des impies (…) Il est un argument que les Juifs ne peuvent combattre (…) Il faut qu’il nous disent les causes pourquoi, depuis quinze cents ans, ils sont un peuple rejeté de Dieu, sans roi, sans prophètes, sans temple; ils ne peuvent en donner d’autres raisons que leur péchés. Luther
Si un juif vient me demander le baptême, je lui donnerai, mais aussitôt après je vous le mènerai au milieu du pont de l’Elbe, lui accrocherai une meule au cou et vous le jetterai à l’eau. Luther (Propos de table, 1543)
Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique . […] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre. Jean Jaurès (La question juive en Algérie, Dépêche de Toulouse, 1er mai 1895)
Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. Jean Jaurès (Discours au Tivoli, 1898)
Parmi eux, nous pouvons compter les grands guerriers de ce monde, qui bien qu’incompris par le présent, sont néanmoins préparés à combattre pour leurs idées et leurs idéaux jusqu’à la fin. Ce sont des hommes qui un jour seront plus près du cœur du peuple, il semble même comme si chaque individu ressent le devoir de compenser dans le passé pour les péchés que le présent a commis à l’égard des grands. Leur vie et leurs œuvres sont suivies avec une gratitude et une émotion admiratives, et plus particulièrement dans les jours de ténèbres, ils ont le pouvoir de relever les cœurs cassés et les âmes désespérées. Parmi eux se trouvent non seulement les véritables grands hommes d’État, mais aussi tous les autres grands réformateurs. À côté de Frédéric le Grand, se tient Martin Luther ainsi que Richard Wagner. Hitler (« Mein Kampf », 1925)
Le 10 novembre 1938, le jour anniversaire de la naissance de Luther, les synagogues brûlent en Allemagne. Martin Sasse (évêque protestant de Thuringe)
Depuis la mort de Martin Luther, aucun fils de notre peuple n’est réapparu comme tel. Il a été décidé que nous serons les premiers à être témoins de sa réapparition… Je pense que le temps est passé et que nous devons dorénavant dire les noms de Hitler et de Luther d’un même souffle. Ils sont faits tous les deux du même moule. [Schrot und Korn]. Bernhard Rust (ministre de l’éducation d’Hitler)
Avec ses actes et son attitude spirituelle, il a commencé le combat que nous allons continuer maintenant; avec Luther, la révolution du sang germanique et le sentiment contre les éléments étrangers au Peuple ont commencé. Nous allons continuer et terminer son protestantisme; le nationalisme doit faire de l’image de Luther, un combattant allemand, un exemple vivant « au-dessus des barrières des confessions » pour tous les camarades de sang germanique. Hans Hinkel (responsable du magazine de la Ligue de Luther Deutsche Kultur-Wacht, et de la section de Berlin de la Kampfbund, discours de réception à la tête de la Section Juive et du département des films de la Chambre de la Culture et du ministère de la Propagande de Goebbels)
Le Peuple Allemand est uni non seulement par la loyauté et l’amour de la patrie, mais aussi par la vieille croyance germanique en Luther [Lutherglauben]; une nouvelle époque de vie religieuse consciente et forte a vu le jour en Allemagne. Chemnitzer Tageblatt
Le nationalisme doit faire de Luther un combattant allemand. Avec ses actes et son attitude spirituelle, il a commencé le combat que nous allons continuer maintenant. Hans Hinkel (rédacteur de la Ligue de Luther. Deutsche Kuktur-Watch)
Là, vous avez déjà l’ensemble du programme nazi. Karl Jaspers
Il est difficile de comprendre le comportement de la plupart des protestants allemands durant les premières années du nazisme si on ne prend pas en compte deux choses : leur histoire et l’influence de Martin Luther. Le grand fondateur du protestantisme était à la fois un antisémite ardent et un partisan absolu de l’autorité politique. Il voulait une Allemagne débarrassée des Juifs. Le conseil de Luther a été littéralement suivi quatre siècles plus tard par Hitler, Goering et Himmler. William L. Shirer
Au Procès de Nuremberg, après la Seconde Guerre mondiale Julius Streicher, le fameux propagandiste nazi, éditeur de la revue hebdomadaire haineuse antisémite Der Stürmer, affirme que s’il doit être présent ici, accusé de telles charges, alors il doit en être de même pour Martin Luther. En lisant certains passages, il est difficile de ne pas être d’accord avec lui. Les propositions de Luther se lisent comme un programme pour les nazis. William Nichols
Nous qui portons son nom et héritage, devons reconnaître avec peine les diatribes anti-judaïques contenues dans les articles tardifs de Luther. Nous rejetons ses invectives violentes comme l’on fait nombre de ses compagnons au XVIe siècle, et nous sommes dans une profonde et constante tristesse pour ses effets tragiques sur les générations ultérieures de Juifs. Conseil des églises de l’Église luthérienne évangélique d’Amérique (1994)
Le peuple juif est le Peuple Élu de Dieu. Les croyants doivent les bénir comme les Écritures disent que Dieu bénira ceux qui bénissent Israël et maudira ceux qui maudissent Israël. L’Église désavoue et renonce aux œuvres et mots de Martin Luther concernant le peuple juif. Des prières sont faites pour la cicatrisation des douleurs du peuple juif, sa paix et sa prospérité. Des prières sont faites pour la paix de Jérusalem. Avec une grande tristesse et des regrets, une repentance est offerte au peuple juif pour le mal que Martin Luther a causé. Le pardon est demandé au peuple juif pour ces actions. Les Évangiles sont tout d’abord pour les Juifs et ensuite les Gentils (les croyants en Christ). Les Gentils ont été greffés à la vigne. Dans le Christ, il n’y a ni Juif ni Gentil, mais le désir du Seigneur est qu’il n’y ait qu’un seul nouvel homme, car le Christ a rompu le mur de séparation avec Son propre corps. (Éphésiens 2:14-15). Le LEPC/EPC/GCEPC bénit Israël et le peuple juif. The Lutheran Evangelical Protestant Church (Église protestante évangélique luthérienne des États-Unis)
Notre monde est de plus en plus imprégné par cette vérité évangélique de l’innocence des victimes. L’attention qu’on porte aux victimes a commencé au Moyen Age, avec l’invention de l’hôpital. L’Hôtel-Dieu, comme on disait, accueillait toutes les victimes, indépendamment de leur origine. Les sociétés primitives n’étaient pas inhumaines, mais elles n’avaient d’attention que pour leurs membres. Le monde moderne a inventé la “victime inconnue”, comme on dirait aujourd’hui le “soldat inconnu”. Le christianisme peut maintenant continuer à s’étendre même sans la loi, car ses grandes percées intellectuelles et morales, notre souci des victimes et notre attention à ne pas nous fabriquer de boucs émissaires, ont fait de nous des chrétiens qui s’ignorent. René Girard
Le XIX siècle a transformé Noël en une célébration de la famille bourgeoise. Il a du même coup installé l’enfant au centre du rite profane en lui attribuant un nouveau rôle, celui-ci étant révélateur du changement de son statut social et familial. D’acteur principal du rituel mettant l’adulte au défi, il est en effet devenu en un siècle et demi le récipiendaire d’un don infini et sans réciprocité. Martyne Perrot
L’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémitisme. Demain, les universitaires qui boycottent Israël demanderont qu’on brûle les livres des Israéliens, puis les livres des sionistes, puis ceux des juifs. Roger Cukierman (président du CRIF, janvier 2003)
La nouvelle judéophobie se présente comme une saine réaction à l’injustice – la “spoliation” des Palestiniens, des musulmans, de tous les peuples victimes de l’“arrogance” occidentale. Aussi est-elle assez largement partagée par les multiples héritiers du communisme, du gauchisme et du tiers-mondisme. D’autant plus qu’elle se veut – spécificité nauséeuse – un rejet de la discrimination. L’antijuif de notre temps ne s’affirme plus raciste, il dénonce au contraire le racisme comme il condamne l’islamophobie et, en stigmatisant les sionistes en tant que racistes, il s’affirme antiraciste et propalestinien. Les antijuifs ont retrouvé le chemin de la bonne conscience. (…) Autrefois rejetés comme venus d’Orient puis comme apatrides, les juifs sont à présent “désémitisés”, fustigés comme sionistes et occidentaux. L’antisémitisme refusait la présence des juifs au sein de la nation; l’antisionisme leur dénie le droit d’en constituer une. La rhétorique a changé. L’anathème demeure. Atila Ozer
Les juifs ont  toujours été l’objet des calomnies d’une Europe ambivalente- montrés du doigt pour le trop grand exclusivisme de leur foi, ne disposant ni des lignées ancestrales des propriétaires terriens ni du statut des aristocrates. Les juifs commencent maintenant à se sentir aussi indésirables en Europe que dans les années 30 – ou qu’en 1543, quand Martin Luther écrivait sa diatribe« Des juifs et leurs mensonges ».  Des universitaires juifs sont parfois tenus à l’écart dans les conférences internationales en Europe. Certaines banlieues de Paris et de Rotterdam ne sont plus sûres pour les juifs. L’Europe est en grande partie anti-Israël et le sera probablement toujours. Victor Davis Hanson (20.12.2011)
Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité le mensonge ne peut réveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Cathédrale de Dijon (communiqué de presse aux journaux, le 24 décembre 1951)
Il est généralement admis par les historiens des religions et par les folkloristes que l’origine lointaine du Père Noël se trouve dans cet Abbé de Liesse, Abbas Stultorum, Abbé de la Malgouverné qui traduit exactement l’anglais Lord of Misrule, tous personnages qui sont, pour une durée déterminée, rois de Noël et en qui on reconnaît les héritiers du roi des Saturnales de l’époque romaine » : dans l’Europe du Moyen-âge il était en effet de coutume à noël que les jeunes élisent leur « abbé », présidant à toutes sortes de comportements transgressifs mais provisoirement tolérés (filiation manifeste du roi des Saturnales romaines), et Lévi-Strauss voit dans cette élection réelle une généalogie du personnage mythique, devenu vieillard bienveillant (« l’héritier, en même temps que l’antithèse » (…) Grâce à l’autodafé de Dijon, voici donc le héros reconstitué avec tous ses caractères, et ce n’est pas le moindre paradoxe de cette singulière affaire qu’en voulant mettre fin au Père Noël, les ecclésiastiques dijonnais n’aient fait que restaurer dans sa plénitude, après une éclipse de quelques millénaires, une figure rituelle dont ils se sont ainsi chargés, sous prétexte de la détruire, de prouver eux-mêmes la pérennité. Claude Lévi-Strauss
Comme ces rites qu’on avait cru noyés dans l’oubli et qui finissent par refaire surface, on pourrait dire que le temps de Noël, après des siècles d’endoctrinement chrétien, vit aujourd’hui le retour des saturnales. André Burguière
Le XIX siècle a transformé Noël en une célébration de la famille bourgeoise. Il a du même coup installé l’enfant au centre du rite profane en lui attribuant un nouveau rôle, celui-ci étant révélateur du changement de son statut social et familial. D’acteur principal du rituel mettant l’adulte au défi, il est en effet devenu en un siècle et demi le récipiendaire d’un don infini et sans réciprocité. Martyne Perrot
Les islamistes – des musulmans déterminés à revenir à un code de lois médiéval – méprisent toute fête non approuvée par l’islam. Cette attitude archaïque et sectaire fournit le contexte du massacre du Nouvel An à la Nouvelle-Orléans qui a fait 14 morts et des dizaines de blessés. Les théologiens musulmans du Moyen Âge en ont exposé l’approche générale. Ibn Taymiya (1263-1328) affirmait que le fait de se joindre à des non-musulmans pour célébrer leurs fêtes équivalait à « accepter l’infidélité ». Son étudiant Ibn al-Qayyim (1292-1350) précisait que féliciter des non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes « est un péché plus grave que de les féliciter d’avoir bu du vin, d’avoir eu des relations sexuelles illégales, etc. » De toutes les fêtes religieuses, Noël est la fête la plus détestée par les autorités islamiques car les chrétiens croient que Dieu s’est fait homme. Comme l’a observé l’historien Raymond Ibrahim, ces théologiens, qui croient que le polythéisme est le péché suprême selon l’islam, considèrent Noël comme « le plus grand crime jamais commis par l’humanité ». Les autorités modernes font écho à ces interprétations médiévales. Yousuf al-Qaradhawi, un chef spirituel des Frères musulmans, a déclaré que célébrer Noël équivalait à « abandonner l’identité musulmane » de la nation islamique. Le professeur saoudien Fawzan al-Fawzan a qualifié le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien de « punition d’Allah ». Il a déclaré : « Cela s’est produit à Noël, lorsque des fornicateurs et des personnes corrompues du monde entier viennent commettre la fornication et la perversion sexuelle. » En 2019, un ancien responsable de Qatar Charity, qui se décrit comme « l’une des plus grandes organisations humanitaires et de développement au monde », a informé les musulmans que Noël et le Nouvel An « contrevenaient tous deux à la charia d’Allah ». Il a ajouté qu’« il ne faut ni y participer ni coopérer avec les personnes qui les célèbrent », car « participer à leurs célébrations équivaut à prendre part à un crime et à une agression contre notre religion ». Les dirigeants islamistes en Occident régurgitent ces déclarations. L’imam français Younes Laaboudi Laghzawi juge qu’il est « interdit de célébrer Noël ou le Nouvel An. » L’imam canadien Younus Kathrada soutient qu’une personne qui demande des intérêts, qui ment, qui se livre à l’adultère ou à des meurtres n’a « rien fait de comparable au péché consistant à féliciter et saluer les non-musulmans lors de leurs fausses fêtes. » Dans l’ensemble, ces dirigeants ont légitimé la violence islamiste contre les non-musulmans pendant leurs fêtes. La violence peut être symbolique. En 2016, un groupe d’islamistes en Turquie a mis un pistolet sur la tempe d’un homme déguisé en Père Noël, expliquant qu’ils voulaient encourager « les gens à revenir à leurs racines ». Néanmoins, la violence peut également être réelle comme on a pu le voir ces 11 dernières années : Le 22 décembre 2014, un attentat sur le marché de Noël de Nantes, en France, a fait un mort et 9 blessés. Le 2 décembre 2015, un attentat lors d’une fête de Noël à San Bernardino, en Californie, a tué 14 personnes et en a blessé 22 autres. Le 14 juillet 2016, jour commémorant la Prise de la Bastille, un attentat perpétré à Nice, en France, a fait 86 morts et 434 blessés. Le 19 décembre 2016, un attentat sur le marché de Noël de Berlin a fait 12 morts et 48 blessés. Le Jour de l’An 2017, un attentat à Istanbul a tué 39 personnes et en a blessé 69 autres. le 31 octobre 2017, jour d’Halloween, un attentat à New York a tué 8 personnes et en a blessé 13 autres. Le 11 décembre 2018, un attentat sur un marché de Noël à Strasbourg, en France, a fait cinq morts et 11 blessés. Le 20 décembre 2024, un attentat sur le marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, a tué cinq personnes et en a blessé plus de 200 autres. Le 25 décembre 2024, un attentat commis à Lahore, au Pakistan, lors d’une célébration de Noël, a fait trois blessés, soit une semaine avant les violences plus graves encore à la Nouvelle-Orléans. (…) étant donné l’origine étrangère de la plupart des auteurs, les gouvernements occidentaux sont coupables non seulement de ne pas avoir réussi à arrêter l’immigration illégale, mais aussi d’avoir ouvert de manière irresponsable les vannes à l’immigration islamiste légale. (…) les Occidentaux ont tendance à s’inquiéter de l’islamisme au lendemain d’un acte de violence djihadiste, pour l’ignorer ensuite jusqu’au prochain accès de violence. Ne pouvons-nous pas garder à l’esprit cette menace civilisationnelle même lorsque les couteaux, les fusils et les bombes ne sont pas utilisés ? Cette attitude est essentielle pour pouvoir prendre des mesures cohérentes et efficaces contre l’idéologie totalitaire qui, actuellement, est la plus dynamique. Daniel Pipes
Saviez-vous qu’il existe un lien entre les Nazis et nos chers marchés de Noël ? Avec la dictature nazie, Noël devient une fête nationaliste. Les marchés de Noël permettront de promouvoir l’héritage allemand. A cette époque, la crise économique fait rage. Pour les nazis, les marchés de Noël permettent alors de stimuler stimuler l’économie avec des produits made in Allemagne. La France est le deuxième pas avec le plus de marchés de Noël. France info (instagram)
Nous avons publié une vidéo sur les marchés de Noël. Le titre était un raccourci. Nous choisissons de la retirer. France info
Oui, les nazis ont tenté d’instrumentaliser comme ils ont tout instrumentalisé mais réduire nos marchés à cet épisode minuscule, revient à occulter l’essentiel, une tradition, enracinée, joyeuse profondément européenne et d’origine chrétienne que certains cherchent aujourd’hui à effacer ou à salir pour créer une culpabilité identitaire artificielle, pourquoi, certains médias comme FranceInfo préfère t il déformer les symboles plutôt que de raconter ce qu’ils révèlent de notre histoire profonde. Christine Kelly
Franceinfo a raison : nos marchés de Noël ont bien un lien avec les nazis ! N’en déplaise à l’extrême droite qui souhaite réécrire l’histoire en attaquant au passage le service public. (…) Les marchés de Noël sont apparus en Europe au Moyen-âge. Ils se sont ensuite développés au XIXe siècle lors de la Révolution industrielle, mais sont relégués en périphérie des villes pour ne pas faire d’ombre aux grands magasins. En Allemagne, le phénomène des marchés de Noël revient en centre-ville durant le Troisième Reich. En effet, lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir, il fait de Noël une fête nationaliste. Et ce fait est largement documenté. Dans son livre « Christmas in Germany – a Cultural history », l’historien Joe Perry, professeur d’histoire aux Etats-Unis, cite l’exemple de Nuremberg. Le maire nazi de l’époque, Willy Liebel a fait revenir le marché en centre-ville en 1933, dans le but d’effacer ce qu’il appelait les « influences non allemandes et de races étrangères » qui avaient mené à la délocalisation du marché. L’objectif d’Hitler est de valoriser l’héritage allemand plutôt qu’une fête religieuse. Les marchés de Noël permettent donc de développer une tradition populaire et de dynamiser les ventes de produits fabriqués en Allemagne. Une nouvelle fois l’extrême-droite fait sa réécriture de l’histoire et attaque le service public au passage. L’Humanité
L’histoire étonnamment sordide des marchés de Noël allemands Depuis leurs origines médiévales et leur passage sous le régime nazi (…) Les propriétaires des nouveaux grands magasins du centre-ville ont fait campagne pour les faire déplacer afin d’éviter la concurrence. De Berlin à Nuremberg, les villes ont déplacé leurs marchés de Noël vers la périphérie, où ils ont langui pendant des décennies. (…) Dans les années 1930, les marchés de Noël ont fait leur retour dans les centres-villes allemands, avec l’aide du parti nazi. (…) Les dirigeants nazis pensaient que la vente de produits fabriqués en Allemagne pourrait contribuer à stimuler l’économie (…) Et cela a fonctionné. À Berlin, 1,5 million de personnes ont visité le marché en 1934, un record battu deux ans plus tard lorsque deux millions de personnes s’y sont rendues. (…) À l’époque, Noël était un enjeu politique, les politiciens s’efforçant de remodeler ses traditions pour les adapter à leurs tendances anticapitalistes ou athées. Amy McKeever (National Geographic)
Les Nazis (…) n’ont pas tardé à transformer Noël, fête religieuse consacrée à la paix sur Terre, en une fête nationaliste célébrant l’héritage allemand. (…) Noël a été complètement réinventé comme une ancienne fête païenne. (…) Le Père Noël a dû disparaître. (…) Les étoiles ont été interdites et remplacées (…) pour des raisons évidentes. (…) Noël dans les camps était d’une brutalité inimaginable. DB Kelly (Grunge)
Le marché de Noël perdait de son charme, et les réformateurs urbains, les intérêts commerciaux du commerce de détail et les autorités municipales regardaient avec inquiétude la croissance de la sous-classe urbaine qui se pressait dans le centre-ville pendant la saison des fêtes. Dès les années 1870, les élites civiques n’accueillaient plus favorablement l’atmosphère carnavalesque du marché. Le nombre de marchands volants avait augmenté ; contrairement aux vendeurs réguliers, qui payaient honnêtement leurs droits de vente, des centaines de mendiants sans licence, d’invalides de guerre, de gamins des rues et de chômeurs accostaient agressivement les visiteurs du marché. Les vendeurs officiels contribuaient également à l’atmosphère louche du marché, en proposant des attractions comme le Tingel-Tangel et en installant des Rummelplätze, ou des fêtes foraines, avec des manèges et des jeux de hasard. Les foules indisciplinées renversaient les hiérarchies de classe, minaent le spectacle sentimental du marché de Noël et menaçaient les profits des classes moyennes urbaines. (…) Rudolph Hertzog, propriétaire de l’un des premiers grands magasins de Berlin sur la Breitestrasse, s’est plaint à plusieurs reprises auprès des autorités du « caractère tumultueux » du marché de Noël, affirmant qu’il empêchait les clients aisés de faire leurs achats dans son magasin pendant la saison des fêtes. En 1873, alors que l’économie allemande s’effondre, les autorités municipales réagissent. Elles ferment la Breitestrasse, qui avait longtemps été le centre du marché berlinois, et limitent les festivités au Lustgarten voisin. (…) Les sociaux-démocrates se sont plaints amèrement que les habitants pauvres de la ville tiraient une part substantielle de leurs revenus annuels de la foire, et les projets de relocalisation vers d’autres quartiers du centre-ville échouent lorsque les résidents aisés du coin se plaigent de troubles potentiels. Finalement, en 1893, le chef de la police déplace le marché vers l’Akrona Platz, situé au milieu d’un quartier ouvrier, à ce qui était alors la bordure nord-est de la ville. (…) Communistes et nazis se sont approprié Noël comme symbole du déclin de la nation mais aussi de son potentiel, moquant parfois les observances sentimentales dominantes et déplorant parfois l’effondrement de la fête « allemande ». À aucun moment la « bataille pour Noël » dans l’Allemagne moderne n’a été plus publique et plus virulente que dans les dernières années de la République de Weimar. La gauche avait déjà soumis la fête à une déconstruction radicale sous l’époque wilhelmienne, et l’avant-garde continuait de se moquer des célébrations bourgeoises ; pensez seulement à l’Ange prussien porcin de John Heartfield, installé à la Première Foire internationale dada en 1920 et orné d’une bannière reprenant des vers du célèbre cantique de Luther « Vom Himmel hoch », ou à son Arbre de Noël allemand, dont les branches étaient tordues en forme de svastika. Les intellectuels communistes et leurs compagnons de route attaquaient les valeurs et symboles clés de la fête pour manifester leur mépris envers la culture de consommation moderne, la religion organisée et les valeurs bourgeoises en général. Des poèmes et récits de Noël au ton incisif de Kurt Tucholsky, Bertolt Brecht, Erich Mühsam, Erich Weinert et Erich Kästner mettaient en lumière l’appauvrissement, le chômage et la politique chauvine masqués par le sentimentalisme de la classe moyenne. Des parodies anonymes de cantiques d’église tels que « Douce nuit », « Ô combien joyeusement », « Du haut du ciel » et bien d’autres actualisaient la culture alternative sociale-démocrate de l’époque impériale. Les paroles de l’époque de Weimar avaient une dureté tranchante. La chanson anti-Noël d’Erich Kästner de la fin des années 1920, exemple typique, satirisaient les fantasmes consuméristes d’un cantique populaire avec des vers comme « demain le Père Noël vient, mais seulement chez les voisins » et « demain les enfants vous n’aurez rien ». Le KPD a mené une critique virulente de Noël dans les dernières années de Weimar. Contrairement à leurs concurrents sociaux-démocrates, qui marchaient sur une ligne délicate entre le rejet des abus capitalistes et l’appropriation de la fête conventionnelle, les communistes évitaient les alternatives « prolétariennes » et appelaient même à l’abolition pure et simple de la fête. Les propagandistes communistes attaquaient l’ « opium clérical » répandu par l’Église et l’État pendant les fêtes, exigeant qu’un appel aux armes remplace le son hypocrite des cloches d’église sonnées par l’ « ennemi de classe ». (…) Les conflits violents du réveillon de Noël témoignent de la brutalisation générale de la société de Weimar au début des années 1930 ; ils montrent aussi que Noël allemand était devenu un symbole émotionnellement chargé et politiquement contesté de la prospérité nationale. Au final, la version nationale-socialiste de Noël est apparue ironiquement comme résolvant les tensions que les Nazis eux-mêmes avaient largement provoquées. Contrairement aux protestations communistes anti-Noël ou aux platitudes bourgeoises, le Noël nazi envisageait un avenir national fier fondé sur un passé ethnique inventé. Sa rhétorique et ses rituels promettaient de guérir la communauté nationale avec des mythologies du « sang et sol », une reprise économique et l’exclusion raciale. (…) Les idéologues nationaux-socialistes comme la Dr Auguste Reber-Gruber, directrice de la section féminine du syndicat des enseignants nationaux-socialistes, étaient parfaitement conscientes que l’imagerie familière des sapins illuminés, des paysages enneigés et de la régénération faisait de Noël un puissant vecteur pour naturaliser une culture politique radicale enracinée dans un passé national mythique. Tout comme les Jacobins français et les bolcheviks russes avaient transformé leurs cultures festives pour tenter de former de nouveaux citoyens révolutionnaires, les nationaux-socialistes ont redessiné les fêtes allemandes pour les conformer aux agendas raciaux et idéologiques de l’État. L’intelligentsia nazie croyait clairement que les rituels familiaux autour du sapin de Noël engendraient un surplus émotionnel qui pouvait être manipulé pour construire et maintenir un sentiment national et un « moi fasciste ». (…) Dès le début, la liturgie chrétienne, les symboles et les sentiments ont séduit les nazis qui cherchaient à s’approprier les rituels religieux et familiaux. La version déchristianisée de Noël de Reber-Gruber, basée sur « le mythe du sang et l’ordre divin de la procréation éternelle » — sa tentative, en somme, de remplacer la naissance du Christ par celle d’un enfant « aryen » archétypal — révélait le glissement constant entre piété et politique, race et religion, rituel chrétien et rite païen qui définissait la célébration nazie. Empruntant à leurs adversaires sociaux-démocrates, les propagandistes nazis présentaient Noël et le solstice d’hiver comme une métaphore de la renaissance de la nation allemande. Selon les auteurs nazis, la célébration familiale préservait l’ethos des païens, quand « le sentiment d’unité avec le sol natal et la nature était encore vivant, le désir de lumière et de force avait de fortes racines, [et] les festivités de Yule restaient une manifestation sacrée de Dieu ». La récupération des rites nordiques mythiques n’excluait nullement les appels aux aspects chrétiens de la fête. (…) La fête révisée promue par les Chrétiens allemands illustre le conflit religieux et politique au cœur de Noël dans les années nazies. Leurs tentatives d’inventer une fête « racialement correcte », comme le suggère l’historienne Doris Bergen, exprimaient un effort déterminé mais paradoxal et souvent nocif pour synthétiser christianisme et national-socialisme. La doctrine des Chrétiens allemands combinait l’idéologie nazie avec des traditions chrétiennes réformées et déjudaïsées qui présentaient la nation, le Volk et la race comme des dons de Dieu. (…) Pour Bauer et d’autres Chrétiens allemands, la « vérité de Dieu » signifiait la « germanisation du christianisme », un processus supposément commencé par Luther. Pour poursuivre ce travail, l’Église devait purger les influences judaïques de la théologie et des textes chrétiens, supprimer les psaumes « juifs » de la Bible et remplacer les noms et termes « juifs » dans les prières et les hymnes par des équivalents germano-nordiques. (…) Des groupes politiques concurrents, y compris les nazis et les communistes, les libéraux et les sociaux-démocrates, ont tous façonné leurs propres versions de la fête. Chacun tentait de manipuler les émotions intimes évoquées par la célébration familiale pour soutenir leurs différents programmes politiques. Joe Perry (Noël en Allemagne – une histoire culturelle, 2010)

Nazifiez, nazifiez, il en restera bien quelque chose !

Devinez pourquoi deux ans avant une présidentielle critique qui devrait logiquement voir l’arrivée au pouvoir du premier parti de France …

Et au moment où certains de nos marchés de Noël sont bunkérisés ou fermés entre les imprécations des bouffeurs de curé, les actions en justice au nom de la laïcité, les appels à la décroissance des écologistes et les bombes et voitures-béliers des islamistes

Notre service public,  soutenu par ses compagnons de route de l’Humanité, fait feu de tout bois pour tenter de rediaboliser, en décontextualisant des éléments historiquement attestés, jusqu’à notre fête de Noël…

Reprenant derrière un titre aussi aguicheur que réducteur à l’instar des vidéos de vulgarisation historique des maitres-piégeurs à clics à la National Geographic ou Grunge qui pullulent sur l’internet …

Le fait historique, mais dramatisé et décontextualisé, qu’Hitler et les nazis ont effectivement contribué, au moins dans certaines villes comme Berlin ou leur ville-fétiche de Nuremberg …

Au retour ou au renforcement dans les centres-villes des marchés de Noël en plein air…

A une époque où après les années de déconstruction sous la République de Weimar de l’avant-garde dada et des marxistes dont le parti communiste allemand…

Ils étaient à nouveau menacés à la fois par la commercialisation des grands magasins …

L’opposition de certains socialistes et communistes qui voulaient les interdire en tant qu’opium du peuple …

Et les dirigeants chrétiens et les fidèles inquiets de leur marchandisation …

Sans parler des élites urbaines et de la police, irritées par certains de leurs aspects les plus sordides, car ils attiraient également la racaille et les masses indisciplinées …

Sauf que cela faisait partie, s’appuyant sur les derniers écrits résolument antisémites de Luther lui-même, d’une tentative (qui dura quand même 12 ans), à laquelle eux aussi ont finalement renoncé face à la résistance du peuple…

De re-germaniser et de déjudaïser la religion chrétienne elle-même !

The surprisingly sordid history of Germany’s Christmas markets
From their medieval roots and their brush with Nazis, these beloved bazaars are now celebrated around the world
Amy McKeever
National Geographic
December 19, 2022

Every holiday season, Christmas markets transform the main squares of cities across Europe into winter wonderlands. Twinkling lights adorn wooden huts and boughs of holly hang from street lamps. Vendors sell hand-carved ornaments and Nativity scene figurines, alongside piping hot mugs of glühwein (mulled wine), as Christmas carols fill the air. In Germany alone—where the tradition began—there are usually 2,500 to 3,000 holiday markets a year. Now, the markets are returning after two years of COVID-19 related closures.

Historians say preserving this cultural practice in old city centers is as important as shoring up medieval cathedrals or protecting ancient Roman ruins. They argue that Germany’s markets should be inscribed on UNESCO’s intangible cultural heritage list, alongside French baguette making and dragon boat festivals in China.

“What makes [the markets] so important isn’t just buying an ornament,” says Dirk Spennemann, associate professor in cultural heritage management at Australia’s Charles Sturt University, who has co-written studies about the cultural heritage of Christmas markets. “It’s this whole experience of sound, smell, visuals, but also the physicality of people around you.” What’s more, Spennemann argues that “intangible cultural heritage” encompasses traditions that are meant to be mutable, reshaped with each new generation.

Christmas markets certainly fit that definition. Over their centuries-long history, they have adapted to the changing politics and social customs of each new era—from the industrial revolution to the rise of the Nazi party.

Early Christmas markets

Europe’s Christmas markets date back to medieval times when German territories covered a wide swath of the continent. Some of Germany’s existing Christmas markets trace their origins as far back as the 15th and 16th centuries. Dresden’s market first opened for one day on Christmas Eve in 1434. Meanwhile, the oldest evidence of Nuremberg’s Christmas market dates it to 1628, though some suspect it stretches back at least to 1530.

Spennemann says it’s unclear, however, whether these early bazaars were held for Christmas or simply took place at Christmastime. Back then, people lived in scattered communities within walking distance of a church that held markets for all religious feast days. The winter market was typically the biggest, with local artisans selling pottery, meat, baked goods, and maybe some sweets, if the sugar wasn’t too expensive.

There’s little record of the atmosphere of those early markets or when they shifted to offer Christmas trees, Nativity scenes, and toys. Some illustrations depict wealthy Germans hobnobbing in the main market square, while the poor shopped at back-street stalls. But Spennemann says these images are likely embellishments created by artists of later eras, who yearned for what was—to them—an idyllic Christmas past with each social class in its plac

The Industrial Revolution had a profound effect on Christmas markets in the early 19th century. The rising standard of living and the emergence of the working class fueled the growth of Christmas markets. In Berlin, for example, the Christmas market grew from 303 stalls in 1805 to about 600 in 1840.

As the markets began to cater to the working class, urban elites turned up their noses at the cheap gifts for sale, while police in cities across Germany complained about the unruly masses of workers who frequented them.

“It was seen as being seedy, even dangerous and threatening,” says Joe Perry, associate professor of modern European and German history at Georgia State University and author of Christmas in Germany: A Cultural History.

Capitalist forces also turned against the markets by the end of the 19th century. The owners of new downtown department stores campaigned to have them moved to avoid competition. From Berlin to Nuremberg, cities relocated their Christmas markets to the outskirts, where they would languish for decades.

Nazis reimagine the Christmas markets

In the 1930s, Christmas markets returned to city centers across Germany—with the aid of the Nazi Party.

Christmas was a political football at the time, with politicians endeavoring to reshape its traditions to fit their anti-capitalist or atheist leanings. When Adolf Hitler became chancellor in 1933, his newly empowered political party wasted no time in transforming Christmas from a religious holiday devoted to peace on Earth to a nationalist one that extolled German heritage. As Erin Blakemore writes for History magazine, party officials inserted Nazi imagery into Nativity scenes, filled Advent calendars with party propaganda, and rewrote Christmas carols like “Silent Night” to deemphasize its Christian connotations.

These efforts weren’t unprecedented. Perry points out that the idea of a culturally German Christmas has “deep, deep roots.” Many traditions, from Advent calendars to Christmas trees, are thought to have originated in Germany. Protestant reformer Martin Luther is often credited with being the first to put lights on the Christmas tree, after a nighttime stroll through a German forest under a starry sky.

Christmas markets were a natural fit in the effort to realign Christmas with Nazi ideology because they were a popular tradition that already existed. In Nuremberg, for example, Nazi mayor Willy Liebel moved the market back to the city center in 1933, as “a way to erase what he called the ‘un-German and race-alien influences’ that had inspired the market’s relocation,” Perry writes in his book.

The market also debuted an opening ceremony featuring the

Soon after, Nazi politicians began to standardize stall decorations and the items that vendors could sell—such as German-made ornaments, toys, handicrafts, bratwurst, and sugary confections.

Economics drove part of these efforts to rejuvenate the markets, says Perry. In the midst of the Great Depression, Nazi leaders believed the sales of German-made goods could help stimulate the economy and raise the spirits of German citizens.

And it did. In Berlin, 1.5 million people visited the market in 1934, a record broken two years later when two million people visited. But that economic prosperity ended with the start of World War II. In 1941, many cities shuttered their markets.

A post-war Christmas market boom

Germany’s Christmas markets came roaring back after the end of the war—and only grew in the following decades, as an economic boom in the 1960s and 1970s and the rise of consumerism fueled the growth of Christmas shopping. These economic shifts transformed the Christmas markets into mass cultural events—up to a thousand tour buses full of shoppers might descend on a city’s Christmas market during any given weekend.

The Nazi’s role in reshaping the Christmas markets was largely swept under the rug, even as

While some Germans sought to trivialize the Nazis’ role in shaping the Christmas markets, Perry points out that other German political parties through the years have sought to influence the tradition. In the early 20th century, Marxists tried to reframe Christmas as a pagan rather than a religious holiday. Later, the Communist Party in East Berlin would also attempt to align Christmas with its values. Christmas “has always been pushed and pulled around,” he adds.

Germany’s intangible cultural heritage

In Germany, meanwhile, the number of Christmas markets has also been on the rise for the last 50 years—tripling from about 950 markets in the 1970s to about 3,000 in 2019. Local tourism bureaus use them to persuade people to visit during winter’s bleakest days, and tour companies have expanded from bus tours to Christmas market river cruises that stop in cities along the Danube, from Germany to Hungary.

But the pandemic interrupted all that in 2020. Although many cities attempted to recreate the markets through virtual reality portals and drive-through stalls, Spennemann and Parker

“Clearly substitutions don’t work,” Spennemann says. “Unless you go and give people the virtual 3D experience and send them a vial of smells, it’s not going to work.”

By documenting the history of the Christmas markets, the scholars hope to lay the groundwork should Germany decide to apply for UNESCO recognition. But Spennemann says that safeguarding the markets doesn’t mean keeping them from changing—it’s to keep them alive through change.

Some people, he says, insist that traditional German culture must involve wearing lederhosen and drinking from steins, but “they deep-freeze culture, and they ritualize it, and they kill it. Intangible culture is a vibrant expression which will change. So you have to allow for that change.”

In fact, he argues that intangible cultural traditions like the Christmas markets are so meaningful because they have evolved to represent who we are at any given time—for the better and, yes, sometimes for worse.

Christmas markets move beyond Germany 

By the 1980s and 1990s, Germany’s Christmas markets had become so beloved that they became a cultural export. Cities in countries around the world—including the United States, Japan, and India—began to host their own German-style Christmas markets, complete with bratwurst, glühwein, and twinkling lights. In the United Kingdom, the number of Christmas markets more than tripled from about 30 in 2007 to more than a hundred in 2017.

Some of the most bustling markets around the world, now back in merry force, include the Edinburgh Christmas Market, which offers drams of whisky, a Ferris wheel, and artisan stalls in the Scottish capital. Plaisirs D’Hiver (Winter Pleasures) clusters around a towering decorated spruce in the center of Brussels, Belgium, and includes chocolate sellers, live music, and a light-and-sound show. In New York City, the Union Square Holiday Market brings together nearly 200 local vendors from pottery makers and jewelry designers to hot cocoa mixers and poutine chefs.

Voir aussi:

How The Nazi Ideology Ruined And Reshaped Christmas
DB Kelly
Grunge
Feb. 12, 2022

If there’s any nation in the world that’s most in love with Christmas, it’s Germany. So many of the Western world’s Christmas traditions come from Germany, it’s pretty mind-blowing. It’s where the idea of the Christmas tree started, and according to The German Way and More, they were also the ones who started making the first ornaments. That was way back in the 16th century, when glassblowers created stunning decorations that today’s mass-produced ornaments can’t hold a candle to.

Those open-air Christmas markets that are so much fun, especially with a steaming cup of mulled wine spiked with brandy or rum? Yep: German. The Guardian says the first Christkindlmarkt was held in 1384. Oh, and that drink? The Romans may have first made mulled wine, but it was the Germans who made it Gluhwein and hailed it for supposedly curative powers (via The Kitchn). So, it’s safe to say that Germany loves Christmas.

Well, most of Germany.

It was the Nazis who had a major problem with Christmas, and it’s easy to see why they wouldn’t be down with the entire country spending a month celebrating the birthday of a Jewish man. But Christmas was such a part of the nation’s cultural landscape that banning it altogether just wasn’t going to work. What’s a Fuhrer to do? Co-opt it, give it an overhaul, and try to make it into something completely different.

Why Hitler hated Christmas

Print Collector/Getty Images
Joe Perry is a Georgia State University history professor, and he says (via The Conversation) that Adolf Hitler started hating on Christmas really, really early on in his career, and some of his early statements are sort of surprising.

It was around Christmastime of 1921 that he gave a speech in Munich, and it was very foreshadow-y, to say the least. While overlooking a major part of Jesus’s story (remember, he was not only Jewish, but the scholar Jaroslav Pelikan points out — via PBS — that in several places in the scriptures he’s given the title of « Rabbi »), Hitler made it very clear that Jews were the villains of Christmas. He shouted about « the cowardly Jews for breaking the world-liberator on the cross, » and he kind of set the stage for his plans about the Holocaust. It was in regard to Christmas that he promised « not to rest until the Jews … lay shattered on the ground, » and this was more than a decade before he was installed in a position of real power.

But there was more to it. Hitler, says Fast Company, also hated the idea that Christmas promoted peace — and it extended to everyone. That’s pretty much the exact opposite of what Hitler had in mind for the future of Germany, so there was only one thing left to do: Remodel Christmas.

Nazis set themselves up as defenders of the holidayOne of the biggest questions that comes with the Nazis is, « How the heck did any of this happen? » That goes for their overhaul of Christmas, too, so it’s worth mentioning just how they set themselves up in a position to co-opt the nation’s most beloved holiday.

Gerry Bowler is the author of « Christmas in the Crosshairs, » and says (via the Oxford University Press) that there was a lot going on in Germany in the beginning of the 20th century. Christmas had become something to fight over. While the Communist Party condemned it for being the embodiment of both capitalism and religion, the Social Democrats had their own issues with it. They hated it because it put a very twinkly spotlight on the hypocrisy of well-to-do people who preached charity and good will, at the same time the poor struggled to put food on the table. It got so bad that there were calls to cancel Christmas all together, and that’s where Hitler’s National Socialists stepped in. « Oh, no, no! » they said. (We imagine.) « You can’t cancel Christmas, and we’re here to make sure that doesn’t happen! »

Hitler’s Sturmabteilung — the brownshirts — even took to the street to rough up anyone who was suggesting Christmas needed to be canceled. That escalated to the foundation of a welfare campaign that came around every Christmas, and by the time the Nazis really got to work, they were Christmas champions in the minds of many.

Julfest and Rauhnacht, the Rough Night

Wikipedia
Imgard Hunt grew up in Obersalzberg, and she lived under the shadow of Hitler’s alpine retreat. Her memoir, « On Hitler’s Mountain, » recounted what it was like to grow up in Nazi Germany, and one of the things she wrote about (via The New York Times) was how they tried to change Christmas.

At the heart of the co-opting was an attempt to de-Christianize Christmas and return it to the old ways. They wanted Christmas to return to something like it would have been in the pre-Christian, pagan era, and that means renaming it. The entire season became known as Julfest — or Yuletide — and folded into that was a celebration called Rauhnacht. That translates to the « Rough Night, » and it was a callback to an era that predated things like running water and gas heaters. People needed to be tough to survive the winters, and the traditions of Rauhnacht gave the holiday season a little bit of that hard edge back.

To be clear, Rauhnacht wasn’t a Nazi invention, they just really liked to promote it. Invest in Bavaria says it goes back to at least the 1720s, and it’s typically observed between the winter solstice and Epiphany (January 6). That’s when people performed ritual cleansings to rid their home of the evil spirits that were thought to roam the earth during these long nights, while others would don homemade — and horrible — masks to parade through the streets and send those spirits on their way.

Christmas got a complete re-branding as an old pagan holiday

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Every Christmas, there’s a debate: Is saying « Xmas » taking Christ out of Christmas? (No, says Vox: That « X » is sort of a shorthand for Jesus.) The Nazis, on the other hand, really did try to remove any and all mentions of Christ from the holiday. That, says DW, started with the rebranding of the holiday as Julfest, but it definitely didn’t end there. Instead of being all about the birth of Christ, Georgia State University history professor Joe Perry says (via The Conversation) that the Nazis tried turning the holiday into something that celebrated the origin story of the Aryan race instead.

It became a sort of neo-pagan celebration of the winter solstice and the return of the sun. They explained the overhaul by insisting that this was the way their people had done things when they were still « racially acceptable, » and before they were corrupted by modern religions. Gone was the idea of God and a divine being, and it was replaced with olde-timey rituals that focused more on lights, candles, and calling the sun back.

Not only was Christianity removed, but the Nazis also took the opportunity to turn the holiday into some antisemitic propaganda, too. Jewish businesses were boycotted, shops and catalogs boasted they were Aryan-owned, and the resulting message was very clear: Julfest was Aryan-only, and it celebrated Aryan roots.

Family was at the center of a Nazi Christmas

Beto Gomez/Shutterstock
Christmas is all about family, and for the Nazis, that was both true and different. The Nazis were all about families … as long as they were the right kind. According to The Guardian, families were also encouraged to celebrate Julfest together, and were sent gifts — like Julfest candles — to be used in the observance of the new, Nazi-fied holiday.

Georgia State University history professor Joe Perry says (via The Conversation) that images released to promote the new holiday had a few purposes. Not only was German media flooded with illustrations of blond-haired and blue-eyed families celebrating Julfest in the « proper » way in order to get families on board with that but adds that it was also used to further ideas about what the perfect family was. Women in particular were targeted, lauded as « protector of house and hearth, » and told that it was up to them to make sure their homes were properly Germanic.

In order to really get their point across, they co-opted something else, too. According to DW, Nativity scenes were changed from the traditional depiction of Mary and Joseph looking down at the little baby Jesus, and turned into blond-haired, blue-eyed parents and their blond-haired, blue-eyed baby, to better represent the Nazi ideal. The Nativity stayed, but it looked very, very different.

Writing and rewriting Christmas carols to Nazi standards

Africa Studio/Shutterstock
Christmas isn’t Christmas without the carols, and the Nazis had their hands in co-opting these, too. According to The Telegraph, it was Heinrich Himmler who was put in charge of rewriting carols into something more appropriate. That meant taking religious references out of all of them, and they did. « Unto Us a Time Has Come, » for example, was rewritten to remove mentions of Christ, and here’s the really shocking thing: The religion-free, Nazi version is the one that stuck, and it’s still sung today.

DW says that in other cases, entirely new carols were written — like « High Night of Bright Stars. » And yes, the Nazis went a few steps further, because of course they did: Barbara Kirschbaum of the National Socialism Documentation Center says: « The Nazis tried to ban some of the Christmas carols with open Christian content. »

And finally, in a « if you can’t beat ’em, join ’em » kind of way, Fast Company says that whenever the Savior was mentioned in a carol, the Nazis insisted that be replaced with « Savior Fuhrer. »

Santa had to go

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Santa is such a popular figure in Germany that there are a couple gift-giving old men that pop ’round during the holiday season. The one that’s associated with the Santa Claus of other countries is called Weihnachtsmann, and then there’s also St. Nikolaus, who shows up on December 6 and fills shoes with toys and coins. Similar, says The Local, but completely different people.

The Nazis found that Santa was so popular that while they could get rid of Christ, they had no chance of getting rid of the gift-giving figure of Father Christmas. What’s a Nazi to do? The answer, says Spiegel, was to claim that it wasn’t the Christian saint Nicholas of Myra who was dropping toys into shoes, it was the Norse god Odin.

Fast Company adds that the Nazis kind of doubled down on this one, too. They claimed that this was nothing new and it had always been Odin: Christianity had taken the ancient figure of Odin and assigned him the name and origin story of St. Nikolaus. The Nazis, it went, were just restoring things to the proper and original ways. Once again, they could market themselves as the defenders of the true holiday.

Stars were banned and replaced … for obvious reasons

Leon Neal/Getty & Chernousov family/Shutterstock
Stars have been an important part of Christmas decorations for a long, long time — the Star of Bethlehem appeared in the sky when Christ was born, after all. But according to Spiegel, that’s not why the Nazis felt the need to get rid of them. The star meant something else to the Nazis: With six points, it was the star of David used to identify the Jews, and with five points, it was the one won by the Soviet Army.

Fast Company says that the Nazis had a whole list of acceptable symbols to replace the star. When it came time to put something on the very top of the tree, they suggested a swastika — which were, incidentally, also popular for ornaments, allowing for a whole Nazi-themed tree. Other suggestions were the German sun wheel, which the Anti-Defamation League says was co-opted by the Nazis from Old Norse and Celtic mythology, and the lightning bolts of the SS. Those were plucked from a pre-Roman alphabet, and while they’re now associated with things like white supremacy and, of course, the Nazis, they were at one time called the sun rune, or sowilo.

Meanwhile, other decorations got replaced, too. Traditional cookie cutters were swapped for swastikas and sun wheels, while ornaments in the shape of grenades, guns, eagles, Iron Crosses, and even little Hitler figures were hung from trees.

Heinrich Himmler and the Yule Lantern

Keystone/Getty, Wikipedia
Just because the Nazis tried to remove both Christianity and Judaism from Christmas, that doesn’t mean it was religion-free. Anyone looking for unusual Christmas decorations to add to their holiday celebrations today can still buy the lantern called the Julleuchter, or Yule lantern. They’re essentially a kind of lantern or candlestick, and while their distinct design was inspired by earlier Nordic lanterns, NS Kunst says that the concept was purely the invention of Heinrich Himmler.

The purpose of the Julleuchter was described in Fritz Weitzel’s book « The Celebrations In The Life Of The SS Family. » According to the text, it was to be displayed prominently in an « SS-corner » of the home, which would include « all those things … which strengthen the voice of our blood and the duties to land and Folk, everything that demonstrates our beliefs. » While other things around the Julleuchter would change based on the season, the lantern would always be there.

Himmler wanted every member of the SS to have a Julleuchter specially gifted from him, and there were a lot made — by, says Spiegel, the prisoners at Dachau and Neuengamme. It’s unclear how many were produced and how many were used by their intended recipients, but they still have managed to hold on as a lasting reminder of the Nazi influence on the Christmas holiday.

How successful was it?

Wikipedia
Here’s the million-Reichsmark question: Did people buy into this new Nazi Christmas? Georgia State University history professor Joe Perry says (via The Conversation) that it’s hard to tell, but there are some documents that give us an idea of what the reaction was like, particularly among the women who were dubbed « priestesses » of this new holiday.

The National Socialist Women’s League (NSF) was, says UNC-Chapel Hill, the women’s corner of the Nazi Party. There were more than 2.3 million members as of 1933, and they brought some major pushback against the remodeled Christmas. Records speak of « much doubt and discontent » within the organization, while churches went very public with their condemnation of the Reich’s new winter holiday. Scores of women cited Julfest as their reason for not joining the NSF, and it probably didn’t hurt that in some places, their churches had made it quite clear that they would be excommunicated for joining.

That said, reports compiled by the Nazi’s secret police reported on how popular Julfest was. These were the families that wanted traditional celebrations reserved for the Aryan families, but still, there were plenty that still put that star on the top of their trees.

Christmas and Julfest as the war dragged on

Bundesarchiv, Bild 183-J28377 / CC-BY-SA 3.0
By 1944, pretty much everyone was sick of the war — and Nazi propaganda around the winter holiday actually reflected that. While much of the correspondence from early in the war involved things like how to make Nazi-fied cookies, Spiegel says that as the war dragged on into 1945, the Nazi powers-that-be tried to reinvent the holiday again, and make it a commemoration for the soldiers who had died protecting the homeland. Every year, holiday propaganda circulated — and that year, Traces of War says it included stories like the tale of a German man who only wanted to return to Germany to die.

A speech written by Thilo Scheller was published in « Die Neue Gemeinschaft, » or « The New Society. » It was supposed to be read out in military hospitals where German soldiers lay injured and dying, and reminded them that « our Fuhrer Adolf Hitler … will not forget those who cannot celebrate Christmas with their loved ones. » Every celebration, they wrote, should include « all our dead comrades from all the battlefields of Europe. »

Now, the holiday turned into a « cult of death, » with illustrations of decorated trees over graves marked by Iron Crosses. Official recommendations for celebrations included lighting candles for « the mother, the poor, the dead, and the Fuhrer, » setting a place at the dinner table for the dead men of the family, and lighting red candles in their memories.

Christmas in the camps was brutal beyond belief

Keystone/Getty Images
The Nazi party didn’t just have their official guidelines for how Christmas was going to be celebrated under the regime, the SS guards in charge of the concentration camps had their own ideas, too — and it was brutal. Auschwitz-Birkenau, for example, had a Christmas tree. It was set up in the area where roll call was taken every day, and that Christmas in 1940 was the Christmas when prisoners were greeted with a grisly sight: Piled beneath the tree in lieu of brightly wrapped packages were the corpses of the recently dead. The Memorial and Museum Auschwitz-Birkenau has collected testimonies of camp survivors, and it was Karol Swietorzecki who recalled the guards referring to the bodies as « a present. »

On Christmas Eve in 1941, around 300 Soviet POWs were killed in a holiday sacrifice, and that same year, prisoners were forced to stand outside in the freezing temperatures as they listened to Pop Pius XII’s Christmas speech. Dozens died where they fell.

The grisly Christmas tree was back in 1942, and in 1943, they were allowed actual gifts from their families. By 1944, it wasn’t about what the Nazis wanted anymore, not entirely. Primo Levi was a prisoner there for that Christmas, and later wrote (via Tablet), « At night, when all the noises of the Camp had died down, we heard the thunder of the artillery coming closer and closer. »

Liberation came just after New Year’s, on January 18.

Voir également:

Christmas in Germany: A Cultural History

Joe Perry

University of North Carolina Press Chapel Hill

2010

Under the Sign of Kauflust (Chapter four)

/…/ During the decades bracketing the First World War, the arrival of mass culture and a new media landscape of daily newspapers and then radio and film altered conventional nineteenthcentury consumer practices. Commercialization appropriated popular traditions — like the annual outdoor Christmas markets set up in German towns and cities, or the family rituals practiced around the Christmas tree — and sold them back to the masses in new forms. Access to the goods and practices that inspired the Christmas mood was now more than ever tied to the ability to pay rather than the cultural capital of bourgeois social status. The commercialization of Christmas furthermore weakened familiar boundaries between public and private life. (…) The Christmas market was losing its charm, and urban reformers, retail business interests, and city authorities viewed with alarm the growing urban underclass that crowded into the city center during the holiday season. By the 1870s, civic elites no longer welcomed the carnivalesque atmosphere of the market. The number of flying dealers had increased; unlike the regular salespeople, who honestly paid their vendor fees, hundreds of unlicensed beggars, war invalids, street urchins, and unemployed people aggressively accosted market visitors. Official vendors also contributed to the seedy atmosphere of the market, offering attractions like Tingel-Tangel and setting up Rummelplätze, or midways, with rides and games of chance. Unruly crowds upended class hierarchies, undermined the sentimental spectacle of the Christmas market, and threatened the profits of the urban middle classes. Rudolph Hertzog, owner of one of Berlin’s first department stores on Breitestrasse, repeatedly complained to authorities about the “tumultuous character” of the Christmas market, which, he asserted, prevented well-heeled customers from shopping in his store during the holiday season. In 1873, as the bottom fell out of the German economy, city authorities responded. They closed off Breitestrasse, which had long been the center of the Berlin market, and limited festivities to the nearby Lustgarten. In contrast to other popular markets and street fairs, many of which disappeared altogether in the late nineteenth century, the Christmas market survived. Yet its “historic rights” and popular festive character did little to dampen criticism. The conflicts of interest climaxed around 1890, just as the department store emerged as an alternative site for shopping and sociability. In 1889 the Berlin chief of police reopened the campaign against the public market, complaining that the “nuisance-makers” in the Christmas market sold poor-quality “rummage.” The “inconsiderate pushiness of the poor” — just outside the Royal Palace at the head of the showcase avenue Unter den Linden — threatened the “good reputation” of the Reich’s capital city. The Berlin city magistrate’s office, to the contrary, took a sympathetic view of the street fair. The magistrate argued that the market’s “joyful mercantilism” gave the lower classes a chance to shop without the financial and social constraints imposed in exclusive department stores. A visit to the market in the city center gave working-class children a chance to at least see delightful displays of toys, “almost their only Christmas joy.” The chief of police replied that department-store show windows could provide the same solace. Social Democrats complained bitterly that impoverished city dwellers made a substantial portion of their annual income at the fair, and plans for relocation to other downtown districts faltered when wealthy local residents complained about potential disturbances. Finally, in 1893 the chief of police moved the market to Akrona Platz, located in the midst of a working-class district on what was then the northeastern edge of the city. There, it languished for the next forty years. “Only the meager remnants of the Christmas market in the east of the capital city still tempt the desires and the hopes of children,” wrote journalist Hans Ostwald in 1924. The Christmas market’s return to Breitestrasse and the Lustgarten in the Nazi years provides something of an uncomfortable coda to its nineteenthcentury decline. In December 1934 the city administration, in collaboration with the Arbeitsgemeinschaft zur Belebung der Berliner Innenstadt (Working Group for the Reinvigoration of Berlin’s Inner-City), moved the market back to the city center. Led by Karl Protze, a Berlin senator and National Socialist Party member, the Working Group convincingly asserted that “this wonderful German custom” breathed life into the Nazi slogan “Gemeinnutz geht vor Eigennutz” (Collective Need before Individual Greed). “For fifteen years,” the group noted in reference to socialist street demonstrations, “the Berlin Lustgarten has been a showplace for fanatical popular instigation and political strife.” Now the return of the Christmas market would turn this prominent public square into “a place of peaceful and friendly events.” The history of the famous Christkindlesmarkt in Nuremberg had a similar trajectory. Commercial interests had forced the market out of the central market square around the Church of Our Lady in 1898. In 1933 Nazi mayor Willy Liebel brought it back — a way to erase what he called the “un-German and race-alien influences” that had inspired the market’s relocation — and established a new opening ceremony. There was a time when the Christmas trade took place almost entirely in the outdoor booths set up for this purpose, from which it later moved for the most part to the increasingly numerous retail stores,” wrote a Berliner in 1889. “Now it seems that the critical hour [for these small businesses] is not far off. The so-called ‘department stores’ and giant outlets, which can buy large quantities of goods and sell them at cheap prices, increase their numbers from year to year, and are putting an end to the way shopping is done in the Christmas season, along with so many other traditional customs.” (…) An outdoor “Anti-Semitic Christmas Market” set up in Berlin in 1891 offered shoppers a way to avoid “Jewish” department stores altogether, but it apparently met with little success. (…) By the late 1920s, radio and newsreel reports on Christmas (portrayals of decorated city streets, famous German churches, Christmas markets, geese ready for table, choirs singing holiday carols) greeted Germans each holiday season.22 Enjoying some form of centralized mass entertainment was in and of itself a holiday ritual. Even before the arrival of the National Socialist “media dictatorship,” Christmas encouraged a growing audience to envision Germany as a “national audiovisual space.”23 In the 1930s, the mass media became increasingly important for the popularization of national self-identities refracted through leisure and holiday time, and a strikingly similar process was at work across Western societies. For Americans and other Europeans as well as Germans, this “most dramatic era of sound and sight” created novel sources of common experience for huge audiences. If the annual lighting of the “National Community Christmas Tree” in Washington, D.C., described in dramatic radio broadcasts in the 1920s and 1930s, embodied the democratic impulse behind Progressive-era reforms, in Nazi Germany the new media Christmas was shot through with fascist ideology.25 Christmas radio shows, by the 1930s a familiar aspect of private festivity, seamlessly blended propaganda and family entertainment. Father Christmas’s Radio Program, broadcast on Christmas Eve in 1937 (when all major German radio stations carried the official program), typified the genre. Those who tuned in at 8:00 p.m. that night heard a “Christmas message” from Rudolph Hess (the “Führer’s Deputy”); carols sung by a children’s choir; a show on Christmas festivities in the army, navy, and air force; and the sound of ringing bells broadcast from Germany’s most famous cathedrals.26 The audiovisualization of the German Volksgemeinschaft was repeatedly realized in radio broadcasts and newsreel shots of Christmas bells ringing in famous churches throughout Germany. Unlike Russian Bolsheviks, who, during the “Great Turn” (1928 to 1932) saw church bells as symbols of the “Old Way of Life” they wished to destroy, Nazi propagandists used modern media to colonize and exalt sacred practices. Communists and Nazis appropriated Christmas as a symbol of the nation’s decline but also its potential, at times mocking sentimental, mainstream observances and at times decrying the collapse of the “German” holiday. At no time was the “battle for Christmas” in modern Germany more public and vicious than in the closing years of the Weimar Republic. The left had already subjected the holiday to radical deconstruction in the Wilhelmine years, and the avant-garde continued to mock bourgeois celebration; think only of John Heartfield’s swinelike Prussian Angel, installed at the First International Dada Fair in 1920 and bedecked with a banner featuring lines from Luther’s well-known carol “From Heaven on High,” or his German Yule Tree, with branches twisted into the shape of a swastika. Communist intellectuals and fellow travelers attacked the key values and symbols of the holiday to demonstrate their disrespect for modern consumer culture, organized religion, and general bourgeois values. Hard-edged Christmas poems and stories by Kurt Tucholsky, Bertolt Brecht, Erich Mühsam, Erich Weinert, and Erich Kästner called attention to the impoverishment, unemployment, and chauvinist politics masked by middle-class sentimentalism. Anonymous parodies of church carols such as “Silent Night,” “O How Joyfully,” “From Heaven on High,” and many others updated the Social Democratic alternative culture of the Imperial period. Weimar-era lyrics had a hard edge. Erich Kästner’s anti-Christmas song from the late 1920s, a typical example, satirized the consumerist fantasies of a popular carol with lines such as “tomorrow Father Christmas comes, but only to the neighbors” and “tomorrow children you’ll get nothing.” The KPD mounted a vituperative critique of Christmas in the waning years of Weimar. In marked contrast to their Social Democratic competitors, who walked a delicate line between the rejection of capitalist abuse and appropriation of the conventional holiday, Communists avoided “proletarian” alternatives and indeed called for the abolition of the holiday altogether. Communist propagandists attacked the “preacherly opium” spread by church and state during the holidays, demanding that a call to arms replace the hypocritical sound of the church bells rung by the “class enemy. (…)  The violent conflicts on Christmas Eve testify to the overall brutalization of Weimar society in the early 1930s; they also show that German Christmas had become an emotionally laden and politically contested symbol of national prosperity. In the end, the National Socialist version of Christmas ironically appeared to resolve the tensions the Nazis themselves did so much to provoke. Unlike Communist anti-Christmas protests or bourgeois platitudes, the Nazi Christmas envisioned a proud national future based on an invented ethnic past. Its rhetoric and rituals promised to heal the national community with “blood and soil” mythologies, economic recovery, and racial exclusion. After gaining power in 1933, the rhetoric of resentment popular in the “years of struggle” no longer met the needs of a party in power. Instead, National Socialists would use all the resources of an avowedly totalitarian state to promote a harmonious People’s Christmas, which celebrated the values and goals of the Nazi racial state. (…) National Socialist ideologues like Frau Dr. Auguste Reber Gruber, director of the women’s division of the National Socialist Teachers’ Union, were well aware that the familiar imagery of candle-lit trees, snowy landscapes, and regeneration made Christmas a powerful vehicle for naturalizing a radical political culture rooted in a mythic national past. Just as French Jacobins and Russian Bolsheviks transformed their festival cultures in attempts to shape new revolutionary citizens, so National Socialists redesigned Germany’s holidays to conform to the state’s racial and ideological agendas. The Nazi intelligentsia clearly believed that the family rituals performed around the Christmas tree engendered an emotional surplus, which could be manipulated to construct and sustain a sense of national feeling and a “fascist self.” (…) From the start, Christian liturgy, symbols, and sentiments enticed Nazis who sought to appropriate religious and family rituals. Reber-Gruber’s own version of a de-Christianized Christmas based on “the myth of blood and the God-willed order of eternal procreation” — her attempt, in short, to supplant the birth of Christ with the birth of an archetypal “Aryan” child — revealed the constant slippage between piety and politics, race and religion, and Christian ritual and pagan rite that defined Nazi celebration. Borrowing from their Social Democratic adversaries, Nazi propagandists cast Christmas and the winter solstice as a metaphor for the rebirth of the German nation. Family celebration, according to Nazi authors, preserved the ethos of the pagans, when “the feeling of unity with native soil and nature was still alive, the desire for light and strength had strong roots, [and] Yule festivities remained a sacred manifestation of God.” The recovery of mythic Nordic rites hardly ruled out appeals to the Christian aspects of the holiday.

Christmas in the Third Reich (Chapter five)

Parroting the conclusions of late nineteenth-century ethnographers, Nazi loyalists asserted that the “merging of national characteristics and Christianity” exemplified in Christmas revealed the origins of “the German character. (…) After the National Socialists took power in 1933, the parties and celebrations organized by local party offices (Ortsgruppen), the SA storm troopers, the National Socialist League of Women, and the Hitlerjugend (Hitler Youth, or HJ) all deemphasized Christian and pagan observance and instead played up the supposedly universal German aspects of the holiday.

The so called People’s Christmas (Volksweihnachten) was an inescapable part of the orchestration of everyday life in Nazi Germany. Like other Nazi policies and programs — such as the workers’ vacations sponsored by the Strength through Joy (KdF) organization, the racially inspired anticancer campaigns, or the ever-popular radio “request concerts” — the Nazification of Christmas generated support for the regime, and not just among party members or loyalists. With its incessant focus on national unity and “eternal-racial” customs, the Nazi holiday, however twisted, reminded Germans of their common cultural heritage. Rituals that rehearsed sentimental allegiance to German blood and soil, according to Nazi texts, brought satisfactions that were more authentic than the decadent distractions of modern consumer culture. Annual celebrations held by party leaders, Nazified workplace parties, and Winterhilfswerk (Winter Relief, or WHW) charity campaigns linked neighbors and friends into tangible networks of sociability and civic self-help. The emphasis on traditional gender roles gave families and particularly women renewed pride in the accomplishments of domesticity, always in the context of the racial state. The observance of everyday forms of Nazified celebration — making winter solstice cookies, for example, or singing National Socialist Christmas carols — constructed fascist identities in the private space of the home. The People’s Christmas lent “racially acceptable” Germans a sense of moral certainty and “ethnic virtue,” even as the practices of celebration segregated “Aryans” from others and normalized racism, terror, and ultimately mass murder.9 Adolf Hitler’s “Yule Speech,” delivered in 1921 at the National Socialist German Christmas Celebration in the Munich Hofbräuhaus, set the tone early on. According to undercover police agents on hand to monitor the party, a festive crowd of some 4,000 supporters cheered “der Führer” as he attacked “mammonistic-materialism,” Jews, and government politicians. Once in power, the party backed away from Christmas propaganda that openly attacked German Jews or working-class leftists. Nazi celebration nonetheless worked to exclude those deemed unfit by the regime. Open anti-Semitism surfaced at Christmastime in boycotts of Jewish-owned department stores and criticism about displays of the “German” Christmas tree in Jewish store windows. And though official holiday discourse rarely mentioned Jews, countless images of the invariably blond-haired, blue-eyed German families gathered around the Christmas tree promoted ideologies of racial purity, as did repeated exhortations to buy German gifts or observe what propagandists called a “racially correct” (arteigene) holiday. Party cadres had the power to shape and control holiday rituals, but attempts to radically revise a much-beloved family and Christian holiday exposed the fault lines in the “revolutionary” culture of National Socialism. Since Nazi celebration challenged Germany’s clergymen with a set of remade rituals that traded allegiance to Christian faith for belief in the Volksgemeinschaft — the “People’s Community” promised by the regime — the holiday became a hot point in the struggle between church and state. Christmas refracted divisions among at least three factions of Nazi supporters: radical neopaganists, more “moderate” Nazis who sought to overcome confessional divisions, and the so-called German Christians, the Protestant splinter group of Nazi sympathizers who wanted to build a unified Volkskirche, or National church, based on blood and race. Mainstream Protestant and Catholic leaders, for their part, used the popular investment in conventional religious observances to shelter popular piety from Nazi de-Christianization campaigns. The history of Christmas in the Third Reich complicates assumptions that all National Socialists were avowed anti-Christians even as it reveals the opportunism of mid-level functionaries like Reber- Gruber, who relished the opportunity to de-Christianize the celebration of the birth of Jesus in their search for a national “new order.” Ordinary Germans, who were generally on the receiving end of these highly conceived political projects, expressed dismay with the turmoil: Christmas was not fascist enough for Nazi Party loyalists but too politicized for Christian believers. The People’s Christmas faltered on confessional, class, and political differences, as well as on the increasingly difficult conditions of daily life, particularly during the crises of World War II. Yet the Nazi holiday’s all-too obvious successes suggest that Nazification made remarkably deep inroads into the fabric of everyday life during the twelve years of Nazi rule. This was not simply a result of top-down manipulation; nor was Nazi political culture a “beautiful illusion” that lacked popular legitimacy. Seemingly minor acts of popular observance became self-constructing signs of engagement with National Socialism. As Germans participated in Nazified public rituals and private celebrations, they built the racial state in degrees, from the bottom up. Perhaps the most striking feature of Christmas in the Third Reich was its reinvention as a neopagan holiday that celebrated the supposedly Nordic Christmas in the Third Reich roots of the “Aryan race. (…)  Ideas about the pagan aspects of the holiday percolated down to a mass audience in articles, books, and documentary films in the 1920s and 1930s, continuing a process of popularization evident since the 1880s. The key terms of Nazi Christmas were hardly new inventions created by crackpot propagandists. Germans had embraced völkish ideas about the Germanic roots of Christmas long before the Nazis adopted them. The Nazi reconstruction of pagan ritual — with appropriate “guidelines for celebration in the home” — helped reenchant Germany’s political discourse and served multiple ideological goals. National Socialists eagerly politicized the links between private celebration, leisure time, and the mass media in attempts to construct a specifically fascist self at home with fellow “people’s comrades” in the reconstructed racial state. Ambitious plans for reinventing holidays and festivals filled the pages of the journal Die neue Gemeinschaft: Das Parteiarchiv für nationalsozialistische Feier- und Freizeitgestaltung (The New Community: The Party Archive for the Organization of National Socialist Celebrations and Leisure Time), published by the Reich Ministry for Popular Enlightenment and Propaganda (RMVP). This publication, distributed to party organizations “for internal use only,” was just one part of an extensive media apparatus of magazines, journals, newspapers, newsreels, radio broadcasts, Christmas books, and holiday ephemera; all brought the invented traditions promulgated by the RMVP to millions of German citizens. By 1937 National Socialist propagandists had divided the holiday season into a series of distinct celebrations, each with its own political relevance. The list included Vorweihnachten, or “Pre-Christmas” celebrations, meant to replace Christian Advent traditions with “racially correct” observances; People’s Christmas charity parties, organized for the poor and especially their children by the National Socialist People’s Welfare Office; “Winter Solstice” and “National Socialist Christmas Celebrations,” held for the many members of the party’s mass organizations; and “German Christmas,” observed by individual families in the privacy of their own homes. Nazi guidelines for celebrating Christmas trod a thin line between tradition and invention, pleasure and politics, and Christian observance and pagan rites. Festivities sponsored by party organizations, wrote Die neue Gemeinschaft in a special issue on “German Christmas” in 1937, should be sober, serious, and openly political, without presents, raucous partying, or dancing. In rooms adorned with swastikas, torches, and modestly decorated Christmas trees, Christian customs and cultlike pagan practices were all taboo. The Ministry of Propaganda informed cadres that “a National Socialist Christmas celebration does not give Christmas a churchlike Christian expression but rather a German and völkisch sense and purpose.” At the same time, the holiday was not a “field of activity for the prophets of a new religion” who wished to promote a “Yule-night cult.” Instead, official celebrations “should make visible the position above the confessions held by the Party. . . . A National Socialist Christmas celebration has to place meaningfully the ancient traditions of the German Christmas festival at the center of our own epoch, in order to make the participant feel that beyond all questions of confession the old Christmas symbols of fire and tree still have a living and deep meaning for our time.” Party officials repeatedly promoted a national holiday intended to unite Germans above long-standing confessional differences. Ongoing attempts to establish definitive guidelines in the language of orderly control nonetheless suggests that the boundaries between pagan, völkisch, and Christian observances were not easy to define or police. Sociability, celebration, and ideology merged, however uneasily, in factory canteens, local meeting halls, town squares, and school classrooms, where Germans participated in a dense network of holiday festivities organized by National Socialist mass organizations. At such events, historian Alf Lüdtke suggests, “the capacity for submission as well as the pleasure of being involved were stimulated simultaneously.” Across Germany, the Nazi Party District Offices, the HJ, the National Socialist Women’s League (NSF), and Christmas in the Third Reich. (…) The public orchestration of Nazi Christmas was not just a big-city product, as shown by local historian Fritz Markmiller’s careful reconstruction of everyday Nazism in Dingolfing, a small town north of Munich; Nazi mass organizations reached deeply into the fabric of German society in both rural and urban areas. Each December, teenagers gathered for the “home evenings” of the HJ and handcrafted small presents to raise money for the Winter Relief campaign. Groups of workers joined the “preChristmas celebrations” sponsored by KdF (Figure 5.2), where they sang carols and participated in performances of music and theater that expressed “faith in the victory of light in the time of greatest darkness.” Teachers received a Nazified Christmas curriculum for schoolchildren of all ages in the journals of the National Socialist Teachers’ Union, which taught that school celebrations should embody “the experience of the community of life, struggle, and fate of the German people.” Texts for advanced students again emphasized “Aryan-Germanic” culture as the source of Christmas traditions. An extreme version of “blood and soil” ideology found expression in the highly ritualized celebrations of the SS, who swore “light oaths” to Hitler, the German family, and the national community while lighting candles on the “Yule Tree.” Conventional Christmas imagery — decorated trees, happy families, snowy landscapes, Father Christmas — and a wealth of instantly recognizable carols made the holiday a powerful vehicle for inventing a national culture rooted in sight and sound. By the late 1920s, radio and newsreel reports on Christmas (portrayals of decorated city streets, famous German churches, Christmas markets, geese ready for table, choirs singing holiday carols) greeted Germans each holiday season. Enjoying some form of centralized mass entertainment was in and of itself a holiday ritual. Even before the arrival of the National Socialist “media dictatorship,” Christmas encouraged a growing audience to envision Germany as a “national audiovisual space.” In the 1930s, the mass media became increasingly important for the popularization of national self-identities refracted through leisure and holiday time, and a strikingly similar process was at work across Western societies. For Americans and other Europeans as well as Germans, this “most dramatic era of sound and sight” created novel sources of common experience for huge audiences. If the annual lighting of the “National Community Christmas Tree” in Washington, D.C., described in dramatic radio broadcasts in the 1920s and 1930s, embodied the democratic impulse behind Progressive-era reforms, in Nazi Germany the new media Christmas was shot through with fascist ideology. Christmas radio shows, by the 1930s a familiar aspect of private festivity, seamlessly blended propaganda and family entertainment. Father Christmas’s Radio Program, broadcast on Christmas Eve in 1937 (when all major German radio stations carried the official program), typified the genre. Those who tuned in at 8:00 p.m. that night heard a “Christmas message” from Rudolph Hess (the “Führer’s Deputy”); carols sung by a children’s choir; a show on Christmas festivities in the army, navy, and air force; and the sound of ringing bells broadcast from Germany’s most famous cathedrals.26 The audiovisualization of the German Volksgemeinschaft was repeatedly realized in radio broadcasts and newsreel shots of Christmas bells ringing in famous churches throughout Germany. Unlike Russian Bolsheviks, who, during the “Great Turn” (1928 to 1932) saw church bells as symbols of the “Old Way of Life” they wished to destroy, Nazi propagandists used modern media to colonize and exalt sacred practices. Rapid cuts between snow-covered church Christmas in the Third Reich towers and chiming bells in famous cathedrals in Munich, Danzig, Cologne, and Berlin provided visual evidence of the regionalism that anchored German national identity. (…) Such scenes capitalized on the broad appeal of sacred symbolism yet were a historicist pastiche, emptied of any real religious content. At the same time, they reveal a determined attempt to appropriate and remake the Christian foundations of German identity. Cinema was very well suited for nationalizing and Nazifying the holiday. Annual Christmas newsreels featured glowing reports on Christmas markets, special concerts, holiday speeches by political leaders, WHW collections, and other party-sponsored activities. Newsreel reports on People’s Christmas envisioned a resurrected national community, free from the political fractures and social dislocations of the Weimar years. Scenes of NSDAP ministers Joseph Goebbels, Hermann Göring, and Hess collecting donations for the WHW in the streets of Berlin, or of Göring handing out presents to Berlin street urchins in the reception hall of the Air Force Ministry building, showed that Germans were “one Volk” under the paternal guidance of their political leaders. A typical Christmas newsreel from 1934 featured Propaganda Minister Goebbels officiating at a carefully choreographed celebration with a group of children in the traditionally left-wing Berlin district of Friedrichshain. There, Goebbels praised government efforts to provide the needy with Christmas joy. (…) As Goebbels evoked the different regions of the German nation, the newsreel cut to scenes of snow-covered terrain, visualizing the distinct spaces that together comprised the national community. The propaganda minister closed his speech with an “inward plea that fate will further receive Führer, Volk, and Nation in its merciful protection, and will above all bring the German people the immeasurable good already pronounced to mankind in the Christmas message, Peace on Earth.” This single example of a newsreel Christmas spectacle — there are many others — brings together the diverse strands of official Nazi celebration: the ideal of class unity based on acceptance of National Socialism; the paternal appropriation of holiday charity by the Nazi state; the charismatic celebrity of leadership; the appealing sentimentalism of mother and child; and above all, the carefully translated Christian language that lacked any overt reference to God or the birth of Jesus — all packaged in a mass-media presentation that reached an audience of millions in movie theaters filled with seasonal crowds, in radio broadcasts, and in press reports. (…) Of course, real people participated in such events as well. Hand picked or not, the shadowy workers in the background who received WHW “gifts” took part in what must have been a memorable occasion. The Nazi press took care to explain the political conversion supposedly inspired by such events. The popular enthusiasm for “People’s Christmas in the Street” showed that Germans of all political persuasions (former Social Democrats and even Communists) had come together in the national community. “Two or three years ago, the [Communist] commune still exercised its terror [in Friedrichshain],” noted one reporter. During the celebration with the propaganda minister, however, “former agitators looked bashfully at the ground when they witnessed the joy and happiness brought here by the once so-hated Nazis”. While some Germans no doubt saw through such cynical attempts to sanitize the public image of the SA and NSDAP, and indeed to bastardize socialism, others were drawn to the appeal of Nazi celebrities and their apparent largesse. (…) German Christmas had long been open to collaborating and often competing religious, political, and national impulses, revealed in the affinities between modern Protestant piety and Prussian-German nationalism, the popular recognition of the links between pagan and Christian observances, and the quick turn to war theology in the First World War. All foreshadowed Nazi attempts to use Christmas to construct a Volkskirche, or “people’s church,” in the Third Reich. Nazi believers, however, exceeded these precedents, and the resulting tensions turned the holiday into an open site of negotiation and contest. Christmas celebrations became the focus of a complex, multilevel debate centered on the relationship between church, state, and society, and the debate was productive, insofar as it produced different and competing versions of the holiday. Party cadres, neopaganists, Catholic and Protestant churchmen, and German Christians — the anti-Semitic, pro-Nazi Protestant splinter community founded in 1932 — worked to mold Christmas to their own agendas. The results took the holiday to radical, but in some ways predictable, extremes. The revised holiday promoted by the German Christians epitomizes the religious and political conflict at the core of Christmas in the Nazi years. Their attempts to invent a “racially correct” holiday, as historian Doris Bergen suggests, expressed a determined yet paradoxical and often noxious effort to synthesize Christianity and National Socialism.98 German Christian doctrine combined Nazi ideology with reformed and de-Judaized Christian traditions that cast nation, Volk, and race as gifts of God. In July 1933 the group won two-thirds of all votes cast in Protestant church elections across Germany and took control of all but three of Germany’s regional bishop’s seats. Their ascendancy was short-lived. That same autumn, the Nazi regime declared its official neutrality in religious matters and withdrew its support. In November a scandal ensued after a German Christian leader crudely attacked the Jewish influence on Christianity and the Old Testament at a mass rally in Berlin. The movement faltered, and by 1937, the Nazis had essentially abandoned its initial efforts to build a unified “Protestant Reich Church” around the German Christians. The movement’s 600,000 members nonetheless continued to agitate for a Nazified Protestantism. As Bergen shows, the Nazi- Christian liturgies propagated by German Christians “transformed the meaning of Christianity from a religion built around an act of atonement to a ritual empowerment of Nazi ideology.” Theologians like Wilhelm Bauer believed that revised Christian ritual “cleansed” of its Jewish roots, could forge the bonds of a new Volksgemeinschaft. (…)  For Bauer and other German Christians, “God’s truth” meant the “Germanization of Christianity,” a process supposedly begun by Luther. To continue this work, the church should purge Judaic influences from Christian theology and texts, excise “Jewish” psalms from the Bible, and replace “Jewish” names and terms in prayers and hymns with German-Nordic equivalents. “The people of Israel,” Bauer suggested, should be renamed “the people of God”; Jerusalem and the biblical cedar of Lebanon could be called “the heavenly abode” and “the pines of the German woods.” The script for Bauer’s “Advent Celebration” revealed the results of this doctrinal revisionism. The “Germanized” liturgy included a vaguely rendered version of the Bible story of the birth of Jesus that omitted all reference to Bethlehem and the names Joseph, Mary, and Jesus; the text instead concentrated on a “morning star” arising out of darkness. As such revisions suggest, German Christians struggled uneasily to remake familiar religious observances, and Christmas in particular was a consistent sticking point. The editor of Das Volkstestament (The People’s Testament), a set of Gospels revised to meet German Christian criteria, felt compelled to explain his expurgated version of the birth of Jesus. “Legends were excluded,” he wrote in an afterword. “Only the Christmas poetry of the Holy Night and the Wise Men from the East could not be left out because these stories have penetrated so deeply into the people’s sensibilities. We have simply freed them of Jewish-Christian accretions.” In practice, German Christian liturgy engendered a heterogeneous mixture of political and religious observances. The official Christmas celebration of the National Railway Authority (Reichsbahndirektion) in 1933, just as the group’s influence began to wane, exemplified early attempts to shape a “positive Christianity” that would conform to fascist ideology. An enthusiastic crowd of railway workers, officials, and their families gathered in the Berlin Sportpalast around a thirty-foot-tall Christmas tree crowned with a gigantic swastika outlined in electric lights. (…) The Second World War exacerbated the church-state struggle over Christmas. United in the belief that Bolshevism and materialism presented a greater threat to popular faith than Nazism, clergymen used the familiar holiday rhetoric of nation, Volk, and family to encourage all Christians to support the war effort — even as they continued to challenge overt acts of deChristianization through back channels. Few church leaders were as “brown” as the Catholic military bishop Josef Rarkowski, an avowed Hitler supporter, but his Christmas sermon to Catholic soldiers in 1939 shows how clergy of both denominations adapted the emotional and spiritual qualities of the holiday to sustain what he called the nation’s “mission.” Competing political groups, including Nazis and Communists, Liberals and Social Democrats, all shaped their own versions of the holiday. Each tried to manipulate the intimate emotions evoked by family celebration to support their political agendas.

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Christmas in Germany: A Cultural History (review)

Penne Restad
Journal of Interdisciplinary History
January 2012

Although Perry points to the hollowness of any claims to Christmas’ unique roots in the German volk, he demonstrates the usefulness of tracing national variants of the holiday. The German Christmas was special and even especially intense, he argues, because of Germany’s tortured road to national unity and modernity. (…) He also has produced (…) a reconstruction of the « systems of practice and representation » that created the so-called Weihnachtsstimmung, an emotional environment of a German Christmas that acted powerfully « to define and reproduce social norms and identities » (…) A burgeoning gift economy stirred Kauflust among consumers and broadened the holiday’s popularity despite protests that argued for its shallow commercialism. The Nazis exploited this tension by high-lighting a racially imagined German Christmas at war with Jewish shopkeepers and department store owners and touting the superiority of local German Christmas crafts over new, mass-produced goods. The Nazi version of the holiday celebrated its organic and seamless Germany identity, threatened by un-Christian and un-German influences in commerce, culture, politics or religion. Perry’s probing assessment of the Nazis’ exploitation of Christmas sentiment (along with the multiple ways in which they could not fully manage it) confirms the inordinate force and malleability of the holiday. By underlining the subtle layering of Christian and German identities, Perry allows us to grasp why the birth of Jesus became equivalent for some to the birth of the Aryan child and a new Germany. However, the fundamental German perception of Christmas as German also helped to wrest German identity from its associations with the Third Reich. During the Cold War, for instance, the holiday was a « central vehicle for the reconstruction of private and public identities in East and West Germany ». It remains even now a viable tool to bolster a reunified Germany against an ever-corrosive consumerism that undermines both domestic and national identities. The tensions between evolving domestic, folk renditions of the German Christmas and commercial and political exploitation that Perry highlights certainly have parallels in other modern cultures.

After the economic collapse and street-fighting of the early 1930s, the Nazis made it a big point to restore family values to a holiday they perceived as over-commercialized and wanting in community spirit. And yet, as Joe Perry carefully shows in his Christmas in Germany, complaints about the shallow materialism of Christmas predated Hitler’s Christmas by a good century. This is not the story of how the Nazis stole Christmas. Perry manages to resist such low-hanging fruit, even as he documents patriotic and jingoistic holiday celebrations. He has a bigger story to tell: of the very creation of a modern space. Christmas, as a middle-class holiday, has been hotly contested for generations. Over the course of the 19th century, national unification, secularism, urbanization, poverty, and the industrial revolution’s transformation of daily life combined to break many Germans’ connections with the past. For a variety of reasons, including wartime outbursts of patriotic fever, Christmas became Germans’ favorite holiday. The Christmas tree was thus present at the birth of a modern nation, and was accordingly a space of contestation over the limits and character of that nation. Consumer domesticity and bourgeois tastes were to be fostered, complete with frilly dresses, cozy sing-alongs, baked goods, and gift-packages sent to the troops. These were appropriate Christmas practices, and were from the beginning pitched as deeply « traditional. » Equally traditional drunken carousing, however, needed to be quashed. Christmas in Germany is set against the background of a society experiencing breakneck industrialization and social convulsions. An entire old order was passing away. The new country was understood as Protestant, bourgeois, and somewhat Prussian, and Christmas was an opportunity to imagine Catholics and stubbornly particular regions into the national fabric. A new cultural space had been created, one which built upon a past that had never really existed (« Germanness ») while simultaneously banishing that past in the name of community-building. Christmas was the collision of these antagonistic and emotionally fraught aspirations. Christmas could, accordingly, never satisfy. It could only leave celebrants wishing for something more.

In his novel Descent into Hell, Charles Williams tells of a jealous English academic reading about a knighthood awarded to his bitter rival. A knighthood for a historian? « Till that moment he had never thought of such a thing. The possibility had been created and withdrawn simultaneously, leaving the present fact to mock him. »

This tension characterized the German churches’ response to the emergence of Christmas as a national holiday. There had never before existed a national space in Germany. It took form during the Franco-Prussian War of 1870 and matured during World War I, when German regional and confessional diversities were seen as dangerous and un-patriotic. German churches found themselves defending cultural space simultaneous to its creation. It could never have been a fair fight, because it was conducted on grounds contradictory to the message of the manger. Instead, Christmas became a knot of contradictions: a celebration of muscular militarism and feminine domesticity; coarse commercialism alongside mythologies of bygone days; the birth of Christ and anti-Semitism and xenophobia in general. These tensions, Perry argues, are the single-most enduring German Christmas tradition, having outlasted Bismarck, Hitler, and Communism. The postwar recovery years; the youth rebellions of the Sixties; the collapse of the GDR—all were accompanied by Christmas battles over the place of religion, the place of consumerism, and the place of women.

The Nazi Christmas is particularly galling, yet Perry manages to understate for great effect. 1934’s Christmas market, celebrated outside the Berlin Cathedral, combined speeches by Goebbels and others; « the crowd joined in with collective renditions of ‘Silent Night,’ … the German national anthem, and countless ‘Sieg Heils.’  » It made perfect sense at the time. As Perry subtly points out, the Nazi Christmas « complicates assumptions that all National Socialists were avowed anti-Christians. » In fact, even Nazi attempts at resurrecting ancient German paganism made room for the (blond) Christ-child. This was a careful exercise in grafting invented racist traditions into consumerist traditions of recent provenance.

To this day, Perry concludes, German pollsters « continue to express surprise at the secularization of the holiday. » An ever-shrinking fraction of Germans think of Christmas primarily in religious terms; more than anything else, Christmas for 21st-century Germans is « a celebration of family. » Roughly half of the German population attended church on a recent Christmas day—more than the proportion believing in God. Non-believers celebrating the birth of Christ? It is hardly as strange as it sounds: « Germans may no longer believe, » Perry says, « but Christmas is the time when they act as if they do by demonstrating an enduring attachment to religious tradition. »

Voir de plus:

Christmas in Germany
The creation of a « national space. »

Paul Grant

December 2011

After the economic collapse and street-fighting of the early 1930s, the Nazis made it a big point to restore family values to a holiday they perceived as over-commercialized and wanting in community spirit. And yet, as Joe Perry carefully shows in his Christmas in Germany, complaints about the shallow materialism of Christmas predated Hitler’s Christmas by a good century. This is not the story of how the Nazis stole Christmas. Perry manages to resist such low-hanging fruit, even as he documents patriotic and jingoistic holiday celebrations. He has a bigger story to tell: of the very creation of a modern space.
Christmas, as a middle-class holiday, has been hotly contested for generations. Over the course of the 19th century, national unification, secularism, urbanization, poverty, and the industrial revolution’s transformation of daily life combined to break many Germans’ connections with the past. For a variety of reasons, including wartime outbursts of patriotic fever, Christmas became Germans’ favorite holiday. The Christmas tree was thus present at the birth of a modern nation, and was accordingly a space of contestation over the limits and character of that nation. Consumer domesticity and bourgeois tastes were to be fostered, complete with frilly dresses, cozy sing-alongs, baked goods, and gift-packages sent to the troops. These were appropriate Christmas practices, and were from the beginning pitched as deeply « traditional. »
Equally traditional drunken carousing, however, needed to be quashed. Christmas in Germany is set against the background of a society experiencing breakneck industrialization and social convulsions. An entire old order was passing away. The new country was understood as Protestant, bourgeois, and somewhat Prussian, and Christmas was an opportunity to imagine Catholics and stubbornly particular regions into the national fabric.

A new cultural space had been created, one which built upon a past that had never really existed (« Germanness ») while simultaneously banishing that past in the name of community-building. Christmas was the collision of these antagonistic and emotionally fraught aspirations. Christmas could, accordingly, never satisfy. It could only leave celebrants wishing for something more.

In his novel Descent into Hell, Charles Williams tells of a jealous English academic reading about a knighthood awarded to his bitter rival. A knighthood for a historian? « Till that moment he had never thought of such a thing. The possibility had been created and withdrawn simultaneously, leaving the present fact to mock him. »

This tension characterized the German churches’ response to the emergence of Christmas as a national holiday. There had never before existed a national space in Germany. It took form during the Franco-Prussian War of 1870 and matured matured during World War I, when German regional and confessional diversities were seen as dangerous and un-patriotic. German churches found themselves defending cultural space simultaneous to its creation. It could never have been a fair fight, because it was conducted on grounds contradictory to the message of the manger.

Instead, Christmas became a knot of contradictions: a celebration of muscular militarism and feminine domesticity; coarse commercialism alongside mythologies of bygone days; the birth of Christ and anti-Semitism and xenophobia in general. These tensions, Perry argues, are the single-most enduring German Christmas tradition, having outlasted Bismarck, Hitler, and Communism. The postwar recovery years; the youth rebellions of the Sixties; the collapse of the GDR—all were accompanied by Christmas battles over the place of religion, the place of consumerism, and the place of women.

The Nazi Christmas is particularly galling, yet Perry manages to understate for great effect. 1934’s Christmas market, celebrated outside the Berlin Cathedral, combined speeches by Goebbels and others; « the crowd joined in with collective renditions of ‘Silent Night,’ … the German national anthem, and countless ‘Sieg Heils.’  » It made perfect sense at the time.

As Perry subtly points out, the Nazi Christmas « complicates assumptions that all National Socialists were avowed anti-Christians. » In fact, even Nazi attempts at resurrecting ancient German paganism made room for the (blond) Christ-child. This was a careful exercise in grafting invented racist traditions into consumerist traditions of recent provenance.
To this day, Perry concludes, German pollsters « continue to express surprise at the secularization of the holiday. » An ever-shrinking fraction of Germans think of Christmas primarily in religious terms; more than anything else, Christmas for 21st-century Germans is « a celebration of family. » Roughly half of the German population attended church on a recent Christmas day—more than the proportion believing in God. Non-believers celebrating the birth of Christ? It is hardly as strange as it sounds: « Germans may no longer believe, » Perry says, « but Christmas is the time when they act as if they do by demonstrating an enduring attachment to religious tradition. »

Paul Grant is pursuing a PhD in history at the University of Wisconsin.

Voir encore:

Pourquoi les djihadistes font la guerre à Noël (et à d’autres fêtes)
Daniel Pipes
Wall Street Journal
5 janvier 2025
Version originale anglaise: Why Jihadists Wage War on Christmas (and Other Holidays)
Adaptation française: Gilles de Belmont

Rares sont les occasions qui favorisent autant le sentiment partagé d’humanité que les bons vœux présentés par les adeptes d’une religion aux membres d’une autre religion lors de leurs fêtes. Pourtant, certains rejettent cette cordialité par principe. Les islamistes – des musulmans déterminés à revenir à un code de lois médiéval – méprisent toute fête non approuvée par l’islam. Cette attitude archaïque et sectaire fournit le contexte du massacre du Nouvel An à la Nouvelle-Orléans qui a fait 14 morts et des dizaines de blessés.

Les théologiens musulmans du Moyen Âge en ont exposé l’approche générale. Ibn Taymiya (1263-1328) affirmait que le fait de se joindre à des non-musulmans pour célébrer leurs fêtes équivalait à « accepter l’infidélité ». Son étudiant Ibn al-Qayyim (1292-1350) précisait que féliciter des non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes « est un péché plus grave que de les féliciter d’avoir bu du vin, d’avoir eu des relations sexuelles illégales, etc. »

De toutes les fêtes religieuses, Noël est la fête la plus détestée par les autorités islamiques car les chrétiens croient que Dieu s’est fait homme. Comme l’a observé l’historien Raymond Ibrahim, ces théologiens, qui croient que le polythéisme est le péché suprême selon l’islam, considèrent Noël comme « le plus grand crime jamais commis par l’humanité ».

Les autorités modernes font écho à ces interprétations médiévales. Yousuf al-Qaradhawi, un chef spirituel des Frères musulmans, a déclaré que célébrer Noël équivalait à « abandonner l’identité musulmane » de la nation islamique. Le professeur saoudien Fawzan al-Fawzan a qualifié le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien de « punition d’Allah ». Il a déclaré : « Cela s’est produit à Noël, lorsque des fornicateurs et des personnes corrompues du monde entier viennent commettre la fornication et la perversion sexuelle. »

En 2019, un ancien responsable de Qatar Charity, qui se décrit comme « l’une des plus grandes organisations humanitaires et de développement au monde », a informé les musulmans que Noël et le Nouvel An « contrevenaient tous deux à la charia d’Allah ». Il a ajouté qu’« il ne faut ni y participer ni coopérer avec les personnes qui les célèbrent », car « participer à leurs célébrations équivaut à prendre part à un crime et à une agression contre notre religion ».

Les dirigeants islamistes en Occident régurgitent ces déclarations. L’imam français Younes Laaboudi Laghzawi juge qu’il est « interdit de célébrer Noël ou le Nouvel An. » L’imam canadien Younus Kathrada soutient qu’une personne qui demande des intérêts, qui ment, qui se livre à l’adultère ou à des meurtres n’a « rien fait de comparable au péché consistant à féliciter et saluer les non-musulmans lors de leurs fausses fêtes ».

Dans l’ensemble, ces dirigeants ont légitimé la violence islamiste contre les non-musulmans pendant leurs fêtes. La violence peut être symbolique. En 2016, un groupe d’islamistes en Turquie a mis un pistolet sur la tempe d’un homme déguisé en Père Noël, expliquant qu’ils voulaient encourager « les gens à revenir à leurs racines ». Néanmoins, la violence peut également être réelle comme on a pu le voir ces 11 dernières années :

  • Le 22 décembre 2014, un attentat sur le marché de Noël de Nantes, en France, a fait un mort et 9 blessés.
  • Le 2 décembre 2015, un attentat lors d’une fête de Noël à San Bernardino, en Californie, a tué 14 personnes et en a blessé 22 autres.
  • Le 14 juillet 2016, jour commémorant la Prise de la Bastille, un attentat perpétré à Nice, en France, a fait 86 morts et 434 blessés.
  • Le 19 décembre 2016, un attentat sur le marché de Noël de Berlin a fait 12 morts et 48 blessés.
  • Le Jour de l’An 2017, un attentat à Istanbul a tué 39 personnes et en a blessé 69 autres.
  • le 31 octobre 2017, jour d’Halloween, un attentat à New York a tué 8 personnes et en a blessé 13 autres.
  • Le 11 décembre 2018, un attentat sur un marché de Noël à Strasbourg, en France, a fait cinq morts et 11 blessés.
  • Le 20 décembre 2024, un attentat sur le marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, a tué cinq personnes et en a blessé plus de 200 autres.
  • Le 25 décembre 2024, un attentat commis à Lahore, au Pakistan, lors d’une célébration de Noël, a fait trois blessés, soit une semaine avant les violences plus graves encore à la Nouvelle-Orléans.

Il y a au moins trois observations à faire sur cette histoire sordide.

Tout d’abord, d’après ce que j’ai compris, chaque auteur de cette violence liée à des fêtes a présenté un syndrome du djihad soudain – c’est-à-dire qu’il s’agissait de musulmans d’apparence normale qui sont brusquement devenus violents. Cela rend la prévention de telles attaques presque impossible par le travail de la police. Seules l’exclusion et le rapatriement systématiques des immigrants islamistes, y compris des imams, peuvent constituer un début de lutte contre cette menace.

Deuxièmement, étant donné l’origine étrangère de la plupart des auteurs, les gouvernements occidentaux sont coupables non seulement de ne pas avoir réussi à arrêter l’immigration illégale, mais aussi d’avoir ouvert de manière irresponsable les vannes à l’immigration islamiste légale.

Enfin, les Occidentaux ont tendance à s’inquiéter de l’islamisme au lendemain d’un acte de violence djihadiste, pour l’ignorer ensuite jusqu’au prochain accès de violence. Ne pouvons-nous pas garder à l’esprit cette menace civilisationnelle même lorsque les couteaux, les fusils et les bombes ne sont pas utilisés ? Cette attitude est essentielle pour pouvoir prendre des mesures cohérentes et efficaces contre l’idéologie totalitaire qui, actuellement, est la plus dynamique.

Daniel Pipes (DanielPipes.org, @DanielPipes) est le président du Middle East Forum et l’auteur de Israel Victory: How Zionists Win Acceptance and Palestinians Get Liberated (Wicked Son) © 2025 par Daniel Pipes. Tous droits réservés.

Addendum, 9 janvier 2025. Raymond Ibrahim, que je cite dans l’article ci-dessus, développe le même sujet en citant de nombreux exemples égyptiens.

Voir enfin:

Anti-Christian extremists can’t stop brutalizing European Christmas markets

Derek VanBuskirk
December 10, 2025

Christmas markets across Europe are being hit by waves of vandalism targeting nativity displays in the weeks before the holiday, with incidents ranging from theft and property damage to animal cruelty.

A living nativity in Erbach, Germany, was vandalized on Nov. 30, with perpetrators beating two donkeys named “Max” and “Lilly,” stealing food, damaging Christmas decorations and electrical boxes, vandalizing public restrooms and church property, and defecating inside the church, according to Hit Radio FFH.

A local resident who witnessed the donkeys being beaten chased the perpetrators away, the outlet reported. The church was temporarily closed and the animals relocated. The same perpetrators are suspected of vandalizing the town’s Christmas market earlier that day and a local Protestant church earlier in the week, Merkur.de reported.

In Brussels, the head of the baby Jesus figure — a cloth ball — was stolen from a nativity scene at the city’s Christmas market, the mayor’s spokesperson told The Brussels Times on Saturday.

The nativity scene, which featured faceless patchwork figures, had drawn contention before the theft, the Times separately reported.

“Christmas market in Brussels turns into an Islamic hell,” said Geert Wilders, leader of the Netherlands’ Party for Freedom. “Elsewhere in Europe, Christmas markets are being extra guarded. The result of decades of open borders. We must stop the Islamization of the West. Freedom instead of terror. Islam does not belong to us.”

“My lord, if I catch them, there’ll be trouble,” Mayor Roberto Dipiazza told the outlet. “They’re stealing just to cause a nuisance and ruin Christmas.”

After learning of the vandalism, Dipiazza rushed to the scene and enlisted help from a nearby bar patron to move the statue for repairs. It remained absent during the Feast of the Immaculate Conception, according to the outlet.

“Every year it’s the same story: we have two cameras, but these scoundrels always wear scarves around their faces so they don’t get recognized,” the mayor said.

Camera footage reviewed by police showed two apparently intoxicated men climbing a fence and mocking the nativity scene with selfies, irreverent poses and laughter, Il Dolomiti reported. The video shows one man, partially masked, knocking over the shepherd statue and causing its head to break. The two men reportedly left the head balanced on another statue’s staff.

Open the Youtube video

The nativity scene at Amiens, France’s Christmas market was vandalized during the night of Nov. 25-26, with plexiglass broken and several figures, including baby Jesus, destroyed, according to ICI Picardie.

“It’s a real blow, because the nativity scene has existed for about thirty years and nothing has ever happened,” the president of the neighborhood committee told ICI. “Nothing was stolen, it was only damaged. There are some characters that we have to restore a little bit, and then the head of the baby Jesus that we’ll have to glue back on.”

The nativity will be reinstated after the plexiglass is repaired, the president said.

CCTV footage reviewed by the Public Prosecutor’s Office showed the vandalism was committed by a lone individual, the city’s website said.

“Damage, thefts, and attempted thefts are unfortunately frequent at the Christmas market and affect all the installations,” the website states. “This situation has led the Federation of Merchants and the city to hire security companies, while the municipal police are increasing their vigilance.”

The vandalism reflects a broader pattern across Europe, where Christmas markets are shutting down or increasing security amid concern about costly vandalism and a near-yearly trend of terror attacks.

“We continually assess prisoners’ wellbeing and will always take the appropriate action, including taking prisoners to hospital if they are assessed as needing treatment by a medical professional.

 

 


Cinéma: Non plus comme un étranger, mais comme un fils revenu (What latest betrayal of Camus’ legacy with this umpteenth celebration of a best-selling novel that before his untimely death he himself had thoroughly recanted with his mock-confessional « Fall » masterpiece as well as his unfinished, posthumous, prodigal-like « First man » novel ?)

7 novembre, 2025

Black and white close-up portrait of actor Benoit Magimel with tousled hair and intense gaze wearing a light shirt. Red title text LEtranger below. Subtitles list director Liane and actors including Benoit Magimel and Francois Leterrier. Bottom credits Albert Camus based on his novel with production details.ImageImageImageImageImageImageImageImage

 

On vivait avec ou contre sa pensée, telle que nous la révélaient ses livres – « la Chute », surtout, le plus beau peut-être et le moins compris – mais toujours à travers elle. C’était une aventure singulière de notre culture, un mouvement dont on essayait de deviner les phases et le terme final.  (…) L’accident qui a tué Camus, je l’appelle scandale parce qu’il fait paraître au coeur du monde humain l’absurdité de nos exigences les plus profondes. Camus, à 20 ans, brusquement frappé d’un mal qui bouleversait sa vie, a découvert l’absurde, imbécile négation de l’homme. Il s’y est fait, il a pensé son insupportable condition, il s’est tiré d’affaire. Et l’on croirait pourtant que ses premières oeuvres seules disent la vérité de sa vie, puisque ce malade guéri est écrasé par une mort imprévisible et venue d’ailleurs. L’absurde, ce serait cette question que nul ne lui pose plus, qu’il ne pose plus à personne, ce silence qui n’est même plus un silence, qui n’est absolument plus rien. Sartre
En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé: restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. Sartre (préface aux « Damnés de la terre » de Franz Fanon, 1961)
J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger. En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère. Camus (Stockholm, 1957)
Ce livre de Fanon: un livre terrible, terriblement révélateur, terriblement annonciateur des justiciers barbares. Les disciples de ces thèses seront des assassins tranquilles, des bourreaux justifiés, des terroristes sans autre cause que celle de s’affirmer par la mort des autres. S’il faut la mort du Blanc pour que le Noir vive, alors on retourne au sacrifice du bouc émissaire. (…) Et voici que Camus nous manque déjà. Il ne se doutait pas de ce qui lui survivrait. Jean Daniel
Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil? Ou comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’oeil de ton frère. Jésus (Matthieu 7: 1-5)
O (…) toi qui juges, tu es (…) inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque (…) tu fais les mêmes choses. Paul (Lettre aux Romains 2: 1)
In a soldier’s stance, I aimed my hand at the mongrel dogs who teach fearing not I’d become my enemy in the instant that I preach. Ah, but I was so much older then I’m younger than that now.  Bod Dylan (1964)
Please allow me to introduce myself I’m a man of wealth and taste (…) Pleased to meet you. Hope you guess my name, but what’s puzzlin’ you is the nature of my game. Mick Jagger (Sympathy for the devil, 1968)
I can turn and walk away, or I can fire the gun Staring at the sky, staring at the sun Whichever I choose, it amounts to the same Absolutely nothing I’m alive I’m dead I’m the stranger killing an Arab. The Cure
It was about alienation and existentialism – things more relevant to us then. Obviously events of the last two decades have changed the perception of the song’s meaning. Totally erroneously I might add, as it has nothing to do with racism or killing at all. One of the themes of the song is that everyone’s existence is pretty much the same. Everyone lives, everyone dies, our existences are the same. It’s as far from a racist song as you can write. It seems though that no one can get past the title and that’s incredibly frustrating. The fact is it’s based on a book that’s set in France and deals with the problems of the Algerians, so it was only geographical reasons why it was an Arab and not anyone else. Lol Tolhurst
The song ‘Killing An Arab’ has absolutely no racist overtones whatsoever. It is a song which decries the existence of all prejudice and consequent violence. The Cure condemn its use in furthering anti-Arab feeling. The Cure
I wrote it when I was still in school and I had no idea that anyone would ever listen to it other than my immediate school friends. Robert Smith (2001)
Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. Lautréamont (1869)
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! (…) Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! Arthur Rimbaud (1871)
Un crime immotivé, continuait Lafcadio: quel embarras pour la police!
André Gide (Les Caves du Vatican, 1912)
L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poing, à descendre dans la rue et à tirer, au hasard, tant qu’on peut dans la foule. André Breton (1930)
Le contexte historique de l’oeuvre peut sans doute expliquer ce revirement de Camus. Le court voyage qu’il effectue en Hollande avant de se plonger dans la rédaction de son ouvrage lui fournira son cadre au récit. La grave dépression qui a conduit son épouse Francine au bord du suicide va infléchir son inspiration. Lui qui connaît depuis quelques années une renommée publique et mondaine et qui multiplie les conquêtes féminines, doute parfois de lui quand il se regarde dans un miroir. (…) Ainsi la figure de Jean-Baptiste Clamence devra-t-elle faire face à la fois aux ennemis de Camus et à Camus lui-même. Au moins est-on sûr que cet antihéros ne confesse ses fautes que pour mieux se persuader qu’elles sont celles de l’humanité entière. Ces aveux de Camus, par la voix de Jean-Baptiste Clamence, semble donc faire écho à la vie personnelle de l’auteur. L’auteur reconnu se retourne sur sa vie. Il entend les polémiques qui enflent dans les cafés parisiens. Il ne connait que trop bien l’envers de sa personnalité. Un critique proche de Sartre et du PCF à l’époque, Francis Jeanson, avait dit de Camus qu’il restait « essentiellement statique », et Sartre d’arguer lui-même au sujet de Camus « Vous êtes un bourgeois ! ». Sartre juge Camus trop réactionnaire. De là à dire qu’il est un parvenu, il n’y a qu’un pas. Pour autant, entendre Sartre traiter Camus de bourgeois, cela pourrait prêter à rire, il est vrai. (…) Pour autant, Camus, né prolétaire, culpabiliserait-il d’avoir abandonné la classe sociale à laquelle il appartenait ? D’avoir ressenti du mépris pour celle-ci ? Pour répondre à ces accusations, il se fait donc juge-pénitent. Il accepte le rejet de Saint Germain des Près, dont il moque le mensonge fait au peuple, l’engagement social d’une rive gauche bourgeoise, Sartre, Beauvoir et Vian en tête. Camus tourne le dos au Communisme, aux partis, sans doute lui reprochera-t-on aussi sa lucidité sur l’échec des grandes idéologies collectives révolutionnaires. Point contemporain
Grand avait même assisté à une scène curieuse chez la marchande de tabacs. Au milieu d’une conversation animée, celle-ci avait parlé d’une arrestation récente qui avait fait du bruit à Alger. Il s’agissait d’un jeune employé de commerce qui avait tué un Arabe sur une plage. – Si l’on mettait toute cette racaille en prison, avait dit la marchande, les honnêtes gens pourraient respirer. Albert Camus (La Peste, 1947)
Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. Camus  (L’Etranger, 1942)
Mon deuxième voisin de palier (…) [dont] on dit qu’il vit des femmes (…) m’a dit qu’il avait eu une bagarre avec un type qui lui cherchait des histoires. (…) qui (…) était le frère de cette femme (…) qu’il (…) avait entretenue (…) [et] battue jusqu’au sang (…) une Mauresque. (…) Raymond est allé tout droit vers son type (…) l’autre a fait mine de lui donner un coup de tête. Raymond a frappé  (…) Je lui ai crié :« Attention, il a un couteau ! » Mais déjà Raymond avait le bras ouvert et la bouche tailladée (…) Il reposait sur le dos (…) sans se soulever, l’Arabe a tiré son couteau (..) La gâchette a cédé  (…) Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte (…) Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. Camus (L’Etranger)
Pourque tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. Meursault (L’Étranger)
Mais permettez-moi de me présenter : Jean-Baptiste Clamence, pour vous servir. Heureux de vous connaître. (…) Dans la solitude, la fatigue aidant, que voulez-vous, on se prend volontiers pour un prophète. Après tout, c’est bien là ce que je suis, réfugié dans un désert de pierres, de brumes et d’eaux pourries, prophète vide pour temps médiocres (…) on me décapiterait, par exemple et je n’aurais plus peur de mourir, je serais sauvé. Au dessus du peuple assemblé, vous élèveriez alors ma tête encore fraîche, pour qu’ils s’y reconnaissent et qu’à nouveau je les domine, exemplaire. Tout serait consommé, j’aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d’en sortir. (…) Je rêve parfois de ce que diront de nous les historiens futurs. Une phrase leur suffira pour l’homme moderne : il forniquait et lisait des journaux. Après cette forte définition, le sujet sera, si j’ose dire, épuisé. (…) Moi, moi, moi, voilà le refrain de ma chère vie, et qui s’entendait dans tout ce que je disais. Je ne me reconnaissais que des supériorités, ce qui expliquait ma bienveillance et ma sérénité. Quand je m’occupais d’autrui, c’était pure condescendance, en toute liberté, et le mérite entier m’en revenait : je montais d’un degré dans l’amour que je me portais. (…) Voulez-vous d’une vie propre ? Comme tout le monde ? Vous dites oui, naturellement. Comment dire non ? D’accord. On va vous nettoyer. Voilà un métier, une famille, des loisirs organisés. Et les petites dents s’attaquent à la chair, jusqu’aux os. Mais je suis injuste. Ce n’est pas leur organisation qu’il faut dire. Elle est la nôtre, après tout : c’est à qui nettoiera l’autre. (…) Si vous voulez le savoir, j’étais avocat avant de venir ici. Maintenant, je suis juge-pénitent. Mais permettez-moi de me présenter : Jean-Baptiste Clamence, pour vous servir. Heureux de vous connaître. (…) Quel lessivage ! Soixante-quinze mille juifs déportés ou assassinés, c’est le nettoyage par le vide. J’admire cette application, cette méthodique patience ! Quand on n’a pas de caractère, il faut bien se donner une méthode. Ici, elle a fait merveille, sans contredit, et j’habite sur les lieux d’un des plus grands crimes de l’histoire. (…) Il y a des gens dont le problème est de s’abriter des hommes, ou du moins de s’arranger d’eux. Pour moi, l’arrangement était fait. Familier quand il le fallait, silencieux si nécessaire, capable de désinvolture autant que de gravité, j’étais de plein pied. Aussi ma popularité était-elle grande et je ne comptais plus mes succès dans le monde. Je n’étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit, j’arrivais à aimer en même temps, ce qui n’est guère facile, les femmes et la justice, je pratiquais les sports et les beaux-arts, bref, je m’arrête, pour que vous ne me soupçonniez pas de complaisance. Mais imaginez, je vous prie, un homme dans la force de l’âge, de parfaite santé, généreusement doué, habile dans les exercices du corps comme dans ceux de l’intelligence, ni pauvre ni riche, dormant bien, et profondément content de lui-même sans le montrer autrement que par une sociabilité heureuse. Vous admettrez alors que je puisse parler, en toute modestie, d’une vie réussie. Oui, peu d’êtres ont été plus naturels que moi. Mon accord avec la vie était total, j’adhérais à ce qu’elle était, du haut en bas, sans rien refuser de ses ironies, de sa grandeur, ni de ses servitudes. Non, à force d’être comblé, je me sentais, j’hésite à l’avouer, désigné. Camus (La Chute)
L’acte d’amour, par exemple, est un aveu. L’égoïsme y crie, ostensiblement, la vanité s’y étale (…) Aussitôt aimé, et ma partenaire à nouveau oubliée, je reluisais, j’étais au mieux, je devenais sympathique (…) Oui, je mourais d’envie d’être immortel. Parce que je désirais la vie éternelle, je couchais donc avec des putains et je buvais pendant des nuits. Le matin, bien sûr, j’avais dans la bouche le goût amer de la condition mortelle. Mais, pendant de longues heures, j’avais plané, bienheureux. J’attendais l’aube, j’échouais enfin dans le lit toujours défait de ma princesse qui se livrait mécaniquement au plaisir, puis dormait sans transition. Le jour venait doucement éclairer ce désastre et je m’élevais, immobile, dans un matin de gloire. Camus (La Chute)
Voilà ce qu’aucun homme (sinon ceux qui ne vivent pas, je veux dire les sages) ne peut supporter. La seule parade est dans la méchanceté. Les gens se dépêchent alors de juger pour ne pas l’être eux-mêmes. Que voulez-vous ? Camus (La Chute)
On ne vous pardonne votre bonheur et vos succès que si vous consentez généreusement à les partager. Mais pour être heureux, il ne faut pas trop s’occuper des autres. Dès lors, les issues sont fermées. Heureux et jugé, ou absous et misérable. Quant à moi, l’injustice était plus grande : j’étais condamné pour des bonheurs anciens. J’avais vécu longtemps dans l’illusion d’un accord général, alors que, de toutes parts, les jugements, les flèches et les railleries fondaient sur moi, distrait et souriant. Du jour où je fus alerté, la lucidité me vint. Je reçus toutes les blessures en même temps et je perdis mes forces d’un seul coup. L’univers entier se mit alors à rire autour de moi. Camus (La Chute)
Je ne me trouvais pas sur la scène du tribunal mais quelque part, dans les cintres, comme ces dieux que, de temps en temps, on descend au moyen d’une machine, pour transfigurer l’action et lui donner un sens. (…) Quelques-uns de mes bons criminels avaient d’ailleurs, en tuant, obéi au même sentiment. La lecture des journaux, dans la triste situation où ils se trouvaient, leur apportait sans doute une sorte de compensation malheureuse. Comme beaucoup d’hommes, ils n’en pouvaient plus de l’anonymat et cette impatience avait pu, en partie, les mener à de fâcheuses extrémités. Pour être connu, il suffit en somme de tuer sa concierge. Camus (La Chute)
Nous sommes tous des cas exceptionnels. Nous voulons tous faire appel de quelque chose ! Chacun exige d’être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel ‘(…) je prenais leur défense, à la seule condition qu’ils fussent de bons meurtriers, comme d’autres sont de bons sauvages (…) Je ne me trouvais pas sur la scène du tribunal mais quelque part, dans les cintres, comme ces dieux que, de temps en temps, on descend au moyen d’une machine, pour transfigurer l’action et lui donner un sens. (…) Quelques-uns de mes bons criminels avaient d’ailleurs, en tuant, obéi au même sentiment. La lecture des journaux, dans la triste situation où ils se trouvaient, leur apportait sans doute une sorte de compensation malheureuse. Comme beaucoup d’hommes, ils n’en pouvaient plus de l’anonymat et cette impatience avait pu, en partie, les mener à de fâcheuses extrémités. Pour être connu, il suffit en somme de tuer sa concierge. (…) les juges punissaient, les accusés expiaient et moi, libre de tout devoir, soustrait au jugement comme à la sanction, je régnais, librement, dans une lumière édénique. (…) voilà le coup de génie. J’ai découvert qu’en attendant la venue des maîtres et de leurs verges, nous devions, comme Copernic, inverser le raisonnement pour triompher. Puisqu’on ne pouvait condamner les autres sans aussitôt se juger, il fallait s’accabler soi-même pour avoir le droit de juger les autres. Puisque tout juge finit un jour en pénitent, il fallait prendre la route en sens inverse et faire métier de pénitent pour pouvoir finir en juge. (…) Alors, insensiblement, je passe, dans mon discours, du « je » au « nous ». Quand j’arrive au « voilà ce que nous sommes », le tour est joué, je peux leur dire leurs vérités. Je suis comme eux, bien sûr, nous sommes dans le même bouillon. J’ai cependant une supériorité, celle de le savoir, qui me donne le droit de parler. Vous voyez l’avantage, j’en suis sûr. Plus je m’accuse et plus j’ai le droit de vous juger. (…) Je règne enfin, mais pour toujours. J’ai encore trouvé un sommet, où je suis seul à grimper et d’où je peux juger tout le monde. (…) on me décapiterait, par exemple, et je n’aurais plus peur de mourir, je serais sauvé. Au-dessus du peuple assemblé, vous élèveriez alors ma tête encore fraîche, pour qu’ils s’y reconnaissent et qu’à nouveau je les domine, exemplaire. Tout serait consommé, j’aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d’en sortir. Camus (La Chute)
Alors, insensiblement, je passe, dans mon discours, du « je » au « nous ». Quand j’arrive au « voilà ce que nous sommes », le tour est joué, je peux leur dire leurs vérités. Je suis comme eux, bien sûr, nous sommes dans le même bouillon. J’ai cependant une supériorité, celle de le savoir, qui me donne le droit de parler. Vous voyez l’avantage, j’en suis sûr. Plus je m’accuse et plus j’ai le droit de vous juger. (…) Je règne enfin, mais pour toujours. J’ai encore trouvé un sommet, où je suis seul à grimper et d’où je peux juger tout le monde. (…) maintenant (…) je vais savoir si l’un des buts de ma passionnante confession est atteint. (…) J’espère toujours, en effet, que mon interlocuteur sera policier et qu’il m’arrêtera (…) on me décapiterait, par exemple, et je n’aurais plus peur de mourir, je serais sauvé. Au-dessus du peuple assemblé, vous élèveriez alors ma tête encore fraîche, pour qu’ils s’y reconnaissent et qu’à nouveau je les domine, exemplaire. Tout serait consommé, j’aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d’en sortir. Camus (La Chute)
Je compris aussi qu’il continuerait de m’attendre sur les mers et les fleuves, partout enfin où se trouverait l’eau amère de mon baptême. (…) Croyez-moi, les religions se trompent dès l’instant qu’elles font de la morale et qu’elles fulminent des commandements. Dieu n’est pas nécessaire pour créer la culpabilité, ni punir. Nos semblables y suffisent, aidés par nous-mêmes. Vous parliez du jugement dernier. Permettez-moi d’en rire respectueusement. Je l’attends de pied ferme : j’ai connu ce qu’il y a de pire, qui est le jugement des hommes. Pour eux, pas de circonstances atténuantes, même la bonne intention est imputée à crime. (…) Je vais vous dire un grand secret, mon cher. N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours. Camus (La Chute)
J’ai résumé L’Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : “Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort.” Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, où il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l’on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir.  (…) Meursault, pour moi, n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde parce que tenace, l’anime : la passion de l’absolu et de la vérité. Il s’agit d’une vérité encore négative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant, dans L’Étranger, l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Il m’est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essayé de figurer, dans mon personnage, le seul Christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l’aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’éprouver à l’égard des personnages de sa création. Camus (préface américaine à L’Etranger, 1955)
Camus prétend que la révolte doit se limiter à une négation sans construction, une révolte stérile qui refuse le sang mais aussi l’avenir. Cette position est celle d’un moraliste bourgeois, paralysé par la peur de l’histoire. La révolution, comme je l’ai défendue, exige le sacrifice, car sans violence, il n’y a pas de libération. Camus, dans L’Homme révolté, tourne le dos à cette nécessité historique, préférant une justice abstraite à l’action concrète. Sartre (« Réponse à Albert Camus », Les Temps Modernes, Septembre 1952)
Il se pose en juge des révolutions, mais il ignore les conditions matérielles qui les engendrent. Sa révolte est un luxe d’intellectuel, un refus de salir les mains, alors que nous, nous savons que la liberté naît dans la boue et le sang. Camus veut une pureté qui n’existe pas hors des livres. Sartre (« Réponse à Albert Camus », Les Temps Modernes, Septembre 1952)
Il se peut que vous ayez été pauvre mais vous ne l’êtes plus ; vous êtes un bourgeois, comme Jeanson et comme moi. (…) Vous avez fait votre Thermidor. Où est Meursault, Camus? Où est Sisyphe? Où sont ces trotskystes de cour, qui prêchaient la Révolution permanente ? Sartre  (Combat, 18 septembre 1952)
Je ne le crois pas. Dès qu’il se manifeste, l’humain devient partie de l’humain. Toute vie arrêtée même celle d’un homme si jeune –, c’est à la fois un disque qu’on casse et une vie complète. Pour tous ceux qui l’ont aimé, il y a dans cette mort une absurdité insupportable. Mais il faudra apprendre à voir cette œuvre mutilée comme une œuvre totale. Sartre
Le besoin d’échapper à la solitude était plus fort que la pression destructrice de l’orgueil introverti. Mais il fallait satisfaire ce besoin d’une façon détournée. Camus ne pouvait pas se contredire trop ouvertement. Le style de son roman révèle comment il a réussi à se tromper lui-même. L’auteur évite systématiquement les effets rhétoriques. Il n’utilise aucun des procédés qui permettent de mettre en valeur une trouvaille. On a l’impression qu’il ne nous regarde pas et desserre à peine les dents. Le fameux refus du passé simple et du présent, les deux temps de la narration traditionnelle, au profit du passé composé, qui appartient au langage parlé, équivaut à un abandon de toutes les techniques conventionnelles du récit. L’auteur refuse d’être un raconteur qui travaille pour un public. Son « écriture blanche » produit un effet de grisaille monotone qui a suscité d’innombrables imitateurs. À moins de se taire vraiment, pour obéir à l’injonction des esthétiques solipsistes qui sont toujours en fin de compte des esthétiques du silence, on doit se rabattre sur un pis-aller de silence, sur un compromis plus ou moins heureux et L’Étranger propose l’une des formules qui ont connu le plus de succès. Ce style ressemble étonnamment à celui des actions qui conduisent Meursault au meurtre. On a l’impression que quelqu’un, un beau jour, a tendu un stylo et du papier à Camus et Camus, machinalement, s’est mis à écrire. À Meursault, c’est un revolver qu’on a tendu et, machinalement lui aussi, il s’est mis à tirer. Le livre, de même que le meurtre, semble le résultat de circonstances fortuites, bien qu’il n’ait rien d’accidentel. On peut supposer qu’il s’est écrit lui- même, l’auteur se trouvant dans un état second un peu semblable à celui de Meursault quand il s’avance vers le meurtre. Des deux côtés, c’est la même apparence de nonchalance et d’indifférence qui fait qu’on a bien un crime mais pas de criminel, et qu’on a un livre mais qu’on n’a pas d’écrivain. Camus et son héros ont fait le serment de ne plus avoir avec autrui que des contacts superficiels. En apparence, tous deux respectent leur serment. Meursault refuse d’aller à Paris ; Camus critique les écrivains et les penseurs qui ont la naïveté de croire qu’il est possible de communiquer. Mais Meursault ne va pas jusqu’à éviter de tuer l’Arabe, et Camus ne va pas jusqu’à s’interdire d’écrire L’Étranger. Un meurtre et un livre dépassent le cadre des rapports superficiels, mais en ce qui concerne le meurtre, le caractère destructeur de l’acte ainsi que le détachement avec lequel il est exécuté, permettent de nier qu’il y ait vraiment contact. De même, le caractère antisocial du roman, ainsi que la matière furtive dont il est écrit, permettent de nier que le solipsiste essaie vraiment de communiquer avec autrui. Camus trahit le solipsisme en écrivant L’Étranger tout comme Meursault le trahit quand il tue l’Arabe. Le roman porte dans tous ses aspects la marque d’un acte créateur unique qui est à ce qu’il engendre – le livre –, ce que la conduite de Meursault est à son meurtre. Le « meurtre innocent » est en vérité le symbole et le noyau central de cet acte créateur.Clamence en a conscience quand il affirme que lui-même, en tant qu’avocat, obéissait aux mêmes mobiles secrets que ses clients. Lui aussi voulait un peu de publicité, mais il ne voulait pas payer aussi cher que les vrais criminels, la satisfaction de ce désir impur. Ayant partagé les crimes, il aurait dû partager les châtiments mais on l’acclamait au contraire comme un parangon de vertu : « Le crime tient sans trêve le devant de la scène, mais le criminel n’y figure que fugitivement pour être aussitôt remplacé. Ces brefs triomphes enfin se paient trop cher. Défendre nos malheureux aspirants à la réputation revenait, au contraire, à être vraiment reconnu, dans le même temps et aux mêmes places, mais par des moyens plus économiques. Cela m’encourageait aussi à déployer de méritoires efforts pour qu’ils payassent le moins possible ; ce qu’ils payaient, ils le payaient un peu à ma place. »L’Étranger est une véritable œuvre d’art. Les caractères du style se reflètent dans l’intrigue et vice versa. Mais on ne saurait parler d’unité à propos de ce roman, car il repose sur une dualité et une ambiguïté radicales. Comment pourrait-il avoir une unité alors que l’acte créateur se retourne en fait contre lui-même ? Chaque page du roman reflète la contradiction et la dualité inhérentes au meurtre. Tout refus de communiquer est en réalité une tentative de communication. Tout geste d’indifférence ou d’hostilité est un appel déguisé. La perspective que La Chute ouvre à la critique éclaire même les éléments structuraux, auxquels les formalistes attachent le plus d’importance sans parvenir à les éclairer car ils les isolent des données concrètes de leur engendrement. Est-il possible de ramener le meurtre de l’Arabe, la structure du roman, son style et l’« inspiration » du romancier à un processus unique ? Oui, si l’on rapproche ce processus de certaines conduites enfantines. Imaginons un enfant à qui on a refusé quelque chose qu’il désirait vivement. Il se réfugie à l’écart de ses parents et aucune promesse n’arrive à le faire sortir de sa retraite. Comme Meursault et comme le jeune Camus, l’enfant réussit à se persuader que son seul désir est qu’on le laisse en paix. Si on laisse l’enfant à sa solitude, celle-ci devient très vite insupportable, mais l’orgueil l’empêche de rentrer la tête basse dans le cercle de famille. Que faire alors pour rétablir le contact avec le monde extérieur ? Il faut que l’enfant commette une action qui attirera l’attention des adultes, mais ne passera pas pour une reddition humiliante, une action répréhensible, naturellement. Une provocation ouverte serait encore trop transparente. L’action répréhensible doit être commise en cachette et de façon détournée. L’enfant doit affecter envers la sottise qu’il est sur le point de commettre, le même détachement que Meursault envers son crime ou que Camus envers la littérature. Regardez Meursault : il commence à fréquenter la pègre, négligemment, comme il fréquenterait n’importe qui. La chose est sans importance puisque, pour lui, les autres n’existent pas vraiment. Peu à peu, Meursault se trouve mêlé aux affaires louches de ses compagnons, mais il ne s’en rend guère compte. Pourquoi s’en soucier puisque toutes les actions se valent ? L’enfant agit exactement de la même façon : il prend une boîte d’allumettes, par exemple, et joue avec distraitement. Il ne pense pas à mal, bien sûr, mais soudain une allumette flambe, et les rideaux aussi s’ils se trouvent à proximité. S’agit-il d’un accident, du destin ? C’est de la «mauvaise foi », et l’enfant, comme Meursault, ne se sent pas responsable. Pour lui, les objets ne sont que des fragments de matière perdus dans un univers chaotique. L’« absurde », tel que Sisyphe l’a fait connaître au grand public, s’est déjà incarné dans cet enfant.C’est dans une optique faussée que L’Étranger a été écrit et qu’on le lit encore généralement. On refuse de reconnaître le côté secrètement provocateur du crime, et on présente les représailles de la société comme une agression injustifiée. Cela revient à renverser les rapports entre l’individu et la société. On nous présente Meursault comme un solitaire totalement indifférent à la société, tandis que la société, elle, est censée s’occuper de très près de son existence quotidienne. Ce tableau est manifestement faux : nous savons tous que l’indifférence est du côté de la société, et que les préoccupations angoissées sont le lot du malheureux héros solitaire. Le tableau conforme à la vérité, ce sont les grandes œuvres romanesques de tous les temps qui nous le donnent : Cervantès, Balzac, Dickens, Dostoïevski, et peut-être aussi le Camus de La Chute. La vérité que L’Étranger refuse de reconnaître est si éclatante qu’elle s’exprime presque ouvertement à la fin du roman dans l’explosion passionnée de ressentiment à laquelle s’abandonne Meursault. Beaucoup de lecteurs estiment avec raison que cette conclusion sonne plus juste que le reste du roman. Le ressentiment est présent dans toute l’œuvre, sans doute, mais l’orgueil lui impose silence jusqu’à la condamnation à mort qui donne à Meursault un prétexte pour crier son désespoir sans perdre la face trop visiblement. L’enfant aussi veut être puni afin de pouvoir donner libre cours à son chagrin sans en avouer la véritable cause, pas même à lui-même. Dans la dernière phrase, Meursault admet pratiquement que la seule exécution dont il soit vraiment menacé, c’est l’indifférence des autres : « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. »Le défaut de structure de L’Étranger prend toute sa signification quand on rapproche le roman d’un type de conduite très répandu dans le monde moderne, même parmi les adultes. Cette existence vide, cette tristesse cachée, ce monde à l’envers, ce crime secrètement provocateur, tout cela est caractéristique des crimes dits de délinquance juvénile. Analyser le meurtre, en se guidant sur La Chute, c’est reconnaître qu’il relève de ce que la psychologie américaine nomme « attention getting devices ». L’aspect social du roman se rattache aisément à la conception ultra-romantique du Moi qui domine le premier Camus. De nombreux observateurs ont signalé, dans la délinquance juvénile, la présence d’un élément de romantisme moderne et démocratisé. Au cours de ces dernières années, plusieurs romans et films qui traitent ouvertement de ce phénomène social, ont emprunté certaines particularités à L’Étranger, ouvrage qui en apparence n’a rien à voir avec ce sujet. Le héros du film A bout de souffle, par exemple, tue un policier à demi volontairement et devient ainsi un « bon criminel » à la manière de Meursault. La délinquance juvénile ne figure pas dans L’Étranger en tant que thème parce que le roman est l’équivalent littéraire de l’acte, son analogon parfait. L’Étranger n’offre assurément pas une peinture fidèle de la société qui lui sert de cadre. Faut-il en conclure, comme le font les formalistes, qu’il constitue un « monde à part », complètement détaché de cette société ? Le roman renverse les lois de notre société, mais ce renversement ne signifie pas qu’il y ait absence de relations. On a affaire à une relation complexe qui contient à la fois des éléments positifs et négatifs et qu’il est impossible de formuler mécaniquement au moyen de la vieille terminologie réaliste ou positiviste. C’est une relation négative qu’il faut nettement dégager si on veut saisir la structure esthétique elle-même. La seule façon de mettre en évidence cette structure, c’est d’évoquer à son propos le phénomène social appelé « délinquance juvénile ». L’Étranger n’est pas séparable de la réalité sociale qu’il renverse puisque ce renversement est en fait une conduite sociale parmi d’autres, conduite d’ailleurs bien connue et définie. L’autonomie de la structure peut paraître absolue aux yeux de l’écrivain dans le moment de la création, mais elle n’est que relative. L’Étranger reflète la vision du monde du jeune délinquant avec une perfection inégalée précisément parce que le livre n’a pas conscience de refléter quoi que ce soit, excepté naturellement l’innocence de son héros et l’iniquité de ses juges. Camus a écrit L’Étranger contre « les juges », ou en d’autres termes, contre les bourgeois qui étaient les seuls susceptibles de le lire. Au lieu de rejeter le livre comme l’auteur le souhaitait et en même temps le redoutait, ces lecteurs de la bourgeoisie le couvrirent de louanges. De toute évidence, les « juges » ne reconnaissaient pas leur propre portrait. Eux aussi s’élevèrent contre l’iniquité des juges et réclamèrent la clémence à grands cris. Eux aussi  s’identifièrent à l’innocente victime et saluèrent en Meursault un preux chevalier de « l’authenticité » et du «culte solaire ». Le public, en somme, se révéla composé non de « juges », comme l’auteur l’avait pensé, mais « d’avocats généreux » comme lui-même, de gens qui lui ressemblaient. Puisque tous les admirateurs des premières œuvres de Camus partagent à des degrés divers la culpabilité de l’« avocat généreux », ils ont, eux aussi, leur place dans La Chute. Ils y paraissent en effet, en la personne de l’auditeur silencieux. Cet homme n’a rien à dire car Clamence répond à ses questions et à ses objections avant même qu’elles aient été formulées dans notre esprit. À la fin du roman, cet homme révèle son identité : c’est, lui aussi, un « avocat généreux ». Ainsi, Clamence s’adresse à chacun de nous personnellement. C’est sur nous qu’il se penche, par-dessus la petite table du café ; c’est notre regard qu’il fixe. Son monologue est ponctué d’exclamations, d’interjections et d’apostrophes. Toutes les trois lignes nous trouvons un « allons», « tiens », « quoi ! », « eh bien », « ne trouvez-vous pas », « mon cher compatriote », etc. Le style de La Chute est l’antithèse parfaite de « l’écriture blanche », impersonnelle et dépourvue de rhétorique. L’attitude faussement détachée de Meursault a disparu. Nous sommes passés de «l’indignation contenue » de l’avocat généreux, très bien définie par Clamence, expert en la matière, à l’exhibition publique d’une mauvaise foi avouée et pourtant insurmontable. Le symbolisme délibérément facile et disparate de La Chute est une parodie du symbolisme «sérieux » des premières œuvres.Tout en mettant en question l’authenticité de L’Étranger et autres œuvres du même genre, Camus met la question elle-même en question. La Chute, comme L’Étranger, est dirigée contre tous les lecteurs en puissance, puisqu’elle est dirigée contre les avocats dans un monde où il ne reste plus que des avocats. La technique d’agression mentale a gagné en subtilité, mais son objectif reste le même. Pourquoi Clamence attire-t-il notre attention sur le fait que sa nouvelle attitude relève encore de la mauvaise foi ? Il sape ses propres positions afin d’empêcher les autres de le faire. Après s’être moqué de l’« avocat généreux », il se décrit lui-même ironiquement comme un « juge-pénitent ». Très habilement, il coupe l’herbe sous les pieds de lecteurs qu’il sait aptes à retirer un réconfort moral des paraboles les plus sombres ; il exécute une nouvelle pirouette dans l’espoir de garder une longueur d’avance sur tout le monde dans ce jeu d’autojustification, qui s’est transformé en une partie d’autocritique.Qu’un juge renonce à juger, et il devient un juge déguisé, c’est-à-dire un avocat. Que l’avocat renonce au déguisement et le voilà devenu juge-pénitent. Que le juge-pénitent… C’est une descente en spirale dans un enfer épouvantable, mais cette « chute » vertigineuse n’est peut-être pas aussi fatale qu’il y paraît. Le juge-pénitent est loin de prendre son rôle avec autant de sérieux que l’avocat généreux. Le besoin de se justifier hante toute la littérature moderne du « procès ». Mais il y a plusieurs niveaux de conscience. Ce qu’on appelle le « mythe » du procès peut être abordé sous des angles radicalement différents. Dans L’Étranger, la seule question est de savoir si les personnages sont innocents ou coupables. Le criminel est innocent et les juges sont coupables. Dans la littérature traditionnelle, le criminel est généralement coupable et les juges innocents. La différence n’est pas aussi importante qu’il le semble. Dans les deux cas, le Bien et le Mal sont des concepts figés, immuables : on conteste le verdict des juges, mais pas les valeurs sur lesquelles il repose. La Chute va plus loin. Clamence s’efforce de démontrer qu’il est du côté du Bien et les autres du côté du Mal, mais les échelles de valeurs auxquelles il se réfère s’effondrent une à une. Le vrai problème n’est plus de savoir « qui est innocent et qui est coupable ? » mais « pourquoi faut-il continuer à juger et à être jugés ? ». C’est là une question plus intéressante, celle-là même qui préoccupait Dostoïevski. Avec La Chute, Camus élève la littérature de procès au niveau de son génial prédécesseur. Le Camus des premières œuvres ne savait pas à quel point le jugement est un mal insidieux et difficile à éviter. Il se croyait en dehors du jugement parce qu’il condamnait ceux qui condamnent. En utilisant la terminologie de Gabriel Marcel, on pourrait dire que Camus considérait le Mal comme quelque chose d’extérieur à lui, comme un « problème » qui ne concernait que les juges, alors que Clamence sait bien qu’il est lui aussi concerné. Le Mal, c’est le « mystère » d’une passion qui en condamnant les autres se condamne elle-même sans le savoir. C’est la passion d’Œdipe, autre héros de la littérature de procès, qui profère les malédictions qui le mènent à sa propre perte. La réciprocité entre le Je et le Tu s’affirme à travers tous les efforts que je fais pour la nier. « La sentence dont vous frappez vos semblables », dit Clamence, « vous est toujours renvoyée au visage et y cause de sérieux dégâts. » L’étranger n’est pas en dehors de la société mais en dedans, bien qu’il l’ignore. C’est cette ignorance qui limite la portée de L’Étranger tant au point de vue esthétique qu’au point de vue de la pensée. L’homme qui ressent le besoin d’écrire un roman-procès n’appartient pas à la Méditerranée, mais aux brumes d’Amsterdam. Le monde dans lequel nous vivons est un monde de jugement perpétuel. C’est sans doute le vestige de notre tradition judéo-chrétienne. Nous ne sommes pas de robustes païens, ni des juifs, puisque nous n’avons pas de Loi. Mais nous ne sommes pas non plus de vrais chrétiens puisque nous continuons à juger. Qui sommes-nous ? Un chrétien ne peut s’empêcher de penser que la réponse est là, à portée de la main : « Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges. » Camus s’était-il aperçu que tous les thèmes de La Chute sont contenus dans les Épîtres de saint Paul ? Si oui, aurait-il tiré de cette analogie et des réponses de saint Paul, les conclusions qu’un chrétien en tirerait ? Personne ne peut répondre à ces questions. Meursault était coupable d’avoir jugé, mais il ne le sut jamais. Seul Clamence s’en renditcompte. On peut voir en ces deux héros deux aspects d’un même personnage dont le destin décrit une ligne qui n’est pas sans rappeler celle des grands personnages de Dostoïevski. Comme Raskolnikov, comme Dimitri Karamazov, Meursault-Clamence se croit d’abord victime d’une erreur judiciaire, mais se rend finalement compte que la sentence est juste, même si les juges pris individuellement, sont injustes, parce que le Moi ne peut offrir qu’une parodie grotesque de Justice. Pour découvrir la portée universelle de La Chute, il faut d’abord en saisir la signification la plus individuelle, intime même. D’ailleurs, ces deux aspects ne font qu’un : la structure del’œuvre forme un tout, et sa signification aussi. Extérieurement, cette signification paraît purement négative. Mais une phrase du Discours de Suède résume ses aspects positifs. Camus oppose ses deux attitudes successives et confirme nettement la signification personnelle qui vient d’être reconnue, ici, à la confession de Clamence : « L’art (…) oblige (…) l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. » (II, 1071-2) René Girard
Le thème du poète maudit né dans une société marchande (…) s’est durci dans un préjugé qui finit par vouloir qu’on ne puisse être un grand artiste que contre la société de son temps, quelle qu’elle soit. Légitime à l’origine quand il affirmait qu’un artiste véritable ne pouvait composer avec le monde de l’argent, le principe est devenu faux lorsqu’on en a tiré qu’un artiste ne pouvait s’affirmer qu’en étant contre toute chose en général. (…) L’art (…) oblige (…) l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. Camus (discours de Suède, 1957)
En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé: restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. Sartre (préface aux « Damnés de la terre » de Franz Fanon, 1961)
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement de- main. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. (….) Voulez-vous au- paravant voir votre mère une dernière fois ? » J’ai dit non. (…) il m’a demandée : « C’est votre mère qui est là ? » J’ai encore dit : « Oui. » « Elle était vieille ? » J’ai répondu : « Comme ça », parce que je ne savais pas le chiffre exact. (…) Il a émis la supposition que  je devais être bien malheureux depuis que maman était morte et je n’ai rien répondu. Il m’a dit alors, très vite et avec un air gêné, qu’il savait que dans le quartier on m’avait mal jugé parce que j’avais mis ma mère à l’asile, mais il me connaissait et il savait que j’aimais beaucoup maman. J’ai répondu, je ne sais pas encore pourquoi, que j’ignorais jusqu’ici qu’on me jugeât mal à cet égard, mais que l’asile m’avait paru une chose naturelle puisque je n’avais pas assez d’argent pour faire garder maman. « D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle n’avait rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule. (…) Les instructeurs avaient appris que « j’avais fait preuve d’insensibilité » le jour de l’enterrement de maman. « Vous comprenez, m’a dit mon avocat, cela me gêne un peu de vous demander cela. Mais c’est très im- portant. Et ce sera un gros argument pour l’accusation, si je ne trouve rien à répondre. » Il voulait que je l’aide. il m’a demandé si j’avais eu de la peine ce jour-là. Cette question m’a beaucoup étonné et il me semblait que j’aurais été très gêne si j’avais eu à la poser. J’ai répondu cependant que j’avais un peu perdu l’habitude de m’interroger et qu’il m’était difficile de le renseigner. Sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. (…) Le procureur s’est alors levé, très grave et d’une voix que j’ai trouvée vraiment émue, le doigt tendu vers moi, il a articulé lentement : « Messieurs les jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme pre- nait des bains, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film comique. Je n’ai rien de plus à vous dire. » (…) « Le même homme qui au lendemain de la mort de sa mère se livrait à la débauche la plus honteuse a tué pour des raisons futiles et pour liquider une affaire de mœurs inqualifiable. » (…) Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié en levant les bras, de sorte que ses manches en retombant ont découvert les plis d’une chemise amidonnée : « Enfin, est-il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ? » Le public a ri. (…) ‘Oui, s’est-il écrié avec force, j’accuse cet homme d’avoir enterré une mère avec un cœur de criminel. » (…) l’horreur que lui inspirait ce crime le cédait presque à celle qu’il res- sentait devant mon insensibilité. Toujours selon lui, un homme qui tuait moralement sa mère se retranchait de la société des hommes au même titre que celui qui portait une main meurtrière sur l’auteur de ses jours. Dans tous les cas, le premier préparait les actes du second, il les annonçait en quelque sorte et il les légitimait. (…) C’était comme si j’avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube où je serais justifié. Rien, rien n’avait d’importance et je savais bien pourquoi. Lui aussi savait pourquoi. Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j’avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n’étaient pas encore venues et ce souffle égalisait sur son passage tout ce qu’on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais. Que m’importaient la mort des autres, l’amour d’une mère, que m’importaient son Dieu, les vies qu’on choisit, les destins qu’on élit, puisqu’un seul destin devait m’élire moi-même et avec moi des milliards de privilégiés qui, comme lui, se disaient mes frères. Comprenait-il, comprenait-il donc ? Tout le monde était privilégié. Il n’y avait que des privilégiés. Les au- tres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait. Qu’importait si, accusé de meurtre, il était exécuté pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère. Camus (L’étranger)
J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger. En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère. Camus (Stockholm, 1957)
Ce livre de Fanon: un livre terrible, terriblement révélateur, terriblement annonciateur des justiciers barbares. Les disciples de ces thèses seront des assassins tranquilles, des bourreaux justifiés, des terroristes sans autre cause que celle de s’affirmer par la mort des autres. S’il faut la mort du Blanc pour que le Noir vive, alors on retourne au sacrifice du bouc émissaire. (…) Et voici que Camus nous manque déjà. Il ne se doutait pas de ce qui lui survivrait. Jean Daniel
L’Occident qui, en dix ans, a donné l’autonomie à une dizaine de colonies, mérite à cet égard plus de respect et, surtout, de patience que la Russie qui, dans le même temps, a colonisé ou placé sous un protectorat implacable une douzaine de pays de grande et ancienne civilisation. Camus (Chroniques algériennes, 1958)
Et il lui avait fallu apprendre seul, grandir seul, en force, en puissance, trouver seul sa morale et sa vérité, à naître enfin comme un homme pour ensuite naître aux autres, aux femmes, comme tous les hommes nés dans ce pays et qui, un par un, essayaient d’apprendre à vivre sans racines et sans foi et qui tous ensemble aujourd’hui où ils risquaient l’anonymat définitif et la perte des seules traces sacrées de leur passage sur cette terre, les dalles illisibles que la nuit avait maintenant recouvertes dans le cimetière, devaient apprendre à naître aux autres, à l’immense cohue des conquérants maintenant évincés qui les avaient précédés sur cette terre et dont ils devaient reconnaître la fraternité de race et de destin.Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence. Ceux que j’aime, rien ni moi-même ni surtout pas eux-mêmes ne fera jamais que je cesse de les aimer.Ce sont des choses que j’ai mis longtemps à apprendre. Maintenant je sais Jeune, je demandais aux êtres plus qu’ils ne pouvaient donner : une amitié continuelle, une émotion permanente. Je sais leur demander maintenant moins qu’ils peuvent donner : une compagnie sans phrases. Et leurs émotions, leur amitié, leurs gestes nobles gardent à mes yeux leur valeur entière de miracle : un entier effet de la grâce. Le regard de sa mère, tremblant, doux, fiévreux, était posé sur lui avec une telle expression que l’enfant recula, hésita et s’enfuit. « Elle m’aime, elle m’aime donc », se disait-il dans l’escalier, et il comprenait en même temps que lui l’aimait éperdument, qu’il avait souhaité de toutes ses forces d’être aimé d’elle et qu’il en avait toujours douté jusque-là. Et lui qui avait voulu échapper au pays sans nom, à la foule et à une famille sans nom, mais en qui quelqu’un obstinément n’avait cessé de réclamer l’obscurité et l’anonymat (…) cheminant dans la nuit sur la terre de l’oubli où chacun était le premier homme, où lui-même avait du s’élever seul, sans père. Camus (Le Premier homme, 1994)
Il se souvenait de son enfance, de ces heures où il avait cru que tout était perdu, et il se demandait maintenant si ce n’était pas là qu’il avait commencé à se connaître, à se voir tel qu’il était, avec ses faiblesses et ses espoirs. (…) Il avait voulu fuir, s’éloigner de cette vie étroite, mais il comprenait maintenant que c’était dans cette pauvreté qu’il avait trouvé les racines de sa force, et il regrettait presque de l’avoir méprisée. Il se sentait coupable envers sa mère, non pas pour ce qu’il avait fait, mais pour ce qu’il n’avait pas su lui donner, et il passait des heures à essayer de réparer, par des gestes simples, ce silence ancien. Et quand il la regardait, il voyait dans ses yeux une paix qui semblait lui pardonner tout, même ses absences, et il se demandait si ce n’était pas là le vrai miracle de l’amour. Il marchait parmi les autres, non plus comme un étranger, mais comme un fils revenu, et il sentait que cette terre, avec ses pierres et ses silences, était aussi la sienne, un lien qu’il n’avait jamais su nommer. Et pour la première fois, il crut qu’il pouvait vivre autrement, non pas en refusant le monde, mais en l’acceptant, avec ses peines et ses joies, comme un cadeau fragile. Camus (Le Premier homme, 1994)
Pour faire de Meursault un martyr, il faut lui faire commettre un acte vraiment répréhensible, mais pour lui conserver la sympathie du lecteur, il faut préserver son innocence. Son crime doit donc être involontaire, mais pas au point que l’homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère puisse échapper à la sentence. Tous les événements qui conduisent à la scène au cours de laquelle Meursault tire sur l’Arabe, y compris cette scène elle-même avec ses coups de revolver, tantôt voulus, tantôt involontaires, sont présentés de manière à remplir ces exigences contradictoires. Meursault mourra innocent et, pourtant, sa mort dépasse la portée d’une simple erreur judiciaire. Cette solution n’en est pas une. Elle ne peut que dissimuler sans la résoudre la contradiction entre le premier et le second Meursault, entre le paisible solipsiste et la victime de la société. C’est justement cette contradiction, résumée tout entière dans l’opposition des deux termes «innocent » et « meurtre », qu’on nous propose sous la forme d’une combinaison verbale inhabituelle et intéressante, un peu comme une image surréaliste. Les deux termes ne peuvent pas plus fusionner en un concept unique qu’une image surréaliste ne peut évoquer un objet réel.  (…) Le défaut de structure de L’Étranger prend toute sa signification quand on rapproche le roman d’un type de conduite très répandu dans le monde moderne, même parmi les adultes. Cette existence vide, cette tristesse cachée, ce monde à l’envers, ce crime secrètement provocateur, tout cela est caractéristique des crimes dits de délinquance juvénile. Analyser le meurtre, en se guidant sur La Chute, c’est reconnaître qu’il relève de ce que la psychologie américaine nomme « attention getting devices ». L’aspect social du roman se rattache aisément à la conception ultra-romantique du Moi qui domine le premier Camus. De nombreux observateurs ont signalé, dans la délinquance juvénile, la présence d’un  élément de romantisme moderne et démocratisé. Au cours de ces dernières années, plusieurs romans et films qui traitent ouvertement de ce phénomène social, ont emprunté certaines particularités à L’Étranger, ouvrage qui en apparence n’a rien à voir avec ce sujet. Le héros du film A bout de souffle, par exemple, tue un policier à demi volontairement et devient ainsi un « bon criminel » à la manière de Meursault. René Girard (Critiques dans un souterrain, 1968/1976)
Personne ne nous fera croire que l’appareil judiciaire d’un Etat moderne prend réellement pour objet l’extermination des petits bureaucrates qui s’adonnent au café au lait, aux films de Fernandel et aux passades amoureuses avec la secrétaire du patron. (…) Le besoin de se justifier hante toute la littérature moderne du «procès». Mais il y a plusieurs niveaux de conscience. Ce qu’on appelle le «mythe» du procès peut être abordé sous des angles radicalement différents. Dans L’Etranger, la seule question est de savoir si les personnages sont innocents ou coupables. Le criminel est innocent et les juges coupables. Dans la littérature traditionnelle, le criminel est généralement coupable et les juges innocents. La différence n’est pas aussi importante qu’il le semble. Dans les deux cas, le Bien et le Mal sont des concepts figés, immuables : on conteste le verdict des juges, mais pas les valeurs sur lesquelles il repose. La Chute va plus loin. Clamence s’efforce de démontrer qu’il est du côté du bien et les autres du côté du mal, mais les échelles de valeurs auxquelles il se réfère s’effondrent une à une. Le vrai problème n’est plus de savoir «qui est innocent et qui est coupable?», mais « pourquoi faut-il continuer à juger et à être jugé? ». C’est là une question plus intéressante, celle-là même qui préoccupait Dostoïevski. Avec La Chute, Camus élève la littérature du procès au niveau de son génial prédécesseur. Le Camus des premières oeuvres ne savait pas à quel point le jugement est un mal insidieux et difficile à éviter. Il se croyait en-dehors du jugement parce qu’il condamnait ceux qui condamnent. En utilisant la terminologie de Gabriel Marcel, on pourrait dire que Camus considérait le Mal comme quelque chose d’extérieur à lui, comme un «problème» qui ne concernait que les juges, alors que Clamence sait bien qu’il est lui aussi concerné. Le Mal, c’est le «mystère» d’une passion qui en condamnant les autres se condamne elle-même sans le savoir. C’est la passion d’Oedipe, autre héros de la littérature du procès, qui profère les malédictions qui le mènent à sa propre perte. (…) L’étranger n’est pas en dehors de la société mais en dedans, bien qu’il l’ignore. C’est cette ignorance qui limite la portée de L’Etranger tant au point de vue esthétique qu’au point de vue de la pensée. L’homme qui ressent le besoin d’écrire un roman-procès n’ appartient pas à la Méditerranée, mais aux brumes d’Amsterdam. Le monde dans lequel nous vivons est un monde de jugement perpétuel. C’est sans doute le vestige de notre tradition judéo-chrétienne. Nous ne sommes pas de robustes païens, ni des juifs, puisque nous n’avons pas de Loi. Mais nous ne sommes pas non plus de vrais chrétiens puisque nous continuons à juger. Qui sommes-nous? Un chrétien ne peut s’empêcher de penser que la réponse est là, à portée de la main : «Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges». Camus s’était-il aperçu que tous les thèmes de La Chute sont contenus dans les Epîtres de saint Paul ? (…) Meursault était coupable d’avoir jugé, mais il ne le sut jamais. Seul Clamence s’en rendit compte. On peut voir dans ces deux héros deux aspects d’un même personnage dont le destin décrit une ligne qui n’est pas sans rappeler celle des grands personnages de Dostoïevski. (…) Pour faire de Meursault un martyr, il faut lui faire commettre un acte vraiment répréhensible, mais pour lui conserver la sympathie du lecteur, il faut préserver son innocence (…) On nous conduit insensiblement à l’incroyable conclusion que le héros est condamné à mort non pour le crime dont il est accusé et dont il est réellement coupable, mais à cause de son innocence que ce crime n’a pas entachée, et qui doit rester visible aux yeux de tous comme si elle était l’attribut d’une divinité. René Girard (Critiques dans un souterrain, 1968/1976)
Il ne voulait être que le pape des fous et il écrivait La Chute pour se tourner en dérision et il s’accusait en se moquant. Clamence, avocat déchu, qui avait « bien vécu de sa vertu », qui se trouvait avec coquetterie, « un peu surhomme », était, dans le bouge où il se déguisait en juge pour mieux rire de lui, le bouffon de l’humanité, d’aucuns disaient le singe de Dieu, comme Satan. Clamence, l’Homme-qui-rit, c’était l’Anti-Camus. Philippe Sénart
Il faut lire La Chute dans la bonne perspective – c’est-à-dire une perspective humoristique. L’auteur, las de la popularité dont il jouissait auprès des « bien-pensants » de l’élite intellectuelle, trouva une façon subtile de tourner en dérision son rôle de « prophète » sans scandaliser les « purs » parmi ses fidèles. Certes, il faut faire la part de l’exagération, mais on ne saurait écarter ce roman sous prétexte que c’est une boutade, ni se contenter benoîtement d’y voir un bon exemple d’art pur. La confession de Clamence, c’est celle – au sens large de confession spirituelle et littéraire – de Camus. René Girard
Les mots sont responsables: il leur est répondu. Les paroles de haine des avant-gardes ont préparé la mort des individus. (…) Pourquoi l’avant-garde a-t-elle été fascinée par le meurtre et a fait des criminels ses héros, de Sade aux sœurs Papin, et de l’horreur ses délices, du supplice des Cent morceaux en Chine à l’apologie du crime rituel chez Bataille, alors que dans l’Ancien Monde, ces choses là étaient tenues en horreur? (…) Il en résulte que la fascination des surréalistes ne s’est jamais éteinte dans le petit milieu de l’ intelligentsia parisienne de mai 1968 au maoïsme des années 1970. De l’admiration de Michel Foucault pour ‘l’ermite de Neauphle-le-Château’ et pour la ‘révolution’ iranienne à… Jean Baudrillard et à son trouble devant les talibans, trois générations d’intellectuels ont été élevées au lait surréaliste. De là notre silence et notre embarras. Jean Clair
Une majorité (60 %) de jeunes Américains âgés de 18 à 24 ans soutiennent le Hamas plutôt qu’Israël dans ce conflit. New York Post 
Il est difficile de filmer une métaphysique. Or « l’Etranger » est une métaphysique. C’est un roman obscur en pleine clarté ; on le lit, tout est clair, mais en fait, tout est obscur. Et c’est tout le paradoxe. C’est un roman qui donne l’impression qu’on doit l’intellectualiser, alors qu’on doit absolument le ressentir, pour éprouver la sécheresse, le vide absolu. Meursault est un homme qui a perdu la foi, au sens religieux mais aussi au sens érotique, vis-à-vis du monde. (…) La lecture de « l’Etranger » est un peu rêche, obsédante, répulsive parfois. On a l’impression d’un univers détraqué, comme une horloge qui perd ses rouages. Mais quand j’ai écrit mon livre, mon moteur n’était pas la colère. Ce que je voulais montrer à travers le frère de « l’Arabe », c’était plutôt une colère dans la colère, une forme de cercle vicieux. Moussa et Meursault vivent le même enfermement. (…) Ce qui est frappant dans l’univers de Camus, c’est que les femmes n’existent pas. Dans « la Peste », par exemple, la sensualité se situe seulement dans l’amitié ou dans la nage. Ce qui est érotique, chez lui, c’est le monde, pas les femmes. (…) Après l’indépendance, Camus a été effacé. C’est une sorte d’autodafé extraordinaire. On ne brûle pas seulement le livre, mais l’auteur. Ceux qui le lisent n’en parlent pas, les autres le résument à cette seule phrase : « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère. » Par conséquent Camus n’existe pas en Algérie, il n’a ni monument ni mention dans les manuels scolaires. Le rapport de l’Algérie à Camus est un rapport maladif de l’Algérie à elle-même. (…) C’est le même contexte depuis 1962… Mais il est vrai qu’il y a aujourd’hui une violence inédite de l’Algérie envers les créateurs, parce que ce pays n’accepte pas encore de faire partie du monde. Pratiquement tous les écrivains algériens ont dû s’exiler pour pouvoir travailler. Or l’écrivain, le créateur en général, est celui qui relie un pays au reste du monde. Et Camus fait partie de l’obsession algérienne de la complexité refusée. Car chez lui, entre la foi et la bonne foi, c’est cette dernière qui prime. De même que Boualem Sansal a voulu raconter le cru et non le cuit, donc enfreint l’omerta nationale. D’une manière ou d’une autre, votre film sera vu comme un film colonialiste parce que c’est la lecture consacrée, verrouillée, même si ceux qui auront la curiosité de le voir porteront sur lui un autre avis… En revanche, ce qu’il m’a fait réaliser, c’est que, de toute ma vie, je n’avais jamais vu d’œuvre cinématographique ou documentaire sur la période de l’Algérie française qui ne porte pas sur la guerre. Je me suis dit : « Tiens, pour une fois, on a une sorte de brèche sur le monde d’avant », pour le dire comme Zweig. (…) C’est difficile d’y échapper, parce que nous trouvons des clés d’interprétation dans nos blessures et nos mémoires, mais je ne pense pas que ce soit le but de l’œuvre de Camus, ni, je me permets de le dire, du film. Le crime de Meursault est-il, pour reprendre une expression à la mode, un crime d’atmosphère ? Probablement. Mais ce n’est certainement pas la seule explication, sinon le roman n’aurait pas connu une telle destinée internationale. (…) Dans « la Peste », Camus écrit justement : « L’abstraction tue. » Ici, Meursault tue. Mais il paie autre chose : son incapacité à jouer le jeu des conventions sociales, le fait de n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère, pas répondu au tribunal comme on l’attendait… « L’Etranger » est un roman à strates. Le meurtre de l’Arabe, de par mes lectures, je le vois comme une scène archétypale. Prenez « Robinson Crusoé », de Daniel Defoe : le monde est une île, il y a la plage, le soleil, le sauvage en face de Robinson, deux univers qui se rencontrent et l’infini des deux côtés, l’inconnu et la mer. C’est la même scène. Sauf que chez Camus, Meursault tue Vendredi, et l’histoire prend un tout autre sens… (…) C’est mon obsession depuis quinze ans, je ne fais qu’écrire sur ça. Pour moi, « l’Etranger » est une robinsonnade ratée : c’est au fond l’un des premiers romans sur la perte du désir du monde. Vous parlez de l’adolescence, et c’est bien là qu’on perd le sens du monde. Mais il y a aussi quelque chose d’augustinien dans ce livre. « Les Confessions » commencent presque de la même façon, le jour où Saint Augustin perd sa mère. Il dit : « Je vais au bain, parce qu’il paraît que l’eau soulage du deuil. » Que fait Meursault ? Il va nager dans la mer. Enfin, je crois qu’au-delà de l’historicité, de la lecture coloniale ou postcoloniale qu’on peut en faire, ce livre nous fascine parce que nous avons tous « un moment Meursault » où l’on imagine tuer. (…) Mais en même temps, on découvre la totale fragilité des raisons qui nous maintiennent en deçà de cet acte. Cette pensée, Camus l’a retournée contre lui-même en disant : « Le grand problème philosophique, c’est le suicide. » Moi, je pense que c’est le meurtre. La monstruosité froide, blanche, innocente en nous, qui fait que nous pouvons tuer et être condamnés dans un monde encore plus absurde que nous, c’est cela qui nous fascine. Car ce moment inaugural touche à la question qu’on se pose tous à nous-mêmes : que fait-on de l’autre ? Meursault n’en sait rien. Il tue, il n’arrive pas à aimer, désirer, se marier… C’est la même maladie. D’ailleurs ses dialogues évidés avec Marie, il pourrait les avoir avec l’Arabe : « Est-ce que tu me détestes vraiment ? – Je ne sais pas. – Pourquoi m’as-tu tué ? – Je ne sais pas. – Avons-nous un problème personnel ? – Je l’ignore. » Meursault est quelqu’un qui a perdu le lien à l’autre. Et je crois que c’est la grande maladie de notre siècle, nous ne savons plus que faire de l’autre. Meursault se situe précisément à cette époque où on ne se pose plus la question « que fait-on avec le colonisé ? » et juste avant celle où on se demande « que fait-on avec l’ex-colonisateur ? ». Dans l’entre-deux, il y a eu un moment de… blanc. Kamel Daoud
Un peu par hasard, j’ai relu « l’Etranger » en me disant que le personnage de Meursault pourrait m’aider. Je l’avais lu comme presque tout le monde à 16-17 ans, mais, comme la plupart des lycéens je crois, je n’avais pas compris grand-chose. En le reprenant, j’ai été fasciné par l’opacité du roman, qui pose énormément de questions : tout n’est pas logique mais au contraire très complexe, ambigu. J’étais même étonné qu’on fasse lire ça aux jeunes. Meursault n’a pas de sentiments, il s’exprime très peu, est assez antipathique. Tout le contraire d’un héros de cinéma. Je me suis donc demandé s’il était possible de l’incarner à l’écran et de faire en sorte qu’on s’intéresse à lui… (…) Meursault observe le monde, il en voit la beauté, mais c’est un peu comme l’« effet Koulechov » au cinéma : on filme un visage, puis on montre un plan de gâteau, un plan de femme nue, et on se dit « mais quel acteur formidable ». Le jeu de Benjamin Voisin consistait principalement à ne rien exprimer, à adopter une présence presque à la Buster Keaton – il tenait d’ailleurs si bien son rôle que les autres acteurs le trouvaient parfois odieux sur le tournage ! Ce sont le montage, les plans, les personnages secondaires qui donnent du sens à son regard. Ainsi que le spectateur, qui projette ce qu’il veut. Car vous l’avez bien dit, tous les lecteurs de « l’Etranger » sont des metteurs en scène potentiels. Il est d’ailleurs amusant d’entendre ceux qui ont déjà vu le film me dire que « Meursault devrait être comme ci ou comme ça »… Camus ne le décrit jamais ! On ne sait même pas son âge, seulement qu’il est un petit employé. (…) il nous a été impossible d’y faire des repérages et de tourner sur place ! Etant donné la situation et l’incarcération de Boualem Sansal, il était évident que le pays nous était fermé. C’est pour cela que nous avons dû le réaliser au Maroc, à Tanger. (…) Quand Camus écrit, c’est l’Algérie française, donc la France, il n’a pas besoin de décrire cet univers évident pour tout le monde. Mais pour nous, qui sommes plus éloignés de cette histoire, la lecture est différente. A mes yeux, ce n’est pas une coïncidence qu’il tue un « Arabe » : il fallait lier ce geste à l’époque coloniale, mais surtout en tant que contexte. (…) Ce n’est pas un hasard si tous les adolescents le lisent et qu’il les frappe autant. Il y a une désillusion propre à l’adolescence vis-à-vis de toutes les croyances de l’enfance lorsqu’on découvre la folie du monde. Ce livre fait écho à cette angoisse existentielle. J’ai moi-même été Meursault à plein de moments de ma vie, en ressentant ce décalage entre mes émotions et mon incapacité à les exprimer. Quand j’ai commencé l’adaptation, j’ai demandé à des psys si Meursault était autiste, psychopathe ou pervers… Et puis je me suis très vite rendu compte que ce n’était pas l’important. Vous dites que Meursault est une métaphysique, pour moi il est une abstraction… même s’il a tué un homme, il ne faut jamais l’oublier. François Ozon

Quel nouvel accident qui tue Camus une énième fois ?

Alors qu’en cette année du 65e anniversaire de sa mort et en ce 112e anniversaire de sa naissance …

Ressort un nouveau film sur le plus grand succès et plus grand malentendu de Camus

Qui de La Fureur de vivre à À bout de souffle, Bonnie and Clyde, Easy Rider, La Balade sauvage, Tueurs nés, Sailor et Lula, True Romance, Thelma & Louise et tant d’autres…

Mais aussi nos propres enfants, désensibilisation aidant après le stalinisme et le maoïsme de leurs ainés des années 50 et 60, défendant à 60% le pire et plus barbare pogrom depuis la Shoah …

Avait fait tant de petits, avec ces bons criminels à la Meursault et leur romantisme à deux sous …

Jouant les innocents et même, ultime acte surréaliste en une sorte de Christ inversé, les martyrs de la société…

Quelle dernière trahison de son oeuvre et de sa véritable renaissance…

Que cette énième célébration d’un roman dont il avait lui-même renié le succès avant sa mort prématurée …

Tant avec son chef-d’œuvre parodique de « La Chute » …

Qu’avec son roman inachevé et posthume du »Premier Homme »…

Qui avait justement marqué son acceptation, « comme un don fragile » …

Et son retour et sa renaissance d’enfant prodigue dans ce monde précisément si longtemps rejeté dans l’Étranger ?

Camus, l’Algérie et le mythe de « l’Etranger » : le grand dialogue entre François Ozon et Kamel Daoud
Propos recueillis par Grégoire Leménager (directeur adjoint de la rédaction) et Marie Lemonnier
Le Nouvel Obs
20 octobre 2025

Entretien  Plus de quatre-vingts ans après sa parution, le chef-d’œuvre d’Albert Camus est adapté par François Ozon dans un film splendide, qui le réinscrit dans le contexte colonial de l’Algérie française. L’occasion d’une rencontre inédite entre le réalisateur et Kamel Daoud, prix Goncourt 2024 et auteur de « Meursault, contre-enquête ».

Il fallait une bonne dose d’audace et bien du talent pour oser, en 2025, porter à l’écran un livre aussi ciselé, énigmatique et populaire que « l’Etranger » d’Albert Camus, qui depuis sa parution en 1942 s’est imposé comme l’un des romans français les plus lus au monde. François Ozon ne manque ni d’audace ni de talent. Sa filmographie éclectique le prouve, de « Sous le sable » à « Grâce à Dieu » en passant par « Huit Femmes » et « Frantz ». Son adaptation de « l’Etranger », récemment présentée à la Mostra de Venise, le confirme. Toute l’inquiétante étrangeté du chef-d’œuvre de Camus est là, dans un noir et blanc éblouissant, portée par un casting impeccable : Benjamin Voisin, qui donne au personnage de Meursault une beauté froide et impénétrable, mais aussi Rebecca Marder, Pierre Lottin, Swann Arlaud, Denis Lavant…

L’histoire est connue : un homme blanc qui a tué un « Arabe » sur une plage, se retrouve condamné à mort parce qu’il n’a pas pleuré aux obsèques de sa mère. [?] Le film suit cette trame avec une grande fidélité. Mais il a aussi l’intelligence de l’incarner dans l’Algérie coloniale, en rendant une présence humaine à ceux qui n’étaient que des ombres fugitives, anonymes et presque abstraites chez Camus : les colonisés.

Un aspect du roman que l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, prix Goncourt l’an passé, avait bien identifié en 2014 dans « Meursault, contre-enquête », traduit aujourd’hui dans une quarantaine de langues : « l’Arabe » assassiné retrouvait avec lui un nom, Moussa, et une identité par la voix de son frère. Il était temps de présenter François Ozon à Kamel Daoud, pour parler de Camus, d’Algérie, de colonisation, et d’un roman qui n’a pas fini de fasciner.

François Ozon, vous avez déjà adapté des pièces de théâtre, des nouvelles, des romans, mais avec « l’Etranger » de Camus vous vous attaquez à un monument de la littérature, une des fictions françaises les plus lues au monde. Pourquoi ?
François Ozon Initialement, j’avais le projet d’un film en trois parties. Dans l’une, un jeune homme d’aujourd’hui, face à l’absurdité et la folie du monde, tentait de se suicider. Benjamin Voisin devait jouer le rôle, mais nous n’avons pas trouvé les financements. Peut-être que c’était trop sombre… Néanmoins, un peu par hasard, j’ai relu « l’Etranger » en me disant que le personnage de Meursault pourrait m’aider. Je l’avais lu comme presque tout le monde à 16-17 ans, mais, comme la plupart des lycéens je crois, je n’avais pas compris grand-chose. En le reprenant, j’ai été fasciné par l’opacité du roman, qui pose énormément de questions : tout n’est pas logique mais au contraire très complexe, ambigu. J’étais même étonné qu’on fasse lire ça aux jeunes. Meursault n’a pas de sentiments, il s’exprime très peu, est assez antipathique. Tout le contraire d’un héros de cinéma. Je me suis donc demandé s’il était possible de l’incarner à l’écran et de faire en sorte qu’on s’intéresse à lui…

Pour vous, Kamel Daoud, le personnage de papier a-t-il pris vie à l’écran ?
Kamel Daoud Oui. Le problème pour un lecteur, surtout pour quelqu’un comme moi qui n’a pas grandi avec l’image, c’est qu’il va au cinéma avec le film qu’il a déjà réalisé dans sa tête. J’ai donc eu vingt minutes de comparatisme inévitable… Puis, j’ai analysé ma réaction : étais-je venu voir l’œuvre d’un réalisateur ou évaluer son coefficient de fidélité ? Il y a une deuxième difficulté : si vous êtes algérien, l’artificialité peut vite être aggravée, vous traquez l’anachronisme. Et si, de surcroît, vous avez écrit un roman sur « l’Etranger », c’est encore plus compliqué ! Très souvent, lorsqu’un Occidental filme, votre propre monde arabe est réduit à ce que j’appelle « le complexe de Tintin » : gamin, j’avais été très déçu de découvrir que les calligraphies de « l’Or noir » n’étaient que du charabia pseudo-arabe. C’était comme découvrir que je n’avais pas la même couleur de peau, ça m’excluait du contrat de lecture.

Mon appréhension est depuis toujours la même : le film allait-il retomber dans « l’algérianisme esthétique » ? Je n’aime pas du tout l’esthétique de « la Bataille d’Alger », avec l’Arabe qui pleurniche et le mauvais Blanc… Elle a consacré une école et fini par consacrer une fiction de la fiction. Bref, je craignais la caricature. Et en fait non, c’était exactement le monde algérien que je voyais, dans sa complexité. Il y avait une irruption de l’histoire dans la métaphysique de « l’Etranger », en particulier quand Meursault va au cinéma et qu’on voit un panneau près du guichet qui dit : « Interdit aux indigènes ».

Le roman de Kamel Daoud, « Meursault, contre-enquête », a-t-il été une source d’inspiration pour vous, François Ozon ?
F. Ozon Forcément ! Quand j’ai relu « l’Etranger », ce qui m’a frappé n’est pas cette première phrase qu’on cite toujours : « Aujourd’hui, maman est morte… » Non, avec le regard de 2025, c’est : « J’ai tué un Arabe. » Ces mots interviennent dans la seconde partie, quand on emmène Meursault en prison. Tout d’un coup, j’avais trouvé l’angle pour adapter le roman. Déjà, j’allais échapper à tous ceux qui m’attendaient au tournant sur le fameux incipit… J’ai commencé par l’idée que dans le livre, il y a tout de suite un monologue, une voix intérieure. On est avec Meursault. Ma première partie devait être un temps d’observation, où on allait le regarder. Et on allait davantage le comprendre dans la seconde partie où tout le monde s’exprime, avec différents points de vue.
K. Daoud Ce qui m’a d’ailleurs le plus aidé à entrer dans le film, ce sont les personnages secondaires qui sont magnifiquement incarnés. Le casting est parfait. L’esthétique aussi fait que ça a pris : le noir et blanc, c’était le bon choix. Cette lumière crue, ardente et violente, qui oblige parfois à plisser les yeux pour regarder l’écran, c’est comme cela qu’on ressent le paysage en Algérie.
F. Ozon Oui, le noir et blanc aide pour cela. On peut pousser les blancs très fort et les hautes lumières. Et effectivement, ça éblouit. Je suis content que cela ait fonctionné, parce que nous avons tourné en mars et avril… Il fallait à tout prix que la beauté de l’Algérie, dont Camus parle dans tous ses textes, soit présente. D’autant que le personnage, lui, est un total antihéros ! Une des clés m’a été donnée par une interview de Visconti sur sa propre adaptation de « l’Etranger ».
Au départ, l’acteur qu’il souhaitait n’était pas Marcello Mastroianni mais Alain Delon. Et c’est vrai que si l’on songe au Delon du « Samouraï », tout à coup, ça fonctionne. Mastroianni, on l’adore, mais c’est le charme italien, il est joyeux, extraverti, alors que Delon n’a joué presque que des rôles antipathiques. Ce n’est pas un homme auquel on s’identifie, mais qu’on regarde néanmoins avec fascination. Cela m’a beaucoup aidé pour diriger Benjamin Voisin. Le contraste entre sa froideur, sa raideur, son immobilité, et la vie des autres donne leur force aux scènes.

« La conscience de Meursault est transparente aux choses et opaque aux significations », disait Jean-Paul Sartre. Comment avez-vous recréé ce sentiment d’étrangeté propre au roman, et à son « écriture blanche » dont parlait Roland Barthes ?
F. Ozon Tout le roman n’est pas écrit comme ça, mais j’ai tenu à garder deux passages en voix off, deux moments lyriques magnifiques qui sont de vraie poésie. Quant au personnage, qui reste en grande partie incompréhensible, je me suis dit que j’allais le regarder évoluer dans les situations décrites par Camus. C’était assez expérimental, j’ignorais à quoi ressemblerait mon film…
K. Daoud Il est difficile de filmer une métaphysique. Or « l’Etranger » est une métaphysique. C’est un roman obscur en pleine clarté ; on le lit, tout est clair, mais en fait, tout est obscur. Et c’est tout le paradoxe. C’est un roman qui donne l’impression qu’on doit l’intellectualiser, alors qu’on doit absolument le ressentir, pour éprouver la sécheresse, le vide absolu. Meursault est un homme qui a perdu la foi, au sens religieux mais aussi au sens érotique, vis-à-vis du monde.
F. Ozon Meursault observe le monde, il en voit la beauté, mais c’est un peu comme l’« effet Koulechov » au cinéma : on filme un visage, puis on montre un plan de gâteau, un plan de femme nue, et on se dit « mais quel acteur formidable ». Le jeu de Benjamin Voisin consistait principalement à ne rien exprimer, à adopter une présence presque à la Buster Keaton – il tenait d’ailleurs si bien son rôle que les autres acteurs le trouvaient parfois odieux sur le tournage ! Ce sont le montage, les plans, les personnages secondaires qui donnent du sens à son regard. Ainsi que le spectateur, qui projette ce qu’il veut. Car vous l’avez bien dit, tous les lecteurs de « l’Etranger » sont des metteurs en scène potentiels. Il est d’ailleurs amusant d’entendre ceux qui ont déjà vu le film me dire que « Meursault devrait être comme ci ou comme ça »… Camus ne le décrit jamais ! On ne sait même pas son âge, seulement qu’il est un petit employé.

Benjamin Voisin : « le contraste entre sa froideur, sa raideur, son immobilité, et la vie des autres donne leur force aux scènes  ».
Parmi les personnages secondaires, les femmes jouent un rôle beaucoup moins effacé que dans le livre…
F. Ozon Oui, elles sont là dans le roman, mais il fallait les développer un peu. Cela me semblait d’autant plus évident que tous ces hommes sont particulièrement toxiques : l’un tape son chien, l’autre bat sa femme, le dernier tue un Arabe… Les femmes, par contraste, sont de beaux personnages. J’ai pensé à faire une place au frère de la victime, comme dans votre « Contre-enquête », Kamel, mais j’aimais le personnage de la sœur, qui devient la voix des Arabes dans le film, ou en tout cas le point de vue arabe, quand, au tribunal, elle est confrontée à Meursault et à sa « fiancée », Marie. Celle-ci a un peu conscience qu’il y a un problème, puisqu’on ne parle pas de « l’Arabe » au procès, ou plus exactement qu’on en parle justement comme de « l’Arabe » : il n’a pas de nom, ce que vous développez dans votre livre et qu’il me semblait essentiel d’intégrer dans une adaptation aujourd’hui. Cette invisibilisation m’avait choqué à la lecture de « l’Etranger », et votre livre, Kamel, m’a beaucoup aidé à comprendre la colère que cela pouvait provoquer chez un Algérien. Même s’il ne s’agissait pas de racisme de la part de Camus mais plutôt d’un procédé littéraire, comme il aurait pu parler du « Grec » ou de « l’Italien », vous ne croyez pas ?
K. Daoud Ah si, mais je n’ai jamais lu Camus en y cherchant une place pour moi, la littérature est faite pour se débarrasser de soi. La lecture de « l’Etranger » est un peu rêche, obsédante, répulsive parfois. On a l’impression d’un univers détraqué, comme une horloge qui perd ses rouages. Mais quand j’ai écrit mon livre, mon moteur n’était pas la colère. Ce que je voulais montrer à travers le frère de « l’Arabe », c’était plutôt une colère dans la colère, une forme de cercle vicieux. Moussa et Meursault vivent le même enfermement.
F. Ozon Et vous n’avez jamais pensé à donner la parole à sa sœur ?
K. Daoud Non, peut-être parce que j’ai moi-même perdu un frère quand j’avais 4 ans et lui 3… Ce qui est frappant dans l’univers de Camus, c’est que les femmes n’existent pas. Dans « la Peste », par exemple, la sensualité se situe seulement dans l’amitié ou dans la nage. Ce qui est érotique, chez lui, c’est le monde, pas les femmes. Mais en sortant de votre film, avec en particulier à l’esprit cette scène puissante entre Marie et la sœur de Moussa dans la salle d’audience, j’ai pensé que vous aviez trouvé un bel équilibre sur le rôle des femmes. En faire trop aurait été une lecture, n’en faire rien, une maladresse.

Dans ces jeux de rééquilibrage, il y a aussi celui qui concerne la présence « indigène », que le film densifie par petites touches, là où chez Camus, comme l’écrit Kamel Daoud, les « Arabes » sont « des objets flous et incongrus »…
F. Ozon Pour cela, j’ai dû faire un travail de recherche historique, parce qu’on connaît finalement assez mal cette période de la colonisation dans les années 1930. J’ai regardé beaucoup d’archives, avec des commentaires colonialistes qui vantent « le sourire d’Alger », son côté merveilleux… J’ai tenu à intégrer cet aspect pour que le spectateur comprenne quelle était la vision des Français de l’Algérie française, ce que ça représentait pour eux. J’ai moi-même des grands-parents qui ont vécu là-bas, qui ont adoré l’Algérie et en parlaient comme d’un paradis perdu, comme beaucoup de pieds-noirs d’ailleurs. Mon grand-père était juge, il a échappé à un attentat et a été contraint de revenir en France ; c’était une blessure au sein de la famille dont on ne parlait pas… J’ai essayé de retrouver ce qu’ils avaient vécu là-bas. Je voulais montrer, concrètement, comment deux communautés vivaient côte à côte mais ne se mélangeaient pas.
K. Daoud En fait, l’effacement de cette époque est double. Il y a cette image de paradis perdu, plaquée sur le réel, qui évacue toute la complexité de la vie et sa dureté pour nous. Mais de l’autre côté, en Algérie, toute la littérature antérieure au déclenchement de la guerre a été effacée. Les écrivains qui sont « nés » avec la guerre sont au panthéon, mais tous ceux qui, avant, décrivaient la complexité humaine ne sont plus visibles. Ce sont mes parents et mes grands-parents qui m’ont raconté comment était la vie d’alors. Mais il est toujours tabou de dire des choses comme : « A l’époque, c’était très beau ici, il y avait des fleurs, l’immeuble était propre, l’horloge avait des aiguilles qui fonctionnaient… »
Quel rapport l’Algérie entretient-elle aujourd’hui à Camus ?
K. Daoud Après l’indépendance, Camus a été effacé. C’est une sorte d’autodafé extraordinaire. On ne brûle pas seulement le livre, mais l’auteur. Ceux qui le lisent n’en parlent pas, les autres le résument à cette seule phrase : « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère. » Par conséquent Camus n’existe pas en Algérie, il n’a ni monument ni mention dans les manuels scolaires. Le rapport de l’Algérie à Camus est un rapport maladif de l’Algérie à elle-même.

La réception du film peut-elle pâtir du moment de tension actuel entre la France et l’Algérie ?
F. Ozon Déjà, il nous a été impossible d’y faire des repérages et de tourner sur place ! Etant donné la situation et l’incarcération de Boualem Sansal, il était évident que le pays nous était fermé. C’est pour cela que nous avons dû le réaliser au Maroc, à Tanger.
K. Daoud C’est le même contexte depuis 1962… Mais il est vrai qu’il y a aujourd’hui une violence inédite de l’Algérie envers les créateurs, parce que ce pays n’accepte pas encore de faire partie du monde. Pratiquement tous les écrivains algériens ont dû s’exiler pour pouvoir travailler. Or l’écrivain, le créateur en général, est celui qui relie un pays au reste du monde. Et Camus fait partie de l’obsession algérienne de la complexité refusée. Car chez lui, entre la foi et la bonne foi, c’est cette dernière qui prime. De même que Boualem Sansal a voulu raconter le cru et non le cuit, donc enfreint l’omerta nationale. D’une manière ou d’une autre, votre film sera vu comme un film colonialiste parce que c’est la lecture consacrée, verrouillée, même si ceux qui auront la curiosité de le voir porteront sur lui un autre avis… En revanche, ce qu’il m’a fait réaliser, c’est que, de toute ma vie, je n’avais jamais vu d’œuvre cinématographique ou documentaire sur la période de l’Algérie française qui ne porte pas sur la guerre. Je me suis dit : « Tiens, pour une fois, on a une sorte de brèche sur le monde d’avant », pour le dire comme Zweig.

Diriez-vous qu’il s’agit aussi d’un film sur la période coloniale ? Plus encore qu’à la lecture du livre, on se demande en le voyant si le rapport de domination libère une pulsion chez le colon qui favorise le crime de Meursault…
F. Ozon Quand Camus écrit, c’est l’Algérie française, donc la France, il n’a pas besoin de décrire cet univers évident pour tout le monde. Mais pour nous, qui sommes plus éloignés de cette histoire, la lecture est différente. A mes yeux, ce n’est pas une coïncidence qu’il tue un « Arabe » : il fallait lier ce geste à l’époque coloniale, mais surtout en tant que contexte.
K. Daoud C’est difficile d’y échapper, parce que nous trouvons des clés d’interprétation dans nos blessures et nos mémoires, mais je ne pense pas que ce soit le but de l’œuvre de Camus, ni, je me permets de le dire, du film. Le crime de Meursault est-il, pour reprendre une expression à la mode, un crime d’atmosphère ? Probablement. Mais ce n’est certainement pas la seule explication, sinon le roman n’aurait pas connu une telle destinée internationale.
A quoi tient donc son extraordinaire succès, qui ne se dément pas ? Sa modernité repose-t-elle sur le sentiment de l’absurde, si central chez Camus, et qu’on éprouve fortement ces temps-ci face à l’état du monde ?
F. Ozon Ce n’est pas un hasard si tous les adolescents le lisent et qu’il les frappe autant. Il y a une désillusion propre à l’adolescence vis-à-vis de toutes les croyances de l’enfance lorsqu’on découvre la folie du monde. Ce livre fait écho à cette angoisse existentielle. J’ai moi-même été Meursault à plein de moments de ma vie, en ressentant ce décalage entre mes émotions et mon incapacité à les exprimer. Quand j’ai commencé l’adaptation, j’ai demandé à des psys si Meursault était autiste, psychopathe ou pervers… Et puis je me suis très vite rendu compte que ce n’était pas l’important. Vous dites que Meursault est une métaphysique, pour moi il est une abstraction… même s’il a tué un homme, il ne faut jamais l’oublier.
K. Daoud J’aime beaucoup votre réflexion. Dans « la Peste », Camus écrit justement : « L’abstraction tue. » Ici, Meursault tue. Mais il paie autre chose : son incapacité à jouer le jeu des conventions sociales, le fait de n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère, pas répondu au tribunal comme on l’attendait… « L’Etranger » est un roman à strates. Le meurtre de l’Arabe, de par mes lectures, je le vois comme une scène archétypale. Prenez « Robinson Crusoé », de Daniel Defoe : le monde est une île, il y a la plage, le soleil, le sauvage en face de Robinson, deux univers qui se rencontrent et l’infini des deux côtés, l’inconnu et la mer. C’est la même scène. Sauf que chez Camus, Meursault tue Vendredi, et l’histoire prend un tout autre sens…
F. Ozon C’est fou que vous évoquiez Robinson Crusoé, car j’ai toujours rêvé de l’adapter au cinéma !
K. Daoud C’est mon obsession depuis quinze ans, je ne fais qu’écrire sur ça. Pour moi, « l’Etranger » est une robinsonnade ratée : c’est au fond l’un des premiers romans sur la perte du désir du monde. Vous parlez de l’adolescence, et c’est bien là qu’on perd le sens du monde. Mais il y a aussi quelque chose d’augustinien dans ce livre. « Les Confessions » commencent presque de la même façon, le jour où Saint Augustin perd sa mère. Il dit : « Je vais au bain, parce qu’il paraît que l’eau soulage du deuil. » Que fait Meursault ? Il va nager dans la mer. Enfin, je crois qu’au-delà de l’historicité, de la lecture coloniale ou postcoloniale qu’on peut en faire, ce livre nous fascine parce que nous avons tous « un moment Meursault » où l’on imagine tuer.
F. Ozon On imagine détruire l’harmonie du jour.
K. Daoud Exactement. Mais en même temps, on découvre la totale fragilité des raisons qui nous maintiennent en deçà de cet acte. Cette pensée, Camus l’a retournée contre lui-même en disant : « Le grand problème philosophique, c’est le suicide. » Moi, je pense que c’est le meurtre. La monstruosité froide, blanche, innocente en nous, qui fait que nous pouvons tuer et être condamnés dans un monde encore plus absurde que nous, c’est cela qui nous fascine. Car ce moment inaugural touche à la question qu’on se pose tous à nous-mêmes : que fait-on de l’autre ? Meursault n’en sait rien. Il tue, il n’arrive pas à aimer, désirer, se marier… C’est la même maladie. D’ailleurs ses dialogues évidés avec Marie, il pourrait les avoir avec l’Arabe : « Est-ce que tu me détestes vraiment ? – Je ne sais pas. – Pourquoi m’as-tu tué ? – Je ne sais pas. – Avons-nous un problème personnel ? – Je l’ignore. » Meursault est quelqu’un qui a perdu le lien à l’autre. Et je crois que c’est la grande maladie de notre siècle, nous ne savons plus que faire de l’autre. Meursault se situe précisément à cette époque où on ne se pose plus la question « que fait-on avec le colonisé ? » et juste avant celle où on se demande « que fait-on avec l’ex-colonisateur ? ». Dans l’entre-deux, il y a eu un moment de… blanc.

Voir également:

« L’accident qui a tué Camus, je l’appelle scandale », par Jean-Paul Sartre

France Observateur

7 janvier 1960

Il y a six mois, hier encore, on se demandait : « Que va-t-il faire ? » Provisoirement, déchiré par des contradictions qu’il faut respecter, il avait choisi le silence. Mais il était de ces hommes rares, qu’on peut bien attendre parce qu’ils choisissent lentement et restent fidèles à leur choix. Un jour, il parlerait. Nous n’aurions pas même osé risquer une conjecture sur ce qu’il dirait. Mais nous pensions qu’il changeait avec le monde comme chacun de nous: cela suffisait pour que sa présence demeurât vivante.

Nous étions brouillés, lui et moi : une brouille, ce n’est rien – dût-on ne jamais se revoir –, tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m’empêchait pas de penser à lui, sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu’il lisait et de me dire : « Qu’en dit-il ? Qu’en dit-il EN CE MOMENT ? »

Son silence que, selon les événements et mon humeur, je jugeais parfois trop prudent et parfois douloureux, c’était une qualité de chaque journée, comme la chaleur ou la lumière, mais humaine. On vivait avec ou contre sa pensée, telle que nous la révélaient ses livres – « la Chute », surtout, le plus beau peut-être et le moins compris – mais toujours à travers elle. C’était une aventure singulière de notre culture, un mouvement dont on essayait de deviner les phases et le terme final.

Il représentait en ce siècle, et contre l’Histoire, l’héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu’il y a de plus original dans les lettres françaises. Son humanisme têtu, étroit et pur, austère et sensuel, livrait un combat douloureux contre les événements massifs et difformes de ce temps. Mais, inversement, par l’opiniâtreté de ses refus, il réaffirmait, au cœur de notre époque, contre les machiavéliens, contre le veau d’or du réalisme, l’existence du fait moral.

Il était pour ainsi dire cette inébranlable affirmation. Pour peu qu’on lût ou qu’on réfléchît, on se heurtait aux valeurs humaines qu’il gardait dans son poing serré : il mettait l’acte politique en question. Il fallait le tourner ou le combattre : indispensable en un mot, à cette tension qui fait la vie de l’esprit. Son silence même, ces dernières années, avait un aspect positif: ce cartésien de l’absurde refusait de quitter le sûr terrain de la moralité et de s’engager dans les chemins incertains de la pratique. Nous le devinions et nous devinions aussi les conflits qu’il taisait: car la morale, à la prendre seule, exige à la fois la révolte et la condamne.

Nous attendions, il fallait attendre, il fallait savoir : quoi qu’il eût pu faire ou décider par la suite, Camus n’eût jamais cessé d’être une des forces principales de notre champ culturel, ni de représenter à sa manière l’histoire de la France et de ce siècle. Mais nous eussions su peut-être et compris son itinéraire. Il avait tout fait – toute une oeuvre – et, comme toujours, tout restait à faire. Il le disait : « Mon oeuvre est devant moi. » C’est fini. Le scandale particulier de cette mort, c’est l’abolition de l’ordre des hommes par l’inhumain. […] Rarement, les caractères d’une oeuvre et les conditions du moment historique ont exigé si clairement qu’un écrivain vive.

L’accident qui a tué Camus, je l’appelle scandale parce qu’il fait paraître au coeur du monde humain l’absurdité de nos exigences les plus profondes. Camus, à 20 ans, brusquement frappé d’un mal qui bouleversait sa vie, a découvert l’absurde, imbécile négation de l’homme. Il s’y est fait, il a pensé son insupportable condition, il s’est tiré d’affaire. Et l’on croirait pourtant que ses premières oeuvres seules disent la vérité de sa vie, puisque ce malade guéri est écrasé par une mort imprévisible et venue d’ailleurs. L’absurde, ce serait cette question que nul ne lui pose plus, qu’il ne pose plus à personne, ce silence qui n’est même plus un silence, qui n’est absolument plus rien.

Je ne le crois pas. Dès qu’il se manifeste, l’humain devient partie de l’humain. Toute vie arrêtée même celle d’un homme si jeune –, c’est à la fois un disque qu’on casse et une vie complète. Pour tous ceux qui l’ont aimé, il y a dans cette mort une absurdité insupportable. Mais il faudra apprendre à voir cette œuvre mutilée comme une œuvre totale.

Dans la mesure même où l’humanisme de Camus contient une attitude humaine envers la mort qui devait le surprendre, dans la mesure où sa recherche orgueilleuse et pure du bonheur impliquait et réclamait la nécessité inhumaine de mourir, nous reconnaîtrons dans cette oeuvre et dans la vie qui n’en est pas séparable la tentative pure et victorieuse d’un homme pour reconquérir chaque instant de son existence sur sa mort future.

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La Chute (extraits)

J’ai quitté Paris (…) un vrai trompe-l’œil, un superbe décor habité par quatre millions de silhouettes. Près de cinq millions, au dernier recensement ? Allons, ils auront fait des petits. Je ne m’en étonnerai pas. Il m’a toujours semblé que nos concitoyens avaient deux fureurs : les idées et la fornication. À tort et à travers, pour ainsi dire. Gardons-nous, d’ailleurs, de les condamner ; ils ne sont pas les seuls, toute l’Europe en est là. Je rêve parfois de ce que diront de nous les historiens futurs. Une phrase leur suffira pour l’homme moderne : il forniquait et lisait des journaux. Après cette forte définition, le sujet sera, si j’ose dire, épuisé (…) Mais permettez-moi de me présenter : Jean-Baptiste Clamence, pour vous servir. Heureux de vous connaître. (…) Moi, j’habite le quartier juif, ou ce qui s’appelait ainsi jusqu’au moment où nos frères hitlériens y ont fait de la place. Quel lessivage ! Soixante-quinze mille juifs déportés ou assassinés, c’est le nettoyage par le vide. J’admire cette application, cette méthodique patience ! Quand on n’a pas de caractère, il faut bien se donner une méthode. Ici, elle a fait merveille, sans contredit, et j’habite sur les lieux d’un des plus grands crimes de l’histoire. (…) Avez-vous remarqué que les canaux concentriques d’Amsterdam ressemblent aux cercles de l’enfer ? L’enfer bourgeois, naturellement peuplé de mauvais rêves. Quand on arrive de l’extérieur, à mesure qu’on passe ces cercles, la vie, et donc ses crimes, devient plus épaisse, plus obscure. Ici, nous sommes dans le dernier cercle. (….) Je ne passe jamais sur un pont, la nuit. C’est la conséquence d’un vœu. Supposez, après tout, que quelqu’un se jette à l’eau. De deux choses l’une, ou vous l’y suivez pour le repêcher et, dans la saison froide, vous risquez le pire ! Ou vous l’y abandonnez et les plongeons rentrés laissent parfois d’étranges courbatures. (…) Ces dames, derrière ces vitrines ? Le rêve, monsieur, le rêve à peu de frais, le voyage aux Indes ! Ces personnes se parfument aux épices. Vous entrez, elles tirent les rideaux et la navigation commence. Les dieux descendent sur les corps nus et les îles dérivent, démentes, coiffées d’une chevelure ébouriffée de palmiers sous le vent. Essayez. Qu’est-ce qu’un juge-pénitent ? (…) Il y a quelques années, j’étais avocat à Paris et, ma foi, un avocat assez connu. Bien entendu, je ne vous ai pas dit mon vrai nom. J’avais une spécialité : les nobles causes. La veuve et l’orphelin, comme on dit, je ne sais pourquoi, car enfin il y a des veuves abusives et des orphelins féroces. Il me suffisait cependant de renifler sur un accusé la plus légère odeur de victime pour que mes manches entrassent en action. Et quelle action ! Une tempête ! J’avais le cœur sur les manches. On aurait cru vraiment que la justice couchait avec moi tous les soirs. Je suis sûr que vous auriez admiré l’exactitude de mon ton, la justesse de mon émotion, la persuasion et la chaleur, l’indignation maîtrisée de mes plaidoiries. (…) l’attitude noble me vient sans effort. De plus, j’étais soutenu par deux sentiments sincères : la satisfaction de me trouver du bon côté de la barre et un mépris instinctif envers les juges en général. (…) je gagnais ma vie en dialoguant avec des gens que je méprisais. Mais voilà, j’étais du bon côté, cela suffisait à la paix de ma conscience. Le sentiment du droit, la satisfaction d’avoir raison, la joie de s’estimer soi-même, cher monsieur, sont des ressorts puissants pour nous tenir debout ou nous faire avancer. Au contraire, si vous en privez les hommes, vous les transformez en chiens écumants. Combien de crimes commis simplement parce que leur auteur ne pouvait supporter d’être en faute ! (…) Non seulement je ne risquais pas de rejoindre le camp des criminels (…), mais encore je prenais leur défense, à la seule condition qu’ils fussent de bons meurtriers, comme d’autres sont de bons sauvages. La manière même dont je menais cette défense me donnait de grandes satisfactions. J’étais vraiment irréprochable dans ma vie professionnelle. (…) J’eus même la chance de me voir offrir deux ou trois fois la Légion d’honneur que je pus refuser avec une dignité discrète où je trouvais ma vraie récompense. (…) Enfin, je n’ai jamais fait payer les pauvres et ne l’ai jamais crié sur les toits. (…) j’adorais aider les aveugles à traverser les rues. (…) J’aimais aussi, ah ! cela est plus difficile à dire, j’aimais faire l’aumône. Un grand chrétien de mes amis reconnaissait que le premier sentiment qu’on éprouve à voir un mendiant approcher de sa maison est désagréable. Eh bien, moi, c’était pire : j’exultais. (…) atteindre plus haut que l’ambitieux vulgaire et se hisser à ce point culminant où la vertu ne se nourrit plus que d’elle-même. (…) ces points culminants, les seuls où je puisse vivre. Oui, je ne me suis jamais senti à l’aise que dans les situations élevées. Jusque dans le détail de la vie, j’avais besoin d’être au-dessus. (…) l’endroit où je respirais le mieux, surtout si j’étais seul, bien au-dessus des fourmis humaines. (…) je prenais plaisir à la vie et à ma propre excellence. Ma profession satisfaisait heureusement cette vocation des sommets. Elle m’enlevait toute amertume à l’égard de mon prochain que j’obligeais toujours sans jamais rien lui devoir. Elle me plaçait au-dessus du juge que je jugeais à son tour, au-dessus de l’accusé que je forçais à la reconnaissance. Pesez bien cela, cher monsieur : je vivais impunément. Je n’étais concerné par aucun jugement, je ne me trouvais pas sur la scène du tribunal, mais quelque part, dans les cintres, comme ces dieux que, de temps en temps, on descend, au moyen d’une machine, pour transfigurer l’action et lui donner son sens. Après tout, vivre au-dessus reste encore la seule manière d’être vu et salué par le plus grand nombre. Quelques-uns de mes bons criminels avaient d’ailleurs, en tuant, obéi au même sentiment. La lecture des journaux, dans la triste situation où ils se trouvaient, leur apportait sans doute une sorte de compensation malheureuse. Comme beaucoup d’hommes, ils n’en pouvaient plus de l’anonymat et cette impatience avait pu, en partie, les mener à de fâcheuses extrémités. Pour être connu, il suffit en somme de tuer sa concierge. (…) les juges punissaient, les accusés expiaient et moi, libre de tout devoir, soustrait au jugement comme à la sanction, je régnais, librement, dans une lumière édénique. (…) Aussi ma popularité était-elle grande et je ne comptais plus mes succès dans le monde. Je n’étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit, j’arrivais à aimer en même temps, ce qui n’est guère facile, les femmes et la justice, je pratiquais les sports et les beaux-arts, bref, je m’arrête, pour que vous ne me soupçonniez pas de complaisance. Mais imaginez, je vous prie, un homme dans la force de l’âge, de parfaite santé, généreusement doué, habile dans les exercices du corps comme dans ceux de l’intelligence, ni pauvre ni riche, dormant bien, et profondément content de lui-même sans le montrer autrement que par une sociabilité heureuse. Vous admettrez alors que je puisse parler, en toute modestie, d’une vie réussie. (…) En vérité, à force d’être homme, avec tant de plénitude et de simplicité, je me trouvais un peu surhomme. (…) J’allais de fête en fête. Il m’arrivait de danser pendant des nuits, de plus en plus fou des êtres et de la vie. (…) peu de temps après le soir dont je vous ai parlé, j’ai découvert quelque chose. (…) Il faut le reconnaître humblement, mon cher compatriote, j’ai toujours crevé de vanité. Avec quelques autres vérités, j’ai découvert ces évidences peu à peu, dans la période qui suivit le soir dont je vous ai parlé. (…) J’avançais ainsi à la surface de la vie, dans les mots en quelque sorte, jamais dans la réalité. Tous ces livres à peine lus, ces amis à peine aimés, ces villes à peine visitées, ces femmes à peine prises ! (…) J’apprenais du moins que je n’étais du côté des coupables, des accusés, que dans la mesure exacte où leur faute ne me causait aucun dommage. Leur culpabilité me rendait éloquent parce que je n’en étais pas la victime. Quand j’étais menacé, je ne devenais pas seulement un juge à mon tour, mais plus encore : un maître irascible qui voulait, hors de toute loi, assommer le délinquant et le mettre à genoux. Après cela, mon cher compatriote, il est bien difficile de continuer sérieusement à se croire une vocation de justice et le défenseur prédestiné de la veuve et de l’orphelin. (…) Quelques mots suffiront pour retracer ma découverte essentielle. (…) Pour que la statue soit nue, les beaux discours doivent s’envoler. Voici. Cette nuit-là, en novembre, (…) je regagnais la rive gauche, et mon domicile, par le pont Royal. Il était une heure après minuit (…) Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet, et qui semblait regarder le fleuve. De plus près, je distinguai une mince jeune femme, habillée de noir. (…) J’avais déjà parcouru une cinquantaine de mètres à peu près, lorsque j’entendis le bruit, qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d’un corps qui s’abat sur l’eau. Je m’arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt, j’entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s’éteignit brusquement. Le silence qui suivit, dans la nuit soudain figée, me parut interminable. Je voulus courir et je ne bougeai pas. Je tremblais, je crois, de froid et de saisissement. Je me disais qu’il fallait faire vite et je sentais une faiblesse irrésistible envahir mon corps. J’ai oublié ce que j’ai pensé alors. « Trop tard, trop loin… » ou quelque chose de ce genre. J’écoutais toujours, immobile. Puis, à petits pas, sous la pluie, je m’éloignai. Je ne prévins personne. (…) Cette femme ? Ah ! je ne sais pas, vraiment, je ne sais pas. Ni le lendemain, ni les jours qui suivirent, je n’ai lu les journaux. (…) Je n’ai plus d’amis, je n’ai que des complices. En revanche, leur nombre a augmenté, ils sont le genre humain. (…) je l’ai découvert le jour où j’ai pensé à me tuer pour leur jouer une bonne farce, pour les punir, en quelque sorte. (…) À partir du moment où j’ai appréhendé qu’il y eût en moi quelque chose à juger, j’ai compris, en somme, qu’il y avait en eux une vocation irrésistible de jugement. (…) L’idée la plus naturelle à l’homme, celle qui lui vient naïvement, comme du fond de sa nature, est l’idée de son innocence. De ce point de vue, nous sommes tous comme ce petit Français qui, à Buchenwald, s’obstinait à vouloir déposer une réclamation auprès du scribe, lui-même prisonnier, et qui enregistrait son arrivée. (…) « C’est que, voyez-vous, monsieur, disait le petit Français, mon cas est exceptionnel. Je suis innocent ! » Nous sommes tous des cas exceptionnels. Nous voulons tous faire appel de quelque chose ! Chacun exige d’être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel. (…) Connaissez-vous Dante ? Vraiment ? Diable. Vous savez donc que Dante admet des anges neutres dans la querelle entre Dieu et Satan. Et il les place dans les Limbes, une sorte de vestibule de son enfer. Nous sommes dans le vestibule, cher ami. (…) Il nous faudrait la patience d’attendre le jugement dernier. Mais voilà, nous sommes pressés. Si pressés même que j’ai été obligé de me faire juge-pénitent. (…) À partir du soir où j’ai été appelé, car j’ai été appelé réellement, j’ai dû répondre ou du moins chercher la réponse. (…) Il a fallu d’abord que ce rire perpétuel, et les rieurs, m’apprissent à voir plus clair en moi, à découvrir enfin que je n’étais pas simple. Ne souriez pas, cette vérité n’est pas aussi première qu’elle paraît. On appelle vérités premières celles qu’on découvre après toutes les autres, voilà tout. (…) J’ai compris (…) que la modestie m’aidait à briller, l’humilité à vaincre et la vertu à opprimer. Je faisais la guerre par des moyens pacifiques et j’obtenais enfin, par les moyens du désintéressement, tout ce que je convoitais. (…) Vous vous rappelez : « Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous ! » Ah ! celui-là parlait d’or ! Malheur à moi ! (…) Une crainte ridicule me poursuivait, en effet : on ne pouvait mourir sans avoir avoué tous ses mensonges. Non pas à Dieu, ni à un de ses représentants, j’étais au-dessus de ça, vous le pensez bien. Non, il s’agissait de l’avouer aux hommes, à un ami, ou à une femme aimée, par exemple. Autrement, et n’y eût-il qu’un seul mensonge de caché dans une vie, la mort le rendait définitif. Personne, jamais plus, ne connaîtrait la vérité sur ce point puisque le seul qui la connût était justement le mort, endormi sur son secret. Ce meurtre absolu d’une vérité me donnait le vertige. (…) Je commençais d’écrire une Ode à la police et une Apothéose du couperet. Surtout, je m’obligeais à visiter régulièrement les cafés spécialisés où se réunissaient nos humanistes professionnels. Mes bons antécédents m’y faisaient naturellement bien recevoir. Là, sans y paraître, je lâchais un gros mot : « Dieu merci ! » disais-je ou plus simplement : « Mon Dieu… » Vous savez comme nos athées de bistrots sont de timides communiants. Un moment de stupeur suivait l’énoncé de cette énormité, ils se regardaient, stupéfaits, puis le tumulte éclatait, les uns fuyaient hors du café, les autres caquetaient avec indignation sans rien écouter, tous se tordaient de convulsions, comme le diable sous l’eau bénite. (…) qui suis-je pourtant ? Un citoyen-soleil quant à l’orgueil, un bouc de luxure, un pharaon dans la colère, un roi de paresse. Je n’ai tué personne ? Pas encore sans doute ! Mais n’ai-je pas laissé mourir de méritantes créatures ? Peut-être. Et peut-être suis-je prêt à recommencer. (…) Je compris alors, sans révolte, comme on se résigne à une idée dont on connaît depuis longtemps la vérité, que ce cri qui, des années auparavant, avait retenti sur la Seine, derrière moi, n’avait pas cessé, porté par le fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le monde, à travers l’étendue illimitée de l’océan, et qu’il m’y avait attendu jusqu’à ce jour où je l’avais rencontré. Je compris aussi qu’il continuerait de m’attendre sur les mers et les fleuves, partout enfin où se trouverait l’eau amère de mon baptême. (…) Croyez-moi, les religions se trompent dès l’instant qu’elles font de la morale et qu’elles fulminent des commandements. Dieu n’est pas nécessaire pour créer la culpabilité, ni punir. Nos semblables y suffisent, aidés par nous-mêmes. Vous parliez du jugement dernier. Permettez-moi d’en rire respectueusement. Je l’attends de pied ferme : j’ai connu ce qu’il y a de pire, qui est le jugement des hommes. Pour eux, pas de circonstances atténuantes, même la bonne intention est imputée à crime. (…) Je vais vous dire un grand secret, mon cher. N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours. (…) savez-vous pourquoi on l’a crucifié, l’autre, celui auquel vous pensez en ce moment, peut-être ? (…) à côté des raisons qu’on nous a très bien expliquées pendant deux mille ans, il y en avait une grande à cette affreuse agonie (…) il avait dû entendre parler d’un certain massacre des innocents. Les enfants de la Judée massacrés pendant que ses parents l’emmenaient en lieu sûr, pourquoi étaient-ils morts sinon à cause de lui ? Il ne l’avait pas voulu, bien sûr. Ces soldats sanglants, ces enfants coupés en deux, lui faisaient horreur. Mais, tel qu’il était, je suis sûr qu’il ne pouvait les oublier. Et cette tristesse qu’on devine dans tous ses actes, n’était-ce pas la mélancolie inguérissable de celui qui entendait au long des nuits la voix de Rachel, gémissant sur ses petits et refusant toute consolation ? La plainte s’élevait dans la nuit, Rachel appelait ses enfants tués pour lui, et il était vivant ! (…) c’était un coup de génie de nous dire :« Vous n’êtes pas reluisants, bon, c’est un fait. Eh bien, on ne va pas faire le détail ! On va liquider ça d’un coup, sur la croix ! » Mais trop de gens grimpent maintenant sur la croix seulement pour qu’on les voie de plus loin, même s’il faut pour cela piétiner un peu celui qui s’y trouve depuis si longtemps. (…) Dès lors, puisque nous sommes tous juges, nous sommes tous coupables les uns devant les autres, tous christs à notre vilaine manière, un à un crucifiés, et toujours sans savoir. (…) Il faut me pardonner (…) je ne savais pas ce que je faisais. (…) Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie. (…) La sentence que vous portez sur les autres finit par vous revenir dans la figure, tout droit (…) Eh bien, voilà le coup de génie. J’ai découvert qu’en attendant la venue des maîtres et de leurs verges, nous devions, comme Copernic, inverser le raisonnement pour triompher. Puisqu’on ne pouvait condamner les autres sans aussitôt se juger, il fallait s’accabler soi-même pour avoir le droit de juger les autres. Puisque tout juge finit un jour en pénitent, il fallait prendre la route en sens inverse et faire métier de pénitent pour pouvoir finir en juge. (…) Alors, insensiblement, je passe, dans mon discours, du « je » au « nous ». Quand j’arrive au « voilà ce que nous sommes », le tour est joué, je peux leur dire leurs vérités. Je suis comme eux, bien sûr, nous sommes dans le même bouillon. J’ai cependant une supériorité, celle de le savoir, qui me donne le droit de parler. Vous voyez l’avantage, j’en suis sûr. Plus je m’accuse et plus j’ai le droit de vous juger. (…) Je règne enfin, mais pour toujours. J’ai encore trouvé un sommet, où je suis seul à grimper et d’où je peux juger tout le monde. (…) maintenant (…) je vais savoir si l’un des buts de ma passionnante confession est atteint. (…) J’espère toujours, en effet, que mon interlocuteur sera policier et qu’il m’arrêtera (…) on me décapiterait, par exemple, et je n’aurais plus peur de mourir, je serais sauvé. Au-dessus du peuple assemblé, vous élèveriez alors ma tête encore fraîche, pour qu’ils s’y reconnaissent et qu’à nouveau je les domine, exemplaire. Tout serait consommé, j’aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d’en sortir. Camus (La Chute, 1956)


2e anniversaire du 7-octobre: Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas réussi de percée significative (When seven years ago Hamas was preparing its pogrom… retired British Colonel Richard Kemp presciently called out both Western blindness and its monstrous possibility !)

7 octobre, 2025

ImageImageImage Jordanian-Palestinian Businessman: We Welcome Death | MEMRIImageImageImage
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Pie chart displays 74 percent blue section for Israel and 26 percent red section for Hamas in July poll on support in Israel-Hamas conflict table below shows column percentages by DEM GOP IND/OTH with Israel at 67 percent 82 percent 74 percent and Hamas at 33 percent 18 percent 26 percent another table by age groups 18-34 to 65+ shows Israel support rising from 40 percent to 89 percent and Hamas support falling from 60 percent to 11 percent

Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume! Esaïe 5: 20
L’argument selon lequel dire la vérité serait « inopportun » ou « ferait le jeu » de telle ou telle personne est considéré comme irréfutable, et peu de gens s’inquiètent à l’idée que les mensonges qu’ils tolèrent finiront par sortir des journaux et entrer dans les livres d’histoire. George Orwell
Ce qui signe à nos yeux le démoniaque est que ces actes ont été accomplis au nom d’un bien, sous le couvert d’une morale. Alain Besançon
Il faut se souvenir que le nazisme s’est lui-même présenté comme une lutte contre la violence: c’est en se posant en victime du traité de Versailles que Hitler a gagné son pouvoir. Et le communisme lui aussi s’est présenté comme une défense des victimes. Désormais, c’est donc seulement au nom de la lutte contre la violence qu’on peut commettre la violence. (…) Autrement dit, la problématique judaïque et chrétienne est toujours incorporée à nos déviations. René Girard
Tout se passe comme si, à l’heure actuelle, s’effectuait une distribution des rôles entre ceux qui pratiquent le repentir et l’autocritique – les Européens, les Occidentaux – et ceux qui s’installent dans la dénonciation sans procéder eux-mêmes à un réexamen critique analogue de leur propre passé – en particulier les pays arabes et musulmans. Tout indique même que notre mauvaise conscience, bien loin de susciter l’émulation, renforce les autres dans leur bonne conscience. Jacques Dewitte (L’exception européenne, 2009)
Israël existe et continuera à exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge comme il a abrogé ce qui l’a précédé. Hasan al-Bannâ (préambule de la charte du Hamas, 1988)
Le Mouvement de la Résistance Islamique est un mouvement palestinien spécifique qui fait allégeance à Allah et à sa voie, l’islam. Il lutte pour hisser la bannière de l’islam sur chaque pouce de la Palestine. Charte du Hamas (Article six)
La Palestine, qui s’étend du Jourdain à l’est à la Méditerranée à l’ouest et de Ras Al-Naqurah au nord à Umm Al-Rashrash au sud, est une unité territoriale intégrale. C’est la terre et le foyer du peuple palestinien. L’expulsion et le bannissement du peuple palestinien de sa terre et l’établissement de l’entité sioniste sur celle-ci n’annulent pas le droit du peuple palestinien sur l’ensemble de sa terre et ne confèrent aucun droit à l’entité sioniste usurpatrice sur celle-ci. (…) Le Hamas estime qu’aucune partie de la terre de Palestine ne doit être compromise ou concédée, quelles que soient les causes, les circonstances et les pressions et quelle que soit la durée de l’occupation. Le Hamas rejette toute alternative à la libération pleine et entière de la Palestine, du fleuve à la mer. Charte du Hamas (articles 2 et 20, 2017)
Le sang des femmes, des enfants et des personnes âgées (…) c’est nous qui avons besoin de ce sang, pour qu’il éveille en nous l’esprit révolutionnaire, pour qu’il éveille avec nous, la détermination. Ismail Haniyeh
Nous sommes fiers de sacrifier des martyrs. Ghazi Hamad (Hamas)
À la minute près, le jour même où les Français ont annoncé leur décision, le Hamas a quitté la table des négociations. » Marco Rubio
Au cours des 15 dernières années, beaucoup a été écrit et dit sur le fait que les manuels scolaires palestiniens ne promeuvent pas la paix et la coexistence et que les médias palestiniens publient souvent des documents anti-israéliens. Bien que cela soit vrai, on ne peut ignorer le fait que la campagne anti-israélienne sur les campus américains n’est pas moins dangereuse. Ce qui se passe sur ces campus ne s’inscrit pas dans le cadre de la liberté d’expression. Il s’agit plutôt de la liberté de diffuser la haine et la violence. Nous ne devrions donc pas être surpris si la prochaine génération de djihadistes ne vient pas de la bande de Gaza ou des montagnes et des mosquées du Pakistan et de l’Afghanistan, mais des campus universitaires des États-Unis. Khaled Abu Toameh (2009)
On ne peut pas parvenir à la paix si les terroristes sont traités comme des martyrs. Glorifier les terroristes est un obstacle considérable à la paix. C’est une façon horrible de penser. C’est un obstacle infranchissable. Cela prendra fin, et bientôt, croyez-moi. Dans les manuels scolaires et les mosquées palestiniens, il existe une culture de la haine qui se développe depuis des années, et si nous voulons parvenir à la paix, ils doivent y mettre fin et arrêter ce processus éducatif. Ils doivent mettre fin à l’éducation à la haine. Ils doivent y mettre fin, et maintenant. Il n’y a pas d’équivalence morale. Israël ne donne pas le nom de terroristes à des places publiques. Israël ne paie pas ses enfants pour poignarder des Palestiniens au hasard. Candidat Donald Trump (21 mars 2016)
Où sont les routes et les chemins de fer, les industries et les infrastructures du nouvel Etat palestinien ? Nulle part. A la place, ils ont construit kilomètres après   kilomètres des tunnels souterrains, destinés à y cacher leurs armes, et lorsque les choses se sont corsées, ils y ont placé leur commandement militaire. Ils ont investi  des millions dans l’importation et la production de roquettes,  de lance-roquettes, de mortiers, d’armes légères et même de drones. Ils les ont délibérément placés dans des écoles, hôpitaux, mosquées et habitations privées pour exposer au mieux  leurs citoyens. Ce jeudi,  les Nations unies ont annoncé  que 20 roquettes avaient été découvertes dans l’une de leurs écoles à Gaza. Ecole depuis laquelle ils ont tiré des roquettes sur Jérusalem et Tel-Aviv. Pourquoi ? Les roquettes ne peuvent même pas infliger de lourds dégâts, étant presque, pour la plupart,  interceptées par le système anti-missiles « Dôme de fer » dont dispose Israël. Même, Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne a demandé : « Qu’essayez-vous d’obtenir en tirant des roquettes ? Cela n’a aucun sens à moins  que vous ne compreniez, comme cela a été expliqué dans l’éditorial du Tuesday Post, que le seul but est de provoquer une riposte de la part d’Israël. Cette riposte provoque la mort de nombreux Palestiniens et  la télévision internationale diffuse en boucle les images de ces victimes. Ces images étant un outil de propagande fort télégénique,  le Hamas appelle donc sa propre population, de manière persistante, à ne pas chercher d’abris lorsqu’Israël lance ses tracts avertissant d’une attaque imminente. Cette manière d’agir relève d’une totale amoralité et d’une stratégie  malsaine et pervertie.  Mais cela repose, dans leur propre logique,  sur un principe tout à fait  rationnel,  les yeux du monde étant constamment braqués sur  Israël, le mélange d’antisémitisme classique et d’ignorance historique presque totale  suscitent  un réflexe de sympathie envers  ces défavorisés du Tiers Monde. Tout ceci mène à l’affaiblissement du soutien à Israël, érodant ainsi  sa  légitimité  et  son droit à l’auto-défense. Dans un monde dans lequel on constate de telles inversions morales kafkaïennes, la perversion du Hamas  devient tangible.   C’est un monde dans lequel le massacre de Munich n’est qu’un film  et l’assassinat de Klinghoffer un opéra,  dans lesquels les tueurs sont montrés sous un jour des plus sympathiques.   C’est un monde dans lequel les Nations-Unies ne tiennent pas compte de l’inhumanité   des criminels de guerre de la pire race,  condamnant systématiquement Israël – un Etat en guerre depuis 66 ans – qui, pourtant, fait d’extraordinaires efforts afin d’épargner d’innocentes victimes que le Hamas, lui, n’hésite pas à utiliser  comme boucliers humains. C’est tout à l’honneur des Israéliens qui, au milieu de toute cette folie, n’ont  perdu ni leur sens moral, ni leurs nerfs.  Ceux qui sont hors de la région, devraient avoir l’obligation de faire état de cette aberration  et de dire la vérité. Ceci n’a jamais été aussi aveuglément limpide. Charles Krauthammer
60 % des 18-24 ans ont déclaré soutenir davantage le Hamas qu’Israël. 65 % des 25-34 ans ont déclaré soutenir davantage Israël que le Hamas.70 % des 35-44 ans ont préféré l’État hébreu au groupe terroriste. 74 % des 45-55 ans ont préféré Israël. 84 % des 55-64 ans ont choisi Israël et rejeté le Hamas.89 % des personnes âgées de 65 ans ont exprimé leur soutien à Israël. Harvard-Harris poll (août 2025)
Dans leurs critiques, les adversaires d’Israël font l’impasse sur une nouvelle norme remarquable et historique qu’Israël a établie. Au cours de ma longue carrière de recherche et de conseil en guerre urbaine pour l’armée américaine, je n’ai jamais vu une armée prendre de telles mesures en faveur de la population civile de l’ennemi, en particulier tout en combattant l’ennemi dans les mêmes bâtiments. En fait, selon mon analyse, Israël a pris plus de précautions pour prévenir les dommages aux civils que n’importe quelle armée dans l’histoire – au-delà de ce que le droit international exige et plus que les États-Unis n’ont fait dans leurs guerres en Irak et en Afghanistan. La communauté internationale, et de plus en plus les États-Unis, reconnaissent à peine ces mesures tout en excoriant sans cesse Tsahal pour ne pas en faire assez pour protéger les civils, alors même qu’il est confronté à une organisation terroriste impitoyable qui retient ses citoyens en otage. Les États-Unis et leurs alliés devraient plutôt étudier la manière dont ils peuvent appliquer les tactiques de Tsahal pour protéger les civils, même si ces armées seraient certainement extrêmement réticentes à employer ces techniques en raison du désavantage qu’elles subiraient dans tout combat contre une armée terroriste urbaine telle que le Hamas. La théorie occidentale prédominante de l’exécution des guerres, appelée guerre de manœuvre, cherche à briser un ennemi moralement et physiquement avec une force et une vitesse surprenantes et écrasantes, en frappant les centres de gravité politiques et militaires de manière à ce que l’ennemi soit détruit ou se rende rapidement. Ce fut le cas lors des invasions du Panama en 1989, de l’Afghanistan en 2001, de l’Irak en 2003 et de la tentative illégale de prise de contrôle de l’Ukraine par la Russie en 2022, qui a échoué. Dans tous ces cas, aucun avertissement n’a été donné et aucun délai n’a été accordé pour l’évacuation des villes. À bien des égards, Israël a dû abandonner ce schéma établi afin d’éviter que les civils ne subissent des dommages. Les FDI ont en quelque sorte « téléphoné » presque chaque mouvement à l’avance pour que les civils puissent se déplacer, cédant presque toujours l’élément de surprise. Cela a permis au Hamas de repositionner ses hauts dirigeants (et les otages israéliens) en fonction des besoins à travers le terrain urbain dense de Gaza et les kilomètres de tunnels souterrains qu’il a construits. Les combattants du Hamas, qui contrairement aux FDI ne portent pas d’uniformes, ont également profité de l’occasion pour se fondre dans la population civile lors de leur évacuation. L’effet net est que le Hamas réussit dans sa stratégie consistant à créer des souffrances palestiniennes et des images de destruction afin d’exercer une pression internationale sur Israël pour qu’il arrête ses opérations, assurant ainsi sa propre survie. Avant de lancer sa campagne terrestre à l’automne, Israël a averti, parfois pendant des semaines, les civils d’évacuer les principales zones urbaines du nord de la bande de Gaza. Les FDI ont déclaré avoir largué plus de 7 millions de tracts, mais elles ont également déployé des technologies jamais utilisées dans le monde, comme j’ai pu le constater de visu lors d’un récent voyage à Gaza et dans le sud d’Israël. Israël a passé plus de 70 000 appels téléphoniques directs, envoyé plus de 13 millions de SMS et laissé plus de 15 millions de messages vocaux préenregistrés pour informer les civils qu’ils devaient quitter les zones de combat, où ils devaient se rendre et quel itinéraire ils devaient emprunter. Ils ont déployé des drones équipés de haut-parleurs et largué par parachute des haut-parleurs géants qui ont commencé à diffuser des messages invitant les civils à quitter les zones de combat dès qu’ils ont touché le sol. Ils ont annoncé et mené des pauses quotidiennes de toutes les opérations pour permettre à tous les civils restés dans les zones de combat d’évacuer. Ces mesures ont été efficaces. Israël a pu évacuer plus de 85 % des zones urbaines du nord de la bande de Gaza avant le début des combats les plus violents. Ce chiffre est conforme à mes recherches sur l’histoire des guerres urbaines, qui montrent que, quels que soient les efforts déployés, environ 10 % des populations restent sur place. Alors que la guerre faisait rage, Israël a commencé à distribuer ses cartes militaires aux civils afin qu’ils puissent procéder à des évacuations localisées. Cela non plus n’a jamais été fait en temps de guerre. (…) J’ai vu que les FDI suivaient même la population en temps réel jusqu’à un rayon de quelques pâtés de maisons à l’aide de drones et d’images satellite, de la présence des téléphones portables et de l’évaluation des dommages causés aux bâtiments afin d’éviter de frapper des civils. (…) Bien entendu, le nombre réel de civils tués à Gaza n’est pas connu. L’estimation actuelle de plus de 31 000 fournie par le Hamas ne reconnaît pas un seul décès de combattant (ni aucun décès dû à des tirs erronés de ses propres roquettes ou à d’autres tirs amis). Les FDI estiment avoir tué environ 13 000 agents du Hamas, un chiffre que je juge crédible en partie parce que je fais confiance aux forces armées d’un allié américain démocratique plutôt qu’à un régime terroriste, mais aussi en raison du nombre de combattants du Hamas affectés aux zones nettoyées et ayant observé les armes utilisées, l’état des tunnels du Hamas et d’autres aspects du combat. Cela signifierait que quelque 18 000 civils sont morts à Gaza, soit un ratio d’environ 1 combattant pour 1,5 civil. Compte tenu du gonflement probable du nombre de morts par le Hamas, le chiffre réel pourrait être plus proche de 1 pour 1. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un chiffre historiquement bas pour une guerre urbaine moderne. L’ONU, l’UE et d’autres sources estiment que les civils représentent généralement 80 à 90 % des victimes, soit un rapport de 1 à 9, dans les guerres modernes (bien que ces chiffres mélangent tous les types de guerres). Lors de la bataille de Mossoul en 2016-2017, une bataille supervisée par les États-Unis qui a utilisé les ressources aériennes les plus puissantes au monde, quelque 10 000 civils ont été tués contre environ 4 000 terroristes de l’Etat islamique. Et pourtant, des analystes qui devraient être mieux informés continuent de condamner les FDI sur la base du niveau de destruction qui s’est encore produit – destruction qui est inévitable contre un ennemi qui s’enfonce dans un vaste système de tunnels sous des sites civils dans un terrain urbain dense. (…) Ironiquement, l’approche prudente adoptée par Israël peut en fait avoir conduit à une plus grande destruction ; puisque les FDI qui donnent des avertissements et procèdent à des évacuations aident le Hamas à survivre, elles prolongent en fin de compte la guerre et, avec elle, sa dévastation. (…) Ceux qui demandent à Israël de trouver une alternative à la réduction des pertes civiles (jusqu’à zéro) devraient par honnêteté intellectuelle reconnaitre que cette alternative laisserait les otages israéliens en captivité et permettrait au Hamas de survivre à la guerre. L’alternative à la survie d’une nation ne peut être la voie de l’extinction. John Spencer (25.03.2024)
Le 7 octobre 2023, le groupe terroriste Hamas à Gaza, un « appareil politique doté d’une branche militaire », a lancé des milliers de roquettes sur Israël, envahi ses communautés du sud, commis des atrocités et des crimes de guerre contre la population, et emmené plus de 250 otages à Gaza. Le 8 octobre, Israël a déclaré une guerre d’autodéfense avec plusieurs objectifs déclarés : « récupérer les otages illégalement enlevés, détruire les capacités militaires du Hamas, renverser le Hamas en tant qu’autorité gouvernante de Gaza, sécuriser les frontières d’Israël et empêcher le Hamas ou tout autre groupe de Gaza de mener une nouvelle attaque contre Israël et sur le territoire israélien ». En 2007, après avoir pris le pouvoir dans la « zone très densément peuplée » de Gaza, le Hamas a dépensé plus d’un milliard de dollars pour construire plus de 350 miles de « tunnels à usage militaire sous les zones urbaines de Gaza, allant du niveau du sol jusqu’à plus de 200 pieds sous terre ». Israël est entré à Gaza, où « à chaque pas que vous faites, il y a un tunnel sous vos pieds ». La libération des otages « est devenue l’un des plus grands défis militaires de l’ère moderne » pour les Forces de défense israéliennes (FDI). Le fait que le Hamas « se trouve en zone urbaine et l’ait préparée pour la défense » depuis plus de deux décennies « est tout à fait unique et difficile à comparer dans l’histoire » à d’autres ennemis en zone urbaine qui avaient généralement peu de temps pour se préparer à se défendre. Dans la plupart des batailles urbaines de l’histoire, plus [l’ennemi] a eu de temps pour préparer sa défense, « plus la bataille est importante, plus elle est longue et plus elle est destructrice ». En comparaison, la bataille pour reprendre la ville de Mossoul aux 5 000 combattants de l’EI a pris neuf mois à 100 000 membres des forces de sécurité irakiennes. L’EI n’a eu que deux mois pour préparer sa défense, contrairement aux 20 ans dont a disposé le Hamas pour militariser la plupart des maisons de Gaza avec « des caches, des engins explosifs improvisés ou des positions de tireurs d’élite ». La stratégie de guerre urbaine du Hamas consiste « non pas à combattre l’armée israélienne, mais à pousser la communauté internationale à empêcher Israël de remporter la victoire, même après les crimes horribles du 7 octobre ». En violation des règles de la guerre, le Hamas utilise une « stratégie de bouclier humain » qui consiste à placer des civils « devant soi afin que l’ennemi ne puisse pas vous attaquer ». L’utilisation de civils et de sites protégés à des fins militaires « complique les opérations ». Le Hamas va encore plus loin en utilisant une « stratégie de sacrifice humain », affirmant qu’il « a besoin que des civils meurent » et refusant à la population l’accès aux tunnels de protection qui sont à l’usage exclusif du Hamas. La communauté internationale, avec sa cohorte anti-israélienne, anti-occidentale et anti-guerre, a aidé l’ennemi en faisant pression sur Israël « pour qu’il s’arrête avant d’atteindre ses objectifs ». Ils ont été aidés par « toute une série d’organisations affiliées aux Nations unies » qui ont à peine condamné le Hamas pour avoir utilisé des boucliers humains et des stratégies de sacrifice humain. Aucune de ces organisations n’a exigé que le Hamas « se rende et libère unilatéralement et sans condition les otages ». La pression sur Israël a également été alimentée par les réseaux sociaux. Contrairement aux guerres précédentes, « c’est la première guerre de cette ampleur et de cette intensité où l’on assiste à une condamnation ou à la diffusion d’images via les téléphones portables, les réseaux sociaux et les algorithmes », qui ont une influence mondiale. En fin de compte, cette guerre est un « bras de fer » entre le Hamas, qui pensait pouvoir lancer sa guerre du 7 octobre contre Israël tout en conservant le pouvoir et en survivant, et Israël, qui adhère aux mœurs d’une « société démocratique ». Les adversaires d’Israël ont cité de faux chiffres concernant les victimes et la proportionnalité pour « justifier leurs opinions sur la guerre ». En substance, le Hamas a fabriqué des chiffres pour produire une « condamnation fondée sur les effets » contre Israël, que les médias ont accusé d’« avoir intentionnellement causé des dommages aux civils et détruit des infrastructures civiles ». Les détracteurs ont ignoré le droit de la guerre et les « précautions » prises par l’armée israélienne pour limiter les « dommages collatéraux potentiels » dans le cadre de sa guerre défensive à Gaza. Sans accès à l’information, le monde a accepté sans broncher les chiffres fournis par le Hamas, « l’organisation terroriste désignée ». Le ministère de la Santé du Hamas à Gaza n’a pas « fait de distinction entre civils et combattants, ou non-combattants et combattants ». Dans tout contexte comparable, « le ratio civils/combattants d’Israël reste historiquement faible », compte tenu des mesures de précaution prises. « Israël a fait plus et mis en œuvre plus de mesures pour prévenir les dommages civils que n’importe quelle autre armée dans l’histoire de la guerre urbaine ». L’évacuation par Israël des villes de Gaza, son recours limité à la force et la distribution de cartes « pour communiquer avec les civils » sont autant de mesures prises pour minimiser les pertes civiles. Malgré ces mesures, les médias et les défenseurs du Hamas « tentent de présenter une certaine forme d’illégalité » en sortant les chiffres de leur contexte afin de dénigrer Israël. « Il est vraiment essentiel que les gens comprennent qu’il s’agit simplement de mensonges, de mensonges éhontés et de statistiques. » Le Hamas a lancé plus de « 13 000 roquettes » contre l’État juif, et « chacune de ces plus de 13 000 roquettes constitue une violation du droit de la guerre ». Si Israël n’avait pas investi autant dans la « diplomatie des roquettes » en développant ses capacités défensives anti-roquettes, en particulier le Dôme de fer et le Lance-pierres de David, les roquettes lancées contre ses villes auraient tué « des dizaines de milliers de personnes ». Dans les nombreuses guerres qu’Israël a menées contre le Hamas et Gaza, l’objectif était de mettre fin aux tirs de roquettes. « Mais dans une guerre où l’objectif est de neutraliser les capacités militaires de l’ennemi, on ne peut pas y parvenir uniquement par des bombardements. Il faut pénétrer dans le territoire ennemi et détruire ces capacités. Dans un environnement urbain dense, on parle à juste titre de « grand égalisateur ». La pression internationale sur Israël s’est intensifiée avec « la remise en question des objectifs, la remise en question de la capacité à atteindre ces objectifs et, désormais, la critique de l’armée ». Une force plus importante aurait fait comprendre au Hamas qu’il n’avait aucune chance, mais « malheureusement, dans le contexte politique de cette guerre, de nombreux pays ont envoyé des messages au Hamas, [y compris] les Nations unies, [pour lui dire] de tenir bon. Vous pouvez gagner et nous arrêterons Israël. » En raison du fait que « toute guerre est asymétrique », on a assisté à une « augmentation des guerres urbaines à travers le monde », lorsque les forces les plus faibles savent qu’elles peuvent tirer avantage en attirant « une armée avancée en terrain urbain ». Les États-Unis auraient mené la guerre à Gaza différemment en utilisant « plus de puissance de combat pour essayer d’y mettre fin plus rapidement. Parce que c’est ce que vous voulez faire. » Les performances de l’armée israélienne à Gaza, ses capacités et ses actions, « sont sans aucun doute celles d’une force morale, éthique et disciplinée qui accomplit des choses uniques dans le scénario urbain le plus complexe auquel aucune armée n’ait été confrontée dans l’histoire moderne. John Spencer (24.01.2025)
Jamais auparavant dans l’histoire, un parti n’avait adopté une stratégie de guerre visant à maximiser le nombre de morts civils dans son propre camp. (…) Alors que certaines des tactiques les plus brutales du Hamas, comme le viol systématique et la décapitation des captifs, sont des atrocités pratiquées depuis longtemps et pour lesquelles les armées de Staline, Hitler et Gengis Khan sont tristement célèbres, il est sans précédent qu’un parti adopte une stratégie de guerre visant à maximiser le nombre de morts civils dans son propre camp. C’est tellement étrange et maléfique que cela devrait consterner toute personne décente. Contrairement aux commentaires habituels, il ne s’agit pas d’une stratégie de bouclier humain. Il s’agit d’une stratégie de sacrifice humain. Depuis sa naissance en 1987, le Hamas a déclaré que son objectif était de détruire Israël. Sa stratégie est asymétrique, c’est-à-dire que le Hamas étant plus petit et plus faible que l’armée israélienne, il s’appuie sur une stratégie visant à saper Israël sur le plan politique. Dans l’espoir (vraisemblablement) d’inciter les dirigeants saoudiens à renoncer à leurs projets de normalisation des relations avec Israël, le Hamas a lancé cette guerre avec deux objectifs. Premièrement, provoquer des soulèvements parmi les Arabes et les musulmans, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël. Deuxièmement, amener le reste du monde à considérer Israël avec dégoût et haine. Pour atteindre ces objectifs, le Hamas veille à ce que sa guerre blesse et tue un grand nombre de Palestiniens à Gaza. Pour ce faire, il élabore des stratégies et prépare le terrain depuis des années. Son objectif est de faire de la propagande auprès d’un monde crédule – de faire retomber le sang des victimes palestiniennes sur les mains d’Israël. Les responsables de la défense de nombreux pays, pour des raisons opérationnelles et pour se conformer aux lois internationales de la guerre, s’efforcent d’éloigner leurs moyens militaires des civils et de maximiser la protection de ces derniers. Les responsables du Hamas font le contraire. Comme l’ont noté avec désapprobation des représentants des Nations unies et d’autres, le Hamas stocke des munitions dans des écoles, place des lance-missiles à proximité de mosquées, installe des centres de commandement dans des hôpitaux et, d’une manière générale, base ses opérations dans des quartiers civils densément peuplés. Il ne s’agit pas simplement d’une stratégie de bouclier humain, dont l’objectif est de dissuader une attaque en utilisant des vies innocentes comme barrière. Le Hamas fait quelque chose de bien plus insidieux : il s’assure de la mort massive de Palestiniens. (…) Lorsque le Hamas tire des roquettes sur Israël et tue, capture et viole des civils, il sait qu’Israël ripostera. Les dirigeants du Hamas placent leurs ressources dans des bâtiments civils non pas dans l’espoir qu’Israël cesse de tirer, mais en calculant froidement que les représailles causeront de terribles dommages aux civils palestiniens, malgré les efforts extraordinaires déployés par l’armée israélienne pour les éviter. Le Hamas s’efforce de maximiser, et non de minimiser, ces dommages. Il s’agit de générer une pression internationale sur Israël pour qu’il mette fin à ses représailles – et de renforcer les ennemis d’Israël dans leur description de l’État juif comme un méchant. Israël a des raisons morales et pratiques d’éviter de nuire aux civils palestiniens. Les Israéliens sont fiers d’agir avec humanité, même en temps de guerre. Leurs officiers – comme ceux de l’armée américaine – font la distinction entre les sites civils et militaires et ne visent jamais délibérément les premiers. Même lorsqu’il s’agit d’attaquer des chefs terroristes de haut rang, Israël s’efforce d’éviter de blesser les membres de leur famille, sans parler des civils non apparentés. Pour éviter les dommages collatéraux, Israël avertit régulièrement des attaques, même si cela augmente les risques pour les Israéliens et diminue les chances de succès d’une attaque. Au cours de la guerre actuelle, Israël a prévenu les habitants de différents quartiers qu’il y aurait bientôt des attaques et qu’ils devraient se hâter de se rendre dans les zones de sécurité désignées. La stratégie du Hamas est innovante au plus haut point. Pour tous ceux qui aspirent à renforcer les contraintes morales qui pèsent sur la guerre, elle constitue un énorme pas en arrière. C’est sauvage, cynique et contre nature, mais le pire, c’est que c’est efficace. C’est pourquoi elle est utilisée. Les Palestiniens innocents méritent la sympathie. Mais lorsque les Américains, les Européens et d’autres dirigent leur indignation vers Israël, sans saisir la responsabilité du Hamas, ils encouragent la cruauté même qu’ils ont l’intention de condamner. La responsabilité du sacrifice délibéré de Palestiniens innocents incombe avant tout au Hamas, bien sûr, mais aussi à ceux d’entre nous qui, dans le monde extérieur, se laissent duper par cette stratégie. Des écoles, des hôpitaux et des mosquées seront bombardés dans les prochains jours. C’est ce que veut le Hamas, ce dont il s’est assuré. Ceux qui, même s’ils sont bien intentionnés, blâment Israël sont complices des crimes de guerre du Hamas. Il est temps d’attribuer la responsabilité à juste titre et de cesser d’encourager les crimes du Hamas contre les Palestiniens (sans parler de ceux contre les Israéliens). Pour le bien des Palestiniens et des Israéliens, et pour respecter la décence et le droit les plus élémentaires, c’est le moins que nous puissions faire. Douglas J. Feith
Le 7 octobre fut aussi un point de bascule car pour la première fois, une partie de l’intelligentsia de gauche se plaça explicitement du côté des terroristes. Ce jour-là, on a compris qu’un abîme moral séparait l’extrême gauche du reste de la société. Ce jour là, on a compris que les valeurs progressistes qu’elle prétend défendre ne sont qu’une façade dissimulant des pulsions bien plus troubles. Elle agite comme boussole morale la crainte du retour des heures sombres mais lorsque survient le pire massacre antisémite depuis Adolf Hitler, elle tergiverse, refuse de condamner. Elle explique qu’il faut croire sur parole toutes les femmes mais s’acharne à nier les viols subies par les femmes israéliennes.    Elle explique que des mots peuvent offenser, mais juge qu’un pogrom est un mode d’expression politique légitime. Ce qui anime cette gauche, c’est en réalité une violente haine de notre civilisation au nom d’une grille de lecture qui fait des occidentaux (dont Israël est l’émanation au Proche-Orient) des coupables par essence, et des « racisés » des victimes éternelles, même lorsque les racisés en question sont des djihadistes au projet génocidaire. Il est d’ailleurs amusant de constater que dans le passé, la gauche niait, par hostilité à notre civilisation, les crimes des régimes qu’elle admirait : le génocide cambodgien par les khmers rouges, les famines provoquées par Staline en Ukraine, les goulags en URSS. Aujourd’hui, par fidélité à ce même schéma anti-occidental, elle fait l’inverse : elle invente un génocide. Simon Fitoussi
J’ai posé la question aux guetteuses survivantes et, selon elles, elles n’ont pas été écoutées car elles n’étaient pas des officiers, mais de simples troufions. (…) Ils n’avaient pas le bon logiciel pour décrypter les signes. Les autorités savaient qu’il allait se passer quelque chose puisque la veille, dans la nuit, il y avait eu une réunion de l’état-major. Mais aucun n’a dit : ‘Le Hamas va attaquer.’ Car pour eux, s’ils attaquaient, ce serait juste quarante terroristes, pas 4 000 comme cela a été le cas le 7-Octobre. David Korn-Brzoza
L’attention était complètement focalisée sur l’Iran (…) puis, dans cet ordre-là : sur le Hezbollah au Liban, ensuite sur la Cisjordanie et ses problèmes sécuritaires majeurs, et en dernier sur le Hamas et Gaza. Doron Avital (ex-commandant d’une unité d’élite de l’armée israélienne)
L’histoire militaire est pleine de surprises. Tout repose sur une grille de lecture. (…) Tsahal et l’Etat d’Israël ont bâti une hypothèse : ‘Nous connaissons le Hamas et il n’attaquera pas parce qu’il veut rester au pouvoir à Gaza.’ Ami Ayalon (ex-directeur du Shin Bet)
La violence à Gaza a été orchestrée sous la bannière prétexte de la « Grande marche du retour », une façon d’attirer l’attention sur ce droit au retour dans leurs foyers d’origine que les dirigeants palestiniens promettent à leur peuple. L’intention affichée n’était pas de manifester, mais de franchir en masse la frontière et de cheminer par milliers à travers l’État d’Israël. L’affirmation du « droit de retour » ne vise pas à l’exercice d’un tel « droit », lequel est fortement contesté et doit faire l’objet de négociations sur le statut définitif. Il s’inscrit dans une politique arabe de longue date destinée à éliminer l’Etat d’Israël, un projet à l’encontre duquel le gouvernement israélien s’inscrit de manière non moins systématique. Le véritable objectif de la violence du Hamas est de poursuivre sa stratégie de longue date de création et d’intensification de l’indignation internationale, de la diffamation, de l’isolement et de la criminalisation de l’État d’Israël et de ses fonctionnaires. Cette stratégie passe par la mise en scène de situations qui obligent Tsahal à réagir avec une force meurtrière qui les place aussitôt en position de tortionnaires qui tuent et blessent des civils palestiniens « innocents ». (…) Toutes ces tactiques ont pour particularité d’utiliser des boucliers humains palestiniens – des civils, des femmes et des enfants de préférence, forcés ou volontaires, présents toutes les fois que des attaques sont lancées ou commandées ; des civils présents au côté des combattants, à proximité des dépôts d’armes et de munitions. Toute riposte militaire israélienne engendre des dommages collatéraux chez les civils. Dans certains cas, notamment à l’occasion de la vague de violence actuelle, le Hamas présente ses combattants comme des civils innocents ; de nombreux faux incidents ont été mis en scène et filmés pour faire état de civils tués et blessés par les forces israéliennes ; des scènes de violence filmées ailleurs, notamment en Syrie, ont été présentés comme des violences commises contre les Palestiniens. (…) Les cibles visées – dirigeants politiques de pays tiers, organisations internationales (ONU, UE), groupes de défense des droits de l’homme et médias – n’admettent pas que l’on réponde par la force à des manifestations faussement pacifiques qu’ils sont tentés d’assimiler aux manifestations réellement pacifiques qui ont lieu dans leurs propres villes. (…) Ces manifestations sont en réalité des opérations militaires soigneusement planifiées et orchestrées. Des foules de civils auxquelles se mêlent des groupes de combattants sont rassemblées aux frontières. Combattants et civils ont pour mission de s’approcher de la clôture et de la briser. Des milliers de pneus ont été incendiés pour créer des écrans de fumée afin de dissimuler leurs mouvements en direction de la clôture (et sans grande efficacité, ils ont utilisé des miroirs pour aveugler les observateurs de la FDI et les tireurs d’élite). Les pneus enflammés et les cocktails Molotov ont également été utilisés pour briser la clôture dont certains éléments, à divers endroits, sont en en bois. (…) Le Hamas et ses miliciens ont utilisé des grappins, des cordes, des pinces coupantes et d’autres outils pour briser la clôture. Ils ont utilisé des drones, de puissants lance-pierres capables de tuer et blesser gravement des soldats, des armes à feu, des grenades à main et des engins explosifs improvisés, à la fois pour tuer des soldats israéliens et pour passer à travers la clôture. (…) Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas réussi de percée significative à travers la clôture. S’ils y arrivaient, il faut s’attendre à ce que des milliers de Gazaouis se déversent par ces brèches parmi lesquels des terroristes armés tenteraient d’atteindre les villages israéliens pour y commettre des assassinats de masse et des enlèvements. Le Hamas a tenté d’ouvrir une brèche au point-frontière le plus proche du kibboutz Nahal Oz, objectif qui pourrait être atteint en 5 minutes ou moins par des hommes armés prêts à tuer. Dans ce scénario, ou des terroristes armés sont indiscernables de civils non armés, qui eux-mêmes représentent une menace physique, il est difficile de voir comment les FDI pourraient éviter d’infliger de lourdes pertes pour défendre leur territoire et de leur population. (…) Ceux qui soutiennent que Tsahal n’aurait pas dû tirer à des balles réelles, exigent en fait que des dizaines de milliers d’émeutiers violents (et parmi eux, des terroristes) soient laissés libres de faire irruption en territoire israélien. Il aurait fallu attendre avant d’agir que des civils, des forces de sécurité et des biens matériels soient en danger, alors qu’une riposte précise et ciblée contre les individus les plus menaçants a permis d’éviter à ce scénario catastrophique de devenir réalité. Certains ont également soutenu qu’ils n’existe aucune preuve de « manifestant » porteur d’une arme à feu. Ils ne comprennent pas que ce type de conflit n’oppose pas des soldats en uniforme qui s’affrontent ouvertement et en armes sur un champ de bataille. Dans ce contexte, les armes à feu ne sont pas nécessaires pour présenter une menace. En fait, c’est même le contraire compte tenu des objectifs et du mode de fonctionnement. Leurs armes sont des pinces coupantes, des grappins, des cordes, des écrans de fumée, du feu et des explosifs cachés. (…) – les armes ne surgissant qu’une fois l’objectif de pénétration massive atteint. Un soldat qui attendrait de voir une arme à feu pour tirer signerait son propre arrêt de mort, et celui des civils qu’il ou elle a pour mission de protéger. (…) Toutes ces fausses critiques de l’action israélienne, ainsi que les menaces d’enquêtes internationales, de renvoi d’Israël devant la CPI et de recours à une juridiction universelle contre les responsables israéliens impliqués dans cette situation, font le jeu du Hamas. Ils valident l’utilisation de boucliers humains et la stratégie du Hamas d’obliger au meurtre de leurs propres civils. Les implications débordent largement ce conflit. Comme l’ont démontré de précédents épisodes de violence, les réactions internationales de ce type, y compris une condamnation injuste, généralisent ces tactiques et augmentent le nombre de morts parmi les civils innocents dans le monde entier. (…) La nouvelle tactique du Hamas a eu beaucoup de succès en dressant contre Israël des personnalités de la communauté internationale et en endommageant sa réputation. Il est probable que les effets continueront à se faire sentir longtemps après la fin de cette vague de violence. Richard Kemp (2018)

Alors qu’en ce triste 2e anniversaire du pire pogrom depuis la Shoah …

Où Israël pourrait enfin, merci M. Trump et M. Netanyahou, se délivrer et nous délivrer tous d’une des plus démoniaques idéologies de l’histoire …

Et qu’abomination des abominations et de New York à Londres ou Paris ou Toronto ou Sidney, des centaines de milliers de manifestants …

S’apprêtent à soutenir non les victimes mais les bouchers eux-mêmes …

La même gauche qui autrefois niait les crimes de Stalin et Mao

Et aujourd’hui invente contre les victimes elles-mêmes un prétendu génocide … 

Retour sur les jeunes recrues-vigies israéliennes mais aussi des années avant le colonel britannique à la retraite Richard Kemp

Qui bien avant cette funeste journée avaient en vain alerté les autorités israéliennes et le monde …

Qui ne pouvaient imaginer non seulement le désir de mort des bouchers génocidaires du Hamas…

Mais derrière leur perverse stratégie du sacrifice humain l’effroyable soutien qu’ils pourraient avoir dans nos universités, rues et chancelleries occidentales !

« Personne n’a voulu les écouter » : « Les guetteuses du 7-Octobre », un documentaire inédit qui révèle comment le renseignement israélien a minimisé les alertes

France Télévisions

Alors que le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas pourrait entrer dans sa troisième année, France 5 diffuse dimanche soir un documentaire qui revient sur la funeste journée du 7 octobre 2023, qui a fait basculer le Proche-Orient dans un nouveau chapitre sanglant de son histoire.

« On a tout dit, on a prévenu tout le monde que quelque chose d’important allait se passer (…) Je suis en colère parce qu’ils n’ont écouté personne », fulmine Maya Desiatnik, une jeune Israélienne qui a échappé de peu à la mort le 7 octobre 2023, lors des attaques terroristes du Hamas. La soldate de 21 ans était alors chargée de surveiller la frontière avec la bande de Gaza, en tant que guetteuse dans l’unité 414, à la base d’observation de Nahal Oz.

Quelques semaines avant la tragédie, avec d’autres jeunes recrues, elle alerte à plusieurs reprises les services de renseignement que des activités suspectes de miliciens du Hamas se déroulent le long de la clôture qui sépare les deux territoires. Or ni la sécurité intérieure israélienne ni l’état-major ne prennent en compte leurs avertissements.

L’histoire de la jeune militaire, ainsi que celle de ses camarades, dont quinze ont perdu la vie et sept ont été prises en otage lors de cet assaut, est retracée dans un documentaire inédit, intitulé Les guetteuses du 7-Octobre, réalisé par David Korn-Brzoza et diffusé dimanche 5 octobre à 21h05 sur France 5.

Illustré d’images tournées par des terroristes du Hamas, par l’armée israélienne et par les jeunes femmes elles-mêmes, le film revient sur cette journée sanglante vécue par les observatrices grâce au témoignage de survivantes et de familles de victimes. Il tente d’expliquer, avec l’expertise de spécialistes du renseignement israélien, comment cette attaque terroriste hors norme a pu se produire malgré les différentes alertes.

Les premières victimes du Hamas

Eyal Eshel a perdu sa fille Roni le 7-Octobre alors qu’elle effectuait son service militaire obligatoire, comme Maya Desiatnik, à la base de Nahal Oz, située à 700 mètres de l’enclave palestinienne. Ce jour-là, Roni Eshel est à son poste de guetteuse. Sous la supervision d’un commandant de Tsahal, elle scrute la frontière et évalue s’il y a un risque de dépôt de bombe à sa lisière, ou la menace d’une incursion de commandos du Hamas sur le sol israélien. Tout cela grâce à des caméras pouvant aller jusqu’à 600 mètres de distance.

Au petit matin, des dizaines de miliciens palestiniens réussissent à pénétrer dans la base militaire. Ils tuent tous les soldats présents et mettent le feu au poste de contrôle dans lequel se trouve Roni. Tous ses occupants périssent dans l’incendie. « Elles savaient tout. Plusieurs mois avant, elles ont tout vu grâce aux caméras et elles ont écrit ce qui se passait de l’autre côté de la frontière, mais personne n’a voulu les écouter », déplore Eyal Eshel.

D’autres parents de jeunes femmes qui ont disparu dans cette base de Nahal Oz, confirment les propos d’Eyal Eshel. « Une semaine avant le 7-Octobre, Noa nous a dit : ‘Papa, après les fêtes, il y aura la guerre' », explique Avi Marciano, dont la fille, Noa, était aussi guetteuse dans ce camp militaire. Durant les mois qui précèdent les attentats, les jeunes soldates racontent à leur famille qu’elles remarquent des provocations fréquentes et de plus en plus inquiétantes de la part de membres du Hamas à la frontière avec Gaza.

« On était en alerte permanente dans la salle de contrôle. Des hommes armés s’approchaient de la clôture et tiraient vers nous. Ou alors, c’étaient des groupes qui voulaient détruire la barrière et y déposer des explosifs. »

Margareth Weinstein, ex-guetteuse

Dans le documentaire  » Les guetteuses du 7-Octobre »

Une situation inquiétante dont est également témoin Maya Desiatnik. « Il y avait des patrouilles composées de quarante ou cinquante terroristes, des patrouilles régulières (…) Ils allaient du nord au sud de Gaza et s’arrêtaient à chaque poste. Ils se mettaient en hauteur pour nous observer », rapporte la jeune femme qui consigne scrupuleusement ces informations afin qu’elles remontent à sa hiérarchie. « Cela n’a pas été le cas, je ne sais pas pourquoi, » se désole-t-elle.

Deux ans après le 7-Octobre, les familles tentent toujours de comprendre pourquoi leurs filles n’ont pas été entendues. Certains ont émis l’hypothèse que les autorités sont restées sourdes aux différentes alertes parce qu’elles venaient de femmes et non d’hommes. Le réalisateur du documentaire, David Korn-Brzoza, dément cette analyse, comme il l’explique à franceinfo. « J’ai posé la question aux guetteuses survivantes et, selon elles, elles n’ont pas été écoutées car elles n’étaient pas des officiers, mais de simples troufions. »

Une aberration pour Sapir Nissani, dont la sœur Shahaf a également perdu la vie dans la base de Nahal Oz. « On les a désignées pour être les yeux de l’armée. (…) Mais dans ce cas, si vous leur donnez une responsabilité aussi importante, alors écoutez-les. C’est logique, non ? », s’agace-t-elle dans le documentaire.

« Le mépris de l’ennemi, l’arrogance et la suffisance »

Lors des manifestations monstres réclamant la libération des otages retenus à Gaza, la responsabilité de l’armée, des services de renseignement et de la police, et plus généralement celle du gouvernement israélien, est pointée du doigt. « Ils n’avaient pas le bon logiciel pour décrypter les signes, assure David Korn-Brzoza. Les autorités savaient qu’il allait se passer quelque chose puisque la veille, dans la nuit, il y avait eu une réunion de l’état-major. Mais aucun n’a dit : ‘Le Hamas va attaquer.’ Car pour eux, s’ils attaquaient, ce serait juste quarante terroristes, pas 4 000 comme cela a été le cas le 7-Octobre. »

Selon d’anciens dirigeants militaires, d’ex-conseillers du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, ou du Shin Bet, le service de renseignement intérieur, le sentiment d’invincibilité de l’Etat hébreu est la cause du désastre du 7-Octobre.

« Le Hamas a organisé un entraînement pour simuler la prise de notre base de Nahal Oz (…) Le Shin Bet le savait. C’est là que s’est manifestée une triple erreur : le mépris de l’ennemi, l’arrogance et la suffisance. On s’est dit : ‘C’est un petit groupe, il ne peut pas vraiment faire de mal à Israël.' »

Mika Kobi, ex-expert du Shin Bet

Dans le documentaire  » Les guetteuses du 7-Octobre »

La vigilance des autorités israéliennes se porte, à l’époque, davantage sur le nucléaire iranien, qui menace dangereusement l’existence même de l’Etat d’Israël, contrairement aux combattants du Hamas, considérés comme étant trop faibles et trop corrompus. « L’attention était complètement focalisée sur l’Iran (…) puis, dans cet ordre-là : sur le Hezbollah au Liban, ensuite sur la Cisjordanie et ses problèmes sécuritaires majeurs, et en dernier sur le Hamas et Gaza », argue Doron Avital, ex-commandant d’une unité d’élite de l’armée israélienne.

Une erreur de jugement nourrie par les manipulations d’un des chefs de la branche armée du Hamas, et cerveau du 7-Octobre, Yahya Sinwar. Ce dernier avait signé, en 2021, un cessez-le-feu avec l’Etat hébreu et semblait vouloir normaliser le Hamas. C’est en tout cas ce que pensait le haut commandement israélien. « L’histoire militaire est pleine de surprises, résume l’ex-directeur du Shin Bet, Ami Ayalon, dans le documentaire. Tout repose sur une grille de lecture. (…) Tsahal et l’Etat d’Israël ont bâti une hypothèse : ‘Nous connaissons le Hamas et il n’attaquera pas parce qu’il veut rester au pouvoir à Gaza.' »

Le documentaire Les guetteuses du 7-Octobre, réalisé par David Korn-Brzoza est diffusé dimanche 5 octobre à 21h05 sur France 5 et est visible sur la plateforme france.tv. 

Voir aussi:

Fumée et miroirs : six semaines de violence à la frontière de Gaza
Richard Kemp
Gatestone institute
14 mai 2018
Traduction du texte original: Smoke & Mirrors: Six Weeks of Violence on the Gaza Border

Depuis le 30 mars, le Hamas organise des violences à grande échelle à la frontière de Gaza et d’Israël. Ces embrasements majeurs ont généralement lieu le vendredi à la fin des prières dans les mosquées ; des actions concertées mobilisant des foules de 40 000 personnes ont été constatées dans cinq zones séparées le long de la frontière. Des violences et diverses actions agressives, y compris des actes de nature terroristes avec explosifs et armes à feu, ont également eu lieu à d’autres moments au cours de cette période.

Une tempête parfaite

Le Hamas avait prévu une culmination de la violence le 14 ou le 15 mai 2018. Le 15 est la date à laquelle ils commémorent le 70ème anniversaire de la « Nakba » (« Catastrophe ») qui a eu lieu au lendemain de la création de l’Etat d’Israël. Mais une recrudescence de violence a été constatée le 14, jour de l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem. La violence a donc culminé les 14 et 15, deux jours qui coïncident avec la Nakba et l’inauguration de l’ambassade américaine, mais qui marquent aussi le début du mois de Ramadan, une période où la violence augmente au Moyen-Orient et ailleurs.

Le Hamas avait prévu de mobiliser jusqu’à 200 000 personnes à la frontière de Gaza, soit un doublement et plus du nombre de manifestants constatés les années précédentes. Le Hamas semblait également déterminé à inciter à un niveau de violence jamais atteint auparavant, avec des pénétrations significatives de la barrière frontalière. Face à de tels projets, il est étonnant que les chiffres en pertes humaines ne soient pas plus élevés parmi les Palestiniens.

Outre la zone frontalière, les Palestiniens ont prévu de mener des actions violentes à la même période, à Jérusalem et en Cisjordanie. Bien que le 15 mai soit considéré comme le point culminant de six semaines de violence à la frontière de Gaza, les Palestiniens ont fait savoir qu’ils entendaient maintenir un niveau de violence frontalière élevé tout au long du mois de Ramadan.

Prétexte et réalité

La violence à Gaza a été orchestrée sous la bannière prétexte de la « Grande marche du retour », une façon d’attirer l’attention sur ce droit au retour dans leurs foyers d’origine que les dirigeants palestiniens promettent à leur peuple. L’intention affichée n’était pas de manifester, mais de franchir en masse la frontière et de cheminer par milliers à travers l’État d’Israël.

L’affirmation du « droit de retour » ne vise pas à l’exercice d’un tel « droit », lequel est fortement contesté et doit faire l’objet de négociations sur le statut définitif. Il s’inscrit dans une politique arabe de longue date destinée à éliminer l’Etat d’Israël, un projet à l’encontre duquel le gouvernement israélien s’inscrit de manière non moins systématique.

Le véritable objectif de la violence du Hamas est de poursuivre sa stratégie de longue date de création et d’intensification de l’indignation internationale, de la diffamation, de l’isolement et de la criminalisation de l’État d’Israël et de ses fonctionnaires. Cette stratégie passe par la mise en scène de situations qui obligent Tsahal à réagir avec une force meurtrière qui les place aussitôt en position de tortionnaires qui tuent et blessent des civils palestiniens « innocents ».

Les tactiques terroristes du Hamas

Dans le cadre de cette stratégie, le Hamas a mis au point différentes tactiques, qui passent par des tirs de roquettes depuis Gaza sur les villes israéliennes et la construction de tunnels d’attaque sophistiqués qui débouchent au-delà de la frontière, à proximité de villages israéliens voisins. Toutes ces tactiques ont pour particularité d’utiliser des boucliers humains palestiniens – des civils, des femmes et des enfants de préférence, forcés ou volontaires, présents toutes les fois que des attaques sont lancées ou commandées ; des civils présents au côté des combattants, à proximité des dépôts d’armes et de munitions. Toute riposte militaire israélienne engendre des dommages collatéraux chez les civils.

Dans certains cas, notamment à l’occasion de la vague de violence actuelle, le Hamas présente ses combattants comme des civils innocents ; de nombreux faux incidents ont été mis en scène et filmés pour faire état de civils tués et blessés par les forces israéliennes ; des scènes de violence filmées ailleurs, notamment en Syrie, ont été présentés comme des violences commises contre les Palestiniens.

Même stratégie, nouvelles tactiques

Après les roquettes et les tunnels d’attaque utilisés dans trois conflits majeurs (2008-2009, 2012 et 2014), sans oublier plusieurs incidents mineurs, de nouvelles tactiques ont été mises au point qui ont toutes le même objectif fondamental. Les « manifestations » à grande échelle combinées à des actions agressives sont destinées à provoquer une réaction israélienne qui conduit à tuer et à blesser les civils de Gaza, malgré les efforts énergiques des FDI (Forces de défense d’Israël) pour réduire les pertes civiles.

Cette nouvelle tactique s’avère plus efficace que les roquettes et les tunnels d’attaque. Les cibles visées – dirigeants politiques de pays tiers, organisations internationales (ONU, UE), groupes de défense des droits de l’homme et médias – n’admettent pas que l’on réponde par la force à des manifestations faussement pacifiques qu’ils sont tentés d’assimiler aux manifestations réellement pacifiques qui ont lieu dans leurs propres villes.

Comme à leur habitude, ces cibles-là se montrent toujours disposées à se laisser leurrer par ce stratagème. Depuis le début de cette vague de violence, des condamnations véhémentes ont été émises par l’ONU, l’UE et la CPI ; mais aussi plusieurs gouvernements et organisations des droits de l’homme, notamment Amnesty International et Human Rights Watch ; sans parler de nombreux journaux et stations de radio. Leurs protestations incluent des demandes d’enquête internationale sur les allégations de meurtres illégaux ainsi que des accusations de violation du droit humanitaire international et des droits de l’homme par les FDI.

Les tactiques du Hamas sur le terrain

Ces manifestations sont en réalité des opérations militaires soigneusement planifiées et orchestrées. Des foules de civils auxquelles se mêlent des groupes de combattants sont rassemblées aux frontières. Combattants et civils ont pour mission de s’approcher de la clôture et de la briser. Des milliers de pneus ont été incendiés pour créer des écrans de fumée afin de dissimuler leurs mouvements en direction de la clôture (et sans grande efficacité, ils ont utilisé des miroirs pour aveugler les observateurs de la FDI et les tireurs d’élite). Les pneus enflammés et les cocktails Molotov ont également été utilisés pour briser la clôture dont certains éléments, à divers endroits, sont en en bois.

Le vendredi 4 mai, environ 10 000 Palestiniens ont participé à des manifestations violentes le long de la frontière et des centaines d’émeutiers ont vandalisé et incendié la partie palestinienne de Kerem Shalom, point de passage des convois humanitaires. Ils ont endommagé des canalisations de gaz et de carburant qui partent d’Israël en direction de la bande de Gaza. Ce raid contre Kerem Shalom a eu lieu à deux reprises le 4 mai. Le même jour, deux tentatives d’infiltration ont été déjoues par les troupes de Tsahal à deux endroits différents. Trois des infiltrés ont été tués par les soldats des FDI qui défendaient la frontière. Dans certains cas, les infiltrés ont été arrêtés.

Le Hamas et ses miliciens ont utilisé des grappins, des cordes, des pinces coupantes et d’autres outils pour briser la clôture. Ils ont utilisé des drones, de puissants lance-pierres capables de tuer et blesser gravement des soldats, des armes à feu, des grenades à main et des engins explosifs improvisés, à la fois pour tuer des soldats israéliens et pour passer à travers la clôture.

Cerfs-volants et ballons incendiaires

Des cerfs-volants ont été lâchés par-dessus la frontière de Gaza afin d’incendier les cultures et l’herbe du côté israélien dans le but de causer des dommages économiques mais aussi pour tuer et mutiler. Cela peut sembler une arme primitive et même risible, mais le 4 mai, les Palestiniens avaient préparé des centaines de bombes incendiaires volantes pour les déployer en essaim en Israël, afin d’exploiter au mieux une vague de chaleur intense. Seules des conditions de vent défavorables ont empêché le déploiement de ces cerfs-volants empêchant ainsi des dommages sérieux potentiels.

Dans plusieurs cas, les cerfs-volants en feu ont provoqué des incendies. Ainsi, le 16 avril, un champ de blé a été incendié côté israélien. Le 2 mai, un cerf-volant incendiaire parti de Gaza a provoqué un incendie majeur dans la forêt de Be’eri dévastant de vastes zones boisées. Dix équipes de pompiers ont été nécessaires pour juguler l’incendie. Des ballons incendiaires ont également été utilisés par le Hamas, notamment le 7 mai, l’un d’eux a réussi à incendier un champ de blé près de la forêt de Be’eri. Israël évalue à plusieurs millions de shekels, les dommages économiques résultants des incendies causés par les cerfs-volants et les ballons.

Si le Hamas a traversé

Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas réussi de percée significative à travers la clôture. S’ils y arrivaient, il faut s’attendre à ce que des milliers de Gazaouis se déversent par ces brèches parmi lesquels des terroristes armés tenteraient d’atteindre les villages israéliens pour y commettre des assassinats de masse et des enlèvements.

Le Hamas a tenté d’ouvrir une brèche au point-frontière le plus proche du kibboutz Nahal Oz, objectif qui pourrait être atteint en 5 minutes ou moins par des hommes armés prêts à tuer.

Dans ce scénario, ou des terroristes armés sont indiscernables de civils non armés, qui eux-mêmes représentent une menace physique, il est difficile de voir comment les FDI pourraient éviter d’infliger de lourdes pertes pour défendre leur territoire et de leur population.

Forces de défense d’Israel (IDF) : une risposte graduée

Les FDI ont été obligées d’agir avec une grande fermeté – pour empêcher toute pénétration – y compris à l’aide de tirs réels (qui ont parfois été meurtriers) et malgré une condamnation internationale lourde et inévitable.

Compte tenu de leur expérience des violences passées, les FDI ont adopté une réponse graduée. Ils ont largué des milliers de tracts et ont utilisé les SMS, les médias sociaux, les appels téléphoniques et les émissions de radio pour informer les habitants de Gaza et leur demander de ne pas se rassembler à la frontière ni de s’approcher de la barrière. Ils ont contacté les propriétaires de compagnies de bus de Gaza et leur ont demandé de ne transporter personne à la frontière.

La coercition exercée par le Hamas à l’encontre de la population civile a rendu ces tentatives de dissuasion inutiles. Les FDI ont alors utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les foules qui approchaient de trop près la clôture. Dans un effort innovant pour atteindre à plus de précision et d’efficacité, des drones ont parfois été utilisés pour disperser les gaz lacrymogènes. Mais, les gaz lacrymogènes ont une efficacité limitée dans le temps, sont sensibles aux sautes de vent, et leur impact est également réduit quand la population ciblée sait comment en atténuer les effets les plus graves.

Ensuite, les forces de Tsahal ont utilisé des coups de semonce, des balles tirées au-dessus des têtes. Enfin, seulement lorsque c’était absolument nécessaire (selon leurs règles d’engagement), des munitions à balles ont été tirées dans le but de neutraliser plutôt que de tuer. Bien que tirer pour tuer eut pu passer pour une riposte légale dans certains cas, les FDI soutiennent que même dans ce cas, ils n’ont tiré que pour encapaciter (sauf dans les cas où ils avaient affaire à une attaque de type militaire, comme des tirs contre les forces de Tsahal). Dans tous les cas, les forces de Tsahal fonctionnent selon des procédures opérationnelles standard, rédigées en fonction des circonstances et compilées en collaboration avec diverses autorités des FDI.

Néanmoins, ces échanges de tirs ont généré des morts et de nombreux blessés. Les autorités palestiniennes affirment qu’une cinquantaine de personnes ont été tuées jusqu’à présent et que plusieurs centaines d’autres ont été blessées. Israël estime que 80% des personnes tuées étaient des terroristes ou des sympathisants actifs. Le prix – en vies humaines, en souffrance et réprobation de l’opinion publique internationale – a sans aucun doute été élevé ; mais la barrière n’a pas été pénétrée de manière significative et un prix encore plus élevé a donc été évité.

Condamnation internationale, aucune solution

Beaucoup ont estimé qu’Israël n’aurait pas dû répondre comme il l’a fait à la menace. Mladenov, envoyé des Nations Unies au Moyen-Orient, a jugé la riposte d’Israël « scandaleuse ». Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al-Hussein, a condamné l’usage d’une « force excessive ». Le Procureur de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a affirmé que « la violence contre les civils – dans une situation comme celle qui prévaut à Gaza – pourrait constituer un crime au regard du Statut de Rome de la CPI ».

Pourtant, en dépit de leurs condamnations, aucun de ces fonctionnaires et experts, n’a été en mesure de proposer une riposte adaptée viable pour empêcher le franchissement violent des frontières israéliennes.

Certains affirment que les troupes israéliennes ont fait un usage de la force disproportionné en tirant à balles réelles sur des manifestants qui ne menaçaient personne. L’UE a ainsi exprimé son inquiétude sur l’utilisation de balles réelles par les forces de sécurité israéliennes. Mais les soi-disant « manifestants » représentaient une menace vitale réelle.

Aujourd’hui, le droit international admet l’usage de munitions réelles face à une menace sérieuse de mort ou de blessure, et quand aucun autre moyen ne permet d’y faire face. Il n’y a aucune exigence que la menace soit « immédiate » – une telle force peut être utilisée quand elle apparait « imminente »; c’est-à-dire au moment où une action agressive doit être empêchée avant qu’elle ne mute en menace immédiate.

La réalité est que, dans les conditions créées délibérément par le Hamas, il n’existait aucune étape intermédiaire efficace pour éviter de tirer sur les manifestants les plus menaçants. Si ces personnes (qu’on peut difficilement appeler de simples « manifestants ») avaient été autorisées à atteindre la barrière, le risque vital serait passé d’imminent à immédiat ; il n’aurait pu être évité qu’en infligeant des pertes beaucoup plus grandes, comme il a été mentionné précédemment.

Échec de la compréhension par la communauté internationale

Ceux qui soutiennent que Tsahal n’aurait pas dû tirer à des balles réelles, exigent en fait que des dizaines de milliers d’émeutiers violents (et parmi eux, des terroristes) soient laissés libres de faire irruption en territoire israélien. Il aurait fallu attendre avant d’agir que des civils, des forces de sécurité et des biens matériels soient en danger, alors qu’une riposte précise et ciblée contre les individus les plus menaçants a permis d’éviter à ce scénario catastrophique de devenir réalité.

Certains ont également soutenu qu’ils n’existe aucune preuve de « manifestant » porteur d’une arme à feu. Ils ne comprennent pas que ce type de conflit n’oppose pas des soldats en uniforme qui s’affrontent ouvertement et en armes sur un champ de bataille. Dans ce contexte, les armes à feu ne sont pas nécessaires pour présenter une menace. En fait, c’est même le contraire compte tenu des objectifs et du mode de fonctionnement. Leurs armes sont des pinces coupantes, des grappins, des cordes, des écrans de fumée, du feu et des explosifs cachés.

Le Hamas a passé des années et dépensé des millions de dollars à creuser des tunnels d’attaque souterrains pour tenter d’entrer en Israël – une menace sérieuse qui implique des pelles, pas des armes à feu. Tout en continuant à creuser des tunnels, ils ont agi au grand jour mais fondus au sein d’une population civile utilisée couverture – les armes ne surgissant qu’une fois l’objectif de pénétration massive atteint. Un soldat qui attendrait de voir une arme à feu pour tirer signerait son propre arrêt de mort, et celui des civils qu’il ou elle a pour mission de protéger.

Des critiques ont été formulées (en particulier par Human Rights Watch) à l’encontre de responsables israéliens qui auraient sciemment accordé leur feu vert aux agissements illégaux des soldats. Par exemple, HRW cite comme preuve certains commentaires publics du chef d’état-major de Tsahal, du porte-parole du Premier ministre et du ministre de la Défense.

Il ne leur est sans doute pas venu à l’esprit que ces fonctionnaires exercent leur autorité par des canaux de communication privés et non à travers des médias publics. Par ailleurs, leurs commentaires ne sont pas des instructions aux troupes mais des avertissements lancés aux civils de Gaza pour réduire le niveau de violence et apaiser les craintes légitimes des Israéliens vivant en zone frontalière. Quand le chef d’état-major dit qu’il positionne « 100 tireurs d’élite à la frontière », il ne fait que verbaliser son devoir légal de défendre son pays ; il ne faut y voir aucun aveu d’une intention d’outrepasser l’usage légal de la force.

Certains groupes de défense des droits de l’homme (y compris à nouveau HRW) et nombre de journalistes ont critiqué l’usage de la force par l’armée israélienne au motif qu’aucun soldat n’a été blessé. Ils en ont publiquement conclu que la riposte de Tsahal avait été « disproportionnée ». Comme cela arrive souvent quand de soi-disant experts commentent les opérations militaires occidentales, les réalités des opérations de sécurité et les impératifs légaux sont mal compris – quand ils ne sont pas déformés -. En effet, il n’est pas nécessaire d’afficher une blessure pour démontrer l’existence d’une menace réelle. Le fait que les soldats de Tsahal n’aient pas été grièvement blessés démontre seulement leur professionnalisme militaire, et non l’absence de menace.

Il a également été affirmé qu’en l’absence de conflit armé, l’usage de la force à Gaza est régi par la charte internationale des droits de l’homme et non par les lois régissant les conflits militaires. Il s’agit là d’une interprétation erronée : toute la bande de Gaza est une zone de guerre définie comme telle par l’agression armée de longue date du Hamas contre l’Etat d’Israël. Par conséquent, dans cette situation, les deux types de loi sont applicables, en fonction des circonstances précises.

Il est licite pour Tsahal de combattre et de tuer tout combattant ennemi identifié comme tel, n’importe où dans la bande de Gaza conformément aux lois de la guerre, que cet ennemi soit en uniforme ou non, armé ou non, représentant ou non une menace imminente, attaquant ou fuyant. Dans la pratique cependant, il apparait que face à des émeutes violentes, les FDI ont agi en supposant que tous les acteurs sur le terrain étaient des civils (contre lesquels il n’est pas nécessaire de recourir à la force létale au premier recours) à moins que l’évidence démontre le contraire.

Faire le jeu du Hamas

Nombreux aussi ont été ceux qui ont affirmé que le gouvernement israélien a refusé de mener une enquête officielle sur les décès survenus. Encore une fois l’assertion est complètement fausse. Les Israéliens ont déclaré qu’ils examineraient les incidents sur la base de leur système juridique, lequel jouit d’un respect unanime au plan international. En revanche, le gouvernement israélien a explicitement refusé une enquête internationale, tout comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou toute autre démocratie occidentale l’aurait fait dans la même situation.

Toutes ces fausses critiques de l’action israélienne, ainsi que les menaces d’enquêtes internationales, de renvoi d’Israël devant la CPI et de recours à une juridiction universelle contre les responsables israéliens impliqués dans cette situation, font le jeu du Hamas. Ils valident l’utilisation de boucliers humains et la stratégie du Hamas d’obliger au meurtre de leurs propres civils. Les implications débordent largement ce conflit. Comme l’ont démontré de précédents épisodes de violence, les réactions internationales de ce type, y compris une condamnation injuste, généralisent ces tactiques et augmentent le nombre de morts parmi les civils innocents dans le monde entier.

Plus de violence à venir ?

Cette campagne du Hamas peut entraîner des pertes massives dans la population palestinienne. Il est non moins probable que la condamnation des médias, des organisations internationales et des groupes de défense des droits de l’homme va se généraliser. Ceux qui ont un agenda anti-américain et anti-israélien lieront inévitablement cette violence à la décision du président Trump d’ouvrir l’ambassade américaine à Jérusalem.

Action future

La nouvelle tactique du Hamas a eu beaucoup de succès en dressant contre Israël des personnalités de la communauté internationale et en endommageant sa réputation. Il est probable que les effets continueront à se faire sentir longtemps après la fin de cette vague de violence.

Il faut s’attendre à des condamnations supplémentaires de la part d’acteurs internationaux, tels que les divers organismes des Nations Unies, ainsi que des rapports spécifiques produits par des rapporteurs spéciaux des Nations Unies. Des tentatives d’inciter le Procureur de la CPI à examiner ces incidents auront lieu, ainsi que des initiatives de procédures judiciaires lancées par différents États (en utilisant la « compétence universelle ») pour tenter de diffamer et même d’arrêter des responsables militaires et des politiciens israéliens.

Inévitablement, le Hamas et d’autres groupes palestiniens vont renouveler cette tactique à l’avenir. Pour atténuer cela, Israël se prépare à renforcer la frontière de Gaza pour rendre toute tentative de pénétration plus difficile sans recourir à la force létale. (Ils travaillent déjà sur une barrière souterraine pour empêcher la pénétration par effet tunnel.) Cependant, il s’agit d’un projet à long terme et la possibilité d’étanchéifier la frontière au point de la rendre impénétrable demande à être clarifiée.

En outre, Tsahal porte aujourd’hui une attention accrue aux armes non létales. Mais en dépit d’importantes recherches menées au plan international, aucun système viable et efficace ne peut fonctionner dans de telles circonstances.

Les amis et alliés d’Israël peuvent agir pour contrer la propagande anti-israélienne du Hamas, et faire pression sur les dirigeants politiques, les groupes de défense des droits de l’homme, les organisations internationales et les médias pour éviter une fausse condamnation d’Israël ; il faut également lutter contre les réclamations d’une action internationale comme d’une enquête unilatérale des Nations Unies et ses résolutions. Un tel rejet, de préférence accompagné d’une forte condamnation de la tactique violente du Hamas, pourrait contribuer à décourager l’utilisation de tels plans d’action. Bien entendu, face à un agenda anti-israélien aussi profondément enraciné, de telles recommandations sont plus faciles à formuler qu’à mettre en pratique.

Le colonel Richard Kemp commandait les forces britanniques en Irlande du Nord, en Afghanistan, en Irak et dans les Balkans. Cette analyse a été publiée à l’origine sur le site Web de HIGH LEVEL MILITARY GROUP. Elle est reproduite ici avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Voir encore:

Attaques du 7 octobre : deux ans plus tard…

Simon Fitoussi

Europe 1

7 octobre 2025

Je me rappelle très bien où j’étais il y a deux ans, le matin du 7 octobre 2023. Au début, je n’ai pas prêté attention aux notifications qui s’accumulaient sur mon téléphone, imaginant qu’il s’agissait du bruit de fond habituel du conflit, d’une salve de roquettes que le système antimissile israélien intercepterait facilement. À mesure que la journée avançait, mon cerveau traduisait en images ce que je lisais dans la presse, et la sidération me submergeait.  

1200 israéliens assassinés. Des jeunes femmes venues assister à un festival de musique violées, torturées et exécutées. Des familles entières brûlées vives à l’heure du déjeuner. Des corps mutilés, ligotés, décapités et certains tellement suppliciés qu’il a fallu leur ADN pour les identifier. Des femmes enceintes éventrées. Des Kibboutz entiers décimés. Et 251 otages, dont des nourrissons et des vieillards, arrachés à leur famille et amenés dans des tunnels à Gaza.  

Les terroristes, euphoriques, ont filmé et diffusé ces massacres, allant donc plus loin dans la barbarie que les nazis, qui avaient au moins la décence de camoufler leurs crimes.   

Le 7 octobre, ce n’est pas seulement Israël qui a vacillé, c’est l’illusion naïve que dans le monde moderne, la barbarie appartenait au passé.  

Évoquer ces faits permet de rappeler cette évidence : c’est le Hamas qui a déclenché cette guerre, et c’est le Hamas qui pourrait à tout moment l’arrêter en déposant les armes et en rendant les otages qu’il détient encore. Parmi ces otages, il y a par exemple Evyatar David et Rom Braslavski, des jeunes hommes de respectivement 24 et 21 ans, qui avaient la vie devant eux et que les dernières images montrent affamés et terrorisés dans des caves à Gaza.  

Le 7 octobre fut aussi un point de bascule car pour la première fois, une partie de l’intelligentsia de gauche se plaça explicitement du côté des terroristes. Ce jour-là, on a compris qu’un abîme moral séparait l’extrême gauche du reste de la société. Ce jour là, on a compris que les valeurs progressistes qu’elle prétend défendre ne sont qu’une façade dissimulant des pulsions bien plus troubles.  

Elle agite comme boussole morale la crainte du retour des heures sombres mais lorsque survient le pire massacre antisémite depuis Adolf Hitler, elle tergiverse, refuse de condamner.   

Elle explique qu’il faut croire sur parole toutes les femmes mais s’acharne à nier les viols subies par les femmes israéliennes.    Elle explique que des mots peuvent offenser, mais juge qu’un pogrom est un mode d’expression politique légitime.  

Ce qui anime cette gauche, c’est en réalité une violente haine de notre civilisation au nom d’une grille de lecture qui fait des occidentaux (dont Israël est l’émanation au Proche-Orient) des coupables par essence, et des « racisés » des victimes éternelles, même lorsque les racisés en question sont des djihadistes au projet génocidaire.  

Il est d’ailleurs amusant de constater que dans le passé, la gauche niait, par hostilité à notre civilisation, les crimes des régimes qu’elle admirait : le génocide cambodgien par les khmers rouges, les famines provoquées par Staline en Ukraine, les goulags en URSS. Aujourd’hui, par fidélité à ce même schéma anti-occidental, elle fait l’inverse : elle invente un génocide.


Violence politique: Quels mensonges, fieffés mensonges et statistiques ? (The right is wrong to deny that the far-right does surpass the far left in, still extremely rare, political homicides, but as far-left homicides seem to be more deadly and trending upward, should the left rejoice over misleading statistics that not only include extremists killing each other, but could even inspire or help them recruit ?)

18 septembre, 2025
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Il y a trois sortes de mensonges: les mensonges, les fieffés mensonges et les statistiques. (attribué à) Mark Twain
Les statistiques, c’est comme le bikini: ça donne des idées mais ça cache l’essentiel ! Aaron Levenstein (repris par Coluche)
Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha. La foule sans tête était à la fête. Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas. C’est plus juste en somme d’abattre un seul homme. Ce jeune homme a dit la vérité. Il doit être exécuté. Guy Béart (né Behar, La Vérité, 1968)
Nous ne savons pas si Hitler est sur le point de fonder un nouvel islam. Il est d’ores et déjà sur la voie; il ressemble à Mahomet. L’émotion en Allemagne est islamique, guerrière et islamique. Ils sont tous ivres d’un dieu farouche. » Jung (1939)
Mein Kampf (…) Tel était le nouveau Coran de la foi et de la guerre: emphatique, fastidieux, sans forme, mais empli de son propre message. » Churchill
Nous vivons sous le règne d’un nouveau pacte germano-soviétique. Nos deux totalitarismes s’allient pour nous détruire, avant de s’entre-déchirer ensuite. (…) Au libéralisme droits-de-l’hommiste les métropoles ; à l’islam les banlieues. Quant à l’islam, nous avons l’embarras du choix. Dans les années 30, les auteurs les plus lucides qui dénonçaient le danger allemand comparaient le nazisme à l’islam. Et personne ne leur reprochait de stigmatiser l’islam. A la limite, beaucoup trouvaient qu’ils exagéraient un petit peu : « Bien sûr, disaient-ils, le nazisme est parfois un peu raide et intolérant, mais de là à le comparer à l’islam. Dans la rue, les femmes voilées et les hommes en djellabas sont une propagande par le fait. Une islamisation de la rue, comme les uniformes d’une armée d’occupation rappellent aux vaincus leur soumission. Au triptyque d’antan « immigration, intégration, assimilation », s’est substitué « invasion, colonisation, occupation ». Eric Zemmour (Convention de la droite, La Palmeraie, Paris, 28 septembre 2019)
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! Arthur Rimbaud (1871)
Jésus a tout fichu par terre. Le Désaxé (Les braves gens ne courent pas les rues, Flannery O’Connor)
Depuis que l’ordre religieux est ébranlé – comme le christianisme le fut sous la Réforme – les vices ne sont pas seuls à se trouver libérés. Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus aussi sont libérées et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des veilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude.  G.K. Chesterton
Le fascisme est bien plus sain que n’importe quelle conception hédoniste de la vie (…) Alors que le socialisme et même le capitalisme – plus à contrecoeur – ont dit aux gens: « Je vous offre du bon temps », Hitler leur a dit: « Je vous offre la lutte, le danger et la mort » et le résultat a été qu’un nation entière se jeta à ses pieds. Orwell
Le fait est qu’il y a quelque chose de profondément attirant chez lui. […] Hitler sait que les êtres humains ne veulent pas seulement du confort, de la sécurité, des journées de travail raccourcies, de l’hygiène, de la contraception et du bon sens en général ; ils souhaitent aussi, au moins de temps en temps, vivre de luttes et de sacrifice de soi, sans mentionner les tambours, les drapeaux et les défilés patriotiques. George Orwell
La Passion a dévoilé une fois pour toutes l’origine sacrificielle de l’Humanité en nous confrontant à ce qui était caché depuis la fondation du monde : la réalité crue de la violence et la nécessité du sacrifice d’un innocent. Elle a défait le sacré en révélant sa violence fondamentale, même si le Christ a confirmé la part de divin que toutes les religions portent en elles. Le christianisme n’apparaît pas seulement comme une autre religion, comme une religion de plus, qui a su libérer la violence ou la sainteté : elle proclame, de fait, la fin des boucs émissaires, donc la fin de toutes les religions possibles. Moment historique décisif, qui consacre la naissance d’une civilisation privée de sacrifices humains, mais qui génère aussi sa propre contradiction et un scepticisme généralisé. Le religieux est complètement démystifié – ce qui pourrait être une bonne chose, dans l’absolu, mais se révèle en réalité une vraie catastrophe, car les êtres humains ne sont pas préparés à cette terrible épreuve : les rites qui les avaient lentement éduqués, qui les avaient empêchés de s’autodétruire, il faut dorénavant s’en passer, maintenant que les victimes innocentes ne peuvent plus être immolées. Et l’homme, pour son malheur, n’a rien de rechange. (…) le déchaînement de la violence généralisée au niveau de la planète (…) c’est là que nous en sommes arrivés, après deux conflits mondiaux, deux bombardements atomiques, plusieurs génocides et sans doute la fin des guerres « classiques », armée identifiable contre armée identifiée, au profit d’une violence en apparence plus sporadique, mais autrement plus dévastatrice. (…) le terrorisme est, en quelque sorte, une métastase de la guerre. Mais ce qui me paraît le plus flagrant dans cette affaire, (…) c’est la diffusion de ce terrorisme. Partout, au Moyen-Orient, en Asie et en Asie du Sud-Est, il existe de petits groupes, des voisins, des communautés, qui se dressent les unes contre les autres, pour des raisons complexes, liées à l’économie, au mode de vie, autant qu’aux différences religieuses. (…) il faut regarder la réalité en face. Achever l’interprétation de ce traité, De la guerre, c’est lui donner son sens religieux et sa véritable dimension d’apocalypse. C’est en effet dans les textes apocalyptiques, dans les Evangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc et dans les Epîtres de Paul, qu’est décrit ce que nous vivons, aujourd’hui, nous qui savons être la première civilisation susceptible de s’autodétruire de façon absolue et de disparaître. La parole divine a beau se faire entendre – et avec quelle force ! -, les hommes persistent avec acharnement à ne pas vouloir reconnaître le mécanisme de leur violence et s’accrochent frénétiquement à leurs fausses différences, à leurs erreurs et à leurs aveuglements. Cette violence extrême est, aujourd’hui, déchaînée à l’échelle de la planète entière, provoquant ce que les textes bibliques avaient annoncé il y a plus de deux mille ans, même s’ils n’avait pas forcément une valeur prédicative : une confusion générale, les dégâts de la nature mêlés aux catastrophes engendrées par la folie humaine. Une sorte de chaos universel. Si l’Histoire a vraiment un sens, alors ce sens est redoutable… (…) Notre civilisation est la plus créative et la plus puissante qui fût jamais, mais aussi la plus fragile et la plus menacée. René Girard
On n’arrive plus à faire la différence entre le terrorisme révolutionnaire et le fou qui tire dans la foule. L’humanité se prépare à entrer dans l’insensé complet. C’est peut-être nécessaire. Le terrorisme oblige l’homme occidental à mesurer le chemin parcouru depuis deux mille ans. Certaines formes de violence nous apparaissent aujourd’hui intolérables. On n’accepterait plus Samson secouant les piliers du Temple et périr en tuant tout le monde avec lui. Notre contradiction fondamentale, c’est que nous sommes les bénéficiaires du christianisme dans notre rapport à la violence et que nous l’avons abandonné sans comprendre que nous étions ses tributaires. René Girard
Le fascisme de demain ne dira jamais : “Je suis le fascisme”. Il dira : “Je suis l’antifascisme. » Ignazio Silone (1945)
L’antisionisme est à cet égard une introuvable aubaine car il nous donne la permission, et même le droit, et même le devoir d’être antisémites au nom de la démocratie. L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. II ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. Vladimir Jankelevitch (1971)
Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front National, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi, à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste, et même pas face à un parti fasciste. D’abord le procès en fascisme à l’égard de Nicolas Sarkozy est à la fois absurde et scandaleux. Je suis profondément attaché à l’identité nationale et je crois même ressentir et savoir ce qu’elle est, en tout cas pour moi. L’identité nationale, c’est notre bien commun, c’est une langue, c’est une histoire, c’est une mémoire, ce qui n’est pas exactement la même chose, c’est une culture, c’est-à-dire une littérature, des arts, la philo, les philosophies. Et puis, c’est une organisation politique avec ses principes et ses lois. Quand on vit en France, j’ajouterai : l’identité nationale, c’est aussi un art de vivre, peut-être, que cette identité nationale. Je crois profondément que les nations existent, existent encore, et en France, ce qui est frappant, c’est que nous sommes à la fois attachés à la multiplicité des expressions qui font notre nation, et à la singularité de notre propre nation. Et donc ce que je me dis, c’est que s’il y a aujourd’hui une crise de l’identité, crise de l’identité à travers notamment des institutions qui l’exprimaient, la représentaient, c’est peut-être parce qu’il y a une crise de la tradition, une crise de la transmission. Il faut que nous rappelions les éléments essentiels de notre identité nationale parce que si nous doutons de notre identité nationale, nous aurons évidemment beaucoup plus de mal à intégrer. Lionel Jospin (France Culture, 29.09.07)
Carpentras, c’était une manipulation. Hubert Védrine
[Yves Bertrand, le patron des RG] explique que au départ, les gens du CRIF (…) ne voulaient pas en faire une grande manifestation et que c’est Mitterrand lui-même qui a imposé la grande manifestation publique, qui a imposé l’itinéraire classique de gauche c’est-à-dire République-Bastille-Nation. Pour bien mettre ce combat dans les combats de la gauche et qui a ainsi manipulé tout le monde. Tout ça, pour empêcher évidemment une alliance entre la droite – Chirac pour parler vite – et le Front national évidemment parce que si le Front national devenait une espèce de monstre nazi, évidemment on pouvait plus s’allier à lui. Et c’est la grande stratégie de Mitterrand sur quinze ans qui a permis à la gauche de rester au pouvoir pendant toutes ces années. Eric Zemmour
Tout ça est une guignolisation de la vie politique, absolument invraisemblable. Pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ? Jean-Luc Mélenchon (5 mars 2011)
Au final, Ben Laden a peut-être remporté une victoire idéologique. En additionnant les complotistes, les agités des réseaux sociaux, les djihadistes, les islamistes radicaux, les sympathisants des attentats contre l’Occident – y compris dans le monde dit arabe, pourtant victime immédiate du djihadisme – et ceux qui invoquent la cause palestinienne pour justifier la violence contre les Juifs, on obtient une coalition informelle qui défie les valeurs occidentales et universelles à l’échelle mondiale. Nous sommes passés de l’axe du mal à un désaxement global du monde. Mais ce phénomène s’étend bien au-delà. En France, des images du 10 septembre montrent des appels à « Bloquons tout », qui, malgré leur mise en scène ambitieuse, n’ont pas eu l’impact escompté. Des micros-trottoirs capturent des jeunes parfois délurés, emportés par un élan de contestation, alimentés par le flux débilitant des réseaux sociaux. (…) Puis, pour expliquer l’inexplicable, surgit le mot-clé : « Gaza ». Un terme qui cristallise la colère, l’indignation sincère ou opportuniste, et qui motive des confusions mentales, comme celle de croire que brûler des poubelles changera le monde ou apportera un véritable changement. Ce spectacle n’est ni isolé ni unique. Des foules hétéroclites, marquées par des expressions personnelles bigarrées – cheveux colorés, symboles de rébellion ou de refus de la conformité, keffiehs, drapeaux palestiniens –, se mêlent à des cris, des actes de vandalisme et une solidarité paradoxale avec des causes contradictoires. Ces manifestations (interdites dans le monde dit arabe), qui se multiplient en Occident, posent une question essentielle : d’où viennent, vraiment, cette mobilisation et le sens nihiliste qu’on lui donne ? Où avons-nous failli dans la transmission de nos valeurs et de la solution même imparfaite de la démocratie ? À quel moment la civilisation occidentale a-t-elle dévié de sa trajectoire ? Il est peut-être nécessaire d’examiner les influences cumulatives, comme les effets des réseaux sociaux et l’omniprésence des écrans qui favorisent le nombrilisme numérique et la déconnexion du réel, les angoisses écologiques sur la fin du monde qui amplifient un sentiment d’urgence irrationnel, ou encore un excès de confort qui engendre l’apathie et nourrit la pensée magique ou la non-pensée des influenceurs. Ces facteurs interconnectés contribuent, apparemment, à une désorientation collective, où les jeunes et les citoyens – pourtant bénéficiaires de la démocratie – se perdent dans un brouillard mental, générant une profonde déception sociétale et des hurlements contre des dictatures imaginaires au cœur même du luxe démocratique occidental. (…) Aujourd’hui, l’Occident semble se décomposer de l’intérieur, miné par la futilité ambiante et virale, la remise en question de la démocratie, la haine de soi, l’élection d’extrêmes et une forme de débilité volontaire. Les islamistes transnationaux opèrent avec habileté dans nos murs, façonnant les opinions via des récits victimaires, des éditoriaux post-coloniaux islamisés et une exploitation de la culpabilité historique, transformant le tout en une contre-offensive mondiale. Nous perdons nos enfants et nos ancêtres à la fois. Que faire ? D’abord oser dire non, réfléchir à haute voix, ne plus avoir peur, se défendre contre la débandade et l’assignation. C’est vague mais chacun, parfois, sait ce que cela veut dire. Kamel Daoud
Les statistiques de l’ADL sur l’extrémisme sont citées comme faisant autorité par une grande partie de la presse, notamment son affirmation la plus médiatisée selon laquelle près des trois quarts des meurtres extrémistes aux États-Unis au cours de la dernière décennie ont été commis par des ‘extrémistes de droite’, une catégorie qui inclut les nationalistes blancs. Mais si l’on définit les ‘incidents extrémistes’ comme des incidents violents constituant un crime de haine ou un acte terroriste, ou des incidents dont le rapport mentionne une motivation par des opinions extrémistes, seuls 58 % des incidents cités par l’ADL sur une période de 10 ans correspondent à cette définition. Un facteur important est que l’ADL comptabilise la violence ‘non idéologique’, comme les extrémistes s’entretuant lors de trafics de drogue ratés et de vols, dans ses statistiques globales sur la ‘violence extrémiste’. Cela augmente considérablement le nombre total d’incidents dans son analyse. Exagérer la menace globale encourage les extrémistes politiques qui veulent que le public vive dans la peur. Cela ébranle également la confiance dans l’exactitude des analyses des institutions de confiance sur les crises publiques. Anthony L. Fisher 
Comparés à l’univers de tous les homicides, les homicides à motivation idéologique et la violence extrémiste sont extrêmement rares. Par exemple, même si le pays a connu une flambée d’homicides en 2020 avec plus de 19 000 incidents (Centers for Disease Control and Prevention, 2021), il n’y a eu que huit homicides à motivation idéologique pour la même année, et un seul de ces homicides idéologiques concernait l’extrême gauche. Si l’on compare la létalité des homicides à motivation idéologique d’extrême droite à celle de l’extrême gauche, (…) L’extrême droite continue de surpasser l’extrême gauche tant en termes de fréquence des incidents que de décès. Même en excluant les décès dus à l’attentat d’Oklahoma City1 (n = 168), les décès dus à des homicides à motivation idéologique d’extrême droite s’élèvent en moyenne à 11,5 par an de 1990 à 2020, contre seulement 2,5 décès dus à l’extrême gauche pour la même période. Les décès d’extrême gauche ont dépassé ceux d’extrême droite pendant seulement trois ans de l’analyse temporelle actuelle, 2010 (extrême droite = 5, extrême gauche = 10), 2016 (extrême droite = 2, extrême gauche = 12) et 2017 (extrême droite = 12, extrême gauche = 13). Lors de l’évaluation des autres différences dans les décès, la majorité des incidents (79 %) ont entraîné un décès, tandis que seulement 31 % ont entraîné deux décès ou plus, ce qui corrobore les conclusions de recherches antérieures détaillant la rareté des événements faisant de nombreuses victimes en ce qui concerne le terrorisme et la violence extrémiste. Les différences idéologiques à cet égard sont un peu plus nuancées. Lorsque l’on compare les différences de mortalité entre l’extrême gauche et l’extrême droite, une plus grande proportion d’homicides d’extrême gauche ont fait plusieurs victimes (29 %, n = 12) que l’extrême droite (20 %, n = 45), ce qui indique que les incidents d’homicide d’extrême gauche sont plus susceptibles d’avoir plusieurs victimes d’homicide, tandis que l’extrême gauche est responsable d’un plus petit nombre d’homicides à motivation idéologique, une plus grande proportion d’incidents ont plusieurs victimes et un nombre de victimes légèrement plus élevé en moyenne, ce qui suggère que les extrémistes de gauche sont plus mortels lorsqu’ils se livrent à des violences mortelles. En outre, bien que les homicides à motivation idéologique d’extrême droite aient tendance à diminuer légèrement au fil du temps, la violence d’extrême gauche a légèrement tendance à augmenter.  » Célinet Duran (2021)
Quels mensonges, fieffés mensonges et statistiques ?
Cherchez l’erreur …
Au lendemain de l’assassinat de Charlie Kirk …
Pendant que continuent la mise au pilori et le lynchage médiatique d’Israël et de nos compatriotes juifs comme de nos valeureux même si souvent hémiplégiques lanceurs d’alerte
Quand sans parler des 168 morts de l’attentat d’Oklahoma City …
La droite américaine nie l’évidence de la plus grande fréquence d’homicides politiques du côté de l’extrême droite…
Même si ceux-ci restent en général extrêmement rares avec 0,07 % du total …
Mais alors que les homicides d’extrême gauche semblent être plus meurtriers et en hausse …
La gauche devrait-elle se réjouir de statistiques biaisées, trop générales ou trompeuses …
Qui non seulement incluent des extrémistes s’entretuant et gonflent ainsi les chiffres jusqu’à 30 %…
Mais pourraient même inspirer ou aider ces derniers à recruter ?

The ADL’s extremism statistics make it seem like ultraright-wing violence in the US is more common than it actually is

Charlottesville white supremacists 2017
White supremacists at a rally in Charlottesville, Virginia, August 12, 2017. REUTERS/Joshua Roberts
  • The Anti-Defamation League’s statistics about extremism have been cited as authoritative by much of the press, including its most publicized claim that nearly three-quarters of extremist killings in the US over the past decade have been committed by « right-wing extremists, » a category that includes white nationalists.
  • But if you define « extremist incidents » as incidents involving violence constituting a hate crime or terrorism, or incidents where a report of the incident refers to motivation by extremist views, just 58% of the incidents cited by the ADL over a 10-year-period fit that definition.
  • A major factor is that the ADL counts « non-ideological » violence, such as extremists killing one another in botched drug deals and robberies, in its overall « extremist violence » stats. That significantly increases the overall number of incidents in its analysis.
  • This is not to diminish violence motivated by bigotry or politics; on the contrary, the ADL’s reporting of statistics might be better served with more clearly defined and exacting standards of what constitutes « extremist violence. »
  • Inflating the overall threat emboldens political extremists who want the public to live in fear. It also threatens confidence in the accuracy of trusted institutions’ analysis to public crises.
  • This is an opinion column. The thoughts expressed are those of the author.
In 2015, Michael Augustine Bournes, 59, murdered his wife and three young children, then set his house on fire, before finally fatally shooting himself. An acquaintance told police that Bournes had called him after the murders and said his wife had been « mocking him and riding him all day. » The family was living « off the grid » in a house in Montana not hooked up to public utilities. Police said Bournes was « a constitutionalist who didn’t believe in government » and had anti-government literature in his pickup.In 2008, Cynthia Lynch, 43, filed an online application to join an Oklahoma branch of the Ku Klux Klan. During her initiation ceremony, police say Lynch either tried to back out or got into an argument with the Klansmen; she was shot to death and mutilated, her remains dumped nearby.In 2006, four members of the white supremacist Aryan Brotherhood took 46-year-old Jack Christen to a remote location and demanded to know what he told police about their methamphetamine operation. One of them shot and killed Christen.Each of these crimes is counted as an « extremist incident » by the Anti-Defamation League, whose statistics have been presented by media outlets as the gold standard for reporting on extremists of the white nationalist, anti-government, left-wing anarchist, and radical Islamist varieties in the US.These are each deeply upsetting stories of horrific acts of violence, but when you read them, do you think « terrorism »?
The ‘extremist incidents’ statistic you’ve seen everywhereYou’ve probably seen the statistic based on a study by the Anti-Defamation League that about 70% of « extremist killings » over the past 10 years have been committed by « right-wing extremists, » a category that includes white nationalists, Aryan prison-gang members, and anti-government extremists.That number, with similar phrasing, has been cited in The New York Times, The Washington Post, Politico, the Atlantic, and Insider, to name just a few outlets.The specific wording of the stat drives home the idea that ultrarightists represent the greatest threat of domestic political- or identity-based violence in the US, dwarfing the violence committed by left-wing, anarchist, and Islamic extremists combined.The ADL was founded in 1913 with a mission « to protect the Jewish people and to secure justice and fair treatment for all » and states its « ultimate goal is a world in which no group or individual suffers from bias, discrimination or hate, » according to its website.The group acknowledges that it « tracks both ideological and non-ideological killings by extremists, » because it argues to ignore non-ideological killings would be to discount « an inherent and integral part of the dangers they pose to society. »But it’s the topline catchall numbers of extremist incidents and extremist murders that the group promotes, and which most often end up being repeated in the press without the important distinction regarding possible motives.If you are literally measuring the number of violent incidents committed by people with ties to extremist groups or ideas, the ADL’s topline numbers hold up.But if you limit the definition of « extremist incidents » to incidents motivated by extremist views where violence actually occurs, is attempted, or is substantially plotted, then the numbers drop significantly.And if you consider only incidents that either are classified as hate crimes or terrorism by law, or were described as having been motivated by extremist views by the press — as most people likely do when they think of « extremist violence » — just 58% of the incidents cited by the ADL fit that definition, my investigation found.To be sure, the ADL’s most promoted and reported statistic — ultrarightist groups accounting for a disproportionate number of hate crimes and acts of terror — still holds up.What’s of concern is the seeming inflation of the overall numbers under the vaguely defined umbrella of « extremist incidents » — by including crimes that are not targeted at minorities  which make extremists appear to be more pervasive than they would otherwise be, with greater context.It’s ultimately an issue of reporting. Complicated issues aren’t easy to distill in perfectly formed nuggets, whether they come from a well-respected advocacy organization’s press releases or a news organization’s headlines.As I found, it’s not an easy job to perfectly analyze hundreds of incidents. This is not to imply the ADL has engaged in bad-faith efforts. But in dealing with such sensitive issues, adding as much context as possible is vital to a greater public understanding of the issue.An investigation of the ADL’s ‘extremist incidents’ dataWith the assistance of Insider reporters and a data analyst, I investigated the data the ADL used to make its H.E.A.T. map, an interactive tool tracking the locations of « all incidents of extremism or anti-Semitism in the United States, » covering everything from anti-Semitic graffiti to racist violence to domestic terrorism.According to the ADL’s site, the map was created using « data points extracted from information sources including news and media reports, government documents (including police reports), victim reports, extremist-related sources, Center on Extremism investigations. »On several occasions, I reached out to the ADL for clarification on its criteria. In an email, the ADL directed me to the H.E.A.T. map’s frequently-asked-questions page, which does not fully address my questions. But in its 2018 report on extremist violence, the ADL explained: « Extreme causes often attract adherents with violent tendencies—tendencies that are reflected not only in the violence that adherents commit for their cause, but also the violence they commit against others—including rivals, spouses, children and acquaintances. »Reviewing the citations of each incident defined as « Extremist Murders, » « Terrorist Plot & Attacks, » and « Extremist/Police Shootouts » from 2009-2018 on the ADL’s H.E.A.T. map as a starting point, my colleagues and I explored over 500 cases through news reports, law-enforcement announcements, and court documents. The investigation is solely focused on « extremist violence, » which we defined as incidents where police reports, court documents, or news articles presented evidence that the incidents were motivated by extremist viewpoints.What I found is that the actual number of violent extremist incidents — if defining such crimes as being motivated by bigotry or politics — is much smaller than the ADL’s oft-reported overall number.

White Nationalist Mask Washington, DC 2017
A demonstrator leaves Lincoln Memorial after white nationalist and alt-right « Free Speech » rally in Washington, June 25, 2017. REUTERS/Jim Bourg

Many of the ADL’s ‘extremist incidents’ are not motivated by bigotry or politics. They’re often extremists killing other extremists.

In several cases I examined, it was clear that while the person or people involved might have ties to extremist groups or hold extremist views, the crimes committed by these people that were classified by the ADL as extremist incidents were not targeting protected identity groups. These would likely be the « non-ideological » crimes the ADL says it includes in its tracking of extremist incidents.

For example, if a methamphetamine dealer who happens to be a member of a racist extremist group kills a rival dealer, the ADL may consider that an « extremist killing. » The same seems to be true where white supremacists kill rival white supremacists, or even their own allies they fear are police informants.

There are also cases that defy classification. For example, how does one appropriately classify the case of the former neo-Nazi who killed his roommates for making fun of his newfound Muslim faith? Can this act be properly classified as a hate crime or terrorism?

What appears true — regardless of the definition used to cover extremist incidents — is the theme that emerges from the ADL data: Extremists of all political and prejudiced varieties are typically young men with a history of violence and criminality, often with pronounced mental and emotional issues.

But by painting its findings with such a broad stroke, the ADL data might lead some to conclude that there are significantly more hate crimes and terrorism in the US than actually transpire.

Based on the incidents cited by the ADL, in most years, extremists are just as likely to kill each other, their criminal associates, or their family members as they are to kill people in protected identity groups.

Incidents of extremists harming members of protected identity groups make up a fraction of the ADL’s data

Along with my colleagues, I looked into each of the 414 incidents listed in the ADL’s data that resulted in 426 killings over the course of 2009-2018 — which is the time frame of the ADL’s oft-cited statistic. We vetted the available data to make the most accurate accounting possible, and with ambiguous cases where we couldn’t make a decisive judgment call, we erred on the side of accepting the ADL’s definition of the crime.

Our methodology consisted of analyzing each case using three criteria:

1. Was the incident linked to the race or protected status of the target or victim, or some other political motivation, in the news reports or legal materials we reviewed?

2. Was the perpetrator actually linked to extremist groups or ideology?

3. Did the incident include attempted violence, perpetrated violence, or substantial steps toward violence?

After weighing these criteria, we saw a considerable difference between the ADL count and our count.

Measuring data available on the ADL’s H.E.A.T. map from 2009 to 2018:

  • The ADL identified 414 extremist incidents during that 10-year period. Of those, I found just 240 met the criteria that it constituted actually attempted violence and involved a perpetrator with verifiable or self-identified extremist beliefs against a member of a marginalized or targeted group or their property. That’s 58% of the ADL’s count.
  • The ADL identified 426 extremist killings during that time frame. I found 241 met our criteria.
  • Of these killings, the ADL categorized 305 to be perpetrated by right-wing and white supremacist extremists. Of those, 124 met our criteria.

A breakdown of extremist violence by ideology, 2009-2018:

Islamist extremism

  • The ADL identified 88 incidents (which included a substantial number of thwarted plots) as Islamist extremist violence. I identified 85.

Left-wing extremism

  • The ADL identified 26 incidents as left-wing extremist violence. I identified 24.

Right-wing extremism (including white supremacist extremism)

  • The ADL identified 300 incidents as right-wing extremist violence. I identified 131.

White supremacist extremism

  • The ADL identified 199 incidents as white supremacist extremist violence. I identified 57.
extremist violence 09 18

Ruobing Su/Business Insider

The dangers of overbroad labeling of ‘extremism’ and one-size-fits-all statistics

There are issues inherent with trying to come up with a single catchall statistic on extremist violence.

For one, the federal government’s definition of extremism fluctuates wildly.

This is partly evidenced by Black Lives Matter, an unofficial group of activists who demonstrate against police brutality, being designated in an FBI memo as part of a « black identity extremist » movement. Another recent example is the Department of Homeland Security labeling a group of nonviolent climate activists as « extremists » and grouping them among white supremacists and mass murderers.

The internet’s capacity to make information about extremist murders easier to collect and collate — but also its ability to flatten discussions — can turn debatable discourse into supposedly unimpeachable facts.

It matters because failing to ensure accurate, transparent data undermines a genuinely compelling assembly of data about extremism and its victims in the US.

The ADL’s database of incidents contains any number of altercations and murders that illustrate the sadistic cruelty — and the political ambitions — embodied by many extremists. But it’s the part where those incidents are collected, tagged, aggregated, and boiled into a single statistic that could stand for more thorough discussion.

Colin Clarke, a senior Research Fellow at The Soufan Center, a nonprofit strategy firm focused on global security issues, told me in December, « This is a really challenging space, because we’re asked to determine motive, which may not always be clear. »

« It is incredibly difficult to devise a rigorous and replicable methodology that will be accepted by everyone, » Clarke said. As a result, he believes researchers « need to do our best to be judicious and parsimonious in data collection, lest we risk threat-inflation of over-hyping the threat, which can dilute the overall message. »

Clarke doesn’t want to single out the ADL or any organization, because he says any data- or statistical-based study on terrorism could be subject to methodological criticism. « What this goes to show you is that data collection is critical and that more organizations should be involved in this debate, » Clarke added.

Arthur Jipson, an associate professor at the University of Dayton who specializes in extremism, told me in February that figuring out the correct conclusions is « a tricky question » because there wasn’t a concerted government effort to collect data on hate crimes until the early 1990s, during the George H.W. Bush administration. Jipson also said victims of bias crimes may not report them as such to law enforcement, and state definitions of hate crimes vary from state to state. Both, he argues, potentially undercut the overall number of extremist incidents.

Jipson added that he believes advocacy organizations like the ADL are working hard and acting in good faith, but he concedes advocates « could be more thoughtful about the process of data collection from the very beginning and try to be more careful when we make grand or powerful statements. »

I presented Jipson with a hypothetical scenario: He has been endowed with a huge cash grant and a team of researchers and statisticians at his disposal. With those resources, would he include crimes committed by extremists that don’t have any apparent political or bigoted motive among a catchall statistic for extremist incidents?

« Probably not, » Jipson said, adding: « What I would do is say, here’s the raw data, here’s the raw total. Now let’s break it up into categories where we’ve had really clear evidence. I don’t think [the ADL] is wrong for [using] the raw data, but I would also then say, let’s compare that against data where we have this absolutely clear empirical manifestation of that criminal intent. »

The data does suggest that ultrarightists are the most violent extremists. But inflating the scope of the threat is a disservice.

You may wonder why it’s worth reporting lower numbers of extremist violence than have been widely reported elsewhere. You may be worried that it risks downplaying the threat, or somehow encouraging the public to not be concerned.

On the contrary. Violent extremists are inspired by each other, and the scope of their violence is often used as a recruiting tool. Inflating the overall statistics could embolden extremists who want the public to be terrorized by the seeming scope and force of their violence.

Facts matter and context matters, and how those facts are disseminated matters.

Most people probably don’t know that this big scary number is inflated by the fact that white supremacists are typically violent criminals and most of their violence is based on criminality, not ideology.

By using an overbroad definition of « extremist violence » and counting incidents that were not directly motivated by politics or bigotry, the ADL does a disservice to anyone trying to accurately report on these issues. It’s not dissimilar to ultranationalists cherry-picking statistics regarding violence perpetrated by undocumented immigrants. The bigger the number, the more likely the public is to be cowed by a sense of dread.

The ADL’s statistic that ultrarightists commit nearly three-quarters of all « extremist violence » has been so widely cited it’s now ubiquitous. And as I found, they do commit the most violence motivated by their extremism. The ADL argues that to not include non-ideological violence in its overall numbers would downplay the threat posed by extremists. But by not promoting statistics that make a clear distinction between ideological and non-ideological violence, it undermines trust in the data itself.

When potentially overbroad or misleading data cements itself into the public consciousness, bad things can happen.

Overblown statistics about inner-city crime, drugs, and the threat of Islamist terrorism have all led to policies that have ultimately hurt the most vulnerable populations through over-incarceration, zero tolerance, and the blanket suspicion of mass surveillance.

Those who relied on such exaggerated numbers surely had their hearts in the right place and felt compelled to take action. There’s also the psychic effect to consider on a public bombarded with terrifyingly outsized statistics and broadly drawn narratives lacking the appropriate context and nuance.

That again is why it’s crucial not to over-amplify the threats by using overbroad figures for the overall number of extremist violence. The scrutiny here is not to downplay the threat of extremists or their inherent violence. They do pose a legitimate threat. But given the vast disparity between the numbers the ADL has disseminated and the numbers which we’ve provided with greater context, it is a conversation worth having.

The ADL doesn’t need to make hate-related violence seem more prevalent than it actually is, when the truth is already disturbing enough.

John Haltiwanger, Grace Panetta, and J.K. Trotter contributed reporting. Walter Hickey contributed data analysis.

Voir aussi:

Du 11 Septembre au 10 septembre : la débilité choisie

Les attentats de 2001 ont engendré une coalition improbable : complotistes, islamistes et foules nihilistes. Ben Laden aurait-il gagné la bataille idéologique ?

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Près d’un quart de siècle après les attentats du 11 septembre 2001, ce qui perdure n’est pas seulement le souvenir des tours en flammes, mais un flot incessant de théories conspirationnistes, un recul des démocraties vers les populismes et un affaissement général de la conscience collective, du débat rationnel et presque de la raison elle-même.

Des vidéos montées et décontextualisées circulent pour « prouver » des complots persistants, comme des explosions internes supposées dans les deux tours du World Trade Center. Ces interprétations, souvent amplifiées par des voix influentes sur les réseaux sociaux, transforment l’événement en un terreau fertile pour la post-vérité, où les doutes infondés l’emportent sur les faits établis, fabriquant des foules qui confondent délires et révolutions.

Au final, Ben Laden a peut-être remporté une victoire idéologique. En additionnant les complotistes, les agités des réseaux sociaux, les djihadistes, les islamistes radicaux, les sympathisants des attentats contre l’Occident – y compris dans le monde dit arabe, pourtant victime immédiate du djihadisme – et ceux qui invoquent la cause palestinienne pour justifier la violence contre les Juifs, on obtient une coalition informelle qui défie les valeurs occidentales et universelles à l’échelle mondiale.

Nous sommes passés de l’axe du mal à un désaxement global du monde.

Gaza, mot-clé magique

Mais ce phénomène s’étend bien au-delà. En France, des images du 10 septembre montrent des appels à « Bloquons tout », qui, malgré leur mise en scène ambitieuse, n’ont pas eu l’impact escompté. Des micros-trottoirs capturent des jeunes parfois délurés, emportés par un élan de contestation, alimentés par le flux débilitant des réseaux sociaux. Sur le parvis d’une célèbre place parisienne, deux jeunes filles répondent au micro dans un discours hésitant mais passionné : « Oui, on est là contre tout… C’est à cause de lui, le ministre de… », balbutie l’une, cherchant le nom de Retailleau avec l’aide de son amie, avant d’ajouter « Macron ». Puis, pour expliquer l’inexplicable, surgit le mot-clé : « Gaza ». Un terme qui cristallise la colère, l’indignation sincère ou opportuniste, et qui motive des confusions mentales, comme celle de croire que brûler des poubelles changera le monde ou apportera un véritable changement.

Ce spectacle n’est ni isolé ni unique. Des foules hétéroclites, marquées par des expressions personnelles bigarrées – cheveux colorés, symboles de rébellion ou de refus de la conformité, keffiehs, drapeaux palestiniens –, se mêlent à des cris, des actes de vandalisme et une solidarité paradoxale avec des causes contradictoires. Ces manifestations (interdites dans le monde dit arabe), qui se multiplient en Occident, posent une question essentielle : d’où viennent, vraiment, cette mobilisation et le sens nihiliste qu’on lui donne ? Où avons-nous failli dans la transmission de nos valeurs et de la solution même imparfaite de la démocratie ? À quel moment la civilisation occidentale a-t-elle dévié de sa trajectoire ?

Il est peut-être nécessaire d’examiner les influences cumulatives, comme les effets des réseaux sociaux et l’omniprésence des écrans qui favorisent le nombrilisme numérique et la déconnexion du réel, les angoisses écologiques sur la fin du monde qui amplifient un sentiment d’urgence irrationnel, ou encore un excès de confort qui engendre l’apathie et nourrit la pensée magique ou la non-pensée des influenceurs. Ces facteurs interconnectés contribuent, apparemment, à une désorientation collective, où les jeunes et les citoyens – pourtant bénéficiaires de la démocratie – se perdent dans un brouillard mental, générant une profonde déception sociétale et des hurlements contre des dictatures imaginaires au cœur même du luxe démocratique occidental.

Le 11 septembre 2001, Ben Laden a attaqué l’Occident, ses valeurs, sa démocratie, sa vision du monde et ses réussites. Il a semé la mort et la destruction, inoculé le djihadisme à hauteur internationale. En réponse, nous avons lancé des interventions en Irak et en Afghanistan, souvent soldées par des retraits décevants, et assisté à l’ascension de figures populistes comme Trump. Aujourd’hui, l’Occident semble se décomposer de l’intérieur, miné par la futilité ambiante et virale, la remise en question de la démocratie, la haine de soi, l’élection d’extrêmes et une forme de débilité volontaire. Les islamistes transnationaux opèrent avec habileté dans nos murs, façonnant les opinions via des récits victimaires, des éditoriaux post-coloniaux islamisés et une exploitation de la culpabilité historique, transformant le tout en une contre-offensive mondiale. Nous perdons nos enfants et nos ancêtres à la fois.

Que faire ? D’abord oser dire non, réfléchir à haute voix, ne plus avoir peur, se défendre contre la débandade et l’assignation. C’est vague mais chacun, parfois, sait ce que cela veut dire.


Voile: Quand la France insoumise redécouvre… la soumission ! (Guess who with his 69% of the Muslim vote in the 2022 presidential election has gone in just a few years and in the name of a party calling itself « France unbowed »… from headscarves’ most virulent opponent to their most devoted defender !)

29 juin, 2025

 

 

ImageSoyez fils de votre Père qui est dans les cieux (qui) fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et (…) pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Jésus (Matthieu 5: 45)
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Paul (Lettre aux Galates 3: 28, c. 50 après JC)
L’antisionisme est à cet égard une introuvable aubaine car il nous donne la permission, et même le droit, et même le devoir d’être antisémites au nom de la démocratie. L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. II ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. Vladimir Jankelevitch (1971)
L’inauguration majestueuse de l’ère « post-chrétienne » est une plaisanterie. Nous sommes dans un ultra-christianisme caricatural qui essaie d’échapper à l’orbite judéo-chrétienne en « radicalisant » le souci des victimes dans un sens antichrétien. (…) Jusqu’au nazisme, le judaïsme était la victime préférentielle de ce système de bouc émissaire. Le christianisme ne venait qu’en second lieu. Depuis l’Holocauste , en revanche, on n’ose plus s’en prendre au judaïsme, et le christianisme est promu au rang de bouc émissaire numéro un. (…) Le mouvement antichrétien le plus puissant est celui qui réassume et « radicalise » le souci des victimes pour le paganiser. (…) Comme les Eglises chrétiennes ont pris conscience tardivement de leurs manquements à la charité, de leur connivence avec l’ordre établi, dans le monde d’hier et d’aujourd’hui, elles sont particulièrement vulnérables au chantage permanent auquel le néopaganisme contemporain les soumet. René Girard
La gauche ne devient pas antisémite, elle le redevient. Alexis Lacroix (2005)
La droite mourut d’un crime majoritairement commis par la gauche (hormis les communistes, bien sûr, mais à partir de juin 1941). La droite, ou plutôt ses élites, ne surent pas, ne voulurent pas se défendre. Elles se laissèrent accuser, salir, humilier. Elles courbèrent l’échine sous l’opprobre. Elles se laissèrent coloniser par l’idéologie de la gauche. La droite française, à l’image de la droite européenne, devint une droite complexée, une droite qui n’osait plus dire son nom, une droite qui se voulait moderne, c’est-à-dire de gauche. La droite française, à l’image de l’Europe, se mit à haïr son passé, son histoire, son identité. Elle se mit à haïr ce qu’elle était. Eric Zemmour (2010)
L’antisémitisme de la gauche est un sujet tabou. Depuis longtemps, elle s’est dressée en pourfendeuse du racisme, forcément de droite, oubliant, par exemple, que la chambre du Front Populaire avait voté les pleins pouvoirs à Pétain, vite rejoint à Vichy par Laval, Déat, Marquet, Doriot, Luchaire, Belin et Bousquet. S’il y eut un antijudaïsme catholique, des antisémitismes agnostique (Voltaire) et protestant (Luther), l’un des plus virulents avec celui de l’extrême droite fut révolutionnaire et socialiste. Dans La question juive, Marx dénonce «l’essence du judaïsme et la racine de l’âme juive, l’opportunité et l’intérêt personnel qui se manifeste dans la soif de l’argent». Dans une lettre à Engels, il décrit le socialiste allemand Ferdinand Lassalle comme «un vrai juif de la frontière slave, (…) sa manie de masquer le juif crasseux de Breslau sous toutes sortes de pommades et de fard». Proudhon, qui va inspirer Jaurès, dénonce «l’ennemi du genre humain», une «race» qu’ «il faut renvoyer en Asie ou exterminer» . Staline, idole, sa vie entière, du PCF, lance en 1948 une campagne «anti-cosmopolite», prélude aux exécutions des «blouses blanches» et des intellectuels juifs «incapables de comprendre le caractère national russe». Dans l’entre-deux-guerres, les «néo-socialistes», tous pacifistes, sont aussi à l’œuvre chez nous: Déat souligne le «byzantinisme» de Léon Blum et sa «passivité tout orientale» ; c’est l’époque où la SFIO est accusée de subir une «dictature juive», et que le maire de Bordeaux, Marquet, lui reproche de «pousser à la guerre pour l’URSS et la juiverie». Mais parmi les figures emblématiques de l’antisémitisme de gauche, Jaurès tient une place de choix. Le sujet est tabou par excellence, tant l’idole du socialisme français est encaustiquée! Son journal, La Petite République, désigne le député Reinach comme un «juif ignoble» . Lors de son voyage en Algérie, en avril 1895, Jaurès décrit les juifs qui, «par l’usure, l’infatigable activité commerciale et l’abus de l’influence politique, accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois publics (…). Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus» . Son historien «officiel», Gilles Candar, excusera la diatribe par la «fatigue» de son auteur! L’explication, si facile, par le «contexte» ne tient pas: Clemenceau ne tiendra jamais de tels propos. Dans son discours au Tivoli en 1898, Jaurès est plus caricatural encore: «nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, (…) manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion» . Longtemps convaincu de la culpabilité de Dreyfus, qui aurait échappé à la peine capitale grâce «au prodigieux déploiement de la puissance juive», Jaurès dénonce à la tribune de la Chambre la «bande cosmopolite»! Il sera d’ailleurs sanctionné pour ses propos! Après avoir, une dernière fois, souligné que «l’odeur du ghetto est souvent nauséabonde» , Jaurès opère un revirement tardif lors du procès de Zola, assigné en Justice par le Président Félix Faure en représailles du «J’accuse» paru dans L’Aurore. Devenu dreyfusard, Jaurès, le repenti, obtiendra le soutien financier magnanime du banquier Louis Dreyfus pour son journal l’Humanité… Anne Hidalgo envisageait de débaptiser la rue Alain pour les accents antisémites du journal intime du philosophe. Le fera-t-elle aussi pour Jaurès? L’antisionisme est-il aujourd’hui pour les islamo-gauchistes le cache-sexe de l’antisémitisme? La cause palestinienne est en tout cas mal servie! On se souviendra seulement que les enfants de Marx ont pris, comme Edwy Plenel, dans son journal «Rouge», la défense «inconditionnelle» des terroristes de Septembre Noir. Ceux qui, en 1973, aux JO de Munich, ont assassiné onze athlètes israéliens. Un acte «justifié», disait Sartre, parce que c’étaient des soldats. Bernard Carayon
Les socialistes français des années 30 (…) ont voulu éviter un retour de la première guerre mondiale; ils ont refusé de croire que les millions de personnes en Allemagne avaient perdu la tête et avaient soutenu le mouvement nazi. Ils n’ont pas voulu croire qu’un mouvement pathologique de masse avait pris le pouvoir en Allemagne, ils ont voulu rester ouverts à ce que les Allemands disaient et aux revendications allemandes de la première guerre mondiale. Et les socialistes français, dans leur effort pour être ouverts et chaleureux afin d’éviter à tout prix le retour d’une guerre comme la première guerre mondiale, ont fait tout leur possible pour essayer de trouver ce qui était raisonnable et plausible dans les arguments d’Hitler. Ils ont vraiment fini par croire que le plus grand danger pour la paix du monde n’était pas posé par Hitler mais par les faucons de leur propre société, en France. Ces gens-là étaient les socialistes pacifistes de la France, c’était des gens biens. Pourtant, de fil en aiguille, ils se sont opposés à l’armée française contre Hitler, et bon nombre d’entre eux ont fini par soutenir le régime de Vichy et ils ont fini comme fascistes! Ils ont même dérapé vers l’anti-sémitisme pur, et personne ne peut douter qu’une partie de cela s’est reproduit récemment dans le mouvement pacifiste aux Etats-Unis et surtout en Europe. Paul Berman
Les organisations humanitaires et une partie de la gauche occidentale, l’extrême gauche surtout, souffrent d’un complexe post-colonial. Les anciens colonisés sont perçus comme des victimes absolues, pour les uns, comme la force motrice de l’histoire, pour les autres. Ils jouissent d’un droit intangible à la bienveillance morale et au soutien politique, quoi qu’ils disent et quoi qu’ils fassent. Le fanatisme est permis, pourvu qu’il soit tiers-mondiste. La discrimination est justifiée, à condition qu’elle soit pratiquée dans un pays d’Afrique ou d’Asie. Le massacre est excusable, quand il est commis par des États non-européens. On a déjà assisté à cette même veulerie face aux haines, à cette même incapacité à voir le Mal, dans d’autres contextes historiques. Qu’on se souvienne de la complaisance des communistes européens, et notamment français, face à la terreur stalinienne et au goulag. Qu’on se souvienne aussi de l’indulgence de la gauche pacifiste française face à l’Allemagne nazie des années 1930. L’Allemagne était perçue comme victime du militarisme français et du traité de Versailles… Sous l’Occupation, de nombreux collaborateurs enthousiastes, et de très haut rang, proviendront de cette gauche pacifiste et humanitaire. (…) La politique d’apaisement vis-à-vis de l’Iran d’Ahmadinejad est fondée sur la même incompréhension que celle qui fut menée face à Hitler à la fin des années 1930, par l’Angleterre et la France. Ce prétendu réalisme, au nom duquel il faut faire des concessions et pratiquer l’ouverture, procède certes d’un réflexe très humain. Mais il témoigne d’une méconnaissance profonde de l’adversaire. On est en face, dans les deux cas, d’une machine de guerre très habile et très bien organisée, qui connaît et qui exploite fort bien les faiblesses de l’Occident démocratique. Il faut laisser Obama tendre la main à l’Iran, mais il comprendra vite – s’il est intelligent, et je crois qu’il l’est -, à qui il a affaire. Le fait que les États-Unis aient boycotté la conférence est un bon signe, qui confirme qu’ils ne sont pas prêts à accepter n’importe quoi. On peut en revanche regretter que la France n’ait pas saisi qu’il est des endroits où l’on ne va pas. Il est des carnavals de rage et d’absurdité auxquels un pays démocratique se doit de rester étranger. Simon Epstein
J’espère que l’Allemand vaincra ; car il ne faut pas que le général de Gaulle l’emporte chez nous. Il est remarquable que la guerre revient à une guerre juive, c’est-à-dire à une guerre qui aura des milliards et aussi des Judas Macchabées. Alain (Journal, 1940)
M. Moscovici (…) c’est un comportement irresponsable. Ou plus exactement, c’est un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français… qui pense dans la langue de la finance internationale. Voilà.  Jean-Luc Mélenchon
Le seul texte qu’on ait sur le voile en tant que soumission de la femme à l’homme, il est chrétien, c’est Saint Paul qui le tient et qui oblige les femmes à se couvrir pour se soumettre à l’homme. Jean-Luc Mélenchon (2025)
Ce n’est donc pas au nom des usages de nos ancêtres les Gaulois, d’une quelconque culture particulière ou de valeurs prétendument occidentales que je combats le port du voile intégral. Mon point de départ est que le port de ce voile est un traitement dégradant pour la personne qui s’y soumet. Mais je n’oublie pas que, dans les faits, le porter en public n’est en rien une pratique purement personnelle. Il impacte lourdement son environnement. Le voile intégral a une fonction idéologique et politique. La violence symbolique qu’il produit dans l’espace public viole ostentatoirement la norme laïque qui gouverne notre vie sociale commune. Le voile intégral est en effet un moyen pour ses promoteurs d’imposer leur loi “particulière” dans l’espace public, à la place de la loi commune. Dans la logique de ses promoteurs, il s’agit de cette façon de pointer du doigt toutes celles qui ne le portent pas, de jeter sur elles le doute et la suspicion. Le prescripteur se voit par la même reconnaître une domination particulière, au-dessus de la loi. C’est de cette façon qu’ils pensent contraindre un nombre croissant de femmes à une appartenance non consentie et obtenir leur allégeance. Jean-Luc Mélenchon (07.01. 2010)
Il y a une confusion des rôles. Le débat politique ne doit pas aller sur le terrain religieux. Quelqu’un qui participe à une élection doit représenter tout le monde et pas seulement ceux dont il partage les convictions religieuses. C’est une attitude immature et un peu racoleuse qui dit : « A moi les miens ». Pour en revenir à la phrase d’Olivier Besancenot, je crois qu’il y a mille manières d’être féministe, mais cette manière-là est un peu particulière et constitue une régression. Même dans les pays d’origine, cette pratique est combattue par les milieux progressistes. On ne peut pas se dire féministe en affichant un signe de soumission patriarcale. (…) En ce moment, on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes — car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate — et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes. Il faut penser à tous ces gens qui n’ont tout simplement aucune religion. Il y a quelque chose d’unilatéral dans le comportement des religieux. Et si cette jeune femme pense rassembler, elle se trompe : elle divise. Je lui demande de tirer les leçons de l’histoire de France. Non pas parce qu’il s’agit de l’histoire de France, mais parce que nous avons connu trois siècles de guerres de religions. Il ne faut pas être orgueilleux et elle doit apprendre qu’il faut se nourrir des luttes du passé. (…) Pour ma part, je me suis toujours refusé à dire si j’étais croyant ou si je ne l’étais pas. Parce que je ne trouve pas ça respectueux. (…) Ils ont de la chance que ce ne soit pas un intégriste religieux qui ait été désigné ! Ou quelqu’un avec une cornette sur la tête ou qui veuille se promener tout nu ! Au PG, nous en discuterons directement avec l’intéressé. Nous réunirons les instances locales s’il le fallait et nous lui dirions : “C’est inacceptable. Ce n’est pas possible”. Si ça se trouve, cette jeune femme est une très bonne militante. Mais si elle a une conscience politique,c’est sur le terrain politique que ça doit se jouer, avec des arguments. La religion est du domaine de la vérité révélée. On ne peut pas débattre de ce qui relève de la vérité révélée. (…) [Au NPA] Ils se saisissent de tous les moyens pour creuser le fossé, pour se différencier de nous qui sommes d’une gauche laïque, d’une gauche qu’ils savent à cheval sur les principes. Mais ça n’est franchement pas une bonne idée. Tout ça est régressif et, à l’intérieur du NPA, il n’est pas sûr que les camarades marxistes révolutionnaires apprécient… Jean-Luc Mélenchon (sur le cas d’une candidate voilée du Nouveau parti anticapitaliste, 2010)
Je crois que vous vous trompez dans la manière d’aborder le sujet, les amis. C’est ni la question de savoir si on stigmatise, ça, ça me fait rigoler, parce que les gens qui se stigmatisent eux-mêmes, bon, écoutez, la question qui est posée est la suivante. Est-ce que c’est un traitement dégradant, oui ou non ? Si c’est un traitement dégradant, alors c’est interdit, ici c’est la République. (…) C’est ça qui compte, c’est comment on se positionne par rapport à un traitement. Donc moi. je considère que c’est un traitement dégradant, primo. Secondo, je considère que c’est une provocation d’un certain nombre de milieux intégristes contre la République. Et par conséquent, la République a gagné, elle va gagner encore une fois. Ça sera interdit. Et on le fera non seulement pour empêcher une absurdité qui consiste à accepter l’idée, qu’une femme considère qu’elle est un enjeu, un gibier, qu’un homme ne peut la regarder qu’avec un oeil de prédateur, première chose. Et deuxièmement, parce que c’est obscène, cette histoire de burqa, ça part de l’idée que les hommes ne sont que des prédateurs. Et deuxième idée, c’est qu’on donnera un signal au monde entier et aux femmes du monde entier qui se battent contre cette histoire-là. Par conséquent, on interdira. Et peu me chaud qui propose l’interdiction. Jean-Luc Mélenchon (« On est pas couché », France 2, 24.04.2010)
Ce sont les musulmans qui pensent qu’on leur en veut parce qu’ils sont musulmans. Moi, je défends l’idée qu’on a le droit de ne pas aimer l’islam, on a le droit de ne pas aimer la religion catholique et que cela fait partie de nos libertés »… Jean-Luc Mélenchon (11. 2015)
Je conteste le terme d’islamophobie. On a le droit de ne pas aimer l’islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme. Jean-Luc Mélenchon (21.11. 2015)
Je propose de refuser de rencontrer d’état à état ceux qui obligent nos ministres femmes à porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine. Jean-Luc Mélenchon (Je veux une République laïque, proposition 7)
Nous, les Français, nous ne nous faisons pas imposer des signes religieux. Jean-Luc Mélenchon (chaîne catholique KTO, mars 2015)
Je vais vous donner un exemple: les ministres qui mettent des mantilles pour aller voir le pape en tant que ministre de la République française les personnes qui sont obligées de se mettre un voile sur la tête, ou pourquoi pas des gants, pour rencontrer tel ou tel ministre (…) [Marine Le Pen qui à Beyrouth a refusé de mettre un voile pour rencontrer le mufti, j’approuve] Absolument. (…) Nous, les Français nous ne faisons pas imposer des signes religieux. D’autant que si j’ai bien compris ses explications, cette rencontre avait lieu en dehors du lieu de culte et par conséquent, ce monsieur n’avait aucun titre à essayer d’imposer à un Français quel qu’il soit un comportement qui ne convient pas (…) Non, [il faut faire comme les Français à Rome] (…) [ le voile est un signe de soumission] oui, mais je distingue deux choses. Ce que la loi permet ou ne permet pas. La loi n’a pas à imposer une manière de s’habiller dans la rue, à l’exception du voile intégral, que je condamne absolument et je veux interdire. Après, les gens font ce qu’ils veulent que c’est comme ça. Voilà, après il y a la conviction personnelle et donc le devoir d’échanger avec les autres. En tant que militant lié au féminisme, je combats à titre individuel, par la persuasion et le dialogue, pour essayer de dire: “Faites pas ça, c’est pas une bonne idée.” D’autant que si j’en crois ce que me disent mes amis, il n’y a aucune injonction religieuse sur le sujet. Mais vous savez, c’est une question que je connais bien, parce que ma grand-mère, ma mère et ma sœur, lorsque j’étais enfant, tout le monde avait un foulard sur la tête. (…) Et c’étaient des chrétiennes ! (…) non (…) à l’université, nous avons affaire à des adultes. Il y a des pays où c’est interdit. C’est un sujet qui est complexe parce que c’est un signe ostentatoire et il vaut mieux éviter les signes ostentatoires mais de là à commencer à faire une police de l’habillement, on va pas s’en sortir hein. Parce qu’après ça va être les kippas. En même temps, hein, et puis les croix et puis les ceci et puis les cela, et les robes trop longues et les trop courtes, et les cheveux verts et les cheveux rouges, on s’en sort plus. Et vous savez, le peuple français, et les femmes en France, inclus celles qui sont très croyantes. D’abord, un, elles ne sont pas toutes voilées j’ai plusieurs amis qui sont très croyantes qui font leurs cinq prières tous les jours et qui ne sont pas voilées. Et deuxièmement, les autres sont assez ouvertes à la discussion. Donc moi, je plaide pour qu’on arrête de tout dramatiser, mais je donne ma conviction personnelle. Je suis opposé à tous les signes religieux. Alors, ça va depuis la femme qui se rase la tête et se met une perruque par-dessus pour suivre les prescriptions de la Bible à celle qui se met un foulard sur la tête parce que c’est un rapport avec Dieu, paraît-il, et je ne vois pas où Dieu s’intéresserait à un chiffon sur la tête. Mais c’est mon affaire à moi. J’essaie de convaincre. Je ne veux pas imposer ça. Par contre, si c’est le voile intégral, non ça c’est autre chose . (…) Je peux quand même dire une chose ? Les gens en ont plein le dos qu’on nous casse les pieds avec la religion compris, y compris ceux qui sont très croyants. (…) Je suis d’accord pour qu’on me pose la question, mais laissez-moi dire aussi que les gens en ont ras le bol d’être continuellement confrontés à des questions de religion parce que la majorité du peuple français vit tranquillement sa conviction. Jean-Luc Mélenchon (« L’Émission politique », France 2, 23.02.2017)
Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! (…) – STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme. – STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société. – STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur. – STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion. – STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse. Collectif, dont La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon, Libération, 0.11. 2019)
On peut être féministe, laïque et voilée. C’est l’image de notre intégration dans les quartiers. Olivier Besancenot (02.02.2010)
J’ai simplement dit au Figaro, Ilham est la preuve qu’on peut être au NPA et porter le voile. Olivier Besancenot (03.02.2010)
Nous devons reconnaître le caractère révolutionnaire de la pensée paulinienne. Paul marquera profondément l’histoire de l’Occident en fondant un nouveau type de communauté que ne connaissaient ni le judaïsme ni le monde gréco-romain. La société qui se construit ainsi est marquée à la fois par son universalisme – elle est ouverte à tous – et par son pluralisme – elle n’abolit pas les différences entre les personnes, mais considère que ces différences ne créent pas de hiérarchie devant Dieu. L’Antiquité n’a jamais connu de société qui combine d’une telle façon l’universalisme et le pluralisme, l’ouverture à tous et la particularité de chacun. Le type de communauté que fonde Paul se démarque à la foi de l’universalisme centralisateur (empire romain) et du pluralisme discriminatoire (synagogue). Le Dieu de Paul est le Dieu de tous et de chacun. Daniel Marguerat
[L’affirmation de Jean-Luc Mélenchon] C’est une absurdité ! Le texte de saint Paul auquel Jean-Luc Mélenchon fait vaguement allusion, et qu’il s’est bien gardé de relire, est la Première lettre aux Corinthiens, chapitre 11. Paul n’y parle pas de la soumission de la femme à l’homme. Reprenons le contexte historique. Corinthe est un très grand port, à la population très variée, où la prostitution est importante, avec les marins comme clientèle. Or dans le monde gréco-romain, une femme sort de chez elle avec la tête couverte, sauf si c’est une prostituée. Le fait de se couvrir la tête n’est pas spécifiquement chrétien, c’est une habitude gréco-romaine, une manière pour les femmes d’affirmer leur dignité et leur liberté. Rien à voir avec un signe de soumission, au contraire ! (…) [Saint Paul donne des consignes de décence dans les assemblées chrétiennes, à la fois aux hommes et aux femmes] Vraisemblablement parce qu’il a pu naître une certaine négligence chez certaines chrétiennes et certains chrétiens, se disant en substance : nous sommes rachetés, nous sommes sauvés en Christ, nous ne devons pas nécessairement faire dans la liturgie ce qui se fait dans la rue. Et Paul veut tout simplement que l’on suive les règles de conduite habituelles de la société : un homme porte les cheveux courts, une femme porte les cheveux longs et se couvre la tête. Ce sont là des règles sociales, pas des obligations chrétiennes. Au verset 10 – « C’est pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sa dignité » –, Paul dit qu’une femme doit affirmer son « pouvoir » (en grec, exousia) sur sa propre tête : en portant un voile, encore une fois, elle manifeste sa dignité. Aux versets 11 et 12, c’est bien l’égalité qui est exprimée : « Dans le Seigneur, la femme n’est pas sans l’homme, ni l’homme sans la femme. En effet, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme vient au monde par la femme, et tout cela vient de Dieu. » Autrement dit, il y a interdépendance entre l’homme et la femme : chacun a la prééminence à son tour ; en d’autres termes, ils sont différents et égaux. (…) [Ces versets sont révolutionnaires !] Bien sûr.  Ce dont Mélenchon ne se rend pas compte, ou plutôt ce qu’il fait semblant d’ignorer, pour des raisons électoralistes, c’est que l’émancipation de la femme, la présence d’un idéal d’égalité, entre les sexes et entre les individus, le progrès social, la démocratie, sont des expansions et des héritages historiques du christianisme. Comme par hasard, les pays où la démocratie marche sont des pays historiquement marqués par le judéo-christianisme. Et comme par hasard, les pays qui pratiquent le plus l’oppression de la femme sont certains pays musulmans, où la démocratie a du mal à s’installer. Jean-Luc Mélenchon, qui se croit un homme de gauche mais ne l’est plus, est en train de trahir l’héritage de la gauche. Il trahit un héritage de laïcité, et il trahit un héritage de distance critique envers toutes les religions ; il devrait être capable de les critiquer toutes. Or il n’en critique qu’une. Et il est devenu tout à coup très tendre envers une autre, pour des raisons qui n’échappent à personne. (…) Paul n’est absolument pas misogyne. Il est aux antipodes de ces clichés qui traînent un peu partout, et qui sont en contradiction avec le travail historique et la rigueur intellectuelle. Au contraire, ce qui est proclamé dans ses écrits, c’est l’égalité de l’homme et de la femme. Le rapport entre l’homme et la femme, c’est le rapport entre Dieu et le Christ (1 Corinthiens 11, 3). Or selon la tradition chrétienne, Dieu le Père et Dieu le Fils sont consubstantiels, ils sont égaux en majesté, en divinité et en toute-puissance. Beaucoup de gens, et pas seulement Mélenchon, soit ne lisent pas les grands textes, soit les lisent trop vite. Jean-Luc Mélenchon est tout simplement en train d’inverser la réalité. Il dit exactement le contraire de ce qui est vrai. Il suffit de lire les évangiles pour voir à quel point les femmes y sont importantes. Avec Marie pour la naissance de Jésus, avec toutes les femmes que Jésus rencontre sur son chemin, avec les femmes qu’il traite comme des disciples sur le même plan que les hommes, avec la place des femmes auprès de Jésus crucifié, avec le rôle qu’elles jouent comme témoins de la Résurrection… Dans l’Antiquité, je ne vois pas de texte qui donne un rôle aussi important aux femmes que les quatre évangiles. (…)  [Le christianisme a pu générer sa propre négation] Parce qu’il est une affirmation sans précédent de la liberté individuelle. Jésus donne aux gens le choix de le suivre ou de ne pas le suivre. Il leur donne une possibilité de conversion, qu’ils soient riches ou pauvres ; il les valorise en les appelant à la perfection (Matthieu 5, 48). C’est à l’origine de tout ce que nous considérons comme un progrès : la démocratie, la redistribution des biens, la revendication de l’égalité, et l’émancipation des femmes. (…) Je suis tout à fait prêt à croire que certaines musulmanes savent parfaitement ce qu’elles disent, et je respecte profondément leur vie religieuse personnelle. Mais je suis bien obligé de constater que le voile, un peu partout, est exploité par la domination masculine, au nom de l’islam. Je constate que l’oppression de la femme a la vie plus dure dans les pays musulmans que dans les pays chrétiens. Si Jean-Luc Mélenchon ne s’aperçoit pas de cela, alors qu’il est cultivé et intelligent, c’est qu’il est pris par une passion électoraliste. C’est pourquoi il a décidé de taper sur une religion, et de flatter une autre religion. L’histoire le jugera. Jean-Marie Salamito (Sorbonne)

Attention: une soumission peut en cacher une autre !

Devinez qui fort de ses 69% de votes musulmans du 1er tour de la présidentielle de 2022…

Venus opportunément combler la désaffection des électeurs des classes populaires pour la gauche désormais attirés par le Front puis le Rassemblement national …

Est passé en quelques années de farouche défenseur de la laïcité et opposant virulent au port du foulard …

Au champion de la lutte contre la prétendue « islamophobie » …

Et au nom d’un parti dit « de la France insoumise », au soutien du voile comme « soumission à Dieu » …

Et glissant allègrement du plus pur antisémitisme au plus pur antichrisitianisme …

Pousse le contresens jusqu’à attribuer, dans un classique contresens, au christianisme à travers le Juif Paul et à ses lettres de conseils aux églises de Corinthe…

Le rappel de l’obligation de se couvrir la tête pour les femmes comme une forme de « soumission de la femme à l’homme » …

Alors que face à certains chrétiens ayant pris un peu trop rapidement au mot le caractère révolutionnaire du message chrétien d’égalité parfaite de tous devant Dieu …

Celui-ci ne faisait que rappeler les règles d’usages et de décence de la société gréco-romaine de l’époque …

Permettant notamment de distinguer toute femme comme on dit « qui se respectait »…

Des nombreuses filles à marins de la grande ville portuaire de Corinthe ?

Le leader de la France Insoumise a affirmé récemment que le voile musulman serait une marque de soumission à Dieu, et le « voile chrétien » une marque de soumission à l’homme. Ce qui fait bondir Jean-Marie Salamito, professeur d’Histoire du christianisme
antique à Sorbonne Université.
Dans un entretien paru en ligne cette semaine à l’occasion de la traduction en anglais de son livre paru en 2023 Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne, Jean-Luc Mélenchon explique avoir complètement changé d’avis sur le voile islamique. «Le seul texte qu’on ait sur le voile en tant que soumission de la femme à l’homme, il est chrétien, c’est Saint Paul
qui le tient et qui oblige les femmes à se couvrir pour se soumettre à l’homme».
02/07/2025
Que pensez-vous de l’affirmation de Jean-Luc Mélenchon ?
C’est une absurdité ! Le texte de saint Paul auquel Jean-Luc Mélenchon fait vaguement allusion, et qu’il s’est bien gardé de relire, est la Première lettre aux Corinthiens, chapitre 11. Paul n’y parle pas de la soumission de la femme à l’homme. Reprenons le
contexte historique. Corinthe est un très grand port, à la population très variée, où la prostitution est importante, avec les marins comme clientèle. Or dans le monde gréco-romain, une femme sort de chez elle avec la tête couverte, sauf si c’est une prostituée. Le fait de se couvrir la tête n’est pas spécifiquement chrétien, c’est une habitude gréco-romaine, une manière pour les femmes d’affirmer leur dignité et leur liberté. Rien à voir avec un signe de soumission, au contraire !
Saint Paul donne des consignes de décence dans les assemblées chrétiennes, à la fois aux hommes et aux femmes. Pourquoi ?
Vraisemblablement parce qu’il a pu naître une certaine négligence chez certaines chrétiennes et certains chrétiens, se disant en substance : nous sommes rachetés, nous sommes sauvés en Christ, nous ne devons pas nécessairement faire dans la liturgie ce qui se fait dans la rue. Et Paul veut tout simplement que l’on suive les règles de conduite habituelles de la société : un homme porte les cheveux courts, une femme porte les cheveux longs et se couvre la tête. Ce sont là des règles sociales, pas des obligations chrétiennes.
Au verset 10 – « C’est pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sa dignité » –, Paul dit qu’une femme doit affirmer son « pouvoir » (en grec, exousia) sur sa propre tête : en portant un voile, encore une fois, elle manifeste sa dignité. Aux versets 11 et 12, c’est bien l’égalité qui est exprimée : « Dans le Seigneur, la
femme n’est pas sans l’homme, ni l’homme sans la femme. En effet, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme vient au monde par la femme, et tout cela vient de Dieu ».
Autrement dit, il y a interdépendance entre l’homme et la femme : chacun a la prééminence à son tour ; en d’autres termes, ils sont différents et égaux.
Ces versets sont révolutionnaires !
Bien sûr. Ce dont Mélenchon ne se rend pas compte, ou plutôt ce qu’il fait semblant d’ignorer, pour des raisons électoralistes, c’est que l’émancipation de la femme, la présence d’un idéal d’égalité, entre les sexes et entre les individus, le progrès social, la démocratie, sont des expansions et des héritages historiques du christianisme. Comme par hasard, les pays où la démocratie marche sont des pays historiquement marqués par le judéo-christianisme. Et comme par hasard, les pays qui pratiquent le plus l’oppression de la
femme sont certains pays musulmans, où la démocratie a du mal à s’installer. Jean-Luc Mélenchon, qui se croit un homme de gauche mais ne l’est plus, est en train de trahir l’héritage de la gauche. Il trahit un héritage de laïcité, et il trahit un héritage de distance critique envers toutes les religions ; il devrait être capable de les
critiquer toutes. Or il n’en critique qu’une. Et il est devenu tout à coup très tendre envers une autre, pour des raisons qui n’échappent à personne.
On vous répondra, à propos de saint Paul : mais tout le monde sait qu’il est misogyne !
C’est absolument faux ! Je vous renvoie à mon livre Monsieur Onfray au pays des mythes (pages 94-95). Paul n’est absolument pas misogyne. Il est aux antipodes de ces clichés qui traînent un peu partout, et qui sont en contradiction avec le travail historique et la
rigueur intellectuelle. Au contraire, ce qui est proclamé dans ses écrits, c’est l’égalité de l’homme et de la femme. Le rapport entre l’homme et la femme, c’est le rapport entre Dieu et le Christ (1 Corinthiens 11, 3). Or selon la tradition chrétienne, Dieu le Père et Dieu le Fils sont consubstantiels, ils sont égaux en majesté, en divinité et en toute-puissance. Beaucoup de gens, et pas seulement Mélenchon, soit ne lisent pas les grands textes, soit les lisent trop vite. Jean-Luc Mélenchon est tout simplement en train d’inverser la réalité. Il dit exactement le contraire de ce qui est vrai. Il suffit de lire les évangiles pour voir à quel point les femmes y sont importantes. Avec Marie pour la naissance de Jésus, avec toutes les femmes que Jésus rencontre sur son chemin, avec les femmes qu’il traite comme des disciples sur le même plan que les hommes, avec la place des femmes auprès de Jésus crucifié, avec le rôle qu’elles jouent comme témoins de la Résurrection… Dans l’Antiquité, je ne vois pas de texte qui donne un rôle aussi important aux femmes que les quatre évangiles.
Un historien des idées comme Marcel Gauchet l’a écrit il y a quarante ans : le christianisme est la « religion de la sortie de la religion ». Il a pu générer sa propre négation. Pourquoi ?
Parce qu’il est une affirmation sans précédent de la liberté individuelle. Jésus donne aux gens le choix de le suivre ou de ne pas le suivre. Il leur donne une possibilité de conversion, qu’ils soient riches ou pauvres ; il les valorise en les appelant à la perfection (Matthieu 5, 48). C’est à l’origine de tout ce que nous considérons comme un progrès : la démocratie, la redistribution des biens, la revendication de l’égalité, et l’émancipation des femmes.
Le voile des religieuses n’est pas le voile islamique
Jean-Luc Mélenchon dit également que d’après les musulmanes qu’il a rencontrées, le voile des musulmanes n’est pas une soumission à l’homme
mais une soumission à Dieu…
Je suis tout à fait prêt à croire que certaines musulmanes savent parfaitement ce qu’elles disent, et je respecte profondément leur vie religieuse personnelle. Mais je suis bien obligé de constater que le voile, un peu partout, est exploité par la domination masculine, au nom de l’islam. Je constate que l’oppression de la femme a la vie plus dure dans les pays musulmans que dans les pays chrétiens. Si Jean-Luc Mélenchon ne s’aperçoit pas de cela, alors qu’il est cultivé et intelligent, c’est qu’il est pris par une passion
électoraliste. C’est pourquoi il a décidé de taper sur une religion, et de flatter une autre religion. L’histoire le jugera.
Voir aussi:

L’opportunisme en politique : Mélenchon et l’électorat musulman
Marc Knobel
La Règle du jeu
29 avril 2024

L’historien Marc Knobel rappelle quelques déclarations de Jean-Luc Mélenchon, lorsqu’il condamnait le port du voile et de la burqa. A partir de 2017, le chef de LFI change pourtant de stratégie. Pourquoi ?

Depuis quelques semaines, Jean-Luc Mélenchon parade dans les universités, sous le prétexte de commenter l’actualité et de parler de son dernier livre. En vérité, grâce à l’invitation de quelques groupuscules pro-palestiniens et de syndicats étudiants proches de LFI, le chef des insoumis y tient de véritables meetings préélectoraux. Et, même s’il s’agit d’une vieille tradition démocratique et que d’autres hommes politiques s’y sont produits par le passé, on peut se demander pourquoi les facs sont ainsi « réquisitionnées » pour les meetings électoraux de LFI ? Mélenchon occupe donc la scène et ses répartis, les polémiques qui s’en suivent suscitent une large couverture médiatique. De réunion en réunion, Mélenchon prend du temps pour administrer des scuds. Qui pour le contredire ? Personne, dans les amphis. D’ailleurs, ces allocutions sont très théâtrales. Les yeux exorbitants, le ton affermi, la voix grave, gesticulant d’un pas à l’autre, levant le bras, pointant du doigt on ne sait qui, on ne sait quoi, Jean-Luc Mélenchon balance quelques salves savamment distillées. Et, dans les facs ou ailleurs, aux critiques habituelles portées contre le pouvoir et la macronie, s’ajoute un thème central : la lutte contre l’islamophobie. Et, ce thème est l’un des cœurs de la campagne LFI.
Que représente la lutte contre l’islamophobie pour Mélenchon ?
Depuis 2019, pour Mélenchon et LFI, la lutte contre l’islamophobie est une lutte mobilisatrice et porteuse, par excellence. Dans les meetings, lorsqu’il évoque cette question, le public est très attentif. Et, dans les quartiers et les banlieues, ce thème suscite l’intérêt particulier d’un électorat Français de confession musulmane, qui est mal à l’aise. Généralement, des journalistes, les commentateurs et les adversaires politiques de Jean-Luc Mélenchon parlent d’un fonds de commerce électoral et d’un calcul politique, bref, d’opportunisme. Par exemple, ils rappellent que le leader insoumis a fait de la conquête de l’électorat musulman, son atout majeur à la présidentielle de 2022. Ce calcul (politique) s’est-il révélé payant ? Oui, si l’on en croit une étude réalisée par l’IFOP, sur les votes des différents électorats confessionnels pour le quotidien La Croix[1]. Selon cette étude, les électeurs musulmans ont majoritairement voté pour Jean-Luc Mélenchon (69% d’entre eux), au 1er tour de la présidentielle de 2022.
Pourquoi cette concentration des votes des musulmans sur le candidat de LFI, s’interroge l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Parce que celui-ci s’est clairement adressé à la communauté musulmane durant les cinq dernières années (2017-22) au point de se prétendre seul candidat à les défendre contre l’islamophobie dont ils seraient victimes. Il s’agit là du résultat d’une longue campagne dont la stratégie a été déterminée dès 2017 lorsque le candidat à la présidentielle s’est rêvé en finaliste du second tour. Mais il manquait au candidat de la France Insoumise les abstentionnistes et notamment les votes des jeunes urbains et des musulmans pour combler la désaffection des catégories populaires pour les partis de gauche désormais attirés vers le parti de Marine Le Pen[2].
Nous pensons que l’analyse de Bergeaud-Blackler est particulièrement juste, elle est aussi éclairante. Il s’agit donc d’un calcul électoral. Question supplémentaire. Quelle part de sincérité dans ce choix stratégique ? Seul, probablement, Mélenchon le sait-il.
Mais alors, avant 2017, y avait-il un autre Jean-Luc Mélenchon, soucieux de défendre ardemment la laïcité, s’en prenant par exemple, et avec virulence quelquefois, au port du foulard ? Dans cet article, nous avons un objectif, nous proposons à nos lecteurs, une courte mise en perspective historique des déclarations de Jean-Luc Mélenchon, jusqu’en 2017 et depuis. Pour tenter de comprendre ce yo-yo électoraliste.
Prenons quelques exemples
– Le 7 janvier 2010, dans son billet de blog, au sujet du port du voile, Mélenchon, très remonté, écrit : « Ce n’est donc pas au nom des usages de nos ancêtres les gaulois, d’une quelconque culture particulière ou de valeurs prétendument occidentales que je combats le port du voile intégral. Mon point de départ est que le port de ce voile est un traitement dégradant pour la personne qui s’y soumet. Mais je n’oublie pas que, dans les faits, le porter en public n’est en rien une pratique purement personnelle. Il impacte lourdement son environnement. Le voile intégral a une fonction idéologique et politique. La violence symbolique qu’il produit dans l’espace public viole ostentatoirement la norme laïque qui gouverne notre vie sociale commune. Le voile intégral est en effet un moyen pour ses promoteurs d’imposer leur loi “particulière” dans l’espace public, à la place de la loi commune. Dans la logique de ses promoteurs, il s’agit de cette façon de pointer du doigt toutes celles qui ne le portent pas, de jeter sur elles le doute et la suspicion. Le prescripteur se voit par la même reconnaître une domination particulière, au-dessus de la loi. C’est de cette façon qu’ils pensent contraindre un nombre croissant de femmes à une appartenance non consentie et obtenir leur allégeance[3] ».
– Dans une interview accordée à Marianne, le 4 février 2010, Jean-Luc Mélenchon se montre très critique envers le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et Olivier Besancenot, qui avait présenté une candidate voilée aux régionales[4]. Pour Mélenchon (de 2010), « la candidate voilée du NPA relève du racolage ». Que dit-il plus exactement ? « Il y a une confusion des rôles. Le débat politique ne doit pas aller sur le terrain religieux. Quelqu’un qui participe à une élection doit représenter tout le monde et pas seulement ceux dont il partage les convictions religieuses. C’est une attitude immature et un peu racoleuse qui dit : “A moi les miens” ». Il ajoute qu’en ce moment, « on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes – car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate – et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes[5] ».
A la question, la direction du NPA dit se plier à une « décision locale » après « un débat sérieux et complexe ». Au Parti de Gauche, ça ne pourrait pas avoir lieu ?, Mélenchon, catégorique, répond : « Ils ont de la chance que ce ne soit pas un intégriste religieux qui ait été désigné ! Ou quelqu’un avec une cornette sur la tête ou qui veuille se promener tout nu ! Au PG, nous en discuterons directement avec l’intéressé. Nous réunirons les instances locales s’il le fallait et nous lui dirions : “C’est inacceptable. Ce n’est pas possible”. Si ça se trouve, cette jeune femme est une très bonne militante. Mais si elle a une conscience politique, c’est sur le terrain politique que ça doit se jouer, avec des arguments. La religion est du domaine de la vérité révélée. On ne peut pas débattre de ce qui relève de la vérité révélée[6] ».
– Le 24 avril 2010, dans l’émission « On est pas couché », sur France 2, il revient sur la candidature polémique d’une femme voilée sur la liste du NPA pour les régionales. A la dix-septième minute de l’émission, il dit que cette candidature « s’est retournée contre eux (NDLR : le NPA). »
Et, il s’en explique : « Moi je considère que c’est un traitement dégradant et je considère que c’est une provocation d’un certain nombre de milieux intégristes contre la République. Est-ce un traitement dégradant, oui ou non ? Si c’est un traitement dégradant, alors c’est interdit. Ici, c’est la République. » La discussion se poursuit ensuite sur le sujet de la burqa[7] et Mélenchon précise sa pensée. « Moi, je trouve que c’est un traitement très dégradant, primo. Secundo, je considère que c’est une provocation de certains intégristes contre la République (18 min 16 de l’entretien). Par conséquent, la République a gagné. Elle a gagné encore une fois et ce sera interdit[8]. »
Et, il ajoute un peu plus loin, devant Eric Zemmour tout sourire et Caroline Fourest, très attentive, « c’est obscène, cette histoire de burqa. »
– Une semaine après les attentats du 15 novembre 2015 qui avaient ensanglanté les rues de Paris, Jean-Luc Mélenchon conteste le terme d’islamophobie, quoiqu’il disait le comprendre. « Ce sont les musulmans qui pensent qu’on leur en veut parce qu’ils sont musulmans. Moi, je défends l’idée qu’on a le droit de ne pas aimer l’islam, on a le droit de ne pas aimer la religion catholique et que cela fait partie de nos libertés[9]… »
– Sur le plateau de « L’Émission politique », sur France 2, le 23 février 2017, Léa Salamé rappelle à Jean-Luc Mélenchon les propos qu’il avait tenus sur la chaîne KTO, en mars 2015 : « Nous, les Français, nous ne nous faisons pas imposer des signes religieux »[10].
« Est-ce que vous le pensez toujours ? », l’interroge la journaliste. « Bah oui », répond Mélenchon, rappelant son opposition « à tous les signes religieux [ostentatoires] ». Avant de lancer tout de go : « Je ne vois pas où Dieu s’intéresserait à un chiffon sur la tête ». Le leader de La France insoumise va même jusqu’à juger légitime le refus de Marine Le Pen de porter le voile pour rendre visite au mufti à Beyrouth[11].
Mais voilà. Le 1er novembre 2019, une tribune est publiée dans Libération. Elle est intitulée : « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie ! » et elle est signée par une cinquantaine de personnalités, qui appellent à manifester « contre la stigmatisation des musulmans en France ». L’appel est initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans ; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ; le Comité Adama ; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) ; l’Union communiste libertaire (UCL) ; l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et le journaliste Taha Bouhafs.
Les signataires expliquent dans la tribune qu’ils marcheront pour dire :
« – STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.
– STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.
– STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.
– STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.
– STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse[12] ».
La tribune est signée par Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire La France insoumise.
Quel objectif supplémentaire pour Jean-Luc Mélenchon ?
C’est à partir de ce moment que le curseur change profondément et évolue considérablement. Et, depuis, Mélenchon a proposé un mélange de mesures censées attirer les musulmans qui, ajoutées les unes aux autres, peuvent peser lourd dans la balance électorale, comme l’analyse avec justesse l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Elle cite la politique d’emploi, la baisse des impôts, le droit du sol intégral, la lutte « contre toutes les formes de racisme », la protection du voile islamique, le contrôle renforcé des policiers, etc. Le candidat de la France Insoumise n’a eu de cesse de flatter les Français issus de l’immigration, les néo féministes intersectionnelles qui défendent le hijab, ou les mouvements indigénistes. Mais, depuis le 7 octobre 2023, pour séduire un peu plus cet électorat, il ajoute un axe supplémentaire en la défense de la cause palestinienne. Et il y a là un véritable et spectaculaire forcing de la part de Jean-Luc Mélenchon. Car la dénonciation d’Israël est au cœur de cette campagne électorale européenne et de la stratégie électoraliste de LFI, avec des attitudes antisémites et une israélophobie clairement revendiquée.
Dernière question. Si Mélenchon atteint son objectif qui consiste à rassembler autour de lui l’électorat musulman et à le fidéliser durablement, tout en l’essentialisant, déplacera-t-il son curseur, vers un autre objectif ? Sa présence dans les facs me paraît être symptomatique. Rappelons simplement que 46% des établissements universitaires renouvellent leurs instances en 2024 et organisent des élections pour les conseils centraux, puis pour la présidence[13]. LFI est présente dans les facs. C’est là un test supplémentaire. Car, il manquait au candidat Jean-Luc Mélenchon, rappelons-le, le vote des… jeunes urbains. Il lui faut donc redoubler d’efforts. Cependant, toute cette stratégie sera-t-elle payante ? Pour les élections européennes, sûrement pas. Mais, les élections municipales qui auront lieu en 2026 annonceront l’élection présidentielle. Et, il ne me semble pas qu’il faille précipitamment enterrer un stratège aussi opportuniste que Jean-Luc Mélenchon.

[1] https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/04/119082-Rapport.pdf
[2] Florence Bergeaud-Blackler, « Le vote musulman chez Mélenchon et le risque de l’entrisme fondamentaliste », Marianne, 22 avril 2022.
[3] http://www.jean-luc-melenchon.fr/2010/01/07/je-parle-du-voile-integral/
[4] Voir à ce sujet : https://www.liberation.fr/france/2010/02/04/candidate-voilee-du-npa-besancenot-assume-aubry-n-aurait-pas-accepte_608059/
[5] https://www.marianne.net/politique/melenchon-la-candidate-voilee-du-npa-releve-du-racolage
[6] Idem.
[7] Voile intégrale portée par les femmes.
[8] https://www.youtube.com/watch?v=tRXRqA3-cLI
[9] Voir par exemple : https://twitter.com/JLMelenchon/status/668138652552331264?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E668138652552331264%7Ctwgr%5Ea460235b0e27fb29694a469796863356393ca90c%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Fpolitique%2Fla-tres-nette-evolution-de-melenchon-sur-la-question-de-l-islamophobie-10-11-2019-8190327.php
[10] https://www.ktotv.com/video/00071242/jean-luc-melenchon-1
[11] https://www.ouest-france.fr/politique/jean-luc-melenchon/marine-le-pen-refuse-de-porter-un-voile-au-liban-melenchon-la-defend-4818168
[12] https://www.liberation.fr/debats/2019/11/01/le-10-novembre-a-paris-nous-dirons-stop-a-l-islamophobie_1760768/
[13] Voir à ce sujet le dossier de campusmatin.com : « 2024, une année de renouvellement pour les gouvernances universitaires », 21 février 2024.

Voir aussi:

« Soumission à Dieu » : quand Jean-Luc Mélenchon assume avoir «changé son regard» sur le voile islamique
Le leader de la France insoumise a expliqué que, dans l’islam, le voile était un signe de soumission à Dieu et non aux hommes contrairement, selon lui, au christianisme.
Mayeul Aldebert
Le Figaro
1er juillet 2025

C’est de notoriété publique, Jean-Luc Mélenchon a opéré en quelques années, sur la question du voile islamique et de la laïcité, une volte-face complète. En 2010, il qualifiait le voile de «signe de soumission patriarcale». Il affirmait aussi dans une interview à Marianne, au sujet de la candidature d’une femme voilée aux élections régionales pour le NPA, que porter le voile était comme «s’infliger un stigmate».

En 2015, il contestait aussi l’utilisation du terme «islamophobie» et martelait que le voile était «un signe de soumission». Et jusqu’en 2017 encore, lors de sa campagne à l’élection présidentielle, le chef de la France insoumise déclarait avec son sens habituel de la formule : «Je ne vois pas où Dieu s’intéresserait à un chiffon sur la tête».

Dans un très long entretien paru en ligne cette semaine à l’occasion de la traduction en anglais de son livre paru en 2023 Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne, Jean-Luc Mélenchon explique avoir complètement changé d’avis et donne le détail de ce revirement d’opinion. «Le seul texte qu’on ait sur le voile en tant que soumission de la femme à l’homme, il est chrétien, c’est Saint Paul qui le tient et qui oblige les femmes à se couvrir pour se soumettre à l’homme», commence-t-il d’abord, semblant oublier que les épîtres du Nouveau Testament sont difficilement comparables, en raison de leur nature même, puisqu’elles sont des commentaires d’hommes et non la parole de Dieu elle-même, révélée et dictée directement au prophète Mahomet par l’ange Gabriel dans le Coran. C’est notamment pour cette raison que cette seule recommandation de Saint Paul, d’ailleurs seulement dans un contexte de prière, a suscité des interprétations très libres et différentes en plusieurs siècles de christianisme.

«Changé de regard»

«Dans l’islam, j’ai posé la question à des copines qui étaient voilées», dit-il ensuite. «Toutes me disent ’mais tu as rien compris, je ne me soumets pas à l’homme, je me soumets à Dieu et j’attends de mon homme qu’il se soumette aux consignes que Dieu lui a données me concernant, de respect de ceci, de cela’», explique Jean-Luc Mélenchon qui admet que ces «discussions de la vie» ont «changé son regard». «Je me suis dit que c’était des arguments que je pouvais entendre mais par contre qu’il y avait des arguments que je ne pouvais pas entendre, c’est la haine des musulmans», a-t-il aussi poursuivi.

Dans le Coran, seulement deux sourates recommandent aux femmes de se couvrir (31 et 59), demandant notamment aux croyantes en général «de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît» ou présentant le voile comme un moyen «ne pas être offensées», sans cependant mentionner spécifiquement la tête. Le Coran ne mentionne pas non plus le mot «hijab». D’autres textes de la tradition islamique comme certains hadiths, paroles rapportées du prophète Mahomet, donnent davantage de détails. Mais de manière générale, la plupart des écoles musulmanes ont toujours considéré le voile comme une obligation religieuse même si la manière de le porter varie.

«Des fantômes»

En 2019, le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait réaffirmé que «le port du voile est une prescription religieuse» sans cependant s’aventurer sur la justification. Le CFCM dénonçait à cette occasion «l’hystérie islamophobe agressive, voire criminelle qui s’est installée dans notre pays».
«Souvent, nous les Français les plus engagés comme c’était mon cas, considérons que la laïcité est un athéisme d’État», a aussi estimé Jean-Luc Mélenchon dans son entretien. «Ce que n’est pas la laïcité, c’est le prétexte à l’islamophobie, parce que je découvre beaucoup de nouveaux laïques depuis quelque temps, dont la spécialité est l’islamophobie qui est une islamophobie injurieuse», martèle-t-il ensuite.

Un positionnement qui n’étonne plus, mais qui contraste toujours davantage avec celui de l’ancien président du Parti de gauche qui s’opposait notamment en des termes sans équivoque au voile intégral. «Moi je considère que c’est un traitement dégradant et je considère que c’est une provocation d’un certain nombre de milieux intégristes contre la République», disait-il face au chroniqueur de l’émission On n’est pas couché, Éric Zemmour, approbateur. «C’est obscène cette histoire de burqa, ça part de l’idée que les hommes ne sont que des prédateurs», ajoutait-il encore avant de conclure : «Dans ce pays, on va vivre ensemble et on ne se trimballera pas avec des fantômes qui se promènent dans la rue et qui interdisent qu’on les regarde».


Frappes sur l’Iran: Qui comme un lion le fera lever ? (Guess what would have happened, not counting a future nuclear strike, if with its iron dome and pre-emptive strikes, Israel hadn’t stopped 90% of the 1,000 missiles the genocidal mullahs had planned to rain down on Jewish cities and civilians – to finally give the mullahs along with the Russians and the Chinese watching and like Germany and Japan before them the defeat and moment of reckoning they all so desperately need ?)

15 juin, 2025

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ImageImageImageMissiles of Iran | Missile Threat
Interceptions in Tel Aviv after Iran missile attack on IsraelImageThe Size Of An Iranian Missile Intercepted In The Dead Sea : r/interestingasfuck
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ImageSign of Lion in Persepolis (Achaemenid Persian)
Mahmoud Ahmadinejad: In his own words - BBC NewsImage 1 of 1Juda est un jeune lion. Tu reviens du carnage, mon fils! Il ploie les genoux, il se couche comme un lion, Comme une lionne: qui le fera lever? Jacob (Genèse 49:9)
Il se couche comme un lion, comme une lionne: Qui le fera lever? Béni soit quiconque te bénira, et maudit soit quiconque te maudira! Nombres 24: 9
C’est un peuple qui se lève comme une lionne, et qui se dresse comme un lion. Nombres 23: 24
Le lion solaire est l’emblème de la Perse royale et le motif central du drapeau de l’Iran de 1576 à 1979. Le motif remonte à l’époque pré-islamique. La religion de l’Iran de cette époque (Zoroastrisme) considérait le feu comme un élément sacré et le soleil était aussi vénéré. Le motif représente le soleil dans le signe astrologique du lion. Un sabre a été ajouté dans la patte avant dextre du lion au XVIe siècle, il est ici un symbole, rappelant au choix la justice ou le pouvoir guerrier du Shahanshah.( le lion est un emblème héraldique traditionnel de la royauté (…) Avant la présence ottomane, le Shâh Nâmeh, le Livre des rois, un des piliers de la littérature perse, faisait dès le XIe siècle une opposition entre le roi de Perse, qualifié de « soleil de l’Iran » et l’empereur byzantin « lune de l’ouest ». Cette opposition est alors suffisamment ancrée pour qu’opère une identification entre le soleil, porté par un lion, et la Perse.  (…) Le lion solaire est aboli, en tant que symbole représentatif de l’Iran, à la suite de la révolution iranienne de 1979 et remplacé par l’emblème de l’Iran actuel, un monogramme symbolisant Allah.  Wikipedia
Les bombardements israéliens sur l’Iran en juin 2025, nommés par Israël « opération Lion dressé » (hébreu : מבצע עָם כְּלָבִיא ; anglais : Operation Rising Lion) sont une opération militaire menée par l’armée israélienne depuis la nuit du 13 juin 2025 contre de nombreuses cibles iraniennes. Cette opération survient au cours du conflit Iran-Israël commencé en 2024 et des négociations entre l’Iran et les États-Unis visant à trouver un accord sur le programme nucléaire de l’Iran. (…) Le nom de code de l’opération, « Lion qui se dresse », est tiré du livre des Nombres, chapitre 23, verset 24 : « Voici, le peuple se lèvera comme un grand lion, il se dressera comme un jeune lion ; il ne se couchera pas avant d’avoir dévoré sa proie et bu le sang des blessés. » Ce verset est tiré du premier oracle prononcé par Balaam, un devin non israélite, dans lequel il prédit la force et la puissance d’Israël et le compare à un lion invincible et insatiable. (…) Ce nom rappelle aussi le drapeau iranien de l’ancien régime, jusqu’à la Révolution iranienne et la chute du chah en 1979 : « un lion devant un soleil qui se lève figure sur presque tous les drapeaux iraniens entre 1576 et 1979 ». Wikipedia
Ce jour-là, la stratégie de l’Ouest sera caduque, car une unique bombe atomique a le pouvoir de complètement détruire Israël, alors qu’une contre-attaque israélienne ne peut causer que des dégâts mineurs au monde musulman. Ali Akhbar Hashemi Rafsanjani (ancien président de la République islamique, « Journée de Jérusalem », 14 décembre 2001)
Beaucoup de déçus dans la lutte entre le monde islamique et les infidèles ont essayé de rejeter la responsabilité en annonçant qu’il n’est pas possible d’avoir un monde sans les États-Unis et le sionisme. Mais vous savez que ce sont un but et un slogan réalisables. Pour étayer ses propos, le président se réfère à la chute, dans l’histoire récente, de plusieurs régimes que personne ne voyait sombrer. Lorsque notre cher imam (Khomeiny) a annoncé que le régime (du Shah) devait être supprimé, beaucoup de ceux qui prétendaient être politiquement bien informés ont déclaré que ce n’était pas possible. Qui pouvait penser qu’un jour, nous pourrions être témoins de l’effondrement de l’empire de l’Est (Union soviétique) ? L’Imam a annoncé que Saddam devait s’en aller puis a ajouté qu’il s’affaiblirait plus vite que personne ne l’imagine.  L’Imam (Khomeiny) a annoncé que le régime occupant Jérusalem devait disparaître de la page du temps. Ahmadinejad (Conférence du monde sans sionisme, 25 octobre 2005)
L’Imam disait que ce régime qui occupe Jérusalem doit être rayé de la carte. Ahmadinejad (traduction fautive de l’Islamic Republic New Agency)
Cinquante ans se sont écoulés depuis la plus grande erreur de traduction de la guerre froide. Lors d’une réception au Kremlin pour les ambassadeurs occidentaux en 1956, le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev a annoncé : « Nous vous enterrerons. « Ces quatre mots ont été interprétés par les faucons américains comme une preuve de l’agressivité soviétique. Les colombes qui ont fait remarquer que la citation complète donnait un message moins menaçant ont été noyées dans la masse. Khrouchtchev avait en fait dit : « Que vous le vouliez ou non, l’histoire est de notre côté. Nous vous enterrerons. « Il s’agissait d’une vantardise inoffensive sur la victoire éventuelle du socialisme dans la compétition idéologique avec le capitalisme. Il ne parlait pas de guerre. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une déformation similaire des propos du président iranien par la propagande. Demandez à n’importe qui à Washington, Londres ou Tel Aviv s’il peut citer une phrase prononcée par Mahmoud Ahmadinejad et il y a de fortes chances qu’il dise qu’il veut qu’Israël soit « rayé de la carte ». Là encore, il s’agit de quatre mots courts, bien que la déformation soit pire que dans le cas de Khrouchtchev. Les remarques ne sont pas hors contexte. Elles sont fausses, purement et simplement. Ahmadinejad ne les a jamais prononcées. Les locuteurs du farsi ont souligné qu’il avait été mal traduit. Le président iranien citait une ancienne déclaration du premier dirigeant islamiste iranien, feu l’ayatollah Khomeini, selon laquelle « ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps », tout comme le régime du Shah en Iran avait disparu. Il ne menaçait pas militairement. Il appelait à la fin de l’occupation de Jérusalem à un moment donné dans le futur. L’expression « page de temps » suggère qu’il ne s’attendait pas à ce que cela se produise rapidement. Ni Khomeini, lorsqu’il a fait cette déclaration, ni Ahmadinejad, lorsqu’il l’a répétée, n’ont laissé entendre qu’elle était imminente ou que l’Iran participerait à sa réalisation. (…) Citer Ahmadinejad de façon erronée est pire que de sortir Khrouchtchev de son contexte, et ce pour une deuxième raison. Bien que l’Union soviétique ait eu une direction collective, le Russe rondouillard était incontestablement le numéro un, en particulier en matière de politique étrangère. Ce n’est pas le cas du président iranien. The Guardian
Nombreux sont ceux qui ne réalisent pas à quel point les politiques unilatérales de l’Amérique lui ont coûté cher au fil des ans. Non seulement ces politiques ont contribué à inspirer Al-Qaïda, mais elles ont également facilité ses efforts de recrutement et contribué à la montée de l’anti-américanisme dans toute la région.(…) La politique américaine donne à certains individus du monde arabe et islamique des raisons d’attaquer les États-Unis, comme cela s’est produit le 11 septembre 2001. John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt
Les sionistes chrétiens peuvent croire que la prophétie biblique justifie le contrôle juif de toute la Palestine, mais d’autres principes chrétiens – tels que le commandement du Christ d’« aimer son prochain comme soi-même » – sont en contradiction flagrante avec le traitement réservé par Israël à ses sujets palestiniens. (…) Il n’est pas surprenant que la résistance palestinienne ait souvent eu recours au terrorisme, qui est généralement la manière dont les populations soumises ripostent aux puissants occupants. (…) Si l’accusation d’antisémitisme peut être une tactique de dénigrement efficace, elle est généralement sans fondement (…) Il existe un antisémitisme parmi les musulmans européens, dont une partie est provoquée par le comportement d’Israël à l’égard des Palestiniens et dont une autre partie est purement et simplement raciste. John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt
Les faucons affirment (…) que le président Ahmadinejad a déclaré vouloir « rayer Israël de la carte ». Mais cet argument repose sur une mauvaise traduction de ses propos. La traduction juste est qu’Israël « devrait disparaître de la page du temps ». Cette expression (empruntée à un discours de l’ayatollah Khomeiny) n’est pas un appel à la destruction physique d’Israël. Bien que très choquant, son propos n’était pas un appel à lancer une attaque, encore moins une attaque nucléaire, contre Israël. Aucun État sensé ne peut partir en guerre sur la foi d’une mauvaise traduction. John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt
Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’il fut un temps lointain où Israël et l’Iran entretenaient des relations cordiales. Des milliers d’Israéliens vivaient à Téhéran, ils étaient reçus à bras ouverts comme coopérants techniques ou militaires, du fait de leur relation privilégiée avec le Shah. Mais, de son exil en France, l’ayatollah Khomeini, ne cessait de désigner ces deux principaux ennemis : les États-Unis, qu’il appelait le « grand Satan » et Israël dénommé « le petit Satan ». Car Khomeini se dressait en ardeur défenseur de la cause palestinienne et en ennemi d’Israël. Un pays qu’il disait vouloir voir disparaître, afin de libérer également Jérusalem. Or, depuis la révolution iranienne, en Iran, c’est comme un rituel. La foule scande : « Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand »), « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël ». Et, quasiment, toutes les semaines, depuis 1979, officiels du régime, gardiens de la Révolution et Mollahs promettent l’apocalypse aux Israéliens. Cette régularité effrayante de déclarations incendiaires démontre s’il en est la constance du régime dans son intention de porter le fer contre l’État hébreu. Mais, ces éléments agressifs de langage ont plusieurs significations. 1) Ces éléments de langage sont distillés régulièrement afin de préparer psychologiquement la population à la guerre, même si le régime est très contesté et fragilisé en Iran. 2) Les Mollahs font aussi référence à la religion. « Allah » est imploré régulièrement pour le détruire. Du reste, l’appel à la destruction d’Israël est présenté comme un vœu, un dessin ou un plan d’ordre divin. Les émissions à la radio et à la télévision saupoudrent ces mots assassins en utilisant une phraséologie, des concepts, des images, des phrases qui puisent dans l’imaginaire complotiste et antisémite, depuis le Moyen-âge, jusqu’aux nazis. D’ailleurs, les Israéliens ne sont jamais nommés en tant que tels, mais comme des « sionistes », ou des Juifs et Israël est qualifié de « tumeur », de « cancer », de « maladie ». Ces qualifications renforcent l’impression que le « mal » devrait être combattu durement, comme on combattrait une maladie dégénérative. 3) La promotion d’une rhétorique nationaliste, y compris via un pan-chiisme régional peut faire ressortir des énergies nationales en pointant le doigt vers l’ennemi extérieur. 4) L’Iran désire être une puissance régionale de premier rang, disposant de réseaux et d’alliés susceptibles d’accroître son influence (Hezbollah libanais, Chiites d’Irak, Houthis du Yémen…). Un ennemi commun, Israël. 5) Parce que l’Iran est déterminé à devenir le porte-voix du monde musulman, à préempter le leadership des masses appauvries et en colère. L’Iran, champion de la lutte contre l’ennemi sioniste, face aux régimes renégats tels l’Egyptien et le Jordanien. Et comme l’explique l’essayiste et géopolitologue Frédéric Encel, dans ses différentes analyses, l’avantage escompté est aussi de saper l’assise populaire de ces régimes arabes sunnites hostiles à l’Iran (et à ses alliés chiites) en les faisant passer pour « vendus » au sionisme et traîtres à la cause palestinienne. Dans ces conditions, quoi de mieux que de distiller son venin et d’appeler constamment à la destruction d’Israël ? (…) A la fin de l’année 2005 et tout au long de l’année 2006, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad multiplie les déclarations provocatrices contre Israël et les appels à la destruction de ce pays. (…) En juin 2008, Ahmadinejad assure que « le germe de la corruption [Israël] sera effacé de la surface de la Terre ». En juin 2008 encore, à l’approche de l’anniversaire des 60 ans de l’État d’Israël, le président iranien continue de tenir un discours violemment antisémite, comparant Israël à un « poisson mort », à un « cadavre puant » et le qualifiant de « faux régime » qui, « du point de vue des nations de la région, n’existe pas ». Il affirme en outre « qu’Israël sera effacé de la carte du monde » et que « le jour viendra où les musulmans le déracineront ». D’autres hauts responsables iraniens font écho aux déclarations d’Ahmadinejad. Notamment, le Guide suprême Ali Khamenei qui qualifie Israël de « faux régime imposé » à la région. (…) Les déclarations intempestives se poursuivent par la suite, sans interruption. Elles sont toutes marquées par une incroyable violence. (…) En janvier 2018, le représentant du Guide suprême iranien Ali Khamenei en Irak, Mojtaba Hosseini déclare : Israël, cette « tumeur cancéreuse », sera extirpée dans quelques années. (…) En mars 2018, l’Iran inaugure un « Festival du Sablier » pour célébrer « l’effondrement imminent » d’Israël, sur la base d’un « plan » secret de la République islamique annoncé en 2015, pour détruire l’État juif dans les 25 ans. (…) Le 8 juin 2018, à l’occasion de l’Eid Al-Fitr, Ali Khamenei, le guide suprême, lors d’un discours devant des officiels du régime iranien et des ambassadeurs de pays musulmans en Iran :« Le problème du régime sioniste est qu’il est illégitime, et que c’est un régime qui repose sur un mensonge. Il sera certainement détruit par la réussite de Dieu et l’effort des peuples musulmans. Le 3 juin 2018, Ali Khamenei déclare : ‘Notre position contre Israël est celle que nous avons toujours défendue. Israël est une tumeur maligne cancéreuse dans la région de l’Asie occidentale qui doit être retirée et éradiquée. Cela est possible et cela se produira ». En mai 2019, lors d’une conférence avec des étudiants, Ali Khamenei, déclare que les jeunes du pays seront témoins de « la mort des ennemis de l’humanité’ : ‘Vous, la jeune génération, pouvez être sûrs que vous serez témoin de la mort de l’humanité, c’est-à-dire de la dégénérescence de la civilisation américaine et de la mort d’Israël’. (…) Le 30 septembre 2019, le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, déclare que « ce régime sinistre doit être éliminé de la carte et ceci n’est plus un idéal ou un rêve, mais un but à portée de main ». En juin 2020, dans un message publié à l’occasion de la Journée annuelle d’al-Quds, les Gardiens de la Révolution de l’Iran expriment l’espoir que la destruction d’Israël soit proche : « Les Gardiens de la Révolution ont exprimé l’espoir, comme deux dirigeants de la Révolution islamique l’ont promis, que la fin du régime sioniste sera proche et que tous les médias du monde diffuseront bientôt la nouvelle des prières de l’Ayatollah Khamenei au lieu saint Quds et que la région émergera sans le régime sioniste et les Etats-Unis ». (…)  Le 13 février 2019, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a publié un « communiqué au 40ème anniversaire de la Révolution islamique ». Il était adressé à la jeune génération iranienne et il énonçait les lignes directrices des objectifs à atteindre au cours des quarante prochaines années, période dénommée « la seconde phase de la Révolution islamique ». (…) aujourd’hui le défi est de renforcer la puissante présence iranienne aux frontières du régime sioniste, de chasser l’influence illégitime de l’Amérique du Moyen-Orient, de consolider le soutien de la République islamique aux combattants palestiniens au cœur des territoires occupés [Israël], et de défendre le drapeau ondulant du Hezbollah et de la résistance [islamique] dans toute cette région ». Cette perspective a été réalisée en partie. D’ailleurs, il est probable que l’épouvantable pogrom organisé par le Hamas, le 7 octobre 2024, n’aurait pu se produire sans l’assentiment des Iraniens. Enfin, la poursuite du programme nucléaire iranien fait courir non seulement un risque de course à l’armement nucléaire au Moyen-Orient, mais Israël s’inquiète légitimement de la prochaine acquisition de l’arme atomique par un régime qui menace de le « rayer de la carte ». Dans ces conditions, personne ne devrait tolérer que ce pays accède à des capacités nucléaires. Marc Knobel
L’Iran a utilisé beaucoup moins de munitions que prévu dans sa réponse à Israël parce que les FDI ont détruit et endommagé des lanceurs de missiles et des silos que l’Iran prévoyait d’utiliser en représailles contre Israël. Ceci est cohérent avec l’observation de CTP-ISW selon laquelle la dégradation des capacités de représailles de l’Iran était l’un des objectifs des premières frappes israéliennes du 12 juin. Deux membres du CGRI ont déclaré au New York Times que l’Iran avait initialement prévu de lancer 1 000 missiles balistiques sur Israël en réponse aux frappes israéliennes sur l’Iran. L’Iran n’a toutefois lancé qu’environ 200 missiles balistiques sur Israël en six vagues d’attaque. Les membres du CGRI ont déclaré que les frappes israéliennes sur les bases de missiles iraniens « ont rendu impossible le déplacement rapide des missiles depuis leur lieu de stockage et leur placement sur des rampes de lancement ». Les images satellite montrent que les FDI ont endommagé les bases de missiles d’Amand et du sud-ouest de Tabriz. La base de missiles d’Amand, située au nord de Tabriz, stockerait des missiles balistiques de moyenne portée Ghadr. L’Iran a déjà utilisé des missiles Ghadr lors de ses attaques d’avril et d’octobre 2024 contre Israël. La base de missiles du sud-ouest de Tabriz stockerait des missiles de type Shahab. Les FDI ont confirmé séparément qu’elles avaient frappé la deuxième base aérienne tactique de l’armée de l’air d’Artesh à Tabriz. L’armée israélienne a déclaré avoir détruit la base aérienne Artesh de Tabriz. La base aérienne d’Artesh aurait stocké des missiles sol-air SA-6 Gainful, ce qui suggère qu’Israël a détruit la base afin que les Artesh ne puissent pas défendre les bases de missiles proches de la base contre les frappes israéliennes. La base de missiles d’Amand est située à environ 11 miles de la deuxième base aérienne tactique de l’armée de l’air d’Artesh. Les images satellite montrent également que les frappes israéliennes ont endommagé la base de missiles souterraine de Bakhtaran (Panj Pelleh) à Kermanshah et le site Ghadir du Corps des gardiens de la révolution islamique à Téhéran. La base de missiles souterraine de Bakhtaran (Panj Pelleh) stockerait des missiles balistiques Qiam-1 et Fateh-110. Un expert en prolifération de missiles a déclaré que le site de Ghadir pourrait être lié à l’intégration des missiles Kheibar Shekan et Fattah. L’Iran a déjà utilisé des missiles Kheybar Shekan lors de ses attaques d’avril et d’octobre 2024 contre Israël. Depuis les premières frappes israéliennes du 12 juin, l’Iran a mené six vagues d’attaques de missiles balistiques visant Israël depuis le territoire iranien. L’Iran a également lancé au moins deux vagues de drones d’attaque à sens unique visant Israël. La plupart des impacts de missiles balistiques iraniens ou d’intercepteurs israéliens se sont produits dans le district de Tel Aviv. Au moins 10 intercepteurs, éclats d’obus ou missiles balistiques ont frappé la région de Tel Aviv, causant des dommages à des immeubles de grande hauteur, plus de 60 blessés et un mort. L’impact d’un missile balistique au sud de Tel Aviv, à Rishon LeZion, a tué deux civils israéliens, blessé 20 personnes et endommagé des maisons. L’IDF a déclaré que les défenses aériennes israéliennes n’ont pas intercepté au moins 10 des 200 missiles balistiques qui étaient sur la trajectoire pour frapper des zones peuplées. CTP-ISW n’a pas observé d’impact de drone au moment de la rédaction de ce rapport. Les FDI ont déclaré le 14 juin que les attaques iraniennes n’avaient pas endommagé « la capacité et la continuité fonctionnelle » de leurs bases. Les médias d’État iraniens sont incités à exagérer le succès de l’attaque et peuvent diffuser des informations trompeuses, notamment en affirmant que les attaques de missiles balistiques ont tué des membres importants de la structure de commandement militaire israélienne ou frappé des sites militaires importants à Tel-Aviv. La CTP-ISW n’a pas observé de preuves à l’appui de ces affirmations. (…) Israël a estimé que l’Iran pourrait disposer d’un arsenal de 8 000 missiles balistiques d’ici deux ans, selon un responsable du renseignement israélien non spécifié qui s’est entretenu avec un journaliste de Fox News. Selon les estimations américaines et israéliennes, l’Iran disposait d’environ 2 000 missiles avant la campagne aérienne israélienne. Ce décompte ne fait pas la différence entre les missiles balistiques à moyenne portée, qui peuvent atteindre Israël, et les missiles balistiques à courte ou courte portée, qui pourraient frapper les bases américaines dans le golfe Persique, mais pas Israël. Ces derniers mois, des rapports occidentaux ont indiqué que l’Iran développait sa capacité industrielle pour fabriquer davantage de missiles. (…) Le 14 juin, les FDI ont annoncé qu’elles avaient tué neuf scientifiques nucléaires iraniens de haut niveau. Les FDI ont affirmé que ces scientifiques étaient des figures centrales du programme nucléaire iranien. Les médias iraniens ont confirmé le 14 juin que les FDI avaient tué les trois scientifiques nucléaires suivants : Ali Bakaei Karimi : spécialiste du nucléaire. Les FDI ont déclaré que Karimi était un « spécialiste en mécanique ». Mansour Asgari : Ancien chef de recherche de l’Organisation iranienne d’innovation et de recherche défensives (SPND). Il a participé aux travaux liés aux armes nucléaires iraniennes dans le cadre du projet Amad, notamment les détonateurs à soudure par faisceau d’électrons (EBW). Les États-Unis ont sanctionné Asghari en 2019. Le projet Amad était le programme d’armes nucléaires de l’Iran avant 2003. Saeed Borji : Expert en explosifs et en métaux pour le groupe Shahid Karimi du SPND, lié à l’acquisition de systèmes de confinement d’explosifs. Les États-Unis ont sanctionné Borji en 2019. En plus de frapper les infrastructures nucléaires et militaires, Israël a mené une campagne de décapitation visant les dirigeants militaires iraniens. Les frappes israéliennes ont tué de hauts responsables militaires : Le général de brigade Golam Reza Mehrabi, adjoint du service de renseignement de l’état-major des forces armées. Le général de brigade adjoint Mehdi Rabbani, conseiller du guide suprême iranien, Ali Shamkhani. Les FDI ont annoncé avoir tué Shamkhani le 13 juin. Les FDI ont pris Shamkhani pour cible le 12 juin. Shamkhani a supervisé les négociations nucléaires iraniennes avec les États-Unis. Il a été secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de 2013 à 2023. M. Shamkhani a dirigé la délégation iranienne lors des pourparlers de 2023 avec l’Arabie saoudite, sous l’égide de la Chine, qui ont permis de rétablir les liens diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Selon des informations non vérifiées, Israël aurait pris pour cible l’usine d’enrichissement de combustible de Fordow. Les FDI ont causé des dommages « limités » non précisés à l’usine d’enrichissement de combustible de Fordow. Le site de Fordow est particulièrement protégé contre les frappes, car une grande partie de l’installation est profondément enterrée. Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a confirmé le 13 juin que les frappes des FDI avaient causé des dommages « limités » à certaines parties de l’usine d’enrichissement de combustible de Fordow et à des entrepôts du Centre de technologie nucléaire d’Ispahan (ENTC). M. Kamalvandi a affirmé que l’Iran avait déplacé à l’avance des « équipements clés » hors de plusieurs installations nucléaires, ce qui a permis d’éviter des destructions et des contaminations plus importantes. Ali Shamkhani, ancien conseiller du guide suprême iranien aujourd’hui décédé, avait déclaré en avril 2025 que l’Iran pourrait transférer de l’uranium enrichi dans des « lieux sûrs et inconnus » si les menaces extérieures et la pression militaire se poursuivaient. La déclaration de M. Kamalvandi concernant les dommages subis par l’usine de Fordow concorde avec des informations antérieures non vérifiées selon lesquelles les FDI auraient pris pour cible l’usine d’enrichissement de combustible de Fordow. Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré le 13 juin que le gouvernement iranien avait informé l’AIEA qu’Israël avait pris pour cible les installations de Fordow. Le 13 juin, M. Grossi a également déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies que les frappes israéliennes avaient détruit l’installation d’enrichissement en surface de Natanz. Les médias iraniens ont rapporté le 13 juin qu’une frappe israélienne avait tué un colonel de l’Artesh et un soldat sur le site de défense aérienne de Hazrat-e Masoumeh, dans la province de Qom, qui protège l’installation nucléaire de Fordow. Le site de défense aérienne, également connu sous le nom de Groupe de défense aérienne de Fordow, se trouve à environ 16 km à l’est de l’usine d’enrichissement de combustible de Fordow (FFEP). Le commandant de la défense aérienne de Khatam ol Anbia, le général de brigade Alireza Sabahi Fard, avait déjà inspecté le site le 16 avril afin d’évaluer son état de préparation opérationnelle. Certains partenaires et mandataires de l’Iran au sein de l’axe de la résistance n’ont pas réussi à intervenir de manière significative et à imposer des coûts à Israël pour avoir ciblé l’Iran jusqu’à présent. Le 13 juin, les FDI ont intercepté trois drones lancés depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis. Les Houthis ont également tiré un missile balistique en direction d’Israël plus tôt dans la journée. Les défenses aériennes israéliennes ont intercepté tous les projectiles des Houthis. Les attaques de drones et de missiles balistiques des Houthis ne constituent pas une inflexion ou une nouvelle contrainte pour la bande passante de la défense aérienne israélienne, car les Houthis frappent régulièrement Israël avec des drones et des missiles depuis novembre 2024. Ces attaques limitent davantage la bande passante de la défense aérienne israélienne lorsqu’elles sont combinées à des attaques iraniennes, bien sûr. Des combattants probables du Hamas ont lancé deux roquettes depuis la bande de Gaza en direction d’Israël qui n’a pas dépassé le périmètre de la clôture de la bande de Gaza le 14 juin. Le Hezbollah libanais n’a pas participé au conflit à l’heure où nous écrivons ces lignes. Ces groupes ont tous publié des déclarations générales condamnant les frappes israéliennes le 13 juin ». ISW
Un des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech (2005)
Taiwan est un des rares problèmes stratégiques qui puisse provoquer une guerre mondiale aussi sûrement que l’Alsace-Lorraine au début du siècle dernier. Thérèse Delpech
Le XXe siècle n’est pas encore terminé en Asie et ni la guerre froide ni même la Seconde Guerre mondiale n’ont dit leur dernier mot dans cette région. Thérèse Delpech
Quand une prétendue superpuissance mondiale comme la Russie mendie des drones à l’Iran, se tourne vers la Corée du Nord pour des obus d’artillerie et regarde sa flotte de la mer Noire être démantelée par un pays sans marine, on sait que quelque chose cloche. Avant 2022, l’armée russe se vantait d’être la deuxième seulement après les États-Unis. Aujourd’hui — comme le dit l’amère plaisanterie — elle est la deuxième plus forte en Ukraine. Donald Trump veut négocier une fin à la guerre russo-ukrainienne. Mais pour qu’un cessez-le-feu ne se retourne pas comme une calamité encore plus grande, Moscou doit accepter une dure vérité : mettre fin à sa guerre de conquête criminelle n’est pas une concession, mais une inévitabilité qui servira l’intérêt même de la Russie. Il vient d’annoncer une campagne de pression maximale pour contenir l’Iran et devrait appliquer la même politique musclée pour freiner le revanchisme de Moscou. Le Kremlin projetait autrefois avec confiance ses ambitions de recolonisation de l’Ukraine — plus maintenant. Le colosse russe révèle ses pieds d’argile. L’économie ne se serre plus la ceinture ni n’entre dans un surrégime de guerre ; elle ressemble plutôt à une bruyante bombe à retardement. L’inflation a grimpé à 9,5 % l’an dernier, presque le triple du taux américain, alimentée par des dépenses militaires irresponsables. Mais ces chiffres doivent être pris avec des pincées de sel. (…) À juste titre pour un État que feu John McCain qualifiait autrefois de « station-service déguisée en pays », la Russie dépend des ventes de pétrole brut pour boucler son budget. Là aussi, le dernier coup de filet américain contre la flotte fantôme de Moscou a fait exploser les coûts d’expédition et réduire le nombre d’acheteurs volontaires. De nouvelles recherches ont révélé que le complexe militaro-industriel de Moscou est soutenu par une stratégie de financement à double fond. En gros, de la poudre de perlimpinpin. (…) Tout ne va pas bien non plus sur le front. En seulement sept mois, les pertes militaires russes ont atteint près de 300 000 tués ou blessés — presque l’équivalent des deux années précédentes combinées. Sans surprise, Moscou peine à maintenir ses effectifs. Les estimations de recrutement, entre 500 et 600 soldats par jour, ne couvrent que la moitié des remplacements nécessaires. Pendant ce temps, la tactique russe d’assaut à la « hachoir à viande » a porté les pertes quotidiennes moyennes à un stupéfiant 1 570 en décembre 2024 — tout cela pour des gains territoriaux minimes. Le Kremlin propose maintenant un effacement de dette sans précédent allant jusqu’à 10 millions de roubles ($94 500) comme incitation aux recrues : une tentative désespérée d’éviter une nouvelle mobilisation impopulaire qui pourrait déclencher une émigration massive et des troubles domestiques. Sommes-nous sur le point de voir un effondrement imminent de l’économie russe ou de ses capacités de guerre ? Non, mais je peux dire avec confiance que ce dont la Russie a besoin maintenant, c’est une défaite. Celles de l’Allemagne et du Japon ont été leur salut. Il en pourrait être de même pour la Russie. Dieu sait qu’elle n’a pas besoin de plus de territoire, mais d’un moment de rétribution. Il est temps de montrer que le monde libre est prêt à se défendre, sans crainte de gagner. Le Kremlin aime à suggérer — ou menacer ouvertement — l’usage d’armes apocalyptiques. Mais si nous cédons à ce chantage, Moscou y verra un signe de faiblesse, rendant des confrontations nucléaires futures presque inévitables. L’histoire nous enseigne que la paix se gagne non par le repli, mais par la résolution. La dissuasion, c’est la capacité plus la crédibilité. Si l’Amérique perd cette dernière, la première n’aura plus d’importance. Une réalité sous-estimée est que nous craignions autrefois ce que Moscou pourrait faire en cas de défaite — mais maintenant Poutine nous a donné un indice. Après le retrait humiliant de la Russie de Syrie, où elle soutenait les Assad depuis les années 1970, le président russe a simplement déclaré son alignement sur le droit international et le respect de la souveraineté. Le contrôle du Kremlin sur l’espace informationnel est total et complet. Lorsque les troupes russes quitteront l’Ukraine, Moscou présentera ça pareillement comme une victoire. La Seconde Guerre mondiale a été la dernière guerre d’agression alimentée par des illusions impériales — et facilitée par l’apaisement — à dégénérer en catastrophe globale. Ne répétons pas cette erreur. Alors que Poutine bombe le torse, l’économie russe faiblit, son armée s’étiole de jour en jour et son influence mondiale diminue. Ronald Reagan s’est autrefois tenu devant le mur de Berlin et a appelé Gorbatchev à l’abattre. Aujourd’hui, nous devons appeler Poutine à arrêter son agression et à se retirer d’Ukraine. Il est temps de donner une chance à la paix par la force, et de rappeler aux va-t’en-guerre qu’envahir ses voisins ne mène nulle part. Andrew Chakhoyan (07.02.2025)

Regarde ce qu’ils ont fait à mes 1 000 missiles, Ma !

Devinez ce qui se serait passé…

Sans compter une future frappe nucléaire …

Si avec son dôme de fer et à ses frappes préventives…

Le Lion de Juda redressé appelant lui-même au réveil du Lion solaire perse d’avant les mollahs …

N’avait pas arrêté 90 % des 1 000 missiles …

Que ces derniers et leur longue tradition de projets proprement génocidaires

Avaient prévu de faire pleuvoir sur les villes et les civils juifs ?

Mais aussi pour prolonger la brillante analyse il y a quatre mois du chercheur ukrainio-américain Andrew Chakhoyan

Qui aurait pu imaginer il y a à peine un an qu’à l’instar de la totalement inattendue chute des 50 ans de règne à poigne d’Assad …

Et de l’humiliant retrait de la Haute volta avec des fusées devenue, selon le mot de McCain, station-service gérée par une mafia dégusée en pays …

Israël et les États-Unis auraient osé enfin porter un coup aussi brillant et fatal …

Contre un régime au seuil nucléaire tel que l’Iran après 46 ans d’intimidation de son propre peuple, de son voisinage et du monde entier…

Pour peut-être donner enfin à la Russie et aux Russes et la Chine qui regarde comme l’Allemagne et le Japon avant eux…

La défaite et le moment de rétribution dont ils ont tous si cruellement besoin ?

Iran Update Special Report, June 14, 2025, Morning Edition

Andie Parry, Ben Rezaei, Avery Borens, Kelly Campa, Annika Ganzeveld, and Brian Carter

The Critical Threats Project (CTP) at the American Enterprise Institute and the Institute for the Study of War (ISW) will be publishing two updates per day while conditions in the Middle East warrant it. Our updates will provide insights into the ongoing strike on Iran’s nuclear facilities, military infrastructure, and key military and nuclear program leadership. We will prioritize covering Iranian and Iranian-sponsored activities in response to the attacks that threaten US forces and interests.

We will produce two updates per day while conditions in the Middle East warrant it. This first update covers events between 2:00 PM ET on June 13 and 6:00 AM ET on June 14. The second update will cover events between 6:00 AM ET and 6:00 PM ET on June 14.

Key Takeaways

  • Iran has used significantly fewer munitions in its response to Israel than originally planned because the IDF destroyed and damaged missile launchers and silos that Iran planned to use to retaliate against Israel. This is consistent with CTP-ISW’s observation that degrading Iran’s retaliatory capabilities was one objective of the initial Israeli strikes on June 12.
  • The Israel Defense Forces (IDF) has continued to strike Iranian air defense systems to maintain air superiority over Iran.
  • Supreme Leader Ali Khamenei appointed Brigadier General Majid Mousavi to replace Brigadier General Amir Ali Hajji Zadeh as the Islamic Revolutionary Guards Corps (IRGC) Aerospace Force commander. The IRGC Aerospace Force oversees the Iranian missile and drone programs and led the Iranian attacks against Israel in April and October 2024.
  • Iran has conducted six waves of ballistic missile attacks targeting Israel from Iranian territory since the initial Israeli strikes on June 12. At least 10 interceptors, shrapnel, or ballistic missiles struck the Tel Aviv area, causing damage to high-rise buildings, over 60 injuries, and one death.
  • The IDF has reportedly continued to target Iranian military targets. Some of these strikes—but not all—seek to degrade Iran’s retaliatory capabilities.

Iran has used significantly fewer munitions in its response to Israel than originally planned because the IDF destroyed and damaged missile launchers and silos that Iran planned to use to retaliate against Israel. This is consistent with CTP-ISW’s observation that degrading Iran’s retaliatory capabilities was one objective of the initial Israeli strikes on June 12. Two IRGC members speaking to the New York Times stated that Iran originally planned to launch 1,000 ballistic missiles at Israel in response to the Israeli strikes on Iran.[1] Iran only launched around 200 ballistic missiles at Israel in six attack waves, however.[2] The IRGC members stated that Israeli strikes on Iranian missile bases ”made it impossible to move missiles quickly from storage and place them on launchpads.”[3] Satellite imagery shows that the IDF damaged the Amand and Southwest Tabriz missile bases.[4] The Amand Missile Base, which is located north of Tabriz, reportedly stores Ghadr medium-range ballistic missiles.[5] Iran previously used Ghadr missiles in its April and October 2024 attacks on Israel.[6] The Southwest Tabriz Missile Base reportedly stores Shahab-variant missiles.[7] The IDF separately confirmed that it struck the Artesh Air Force 2nd Tactical Airbase in Tabriz.[8] The IDF reported that it destroyed the Tabriz Artesh airbase.[9] The Artesh airbase reportedly stored SA-6 Gainful surface-to-air missiles, which suggests that Israel destroyed the base so that the Artesh could not defend missile bases near the base against Israeli strikes.[10] The Amand Missile Base is located around 11 miles away from the Artesh Air Force 2nd Tactical Airbase.[11]

Satellite imagery also shows that Israeli strikes damaged the Bakhtaran (Panj Pelleh) underground missile base in Kermanshah and the IRGC Ghadir Site in Tehran.[12] The Bakhtaran (Panj Pelleh) underground missile base reportedly stores Qiam-1 and Fateh-110 ballistic missiles.[13] A missile proliferation expert stated that the Ghadir Site could be related to Kheibar Shekan and Fattah missile integration.[14] Iran previously used Kheybar Shekan missiles in its April and October 2024 attacks on Israel.[15]

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Iran has conducted six waves of ballistic missile attacks targeting Israel from Iranian territory since the initial Israeli strikes on June 12.[16] Iran has also launched at least two waves of one-way attack drones targeting Israel.[17] Most Iranian ballistic missiles or Israeli interceptor impacts occurred in Tel Aviv District.[18] At least 10 interceptors, shrapnel, or ballistic missiles struck the Tel Aviv area, causing damage to high-rise buildings, over 60 injuries, and one death.[19] A ballistic missile impact south of Tel Aviv in Rishon LeZion killed two Israeli civilians, injured 20, and damaged homes.[20] The IDF said that Israeli air defenses did not intercept at least 10 of the 200 ballistic missiles that were on trajectory to hit populated areas.[21] CTP-ISW has not observed any drone impacts at the time of this writing.[22] The IDF said on June 14 that Iranian attacks have not damaged the ”capability and functional continuity” of IDF bases.[23] Iranian state media is incentivized to exaggerate the success of the attack and may spread misleading information, including claims that ballistic missile attacks killed senior members of the Israeli military command structure or struck important military sites in Tel Aviv.[24] CTP-ISW has not observed evidence that supports these claims.

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The IDF has reportedly continued to target Iranian military targets. Some of these strikes—but not all—seek to degrade Iran’s retaliatory capabilities. Unverified reports claim that the IDF struck several Iranian military sites between June 13 and 14.[25] The reported sites include a naval base near Abadan, Khuzestan Province, a 216th Armored Brigade ammunition depot in Zanjan, Zanjan Province, and an IRGC missile base in Kermanshah.[26]

Israel assessed that Iran could have an arsenal of 8,000 ballistic missiles within two years, according to an unspecified Israeli intelligence official speaking to a Fox News journalist.[27] US and Israeli estimates were that Iran had about 2,000 missiles prior to the Israeli air campaign. This count does not differentiate between medium-range ballistic missiles, which can reach Israel, and short- or close-range ballistic missiles, which could strike US bases in the Persian Gulf but not Israel. Western reports in recent months have indicated that Iran has been expanding its industrial capacity to build more missiles.[28]

The Israel Defense Forces (IDF) has continued to strike Iranian air defense systems to maintain air superiority over Iran.[29] A Fox News correspondent reported on June 14 that the IDF has struck 40 Iranian air defense systems since the start of the Israeli air campaign on June 12, citing a senior Israeli intelligence official.[30] The IDF struck dozens of targets, including air defense systems, in Tehran overnight between June 13 and 14.[31] Israeli Air Force Commander Major General Tomer Bar stated that the strikes “improve [Israel’s] air superiority and freedom of action in Iran.”[32] Air superiority, which falls between air parity and air supremacy, means a friendly force can operate without « prohibitive » interference from the opposing force.[33] Tomer Bar also stated that “the road to Iran has been paved” thanks to the destruction of Iranian air defense systems.[34] CTP-ISW previously noted that the destruction of components of Iran’s air defense network will cause a temporary disruption to Iranian defenses that will enable Israeli 4th-generation, non-stealthy aircraft to operate in Iranian airspace with greater ease.[35]

Supreme Leader Ali Khamenei appointed Brigadier General Majid Mousavi to replace Brigadier General Amir Ali Hajji Zadeh as the Islamic Revolutionary Guards Corps (IRGC) Aerospace Force commander.[36] Mousavi previously served as the deputy commander of the IRGC Aerospace Force.[37] The IRGC Aerospace Force oversees the Iranian missile and drone programs and led the Iranian attacks against Israel in April and October 2024. The United States and the United Kingdom previously sanctioned Mousavi in 2024 for his role in developing the Iranian ballistic missile program.[38] Iranian media reported that Mousavi worked closely with Hajji Zadeh and Hassan Tehrani Moghaddam, who spearheaded the Iranian missile program, to establish missile bases across Iran.[39] Mousavi has also supported the development of Iran’s drone and space programs.[40] Khamenei previously appointed three senior military commanders to replace Armed Forces General Staff Chief Major General Mohammad Bagheri, IRGC Commander Major General Hossein Salami, and Khatam ol Anbia Central Headquarters Commander Major General Gholam Ali Rashid on June 13.[41]

The IDF reported on June 14 that it had killed nine senior Iranian nuclear scientists.[42] The IDF claimed these scientists were central figures in Iran’s nuclear program. Iranian media confirmed on June 14 that the IDF killed the following three nuclear scientists:[43]

  • Ali Bakaei Karimi: Nuclear specialist. The IDF said that Karimi was a “mechanics specialist.”[44]
  • Mansour Asgari: Former Iranian Organization of Defensive Innovation and Research (SPND) research chief. He was involved in Iran’s nuclear weapons-related work under the Amad Project, including Electron Beam Welding (EBW) detonators. The United States sanctioned Asghari in 2019.[45] The Amad Project was Iran’s nuclear weapons program before 2003.
  • Saeed Borji: Explosives and metals expert for SPND’s Shahid Karimi Group, linked to procurement for explosive containment. The United States sanctioned Borji in 2019.[46]

In addition to striking nuclear and military infrastructure, Israel has conducted a decapitation campaign targeting Iranian military leadership.[47] Israeli strikes have killed the senior military officials:

  • Intelligence of the Armed Forces General Staff Deputy Brigadier General Golam Reza Mehrabi.[48]
  • Operational of the Armed Forces General Staff Deputy Brigadier General Mehdi Rabbani
  • Iranian Supreme Leader Adviser Ali Shamkhani

The IDF announced it had killed Shamkhani on June 13.[49] The IDF targeted Shamkhani on June 12.[50] Shamkhani oversaw Iranian nuclear negotiations with the United States.[51] Shamkhani was the Supreme National Security Council Secretary from 2013 to 2023.[52] Shamkhani led Iran’s delegation in the 2023 China-brokered talks with Saudi Arabia that restored Iran-Saudi diplomatic ties.[53]

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There are unverified reports claiming Israel targeted the Fordow Fuel Enrichment Plant.[54] The IDF caused unspecified “limited” damage to the Fordow Fuel Enrichment Plant. The Fordow site is especially hardened against strikes, as much of the facility extends deep underground. Atomic Energy Organization of Iran Spokesperson Behrouz Kamalvandi confirmed on June 13 that the IDF strikes caused “limited” damage to parts of the Fordow Fuel Enrichment Plant and warehouses at the Esfahan Nuclear Technology Center (ENTC).[55] Kamalvandi claimed that Iran had moved “key equipment” out of several nuclear facilities in advance, which prevented more extensive destruction and contamination.[56] Now-deceased former Iranian Supreme Leader Adviser Ali Shamkhani previously stated in April 2025 that Iran could move enriched uranium to “safe and unknown locations” if external threats and military pressure continue.[57] Kamalvandi’s statement about some damage at Fordow aligns with earlier unverified reports claiming the IDF reportedly targeted the Fordow Fuel Enrichment Plant. International Atomic Energy Agency (IAEA) Director General Rafael Grossi stated on June 13 that the Iranian government informed the IAEA that Israel targeted the Fordow facilities.[58] Grossi also told the UN Security Council on June 13 that Israeli strikes destroyed the above-ground enrichment facility in Natanz.

Iranian media reported on June 13 that an Israeli strike killed one Artesh colonel and one soldier at the Hazrat-e Masoumeh air defense site in Qom Province, which protects the nuclear facility at Fordow.[59] The air defense site, also known as the Fordow Air Defense Group, sits roughly 16 km east of the Fordow Fuel Enrichment Plant (FFEP).[60] Khatam ol Anbia Air Defense Commander Brigadier General Alireza Sabahi Fard previously inspected the site on April 16 to assess operational readiness.[61]

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Some of Iran’s partners and proxies in the Axis of Resistance have failed to meaningfully intervene and impose costs on Israel for targeting Iran so far. The IDF intercepted three drones launched from Houthi-controlled areas of Yemen on June 13.[62] The Houthis also fired one ballistic missile targeting Israel earlier in the day.[63] Israeli air defenses intercepted all Houthi projectiles.[64] Houthi drone and ballistic missile attacks are not an inflection or new constraint on air defense bandwidth for Israel because the Houthis have regularly struck Israel with drones and missiles since November 2024.[65] These attacks do further constrain Israeli air defense bandwidth when combined with Iranian attacks, of course. Likely Hamas fighters launched two rockets from the Gaza Strip targeting Israel that did not advance past the fence perimeter of the Gaza Strip on June 14.[66] Lebanese Hezbollah has not participated in the conflict at the time of this writing. These groups all released generic statements condemning the Israeli strikes on June 13.[67]

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[1] https://www.nytimes.com/2025/06/13/world/middleeast/iran-israel-strikes-nuclear-talks.html

[2] https://t.me/moriahdoron/22845

[3] https://www.nytimes.com/2025/06/13/world/middleeast/iran-israel-strikes-nuclear-talks.html

[4] https://x.com/fab_hinz/status/1933655208581607763

[5] https://israel-alma.org/the-irgc-ballistic-missile-threat-in-tabriz/

[6] https://israel-alma.org/the-irgc-ballistic-missile-threat-in-tabriz/ ; https://www.washingtonpost.com/world/2024/10/05/iran-missiles-attack-israel-deterrence/ ;

https://www.washingtonpost.com/world/2024/04/17/iran-israel-attack-drones-missiles/

[7] https://www.youtube.com/watch?v=SVfx7QvDTio

[8] https://x.com/idfonline/status/1933617389813576131

[9] https://x.com/idfonline/status/1933617389813576131

[10] https://israel-alma.org/the-irgc-ballistic-missile-threat-in-tabriz/

[11] https://israel-alma.org/the-irgc-ballistic-missile-threat-in-tabriz/

[12] https://x.com/trbrtc/status/1933640388138426458 ; https://israel-alma.org/wp-content/uploads/2024/11/Islamic-Revolutionary-Guard-Corps-Aerospace-Force-IRGC-ASF.pdf ;

https://x.com/fab_hinz/status/1933655208581607763

[13] https://israel-alma.org/wp-content/uploads/2024/11/Islamic-Revolutionary-Guard-Corps-Aerospace-Force-IRGC-ASF.pdf

[14] https://x.com/fab_hinz/status/1933655208581607763

[15] https://www.jpost dot com/middle-east/iran-news/article-857688#:~:text=During%20the%20April%202024%20attack,featured%20multiple%20systems%20as%20well. ;

[16] https://x.com/idfonline/status/1933588036950032792 ; https://x.com/manniefabian/status/1933594900437541199 ; https://x.com/idfonline/status/1933646974189711707 ; https://x.com/idfonline/status/1933701297108062333 ; https://x.com/idfonline/status/1933707911668039854 ; https://x.com/idfonline/status/1933711499102404952

[17] https://x.com/idfonline/status/1933519690531291488 ; https://x.com/idfonline/status/1933757754214330709

[18] https://t.me/moriahdoron/22858 ; https://x.com/idfonline/status/1933707911668039854 ; https://x.com/idfonline/status/1933709304403800355 ; https://x.com/JoeTruzman/status/1933711969363915198 ; https://x.com/JoeTruzman/status/1933709092822159659 ; https://x.com/manniefabian/status/1933711872194150847

[19] https://www.timesofisrael dot com/iran-launches-barrages-of-ballistic-missiles-at-israel-hits-buildings-in-countrys-center/

[20] https://t.me/moriahdoron/22856 ; https://www dot timesofisrael.com/iran-launches-barrages-of-ballistic-missiles-at-israel-hits-buildings-in-countrys-center/

[21] https://t.me/moriahdoron/22845 ; https://t.me/moriahdoron/22863

[22] https://t.me/moriahdoron/22754 ; https://x.com/manniefabian/status/1933521599765819897

[23] https://t.me/moriahdoron/22845

[24] https://x.com/mehrnews_ir/status/1933605174091665800 ; https://x.com/PTVBreaking1/status/1933607984543781108 ;

[25] https://x.com/BabakTaghvaee1/status/1933821524504383653 ; https://x.com/DanLinnaeus/status/1933849778221441415 ; https://x.com/IranIntlbrk/status/1933752302407405838 ; https://x.com/Vahid/status/1933714062057066834

[26] https://x.com/BabakTaghvaee1/status/1933821524504383653 ; https://x.com/DanLinnaeus/status/1933849778221441415 ; https://x.com/IranIntlbrk/status/1933752302407405838 ; https://x.com/Vahid/status/1933714062057066834

[27] https://x.com/TreyYingst/status/1933855416955392010

[28] https://www.axios.com/2025/06/12/israel-strike-iran-response-witkoff ; https://www.wsj.com/world/iran-orders-material-from-china-for-hundreds-of-ballistic-missiles-1e874701 ;

[29] https://x.com/idfonline/status/1933860865557549340

[30] https://x.com/TreyYingst/status/1933855683109163030

[31] https://x.com/idfonline/status/1933764330454913407

[32] https://x.com/idfonline/status/1933764330454913407

[33] https://www.doctrine.af.mil/Portals/61/documents/AFDP_3-01/3-01-AFDP-COUNTERAIR.pdf pp.2.

[34] https://www.reuters.com/world/middle-east/israel-iran-launch-more-barrages-israel-aims-wipe-out-tehrans-nuclear-program-2025-06-13/

[35] https://understandingwar.org/backgrounder/iran-update-special-edition-israeli-strikes-iran-june-13-2025-200-pm-et

[36] https://x.com/IranNuances/status/1933823938892870084

[37] https://www.sharghdaily dot com/%D8%A8%D8%AE%D8%B4-%D8%B3%DB%8C%D8%A7%D8%B3%D8%AA-6/1021274-%D8%B3%D8%B1%D8%AF%D8%A7%D8%B1-%D8%B3%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D8%AC%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D9%88%D8%B3%D9%88%DB%8C-%DA%A9%DB%8C%D8%B3%D8%AA

[38] https://www.gov.uk/government/news/uk-and-partners-respond-to-irans-transfer-of-ballistic-missiles-to-russia ;

https://ir.usembassy.gov/u-s-imposes-sanctions-on-contributors-to-irans-uav-and-missile-programs/

[39] https://www.sharghdaily dot com/%D8%A8%D8%AE%D8%B4-%D8%B3%DB%8C%D8%A7%D8%B3%D8%AA-6/1021274-%D8%B3%D8%B1%D8%AF%D8%A7%D8%B1-%D8%B3%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D8%AC%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D9%88%D8%B3%D9%88%DB%8C-%DA%A9%DB%8C%D8%B3%D8%AA

[40] https://www.sharghdaily dot com/%D8%A8%D8%AE%D8%B4-%D8%B3%DB%8C%D8%A7%D8%B3%D8%AA-6/1021274-%D8%B3%D8%B1%D8%AF%D8%A7%D8%B1-%D8%B3%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D8%AC%DB%8C%D8%AF-%D9%85%D9%88%D8%B3%D9%88%DB%8C-%DA%A9%DB%8C%D8%B3%D8%AA

[41] https://understandingwar.org/backgrounder/iran-update-special-edition-israeli-strikes-iran-june-13-2025

[42] https://idf dot il/298627

[43] https://www.isna dot ir/news/1404032415823

[44] https://idf dot il/298627

[45] https://www.iranwatch.org/iranian-entities/mansur-asgari

[46] https://www.iranwatch.org/iranian-entities/said-borji

[47] https://x.com/idfonline/status/1933875784248074415

[48] https://www.entekhab dot ir/fa/news/871348/

[49] https://x.com/idfonline/status/1933875784248074415

[50] https://x.com/farnazfassihi/status/1933381278457573534

[51] https://www.nytimes.com/2025/06/13/world/middleeast/iran-military-generals-killed-israel.html

[52] https://x.com/fresh_sadegh/status/1886536424968872098 ;

https://www.cnn.com/2025/06/13/middleeast/israel-iran-strikes-military-deaths-intl-hnk

[53] https://www.cnn.com/2025/06/13/middleeast/israel-iran-strikes-military-deaths-intl-hnk

[54] https://x.com/farnazfassihi/status/1933553339083768101

[55] https://www.isna dot ir/news/1404032415643/

[56] https://www.isna dot ir/news/1404032415643/

[57] https://x.com/alishamkhani_ir/status/1910293913664971035

[58] https://www.axios.com/2025/06/14/iran-nuclear-facilities-fordow-israel-strike

[59] https://www.hamshahrionline dot ir/news/954745/

[60] https://understandingwar.org/backgrounder/iran-update-april-16-2025 ; https://www.unitedagainstnucleariran.com/irans-nuclear-program-overview#:~:text=Khondab%20Heavy%20Water%20Production%20Plant,currently%20under%20construction%20in%20Arak

[61] https://defapress dot ir/fa/news/738881

[62] https://x.com/manniefabian/status/1933709446544285753

[63] https://x.com/idfonline/status/1933563526682923342 ; https://x.com/idfonline/status/1933568664785088767

[64] https://x.com/manniefabian/status/1933709446544285753 ; https://x.com/idfonline/status/1933568664785088767

[65] https://english.alarabiya dot net/News/middle-east/2024/11/11/houthis-fired-missiles-targeting-military-base-in-area-of-israel-s-tel-aviv-spokesperson- ; https://www.middleeasteye.net/news/houthis-claim-missile-attack-israels-ben-gurion-airport ; https://www.understandingwar.org/backgrounder/iran-update-june-5-2025

[66] https://x.com/manniefabian/status/1933797143451447536 ; https://x.com/idfonline/status/1933790117799604603

[67] https://understandingwar.org/backgrounder/iran-update-special-edition-israeli-strikes-iran-june-13-2025-200-pm-et

Voir aussi:

L’Iran veut « rayer Israël de la carte »
Marc Knobel
La Règle du jeu
14 avril 2024

L’historien Marc Knobel remonte brièvement le temps et rappelle quelques déclarations incendiaires de Mollahs et d’officiels iraniens, lorsqu’ils promettent la destruction d’Israël.

Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’il fut un temps lointain où Israël et l’Iran entretenaient des relations cordiales. Des milliers d’Israéliens vivaient à Téhéran, ils étaient reçus à bras ouverts comme coopérants techniques ou militaires, du fait de leur relation privilégiée avec le Shah. Mais, de son exil en France, l’ayatollah Khomeini, ne cessait de désigner ces deux principaux ennemis : les États-Unis, qu’il appelait le « grand Satan » et Israël dénommé « le petit Satan ». Car Khomeini se dressait en ardeur défenseur de la cause palestinienne et en ennemi d’Israël. Un pays qu’il disait vouloir voir disparaître, afin de libérer également Jérusalem. Or, depuis la révolution iranienne, en Iran, c’est comme un rituel. La foule scande : « Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand »), « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël ». Et, quasiment, toutes les semaines, depuis 1979, officiels du régime, gardiens de la Révolution et Mollahs promettent l’apocalypse aux israéliens. Cette régularité effrayante de déclarations incendiaires démontre s’il en est la constance du régime dans son intention de porter le fer contre l’État hébreu.

Mais, ces éléments agressifs de langage ont plusieurs significations.

1) Ces éléments de langage sont distillés régulièrement afin de préparer psychologiquement la population à la guerre, même si le régime est très contesté et fragilisé en Iran.

2) Les Mollahs font aussi référence à la religion. « Allah » est imploré régulièrement pour le détruire. Du reste, l’appel à la destruction d’Israël est présenté comme un vœu, un dessin ou un plan d’ordre divin. Les émissions à la radio et à la télévision soupoudrent ces mots assassins en utilisant une phraséologie, des concepts, des images, des phrases qui puisent dans l’imaginaire complotiste et antisémite, depuis le moyen-âge, jusqu’aux nazis. D’ailleurs, les israéliens ne sont jamais nommés en tant que tels, mais comme des « sionistes », ou des Juifs et Israël est qualifié de « tumeur », de « cancer », de « maladie ». Ces qualifications renforcent l’impression que le « mal » devrait être combattu durement, comme on combattrait une maladie dégénérative.

3) La promotion d’une rhétorique nationaliste, y compris via un pan-chiisme régional peut faire ressortir des énergies nationales en pointant le doigt vers l’ennemi extérieur.

4) L’Iran désire être une puissance régionale de premier rang, disposant de réseaux et d’alliés susceptibles d’accroître son influence (Hezbollah libanais, Chiites d’Irak, Houthis du Yémen…). Un ennemi commun, Israël.

5) Parce que l’Iran est déterminé à devenir le porte-voix du monde musulman, à préempter le leadership des masses appauvries et en colère. L’Iran, champion de la lutte contre l’ennemi sioniste, face aux régimes renégats tels l’égyptien et le jordanien. Et comme l’explique l’essayiste et géopolitologue Frédéric Encel, dans ses différentes analyses, l’avantage escompté est aussi de saper l’assise populaire de ces régimes arabes sunnites hostiles à l’Iran (et à ses alliés chiites) en les faisant passer pour « vendus » au sionisme et traîtres à la cause palestinienne. Dans ces conditions, quoi de mieux que de distiller son venin et d’appeler constamment à la destruction d’Israël ?

Alors, dans ce court article, nous proposons de remonter brièvement le temps et sans être aucunement exhaustif, citons ici quelques déclarations incendiaires de Mollahs et d’officiels iraniens qui promettent de détruire Israël.

De 2005 à 2010, les appels à la destruction d’Israël

A la fin de l’année 2005 et tout au long de l’année 2006, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad multiplie les déclarations provocatrices contre Israël et les appels à la destruction de ce pays.

– Dans une émission télévisée diffusée le 11 juillet 2006, Mahmoud Ahmadinejad avertit les pays occidentaux de ne pas soutenir Israël, parce que « la colère des peuples musulmans ne s’arrêtera pas aux frontières de notre région. »

Voici un extrait de la déclaration de Mahmoud Ahmadinejad :
« Aujourd’hui, il a été prouvé que les sionistes ne sont pas uniquement opposés à l’islam et aux musulmans. Ils sont contre l’humanité dans son ensemble. Ils seraient prêts à sacrifier les régimes occidentaux pour leurs propres intérêts. Je l’ai dit à Téhéran et je le redis ici. Je le dis aux dirigeants de certains pays occidentaux : cessez d’appuyer ces êtres corrompus. Voyez comme la colère des peuples musulmans s’accumule. La colère des peuples musulmans pourrait bientôt exploser. Si ce jour arrive, les ondes de cette explosion ne s’arrêteront pas aux frontières de notre région. Elles atteindront assurément les forces corrompues qui soutiennent ce faux régime. »

– Le 12 juillet 2006, Mahmoud Ahmadinejad prévient les pays soutenant Israël :
« Ceux qui aident le régime (israélien) deviendront partenaires du génocide et des autres actions illégales commises dans les territoires occupés (…) Le régime sioniste a été créé par la répression et la terreur, et la poursuite de ses crimes ne fera qu’accélérer sa chute[1] ».

– Le même mois, dans une conversation téléphonique avec le président syrien Bachar Al-Assad, le président iranien déclare :
« Si le régime qui occupe Jérusalem commet le crime stupide d’attaquer la Syrie, cela équivaudra à une attaque contre tout le monde islamique. Ce régime devra (alors) faire face à une réaction encore plus dure (…) Les attaques insensées (d’Israël) révèlent la faiblesse extrême et l’impotence de ce faux régime, qui conduiront à sa proche destitution[2] ».

– En février 2008, Mahmoud Ahmadinejad met en garde les pays qui soutiendraient les sanctions contre l’Iran et déclare : Israël est un « sale microbe noir[3] ».

– En avril 2008, Mohammad Reza Ashtiani, commandant dans l’armée iranienne, avertit que « l’Iran éradiquera Israël s’il ose entreprendre une opération [militaire] contre le pays. »

– En juin 2008, Ahmadinejad assure que « le germe de la corruption [Israël] sera effacé de la surface de la Terre[4]. »

– En juin 2008 encore, à l’approche de l’anniversaire des 60 ans de l’État d’Israël, le président iranien continue de tenir un discours violemment antisémite, comparant Israël à un « poisson mort », à un « cadavre puant » et le qualifiant de « faux régime » qui, « du point de vue des nations de la région, n’existe pas ». Il affirme en outre « qu’Israël sera effacé de la carte du monde » et que « le jour viendra où les musulmans le déracineront[5] ».

D’autres hauts responsables iraniens font écho aux déclarations d’Ahmadinejad. Notamment, le Guide suprême Ali Khamenei qui qualifie Israël de « faux régime imposé » à la région.

– En septembre 2008, Mahmoud Ahmadinejad déclare :
« J’ai entendu (…) que l’idée de “grand Israël” est morte. Je voudrais dire que l’idée de “petit Israël” est morte aussi. La notion même d’Israël est morte (…) le peuple [palestinien], sur la défensive, doit résister, même si c’est contre des innocents qui ont été amenés sur la scène sans comprendre ce qui leur arrivait[6] »

Les déclarations intempestives se poursuivent par la suite, sans interruption. Elles sont toutes marquées par une incroyable violence. Poursuivons ce florilège. Cette fois, dès 2018, sans être exhaustif.

Détruire Israël, quelques déclarations iraniennes depuis 2018

– En janvier 2018, le représentant du Guide suprême iranien Ali Khamenei en Irak, Mojtaba Hosseini déclare : Israël, cette « tumeur cancéreuse », sera extirpée dans quelques années[7].

– Le 25 février 2018, le haut-responsable iranien Mohsen Rezai menace d’anéantir Tel-Aviv si Israël prend « la moindre mesure » contre l’Iran[8].

– En mars 2018, l’Iran inaugure un « Festival du Sablier » pour célébrer « l’effondrement imminent » d’Israël, sur la base d’un « plan » secret de la République islamique annoncé en 2015, pour détruire l’État juif dans les 25 ans[9].

– En octobre 2018, le haut responsable iranien Hossein Amir-Abdollahian menace de « raser entièrement Tel-Aviv et Haïfa[10] ».

– Le 8 juin 2018, à l’occasion de l’Eid Al-Fitr, Ali Khamenei, le guide suprême, lors d’un discours devant des officiels du régime iranien et des ambassadeurs de pays musulmans en Iran :
« Le problème du régime sioniste est qu’il est illégitime, et que c’est un régime qui repose sur un mensonge. Il sera certainement détruit par la réussite de Dieu et l’effort des peuples musulmans[11] ».

– Le 3 juin 2018, Ali Khamenei déclare :
« Notre position contre Israël est celle que nous avons toujours défendue. Israël est une tumeur maligne cancéreuse dans la région de l’Asie occidentale qui doit être retirée et éradiquée. Cela est possible et cela se produira[12] ».

– En mai 2019, lors d’une conférence avec des étudiants, Ali Khamenei, déclare que les jeunes du pays seront témoins de « la mort des ennemis de l’humanité » :
« Vous, la jeune génération, pouvez être sûrs que vous serez témoin de la mort de l’humanité, c’est-à-dire de la dégénérescence de la civilisation américaine et de la mort d’Israël[13] ».

– En juin 2019, l’officiel Hassan Rahimpour Azghadi déclare que les Iraniens, ont soutenu le Hamas et le Djihad islamique et que dans vingt-cinq ans Israël ne sera plus[14].

– Le 5 juillet 2019, Mojtaba Zonnour, responsable iranien de la sécurité nationale, membre du Conseil suprême iranien de la révolution culturelle, déclare :
« Si l’Amérique attaque, nous détruirons Israël en moins d’une demi-heure et couleront le porte-avion américain[15]. »

– Le 30 septembre 2019, le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, déclare que « ce régime sinistre doit être éliminé de la carte et ceci n’est plus un idéal ou un rêve, mais un but à portée de main[16] ».

– En juin 2020, dans un message publié à l’occasion de la Journée annuelle d’al-Quds, les Gardiens de la Révolution de l’Iran expriment l’espoir que la destruction d’Israël soit proche :
« Les Gardiens de la Révolution ont exprimé l’espoir, comme deux dirigeants de la Révolution islamique l’ont promis, que la fin du régime sioniste sera proche et que tous les médias du monde diffuseront bientôt la nouvelle des prières de l’Ayatollah Khamenei au lieu saint Quds et que la région émergera sans le régime sioniste et les Etats-Unis[17] ».

– Le 3 avril 2024, le guide suprême déclare qu’Israël serait « giflé » après les frappes aériennes qui lui sont imputées sur l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, dans laquelle ont péri lundi sept Gardiens de la Révolution :
« La défaite du régime sioniste à Gaza se poursuivra et ce régime sera proche du déclin et de la dissolution[18] ».

Le régime des Mollahs, une menace existentielle pour Israël ?

Le 13 février 2019, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a publié un « communiqué au 40ème anniversaire de la Révolution islamique ». Il était adressé à la jeune génération iranienne et il énonçait les lignes directrices des objectifs à atteindre au cours des quarante prochaines années, période dénommée « la seconde phase de la Révolution islamique ».

A cette occasion, Ali Khamenei écrivait :
« Aujourd’hui, comme à l’aube de la révolution [en 1979], l’Iran doit relever des défis face à l’arrogance [l’Occident, dirigé par les Etats-Unis], mais avec une différence significative : si le défi d’alors vis-à-vis de l’Amérique était de couper la main des agents étrangers [en Iran], de fermer les ambassades du régime sioniste à Téhéran, ou d’exposer le nid d’espions [de l’Amérique, à savoir l’ambassade américaine à Téhéran], aujourd’hui le défi est de renforcer la puissante présence iranienne aux frontières du régime sioniste, de chasser l’influence illégitime de l’Amérique du Moyen-Orient, de consolider le soutien de la République islamique aux combattants palestiniens au cœur des territoires occupés [Israël], et de défendre le drapeau ondulant du Hezbollah et de la résistance [islamique] dans toute cette région[19] ».

Cette perspective a été réalisée en partie. D’ailleurs, il est probable que l’épouvantable pogrom organisé par le Hamas, le 7 octobre 2024, n’aurait pu se produire sans l’assentiment des Iraniens. Enfin, la poursuite du programme nucléaire iranien fait courir non seulement un risque de course à l’armement nucléaire au Moyen-Orient, mais Israël s’inquiète légitimement de la prochaine acquisition de l’arme atomique par un régime qui menace de le « rayer de la carte ». Dans ces conditions, personne ne devrait tolérer que ce pays accède à des capacités nucléaires.


[1] En juillet 2005, une garnison militaire était ouverte en Iran pour recruter et entraîner des volontaires pour des « opérations martyres » selon le commandant de la garnison, Mohammad-Reza Djafari. « Un des buts de notre organisation et de repérer les individus qui cherchent le martyre dans la société et ensuite de les recruter et de les organiser, afin que, si Dieu le veut, au bon moment lorsque le commandant-en-chef des forces armées du pays [l’ayatollah Khamenei] en donnera l’ordre, ils pourront entrer en scène et exécuter leurs missions », ajoute Djafari. « L’imam [Khomeiny] disait il y a des années qu’il faut effacer Israël de la face de la terre, mais jusqu’à présent des mesures pratiques n’ont pas été prises pour le mettre en œuvre ». « Notre garnison doit repérer, recruter, organiser et entraîner des personnes qui cherchent le martyre à être capable de matérialiser cet objectif. Tout délai dans l’accomplissement de la stratégie de l’imam et du guide suprême dans ce domaine ne sera pas à l’avantage de l’islam ou de la révolution. » « Les Etats-Unis devraient savoir que nous avons des armes nucléaires, mais elles sont dans le cœur de nos poseurs de bombes ». Le texte complet de l’interview originale de Djafari (en persan) se trouvait sur un site hebdomadaire : www.partosokhan.ir/283/page08.pdf

[2] IRNA (agence de presse de la République Islamique), 13 juillet 2006.

[3] Idem.

[4] https://www.memri.org/tv/iranian-president-mahmoud-ahmadinejad-warns-countries-against-supporting-sanctions-and-declares

[5] IRINN, Iran, 2 juin 2008. IRINN (Islamic Republic of Iran News Network) est une chaîne d’information en continu iranienne.

[6] https://www.memri.org/reports/ahmadinejad-israel-dead-fish-and-stinking-corpse-zionist-regime-will-be-wiped-european

[7] http://memri.fr/2018/01/31/le-representant-du-guide-supreme-iranien-khamenei-en-irak-mojtaba-hosseini-israel-cette-tumeur-cancereuse-sera-extirpee-dans-quelques-annees/

[8] http://memri.fr/2018/02/25/le-haut-responsable-iranien-mohsen-rezai-menace-daneantir-tel-aviv-si-israel-prend-la-moindre-mesure-contre-liran/

[9] https://fr.timesofisrael.com/une-nouvelle-fete-iranienne-celebre-la-destruction-prevue-disrael-dici-2040/

[10] http://memri.fr/2018/10/28/le-haut-responsable-iranien-hossein-amir-abdollahian-menace-de-raser-entierement-tel-aviv-et-haifa/

[11] http://memri.fr/2019/01/17/laffirmation-du-ministre-des-affaires-etrangeres-iranien-zarif-selon-laquelle-liran-ne-cherche-pas-la-destruction-disrael-est-un-mensonge-flagrant-partie-i/

[12] Cité par Infos-Israël. News, 23 mai 2019.

[13] http://memri.fr/2019/01/17/laffirmation-du-ministre-des-affaires-etrangeres-iranien-zarif-selon-laquelle-liran-ne-cherche-pas-la-destruction-disrael-est-un-mensonge-flagrant-partie-i/

[14] http://memri.fr/2019/06/16/iran-lofficiel-hassan-rahimpour-azghadi-declare-que-les-iraniens-on-soutenu-le-hamas-et-le-djihad-islamique-et-que-dans-25-ans-israel-ne-sera-plus/

[15] http://memri.fr/2019/07/05/mojtaba-zonnour-responsable-iranien-de-la-securite-nationale-si-lamerique-

[16] https://lanouvelletribune.info/2019/09/israel-liran-a-atteint-la-capacite-pour-detruire-le-regime-sioniste-selon-un-commandant/

[17] Agence de presse semi-officielle Fars, juin 2020.

[18] https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/iran/iran-l-ayatollah-ali-khamenei-affirme-qu-israel-sera-gifle-apres-les-frappes-en-syrie_AD-202404030961.html

[19] http://memri.fr/2019/02/17/le-guide-supreme-iranien-ali-khamenei-annonce-les-objectifs-de-la-seconde-phase-de-la-revolution-islamique-des-40-prochaines-annees-renforcer-la-presence-iranienne-aux-fronti/

Voir par ailleurs:

The telltale signs that Russia’s war with Ukraine is taking a heavy toll on its economy

When a supposed global superpower like Russia begs Iran for drones, turns to North Korea for artillery shells and watches its Black Sea fleet dismantled by a country without a navy, you know something is off. Before 2022, Russia’s military boasted of being second only to the United States.

Now — as the bitter joke goes — it’s the second strongest in Ukraine.

Donald Trump wants to negotiate an end to the Russo-Ukrainian war. But for a cease-fire not to boomerang back as an even bigger calamity, Moscow must come to terms with a hard truth — ending its criminal war of conquest isn’t a concession but an inevitability that’ll serve Russia’s own best interest.

Trump calling President Vladimir Putin out is both timely and necessary.

He is right: Russia’s economy is “failing” and “IT’S ONLY GOING TO GET WORSE.”

He just announced a maximum pressure campaign to rein in Iran and should apply the same muscular policy to check Moscow’s revanchism.

The Kremlin once projected its ambitions to recolonize Ukraine with confidence — not anymore. The Russian colossus is revealing its legs of clay. The economy is no longer tightening its belt or entering wartime overdrive; instead, it resembles a loudly ticking time bomb.

Inflation soared to 9.5% last year, nearly triple the US rate, driven by reckless military spending. But these figures should be taken with pounds of salt.

In 2024 alone, staples like potatoes and onions saw price spikes of 91% and 47% respectively.

The Central Bank’s desperate response — hiking interest rates to 21% — speaks volumes about the state of the economy. Since mid-2024, the ruble has plunged by over 20%, now literally worth just a penny.

The Kremlin’s National Wealth Fund has shrunk to $31 billion, down from $210 billion in June 2022 — a staggering decline. Fittingly for a state the late John McCain once called “a gas station masquerading as a country,” Russia relies on crude oil sales to fund its treasury.

Here too, the latest US sanctions crackdown on Moscow’s shadow fleet sent shipping costs skyrocketing and willing buyers dwindling.

New research found that Moscow’s military-industrial complex has been sustained by a dual-track financing strategy. Basically, smoke and mirrors.

The experts were well aware of the official defense budget figures: $315 billion over the last three years. But they missed another state-mandated scheme quietly funneling $210-250 billion into loss-making weapons factories.

This forced lending now represents a critical vulnerability and might trigger a surge of bankruptcies.

All is not well at the front lines either.

In just the past seven months, Russian military casualties have soared to nearly 300,000 killed or wounded — almost matching the previous two years combined. Unsurprisingly, Moscow is struggling to maintain its force levels.

Estimated recruitment rates of 500-600 troops per day meet only half the needed replacements. Meanwhile, Russia’s “meatgrinder” assault tactics have pushed average daily casualties to a stunning 1,570 as of December 2024 — all for minimal territorial gains.

The Kremlin now offers unprecedented loan forgiveness up to 10 million rubles ($94,500) as incentives to recruits: desperately trying to avoid another unpopular mobilization that could trigger mass emigration and domestic unrest.

Are we likely to witness an imminent collapse of the Russian economy or its war-making capabilities? No, but I can say with confidence that what Russia needs now is a defeat. Germany’s and Japan’s became their salvation.

So it could be with Russia. God knows it needs not more territory but a moment of reckoning.

It’s time to demonstrate that the Free World stands ready to defend itself, unafraid of winning.

The Kremlin likes to hint at — or outright threaten — the use of doomsday weaponry. But if we yield to such blackmail, Moscow will see it as a sign of weakness, making future nuclear confrontations almost inevitable.

History teaches us that peace is secured not by retreat, but by resolve. Deterrence is capability plus credibility. If America loses the latter, the former won’t matter.

An under-appreciated reality is that we once feared what Moscow might do when it loses — but now Putin gave us a clue.

After Russia’s humiliating retreat from Syria, where it had backed the Assads since the 1970s, the Russian president simply declared alignment with international law and respect for sovereignty. The control Kremlin has over the information space is total and complete.

When Russian troops leave Ukraine, Moscow will similarly spin it as a win.

World War II was the last war of aggression fueled by imperial delusions — and enabled by appeasement — to spiral into global catastrophe.

Let’s not repeat that mistake.

While Putin puffs his chest, Russia’s economy falters, its military stretches thinner by the day and its global influence wanes.

Ronald Reagan once stood before the Berlin Wall and called on Gorbachev to tear it down.

Today, we must call on Putin to stop the aggression and withdraw from Ukraine. It’s time to give peace through strength a chance, and remind the belligerent that invading neighbors leads nowhere good.

Andrew Chakhoyan is an academic director at the University of Amsterdam and previously served in the US Government at the Millennium Challenge Corporation.


Roumanie: Regarde ce qu’ils ont fait à ma diaspora, Ma ! (Contrary to Trump team’s claims, there was no ‘statistically improbable silent coup’, but the combination of a massive 10-point pro-Europe mobilization in domestic urban areas and North American and Moldovan diasporas which after obvious reporting delays eventually overwhelmed Simion’s initial advantage in the Western Europe diaspora)

19 Mai, 2025

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Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Jésus (Matthieu 7:15)
Vous n’avez pas de valeurs communes si vous emprisonnez des gens… vous n’avez pas de valeurs communes si vous annulez des élections parce que vous n’aimez pas le résultat, et c’est ce qui s’est passé en Roumanie. J.D. Vance
Ce qui est arrivé en Roumanie : des juges annulent la première élection en disqualifiant le principal candidat – un nationaliste populiste – sur la base d’accusations non prouvées d’ « ingérence russe » ; l’État sécuritaire a recours à l’arme de la justice et à la censure pour faire taire les voix critiques ; la deuxième élection produit un résultat statistiquement improbable, voire impossible; les mondialistes qualifient tout cela de « pro-démocratie ». Ce scénario vous semble-t-il familier ? David Sacks
Le mensonge en Europe, c’est ce qui s’est passé en Roumanie, la façon dont on a expulsé du jeu démocratique le candidat qui avait remporté le premier tour de la présidentielle en novembre est une histoire extraordinaire qui devrait vraiment ébranler tous les démocrates de ce continent. C’est-à-dire que le khaïb Georgescu qui présentait mal ou trop bien, comme on voudra, qui avait des idées sulfureuses, qui a surgi comme ça en remportant le premier tour a été viré soi-disant parce qu’il y avait des ingérences russes. Alors que c’était totalement faux. Qu’une enquête sur Tik Tok a révélé que c’était au contraire un candidat roumain, le parti du pouvoir.   Et le type a été interdit, exécuté, liquidé. Et donc l’homme qui a été élu avant-hier, d’une certaine manière, n’est pas légitime. Vincent Hervouët
Nous nous attendions à ce que la diaspora vote pour l’extrême droite, mais nous pensions qu’elle choisirait AUR et Simion ou Șoșoacă plutôt que Georgescu. Nous avons vu à quel point les frustrations de la diaspora étaient grandes. Il existe deux groupes de Roumains à l’étranger : la diaspora roumaine éduquée, à la recherche de meilleures opportunités de travail ou d’une culture différente, et la diaspora qui a été forcée de partir à cause de la pauvreté de leurs villages et pour faire les travaux que les Occidentaux ne veulent plus faire. La rhétorique nationaliste s’oppose au sentiment d’humiliation que ces personnes éprouvent au quotidien, mais affirme que le vote en faveur de Georgescu est anti-système plus qu’un signe de radicalisation. La Roumanie est coupable d’avoir laissé tomber ces personnes, mais il en va de même pour les pays occidentaux où ces personnes sont traitées comme des inférieurs et une simple main-d’œuvre. Elena Stancu (journaliste roumaine)
Les deux sources de culture dont disposent les migrants qui travaillent sont leur téléphone et les églises orthodoxes et néo-protestantes qu’ils fréquentent, qui se sont toutes deux révélées être des facteurs clés du succès de Georgescu. Ces canaux transmettent et diffusent un message de frustration contre les « voleurs » qui nous dirigent, ainsi qu’une protestation contre l’avenir décadent de l’Europe. Mais les principales raisons du vote anti-système de la diaspora, ainsi que d’une grande partie de la société roumaine à l’intérieur du pays, sont d’ordre matériel plutôt que culturel. C’est la raison pour laquelle le travail a été lourdement taxé et le capital légèrement imposé pendant des décennies. Alors que Bistrița Năsăud se porte beaucoup mieux qu’il y a dix ou vingt ans, en partie grâce aux investissements de l’UE dans les infrastructures et les services sociaux, l’inflation dans toute l’Europe occidentale a durci la vie des migrants. La Roumanie souffre d’un énorme déficit social dû au communisme et à la transition vers le capitalisme. Nous avons reçu un chèque que nous n’avons pas suffisamment utilisé pour lutter contre la pauvreté. Cornel Ban (École de commerce de Copenhague)
À partir de demain, les garçons porteront des jupes et des talons pour voter pour moi. Slava marijuana. Les Roumains au Royaume-Uni
La diaspora roumaine, qui compte sept millions de personnes et qui est l’une des plus importantes d’Europe, était autrefois considérée comme une source de votes pour les partis et les candidats réformistes. Pourtant, lors des récentes élections présidentielles, parlementaires et europarlementaires, de nombreux Roumains de l’étranger ont opté pour des populistes de droite, poursuivant ainsi une tendance amorcée en 2020. Alors que près d’un tiers des Roumains restés dans le pays ont voté pour des partis extrémistes le 1er décembre, plus de la moitié de la diaspora a opté pour l’extrême droite. (…) Au niveau national, Georgescu a été plébiscité par 23 % des électeurs et Lasconi par 19 %. Au Royaume-Uni, un peu moins de la moitié des Roumains ont voté pour Georgescu et près d’un quart pour Lasconi. Ces pourcentages sont similaires dans l’ensemble de la diaspora. L’exception est le petit voisin de la Roumanie, la République de Moldavie, où 56 % des Roumains ont voté pour Lasconi et Georgescu est arrivé en sixième position avec seulement 3 %. Se présentant comme une personnalité « pro-paix » et anti-système avec de grands rêves pour la grandeur de la Roumanie, exaspéré par la classe politique nationale corrompue et distante, les « mondialistes » et l’attention portée à la guerre en Ukraine, M. Georgescu a inspiré de nombreuses personnes désenchantées par les élites qui ont gouverné la Roumanie au cours des 35 dernières années, depuis la révolution de 1989. Il s’est également adressé aux jeunes Roumains qui craignent d’être enrôlés pour combattre en Ukraine. Le vote en faveur de Georgescu a été un choc pour une grande partie de la société, étant donné qu’il n’a pas obtenu de bons résultats dans les sondages d’opinion et qu’il a été le plus souvent ignoré par les débats télévisés. Déclarant ne rien dépenser pour sa campagne, il est passé sous le radar des médias et des autorités, plus préoccupés par d’autres leaders de la droite dure tels que George Simion du parti AUR, ou l’eurodéputée Diana Șoșoacă du parti SOS, qui a été exclue de manière controversée de la course à la présidence par la Cour constitutionnelle pour son manque d’adhésion aux « valeurs démocratiques, à l’État de droit et au respect de la Constitution en corrélation avec les garanties politiques et militaires, et l’appartenance à l’UE et à l’OTAN ». Lors des élections législatives du 1er décembre, l’AUR, SOS et POT, un nouveau parti soutenant Georgescu, ont recueilli 56 % des voix de la diaspora et près d’un tiers des voix à l’intérieur du pays. Dans l’ensemble, les pro-européens ont recueilli près de 70 % des voix (bien que 13 % d’entre elles soient allées à des partis qui n’ont pas franchi le seuil des 5 %). « Nous nous attendions à ce que la diaspora vote pour l’extrême droite, mais nous pensions qu’elle irait vers l’AUR et Simion ou Șoșoacă plutôt que vers Georgescu », explique la journaliste roumaine Elena Stancu, qui documente depuis cinq ans la diaspora roumaine grandissante avec le photographe Cosmin Bumbuț, en voyageant dans un camping-car. Mme Stancu attribue l’ascension de M. Georgescu à sa campagne TikTok. Plusieurs analyses de médias et de groupes de réflexion ont montré que Georgescu s’appuyait sur des fermes à trolls, de faux comptes et des paiements à des influenceurs. Tout au long de la campagne, la diaspora roumaine occidentale a été ciblée par des contenus promouvant Călin Georgescu sur les réseaux sociaux. Le Conseil suprême de défense nationale de Roumanie a également déclaré que l’élection avait donné lieu à des manipulations sur TikTok et à une influence étrangère malveillante de la part de la Russie. Pourtant, les institutions de sécurité n’ont pas réussi à empêcher une telle manipulation. TikTok, qui compte neuf millions d’utilisateurs en Roumanie, a nié toute malversation. « Nous avons vu à quel point les frustrations de la diaspora étaient grandes », déclare Mme Stancu. Elle parle de deux groupes roumains différents à l’étranger, « la diaspora roumaine éduquée à la recherche de meilleures opportunités de travail ou de l’expérience d’une culture différente » et « la diaspora qui a été forcée de partir à cause de la pauvreté de leurs villages et pour faire le travail que les Occidentaux ne veulent plus faire ». Alors que les premiers s’intègrent souvent facilement, les seconds n’apprennent pas la langue de leur nouveau pays, vivent dans des bulles roumaines isolées, dans de mauvaises conditions, et se préoccupent de gagner de l’argent pour construire une maison et subvenir aux besoins de la famille restée au pays à des milliers de kilomètres de là. « La rhétorique nationaliste contrecarre le sentiment d’humiliation que ces personnes éprouvent au quotidien », affirme Mme Stancu, bien qu’elle soutienne que le vote en faveur de Georgescu est un signe d’antisystème plus qu’un signe de radicalisation. « La Roumanie est coupable d’avoir laissé tomber ces personnes, mais il en va de même pour les pays occidentaux où ces personnes sont traitées comme des inférieurs et une simple main-d’œuvre. Cornel Ban, professeur d’économie politique internationale à la Copenhagen Business School, reconnaît que les Roumains travaillant à l’étranger mènent souvent une vie isolée. « Les deux sources de culture dont disposent les migrants qui travaillent sont leur téléphone et les églises orthodoxes et néo-protestantes qu’ils fréquentent », deux facteurs qui se sont avérés essentiels à la réussite de Georgescu. Ces canaux transmettent et diffusent un message de frustration contre les « voleurs » qui nous dirigent, ainsi qu’une protestation contre l’avenir décadent de l’Europe. Plus précisément, l’extrême droite fait écho aux messages russes anti-LGBTQ+. Toutefois, M. Ban estime que les principales raisons du vote antisystème de la diaspora, ainsi que d’une grande partie de la société roumaine, sont d’ordre matériel plutôt que culturel. « Ce [vote] est la contrepartie de la politique [de la Roumanie] qui consiste à taxer lourdement le travail et légèrement le capital depuis des décennies ». Ban est issu d’une famille de migrants de la classe ouvrière de Bistrița Năsăud, la région du nord qui a fortement soutenu Georgescu. S’il reconnaît que Bistrița Năsăud se porte bien mieux qu’il y a dix ou vingt ans, en partie grâce aux investissements de l’UE dans les infrastructures et les services sociaux, il affirme que l’inflation en Europe occidentale a rendu la vie des migrants plus difficile. « La Roumanie souffre d’un énorme déficit social dû au communisme et à la transition vers le capitalisme. Nous avons reçu un chèque [de l’UE] que nous n’avons pas suffisamment utilisé » pour lutter contre la pauvreté, ajoute-t-il. Selon lui, une plus grande syndicalisation et une véritable représentation de la classe ouvrière à gauche sur l’échiquier politique roumain, très majoritairement néolibéral, pourraient réduire l’attrait de la droite dure : « Dans l’Europe de l’entre-deux-guerres, le ressentiment a été mobilisé dans la social-démocratie en Suède et dans le nazisme en Allemagne », explique M. Ban. Avec un nouveau parlement divisé, la Roumanie a encore la possibilité d’emprunter la première voie – si elle ne vote pas pour Georgescu comme président lors du second tour le 8 décembre. Avec les résultats parlementaires, un gouvernement de coalition pro-européen peut facilement être formé. Mais même ainsi, il devra s’attaquer aux grands défis politiques, économiques et sécuritaires, afin d’éviter que le pays ne sombre dans l’extrémisme lors des prochaines élections. Paula Erizanu
C’est une élection très particulière notamment avec l’annulation du premier tour qui a augmenté la colère et le mépris des Roumains contre le pouvoir politique en place. L’élection intervient dans un contexte post-Covid dont la gestion de la pandémie a suscité beaucoup de méfiance et également le sujet du conflit en Ukraine, très présent en Roumanie puisque, de temps en temps, un drone s’écrase sur le territoire. Calin Georgescu et désormais George Simion ont réussi à surfer là-dessus. Bucarest est l’une des capitales européennes les plus riches, mais, à 100 kilomètres à peine, vous avez une personne sur deux qui vit sous le seuil de pauvreté. Au niveau des votes, cela s’observe parfaitement. Les villes moyennes et les zones rurales ont en grande majorité voté pour George Simion. Ce sont, en général, des personnes appartenant à la classe moyenne inférieure qui craignent pour leur propre déclassement. Ce sont les catégories marginalisées, les perdants de la mondialisation. Il faut faire très attention aux instituts de sondage qui ont plutôt tendance à orienter le vote plutôt que d’éclairer la situation réelle. De plus, ils ne prennent pas en compte la diaspora roumaine qui est très importante. En grande majorité, la diaspora roumaine occupe des emplois peu qualifiés dans les pays où elle est installée, ce qui la place dans les classes populaires locales. A l’image des pays développés, les catégories populaires placent généralement leur vote du côté des candidats antisystèmes. Ce qui s’est passé hier montre que le résultat du premier tour annulé n’était pas seulement dû aux ingérences, mais essentiellement à la mobilisation des Roumains. George Simion a su diversifier son électorat vers des personnes plus âgées. Et cela s’est fait à l’aide de millions de lettres envoyées aux retraités. Je ne pense pas qu’il laissera sa place s’il est élu. C’est un discours électoral qui peut, en partie, expliquer son score, mais il tient au pouvoir, c’est un homme politique connu en Roumanie contrairement à Calin Georgescu. Il dirige son parti d’une main de fer et a exclu de nombreux opposants. Il a de très grandes chances. On observe en Roumanie une grande volonté de changement et George Simion incarne cela. Pour gagner, Nicusor Dan doit absolument augmenter la participation et améliorer sa communication qui est, pour l’instant, très mauvaise. (…) Pour moi, la question est de savoir si Nicusor Dan réussira à susciter l’émotion »afin que les citoyens désintéressés se rendent aux urnes, le 18 mai prochain, contre l’extrême droite. Antonela Capelle-Pogacean (Sciences Po)
Je suis très sceptique sur le fait que Vladimir Poutine va vraiment à l’église avec une bonne âme pour prier Dieu. Il n’est pas normal d’attaquer des frères de la même foi comme les Russes l’ont fait avec les Ukrainiens. George Simion
C’est encore une autre calomnie contre la Russie. La Roumanie s’est clairement mise dans le pétrin au sujet de ses élections et essaie de tout rejeter artificiellement sur un ennemi extérieur inventé. Dmitry Peskov (porte-parole du Kremlin)
La Roumanie orthodoxe a montré à l’Union européenne et au monde entier qu’elle ne veut pas vivre sous la direction externe des mondialistes. Konstantin Malofeyev (milliardaire russe)
Simion est un extrémiste qui essaie de se camoufler dans le mouvement isolationniste anti-woke, anti-DEI et anti-mondialiste. Ce n’est qu’un mince voile pour cacher le jeu autoritaire de Poutine conçu pour prendre le contrôle de la Roumanie sans tirer un coup de feu. Adrian Zuckerman (ancien ambassadeur des États-Unis en Roumanie)
La source de cela est que les principaux partis traditionnels, au lieu de respecter le jeu démocratique avec l’un au pouvoir et l’autre dans l’opposition, se sont réunis et ont été très inefficaces pour gouverner le pays. C’est pourquoi le pays est aujourd’hui presque en faillite. Quand vous contrôlez tout le pouvoir dans le pays et que vous êtes inefficace et corrompu, alors cela arrive, quelque chose comme ça. Victor Ponta (ancien premier ministre roumain)
La campagne populiste de Simion appelle à couper le soutien militaire à l’Ukraine et à aligner la Roumanie sur la Hongrie et la Slovaquie, pays qui ont perturbé l’unité européenne face à la Russie. Il a été banni de son pays voisin, l’Ukraine et la Moldavie, en tant que « menace à la sécurité nationale » (…) Dans la capitale roumaine, les diplomates occidentaux peinent à comprendre Simion, qui a clamé son soutien au président Donald Trump. En février, le vice-président JD Vance a condamné la décision de reprendre les élections, affirmant qu’elle était fondée sur des « soupçons fragiles ». Georgescu, soutenu par une campagne de médias sociaux liée à la Russie, est devenu une sensation TikTok, et en quelques semaines il a sauté de moins de 1% dans les sondages pour obtenir 23% des voix dans le premier tour de scrutin avorté. Dans la campagne soutenue par les Russes, « ce qui était nouveau, c’était l’échelle, la vitesse et le caractère superposé des différents dominos utilisés pour obtenir ce résultat », a déclaré Andrei Tarnea, porte-parole du ministère roumain des Affaires étrangères. « Ce que nous voyons en termes d’empreintes numériques, les récits et les tactiques utilisées nous donnent les caractéristiques des opérations d’influence secrètes russes. Dans une interview dans son bureau parlementaire, Simion a rejeté les allégations de soutien russe et a insisté sur le fait qu’il n’était pas un ami de Moscou. « Je suis très sceptique quant au fait que Vladimir Poutine aille vraiment à l’église avec une bonne âme pour prier Dieu », a-t-il déclaré à propos du président russe. « Il n’est pas normal d’attaquer des frères de la même foi comme les Russes l’ont fait avec les Ukrainiens. » En même temps, il a déclaré (…) qu’il pourrait choisir Georgescu — qui a épousé des positions pro-russes et a soutenu cette semaine la candidature de Simion — pour devenir son premier ministre s’il est élu président. À Moscou, Konstantin Malofeyev, un milliardaire russe qui a soutenu les mouvements d’extrême droite à travers l’Europe, a salué la victoire de Simion au premier tour. (…) Malgré les affirmations fréquentes de Simion ces dernières semaines selon lesquelles il alignerait fermement son pays sur l’OTAN et l’administration américaine, tout en se distanciant de Poutine, « nous ne savons pas s’il s’agit d’un jeu qu’il joue pour gagner », a déclaré l’un des responsables occidentaux. Un ancien ambassadeur des États-Unis en Roumanie, Adrian Zuckerman, a présenté les enjeux de manière plus crue. Dans une lettre ouverte adressée aux Roumains, Zuckerman a déclaré que Simion était un extrémiste qui essaie de se camoufler dans le mouvement isolationniste anti-woke, anti-DEI et anti-mondialiste. Ce n’est qu’un mince voile pour cacher le jeu autoritaire de Poutine conçu pour prendre le contrôle de la Roumanie sans tirer un coup de feu. Lorsque Simion a fondé son parti, l’Alliance pour l’Union des Roumains, ou AUR, en 2019, il avait déjà été banni à plusieurs reprises de la Moldavie voisine pour avoir fait la promotion de ce qu’il a dit être des revendications historiques roumaines sur des étendues du territoire moldave ou prônant l’unification moldave et roumaine. Selon d’anciens responsables moldaves et ukrainiens, il avait également été observé en Ukraine lors d’une rencontre avec un agent des services de sécurité russes, ce que Simion a nié. Selon des responsables européens et un ancien premier ministre moldave, Ion Sturza, Simion s’est associé à Noua Dreapta, qui signifie « nouvelle droite », mouvement ultranationaliste, pour organiser des marches et d’autres événements. Il a été fondé en Roumanie au début des années 2000 et s’est inspiré de l’idéologie de la Garde de fer, un groupe fasciste d’entre-deux guerres qui était farouchement anti-communiste, anti-Roma, anti-hongrois et anti-LGBTQ+, tout en adhérant fortement à la foi orthodoxe. (…) Noua Dreapta était aussi officiellement alliée à l’Union de la jeunesse eurasienne russe fondée par Alexander Dugin, un des principaux idéologues de l’expansion impériale de la Russie. Georgescu, ancien conseiller d’un ministre roumain de l’environnement et ancien fonctionnaire des Nations unies, a rejoint AUR peu après sa création. Il a organisé une visite de Dugin en Roumanie en 2014, ont déclaré des responsables européens. Georgescu n’a pas répondu aux demandes de commentaires. Les responsables roumains qui surveillent la désinformation ont observé pendant des années les activités de Georgescu en marge de la politique roumaine, a déclaré Valentin Jucan, vice-président du Conseil national de l’audiovisuel, un chien de garde des médias. « Il était là tout le temps pour parler de propositions politiques étranges », y compris la promotion du mouvement anti-vaccin, a-t-il dit. « Maintenant, nous voyons qu’il essayait de trouver le bon public qui pourrait suivre ses idées. » Initialement, en 2022, Georgescu avait été désigné comme candidat de l’AUR pour les élections présidentielles de 2024, a déclaré Adrian Thiess, un consultant politique roumain qui a été nommé à l’époque pour diriger la campagne de l’AUR. Mais après une interview télévisée dans laquelle Georgescu a ouvertement loué Poutine, le parti a décidé de présenter Simion comme candidat. Georgescu a officiellement quitté le parti et s’est présenté comme indépendant. Deux semaines après le début de la campagne présidentielle en novembre dernier, les responsables roumains ont remarqué qu’une opération virale avait été lancée sur les médias sociaux pour soutenir Georgescu sans que l’on ne dise qu’il s’agissait d’une campagne politique — ce qui, selon eux, constituait une violation de la loi électorale. De plus, Georgescu prétendait qu’il n’avait pas de financement et disait plutôt : « Nous sommes entre les mains de Dieu. » Les plateformes de médias sociaux ont d’abord ignoré les plaintes des responsables roumains concernant le manque d’étiquetage politique, et le soutien à Georgescu a décollé. Au cours des trois dernières semaines de la campagne, les principaux comptes pro-géorgiens ont recueilli plus de 98 millions de vues, plus que le nombre d’électeurs roumains et même plus que Taylor Swift à ce moment-là, a déclaré Jucan. Une enquête a révélé que près de 25.000 comptes pro-géorgiens sur TikTok ont été activés dans les trois semaines précédant le premier tour des élections, selon des documents déclassifiés par le service de renseignement étranger roumain. De plus, des instructions pour amplifier artificiellement ces comptes ont été trouvées sur plusieurs canaux Discord et sur Telegram, montrent les documents. Il y avait aussi des instructions sur la façon de poster des commentaires en faveur de Georgescu sous les messages populaires en Roumanie. En outre, plus de 100 influenceurs TikTok avec un total de 8 millions d’abonnés ont été secrètement payés pour publier des commentaires promouvant Georgescu, selon les responsables roumains enquêtant sur l’affaire. Au cours de la dernière semaine de campagne, le hashtag pour Georgescu a été classé neuvième dans le monde sur TikTok, un exploit considérable pour un politicien roumain obscur connu uniquement comme agronome. Sur Facebook, la campagne avait également bénéficié d’un vaste réseau de groupes à l’expression bienveillante, dont un groupe intitulé « Beautiful Memories » avec 1,4 million d’abonnés et un autre appelé « Jesus Stay With Me » avec 700 000 abonnés. Beaucoup de groupes étaient liés à la Russie, a déclaré Jucan. Les autorités roumaines estiment que Moscou a préparé le terrain depuis de nombreuses années, d’abord en promouvant des protestations environnementales contre l’exploitation du gaz de schiste en Roumanie, puis par le mouvement des vaccins, des efforts qui ont aidé la Russie à identifier ceux dans la société susceptibles de théories du complot. À Bucarest, les responsables politiques sont encore sous le choc de l’annulation des élections et de la défiance qu’elle a suscitée auprès de la population. « Vous êtes condamnés si vous le faites, condamnés si vous ne le faites pas », a déclaré un responsable roumain. D’autres responsables politiques roumains, en revanche, ont minimisé les effets de la campagne sur les réseaux sociaux soutenue par la Russie, affirmant qu’elle ne faisait que profiter d’un vote de protestation qui, de toute façon, prenait de l’ampleur en Roumanie, alors que les inégalités et l’inflation explosent. « La cause de ce problème est que les principaux partis traditionnels, au lieu de respecter le jeu démocratique, l’un au pouvoir et l’autre dans l’opposition, se sont regroupés et ont été très inefficaces à la tête du pays. C’est pourquoi le pays est aujourd’hui au bord de la faillite », a déclaré l’ancien Premier ministre roumain Victor Ponta dans une interview. « Quand on contrôle tout le pouvoir du pays et qu’on est inefficace et corrompu, alors cela arrive, quelque chose comme ça. » Catherine Belton (The Washington Post)
Les élections concernent les communautés – et dans les élections d’aujourd’hui, une communauté de Roumains qui veulent un changement profond en Roumanie a gagné. C’est un moment d’espoir. C’est votre victoire. C’est la victoire de milliers et de milliers de personnes qui ont fait campagne (…) qui ont cru que la Roumanie pouvait changer dans la bonne direction. Nicușor Dan
Il a gagné les élections. C’était la volonté du peuple roumain. George Simion
Dimanche, Simion a promis de nommer Georgescu premier ministre, soit par le biais d’un référendum, d’élections anticipées ou de la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale, s’il remportait la victoire. The Guardian

Regarde ce qu’ils ont fait à ma diaspora, Ma !

Au lendemain d’une élection présidentielle roumaine qui aurait pu être décisive ….
A l’instar en effet du système français, le système semi-présidentiel roumain accorde en effet au président la nomination du premier ministre…
Certes avec l’approbation du Parlement …
Et même si l’option référendum, évoquée par Simion, impliquerait une modification de la Constitution …
Et son retard de 70 voix rendrait difficile la tenue de nouvelles élections ou la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale …
Néanmoins, ses pouvoirs exécutifs (nomination du Premier ministre, commandement des forces armées, élaboration de la politique étrangère, représentation dans les réunions de l’Union européenne) ainsi que son influence législative (veto, référendum, dissolution du parlement) et son mandat démocratique direct …
Dépassent de loin les pouvoirs essentiellement cérémoniels des présidents allemands ou israéliens…
Quant au centriste Dan, si son bilan réformiste à la tête de la mairie de Bucarest confirme en effet par son indépendance (les partis traditionnels ayant refusé de le soutenir) …
Il risque, sans compter son inexpérience, de se retrouver bien seul…
Mais contrairement à ce que prétendent certains membres de l’équipe Trump …
Et de tous ceux qui n’ont apparemment toujours pas compris le système électoral à deux tours …
Où un Chirac par exemple à moins de 20% au 1er tour en 2002
Fait le plein au 2e, barrage à Le Pen oblige, avec un score africain ou soviétique de plus de 80% …
Il n’y a pas eu de « coup d’État silencieux statistiquement improbable »…
Mais la combinaison d’une surmobilisation massive de 10 points dans les zones urbaines et la diaspora nord-américaine et moldave …
Qui avec des retards évidents dans le dépouillement et la communication des résultats …
A fini par l’emporter sur l’avantage initial de de Simion dans la diaspora d’Europe occidentale…
Roumanie: Ils ont volé ma diaspora !
Pas de coup d’Etat pour expliquer la victoire surprise et tardive du candidat centriste Nicusor Dan sur le nationaliste George Simion comme l’ont prétendu des proches de Trump, mais un surcroit de la participation et le simple retard dû au dépouillement et à la transmission des votes de la diaspora
JC Durbant/Grok
19 mai 2025
Non, M. Sacks et tous les ignares électoraux et statistiques du côté de Washington et dans le reste du monde …
Qui au-delà de la question des ingérences russes tout ce qu’il y a de plus démontrées qui ont justifié l’annulation de la première élection l’an passé …
N’ont apparemment toujours pas compris que dans un système électoral à deux tours comme en France par exemple en 2002 …
Rien n’empêche statistiquement un candidat comme l’ancien président Jacques Chirac de passer, barrage au fascistoïde Jean-Marie Le Pen oblige, de moins de 20% au 1er tour au score proprement africain ou soviétique de plus de 80% au second…
Et donc qu’il n’y a pas eu en Roumanie hier soir de « coup d’État silencieux » ou de résultats « statistiquement improbables »…
Mais la combinaison d’une surmobilisation nationale massive de 10 points dans les zones urbaines comme dans la diaspora nord-américaine et moldave …
Qui pour des zones urbaines fortement peuplées et des concentrations d’expatriés dans des pays étrangers dont certains très éloignés (jusqu’à 10 heures de décalage horaire pour les Etats-Unis ou le Canada !) ….
Ont généré avec les retards que l’on comprend aisément dans le dépouillement et la communication des résultats …
L’ultime remontée au petit matin que vous avez trouvée si suspecte qui a permis au candidat pro-européen qui dérange tant vos a priori politiques …
De l’emporter le plus normalement et naturellement du monde sur l’avantage initial et attendu dans la diaspora d’Europe occidentale de son adversaire nationaliste et de votre si cher candidat !
Voir aussi:
The hard-right presidential candidate Călin Georgescu’s success hinges on TikTok, economic resentment and a disaffected population abroad.
Paula Erizanu
Newstatesman
2 December 2024
Romania’s seven million-strong diaspora, one of the biggest in Europe, was once considered a source of votes for reformist parties and candidates. Yet in the country’s recent presidential, parliamentary and euro-parliamentary elections, many Romanians abroad opted for hard-right populists, continuing a trend that started in 2020. While almost a third of Romanians remaining in the country voted for extremist parties on 1 December, more than half of the diaspora opted for the far right.The Romanian diaspora in Britain has followed this trend. On the Facebook group “Romanians in the UK”, the first post I come across is a demeaning caricature portraying pro-European, reformist presidential candidate Elena Lasconi, mayor of Câmpulung Muscel, a former journalist and MasterChef winner, throwing her ballot into the box; the text is: “I voted. From tomorrow onwards, boys will wear skirts and heels to vote for me. Slava marijuana.” Further down the group’s newsfeed, an AI-generated illustration portrays the hard-right presidential candidate Călin Georgescu in a suit, surrounded by wolves; the words say: “Whenever an intelligent person comes, you recognise him by the fact that all idiots ally against him.” The reference is probably to the mainstream press, which has been digging into Georgescu’s past since his win in the first round of presidential elections on 24 November, revealing his ties to the political establishment, as well as his anti-EU and anti-Nato views, and conspiracy theories about, say, water not being H2O. Lasconi and Georgescu will be facing each other in a tight presidential run-off on 8 December. On a national level, Georgescu was voted for by 23 per cent of voters and Lasconi by 19 per cent. In the UK, just under half of Romanians cast their ballots for Georgescu and almost a quarter voted for Lasconi. The percentage is similar across all of the diaspora. One exception is Romania’s smaller neighbour, the Republic of Moldova, where an astounding 56 per cent voted for Lasconi and Georgescu came sixth with a mere three per cent. Portraying himself as a “pro-peace” anti-system figure with big dreams for Romanian greatness, exasperated by the corrupt and remote national political class, “globalists” and the attention for the war in Ukraine, Georgescu inspired many who have been disenchanted with the elites that have ruled Romania for the past 35 years since the 1989 revolution. He has also spoken to young Romanians fearing they might be conscripted to fight in Ukraine. The vote for Georgescu came as a shock to a large part of society, as he scored low in opinion polls and was mostly absent from televised debates. Declaring zero spending on his campaign, he fell under the radar of the media and the authorities, more concerned with other hard-right leaders such as George Simion from the AUR party, or SOS party MEP Diana Șoșoacă, who was controversially banned from the presidential race by the Constitutional Court for her lack of adherence to “democratic values, rule of law, and respect for the Constitution correlated with the political and military guarantees, and belonging to the EU and Nato”. In parliamentary elections on 1 December, AUR, SOS and POT, a new party supporting Georgescu, garnered 56 per cent of the diaspora votes and almost a third of the votes inside the country. Overall, pro-Europeans gathered just about 70 per cent of the votes (although 13 per cent of these have gone to parties that have not crossed the 5 per cent threshold). “We were expecting the diaspora to vote for the far right, but we thought they would go for AUR and Simion or Șoșoacă rather than Georgescu,” says Romanian journalist Elena Stancu, who has been documenting the growing Romanian diaspora with photographer Cosmin Bumbuț, travelling in a camper van, for five years. Stancu blames Georgescu’s rise on his TikTok campaign. Several media and think tank analyses have shown that Georgescu relied on troll farms, fake accounts and payments to influencers. Throughout the campaign, the Western Romanian diaspora was targeted with content promoting Călin Georgescu on social networks. Romania’s Supreme National Defence Council also said the election involved TikTok manipulation and malign foreign influence from Russia. And yet security institutions failed to prevent any such manipulation. TikTok, which has nine million users in Romania, denied any wrongdoing.“We saw how big the diaspora’s frustrations were,” Stancu says. She talks of two different Romanian groups abroad, “the educated Romanian diaspora in search of better work opportunities or the experience of a different culture” and “the diaspora that was forced to leave by the poverty of their villages and to do the jobs that Westerners do not want to do anymore”. While the former often integrates easily, the latter does not learn the language of their new country, living in isolated Romanian bubbles in poor conditions and concerned with making money to build a house and provide for the family remaining at home thousands of kilometres away.“Nationalist rhetoric counters the feeling of humiliation these people have on a daily basis,” says Stancu, although she argues that the vote for Georgescu is anti-system more than a sign of radicalisation. “Romania is guilty for failing these people, but so are Western countries where these people are treated as inferiors and as [a] mere workforce.”Cornel Ban, an international political economy professor at the Copenhagen Business School, agrees that Romanians working abroad often lead isolated lives. “The two sources of culture working migrants have are their phones and the Orthodox and neo-protestant churches they go to,” both of which have proven key factors in Georgescu’s success. “These channels transmit and mediate a message of frustration against the ‘thieves’ that lead us, as well as a protest against the decadent European future.” More specifically, the far right echoes Russian anti-LGBTQ+ messages.But Ban says that the main reasons for the anti-system vote of the diaspora, as well as a large part of Romanian society at home, are material rather than cultural. “This [vote] is the receipt for [Romania’s policy of] heavily taxing labour and lightly taxing capital for decades.” Ban comes from a family of working class migrants from Bistrița Năsăud, the northern region that heavily-supported Georgescu. While he acknowledges that Bistrița Năsăud is doing far better than ten or 20 years ago, thanks in part to EU investments in infrastructure and social services, he says inflation across Western Europe has hardened migrants’ lives. “Romania comes with an enormous social deficit from communism and the transition to capitalism. We were given a [EU] cheque that we haven’t used enough” to tackle poverty, he adds. In his view, greater unionisation and real left-wing representation of the working class on the overwhelmingly neo-liberal Romanian political spectrum could reduce the appeal of the hard right.“In interwar Europe, resentment was mobilised into social democracy in Sweden and into Nazism in Germany,” Ban says. With a split new parliament, Romania still has the chance to take the first route — if it does not vote for Georgescu for president in the run-off on 8 December. With the parliamentary results, a pro-European coalition government can easily be formed. But even so, it will have to tackle great political, economic and security challenges, to avoid the country’s slide into extremism in the next elections.
Voir également:
Catherine Belton
The Washington Post
May 16, 225
BUCHAREST, Romania — When Romania’s constitutional court annulled November’s presidential elections over campaign finance violations and an illicit social media campaign, and later barred the leading right-wing candidate from running, it seemed like the end of a campaign that Romanian authorities said was corrupted by Russian interference.
George Simion, an ultranationalist member of Parliament, told reporters that the December court decision to annul the election was “a coup d’état against the will of the people.” He called for protests against another ruling in March to bar his political ally, Calin Georgescu, who had emerged from obscurity to lead that aborted poll. “Those who carried out the coup should be skinned alive in the public square,” Simion said in a video message on Facebook and TikTok.
But Georgescu’s removal has become Simion’s opportunity, and so far he is drawing even more support. Simion became the front-runner in a rerun of the annulled election after winning the first round of voting 12 days ago with 41 percent.
Simion’s populist campaign has included calls to cut off military support for Ukraine and align Romania with Hungary and Slovakia, countries that have disrupted European unity on confronting Russia. He has been banned from neighboring Ukraine and Moldova as a “national security threat.”
The second and decisive round will be held Sunday, when Simion faces off against Nicusor Dan, a pro-European mathematician who is the mayor of Bucharest. Polls have been tightening, but Simion may have the edge.
In the Romanian capital, Western diplomats have been scrambling to understand Simion, who has trumpeted his support for President Donald Trump. Vice President JD Vance in February condemned the decision to rerun the election, saying it was based on “flimsy suspicions.” But a member of the U.S. Federal Election Commission, after a visit to Bucharest, told reporters there was “clear evidence that there was some sort of nefarious activity.”
A Simion victory carries the prospect of a sharp nationalist turn in Romania, according to Western officials, and raises questions about the direction of a country that is a member of the European Union and NATO, and home to a key part of the U.S. ballistic missile defense system and a critical alliance air base.
The populist tide has also demonstrated Russia’s ability to elevate previously obscure candidates who appear to support its wider goal of fomenting divisions in E.U. and NATO countries, according to Western officials, who spoke on the condition of anonymity to discuss a sensitive matter.
Georgescu, backed by a social media campaign linked to Russia, became a TikTok sensation, and in a matter of weeks he jumped from less than 1 percent in the polls to securing 23 percent of the vote in the aborted first-round poll.
In the Russian-backed campaign, “what was new was the scale, the speed and the overlapping nature of the various domino pieces that were used to get this result,” said Andrei Tarnea, a spokesperson for the Romanian Ministry of Foreign Affairs. “What we see in terms of the digital footprints, the narratives and the tactics used give us the hallmarks of Russian covert influence operations.”
Kremlin spokesman Dmitry Peskov denied the allegations of Russian support for Georgescu as “yet another slander against Russia.”
“Romania has clearly gotten in a muddle over its elections and is trying to artificially blame everything on an invented external enemy,” he said.
In an interview in his parliamentary office, Simion dismissed claims of Russian support and insisted he was no friend of Moscow.
“I am very skeptical about the fact that Vladimir Putin really goes to church with a good soul to pray to God,” he said of the Russian president. “It’s not normal to attack brothers in the same faith like Russians did with Ukrainians.”
At the same time, he said, the vote annulment and the barring of Georgescu “was a blow on democracy and on the will of the people,” explaining his success in the first round of voting as “the candidate for democracy.”
He said he could choose Georgescu — who has espoused pro-Russian positions and this week endorsed Simion’s candidacy — to become his prime minister if he is elected president.
In Moscow, Konstantin Malofeyev, a Russian billionaire who has supported far-right movements across Europe, cheered Simion’s first-round win.
“Orthodox Romania has shown the European Union and the whole world that it does not want to live under the external management of the globalists,” Malofeyev said in a post on Telegram.
Despite Simion’s frequent assertions in recent weeks that he would align his country firmly with NATO and the U.S. administration, while distancing himself from Putin, “we don’t know if this is a game he is playing to win,” one of the Western officials said.
One former U.S. ambassador to Romania, Adrian Zuckerman, presented the stakes more starkly. In an open letter to Romanians, Zuckerman said Simion was an “extremist” who “tries to cloak himself in the anti-woke, anti DEI and anti-globalist isolationist movement.”
“This is but a thin veil to hide Putin’s authoritarian playbook designed to take control of Romania without firing a shot,” he said.
When Simion founded his party, the Alliance for the Union of Romanians, or AUR, in 2019, he had already been banned several times from neighboring Moldova for promoting what he said were historical Romanian claims to swaths of Moldovan territory or advocating Moldovan and Romanian unification. He had also, according to former Moldovan and Ukrainian officials, been observed meeting with a Russian security service officer in Ukraine — a claim denied by Simion.
According to European officials and a former Moldovan prime minister, Ion Sturza, Simion joined forces for marches and other events with Noua Dreapta, meaning “New Right,” an ultranationalist movement. It was founded in Romania in the early 2000s and drew on the ideology of the Iron Guard, an interwar fascist group that was fiercely anti-communist, anti-Roma, anti-Hungarian and anti-LGBTQ+, while strongly adhering to the Orthodox faith.
A spokesperson for Simion denied he joined the group.
Noua Dreapta was also formally allied with the Russian Eurasian Youth Union founded by Alexander Dugin, a leading ideologist of Russia’s imperial expansion. Georgescu, a former adviser to a Romanian environment minister as well as a former U.N. official, joined AUR soon after it was founded and organized a visit by Dugin to Romania in 2014, European officials said. Georgescu did not respond to requests for comment.
Romanian officials keeping watch on disinformation had observed Georgescu’s activities on the fringes of Romanian politics for years, said Valentin Jucan, vice president of Romania’s National Audio-Visual Council, a media watchdog. “He was there all the time talking about strange political proposals,” including promoting the anti-vaccine movement, he said. “Now we see he was trying to find the right audience that could follow his ideas.”
Initially, in 2022, Georgescu had been designated as AUR’s candidate for the 2024 presidential elections, said Adrian Thiess, a Romanian political consultant who was appointed at the time to run the AUR campaign. But after a TV interview in which Georgescu openly praised Putin, the party decided to forward Simion as its candidate.
Georgescu formally left the party and ran as an independent instead. Two weeks into the presidential campaign last November, Romanian officials noticed a viral social media operation had been launched in support of Georgescu without any labels that it was a political campaign — which they said was a breach of electoral law. In addition, Georgescu was claiming he had zero financing, saying instead, “We are in God’s hands.”
Social media platforms initially ignored Romanian officials’ complaints about the lack of political labeling, and support for Georgescu took off. By the last three weeks of the campaign, the main pro-Georgescu accounts were garnering more than 98 million views, more than the number of Romanian voters and more even than Taylor Swift at that moment, Jucan said.
An ensuing investigation found nearly 25,000 pro-Georgescu accounts on TikTok that were activated in the three weeks before the first round of elections, according to documents declassified by the Romanian Foreign Intelligence Service. Furthermore, instructions for artificially amplifying these accounts were found on several Discord channels and on Telegram, the documents show. There were also directions on how to post comments in favor of Georgescu under popular posts in Romania.
In addition, more than 100 TikTok influencers with a combined 8 million subscribers were secretly paid to post comments promoting Georgescu, according to Romanian officials investigating the matter.
By the final week of the campaign, the hashtag for Georgescu was ranked ninth in the world on TikTok, a considerable feat for an obscure Romanian politician known only previously as an agronomist.
On Facebook, the campaign had also benefited from a vast web of benign-sounding groups, including one titled “Beautiful Memories” with 1.4 million followers and another called “Jesus Stay With Me” with 700,000 followers. Many of the groups were linked back to Russia, Jucan said.
Romanian officials say they now believe Moscow had been preparing the ground over many years, first through promoting environmental protests against shale gas development in Romania, and then through the anti-vaccine movement, efforts that helped Russia identify those in society susceptible to conspiracy theories.
In Bucharest, officials are still reeling from the impact of having to cancel the elections and the public distrust it has stoked. “You are damned if you do, damned if you don’t,” one Romanian official said.
Other Romanian politicians, however, dismissed the effects of the Russian-backed social media campaign, saying it only piggybacked on a protest vote that was growing in Romania anyway, as inequality and inflation soars.
“The source of this is that the main traditional parties, instead of respecting the democratic game with one in power and the other in opposition, got together and were very inefficient governing the country. That’s why today the country is almost bankrupt,” former Romanian prime minister Victor Ponta said in an interview. “When you control all the power in the country and you are inefficient and corrupted, then it happens, something like this.”
Voir de même:

La Roumanie confirme un peu plus son virage nationaliste. Hier, George Simion, chef de file du parti conservateur « Alliance pour l’unité des Roumains », a recueilli 40,5 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle roumaine. L’admirateur de Donald Trump et de Giorgia Meloni se place en très bonne position pour briguer le poste de président. Pour la chercheuse Antonela Capelle-Pogacean, cette élection incarne le profond « sentiment de rejet » de la classe politique par les Roumains.

Marius Texier

Public Sénat

05/05/2025
Cinq mois après l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, en raison de soupçons d’ingérences russes, les 18 millions d’électeurs roumains ont de nouveau été appelés aux urnes. « C’est une élection très particulière notamment avec l’annulation du premier tour qui a augmenté la colère et le mépris des Roumains contre le pouvoir politique en place », juge Antonela Capelle-Pogacean, docteur en science politique à Sciences Po et spécialiste de la politique roumaine. « La tendance nationaliste tend à se confirmer puisque George Simion réalise un meilleur score que Calin Georgescu, le candidat d’extrême droite, arrivé en tête il y a six mois. Et cela malgré une même participation, autour de 50 % ».
Le six décembre dernier, la Cour constitutionnelle décidait l’annulation du premier tour, qui avait vu le candidat d’extrême droite, Calin Georgescu arriver en tête avec 22 % des voix. Pourtant inconnu du grand public, le candidat iconoclaste réussit à se faire connaître et faire campagne uniquement sur le réseau social TikTok. La Russie est alors accusée d’ingérence pour avoir favorisé, via des algorithmes, un candidat proche du Kremlin.
Un vote des classes populaires
« L’élection intervient dans un contexte post-Covid dont la gestion de la pandémie a suscité beaucoup de méfiance et également le sujet du conflit en Ukraine, très présent en Roumanie puisque, de temps en temps, un drone s’écrase sur le territoire », analyse Antonela Capelle-Pogacean. « Calin Georgescu et désormais George Simion ont réussi à surfer là-dessus ».
La Roumanie fait également face à une importante crise économique. La croissance est en berne et les inégalités s’accroissent entre la capitale Bucarest et les zones rurales du pays. « Bucarest est l’une des capitales européennes les plus riches, mais, à 100 kilomètres à peine, vous avez une personne sur deux qui vit sous le seuil de pauvreté », pointe la chercheuse. « Au niveau des votes, cela s’observe parfaitement. Les villes moyennes et les zones rurales ont en grande majorité voté pour George Simion. Ce sont, en général, des personnes appartenant à la classe moyenne inférieure qui craignent pour leur propre déclassement. Ce sont les catégories marginalisées, les perdants de la mondialisation ».
Un quart de la population à l’étranger
Crédité à hauteur de 30 % des intentions de votes selon les instituts de sondages roumains, George Simion a déjoué les pronostics. « Il faut faire très attention aux instituts de sondage qui ont plutôt tendance à orienter le vote plutôt que d’éclairer la situation réelle », prévient la chercheuse. « De plus, ils ne prennent pas en compte la diaspora roumaine qui est très importante ».
Selon les estimations, entre quatre et cinq millions de Roumains résident à l’étranger soit près du quart de la population. C’est l’une des diasporas les plus importantes d’Europe. 60 % d’entre eux ont placé un bulletin en faveur de George Simion et ont représenté 11 % des votes au cours de l’élection. Mais pourquoi un tel vote nationaliste ? Pour Antonela Capelle-Pogacean, cette diaspora s’est toujours située plutôt à droite. « En grande majorité, la diaspora roumaine occupe des emplois peu qualifiés dans les pays où elle est installée, ce qui la place dans les classes populaires locales. A l’image des pays développés, les catégories populaires placent généralement leur vote du côté des candidats antisystèmes », analyse la chercheuse.
Des millions de lettres aux retraités
« Ce qu’il s’est passé hier montre que le résultat du premier tour annulé n’était pas seulement dû aux ingérences, mais essentiellement à la mobilisation des Roumains », pointe Antonela Capelle-Pogacean. « George Simion a su diversifier son électorat vers des personnes plus âgées. Et cela s’est fait à l’aide de millions de lettres envoyées aux retraités ».
Tout le long de la campagne, George Simion a joué la carte de la proximité avec MAGA (« Make America Great Again ») et a dénoncé l’annulation de la précédente élection. Dimanche, après les résultats, le candidat a annoncé vouloir « porter Calin Georgescu au pouvoir » en évoquant trois options : « un référendum, des élections anticipées ou la formation d’une coalition au Parlement qui le nommerait premier ministre ».
« Je ne pense pas qu’il laissera sa place s’il est élu », hypothèse Antonela Capelle-Pogacean. « C’est un discours électoral qui peut, en partie, expliquer son score, mais il tient au pouvoir, c’est un homme politique connu en Roumanie contrairement à Calin Georgescu. Il dirige son parti d’une main de fer et a exclu de nombreux opposants ».
« De très grandes chances de remporter l’élection »
Pour la chercheuse, George Simion a de « très grandes chances » de remporter l’élection face au maire centriste de Bucarest, Nicusor Dan, arrivé en seconde position avec 20,9 % des voix. « On observe en Roumanie une grande volonté de changement et George Simion incarne cela », juge-t-elle. « Pour gagner, Nicusor Dan doit absolument augmenter la participation et améliorer sa communication qui est, pour l’instant, très mauvaise ».
Si les voix du candidat de la coalition gouvernementale pro-européenne (20,3 %), Crin Antonescu arrivé en troisième position, vont, semble-t-il, se déporter du côté de Nicusor Dan, rien n’est moins sûr concernant les voix de Victor Ponta, candidat du parti social-libéral et arrivé en quatrième position (13 %).
« Victor Ponta a aussi fait une campagne de type MAGA, moins radicale certes, mais avec une importante dimension nationaliste », juge Antonela Capelle-Pogacean. « Je ne suis pas sûr que l’ensemble de ses électeurs va suivre son appel au vote s’il appelle à voter pour Nicusor Dan. Cela pourrait même produire l’effet inverse ».
Pour la chercheuse, la question est de savoir si Nicusor Dan réussira à « susciter l’émotion » afin que les citoyens désintéressés se rendent aux urnes, le 18 mai prochain, contre l’extrême droite.
Voir également:
Les premières estimations issues des sondages de sortie des urnes publiées à la fermeture des bureaux de vote à 21h à Bucarest (20h Paris), placent le candidat indépendant pro-européen en tête du second tour de la présidentielle, avec 54,9 % des voix.
Les exit polls ne prenant pas en compte le vote de la diaspora, le résultat définitif peut encore fortement changer.
Le Grand Continent

Selon les premières estimations issues de l’exit poll publié à 21h à Bucarest (20h Paris) à la clôture des bureaux de vote, le candidat indépendant, Nicusor Dan, arriverait en tête avec 54,9 % des suffrages, devant le candidat d’extrême droite George Simion, en deuxième place qui totaliserait (45,1 %).
  • Le second tour s’est déroulé dans un climat de forte polarisation. Après l’annulation de l’élection présidentielle du mois de novembre suite aux révélations de financement illégal de la campagne du candidat pro-russe Calin Georgescu, le candidat d’extrême droite George Simion a fait une campagne farouchement complotiste prônant un changement de régime, en totalisant 41 % des voix au premier tour le 4 mai.
  • Avec une récupération de plus de 30 points de pourcentage, le candidat centriste et libéral Nicusor Dan atteindraitun résultat historique. S’il parvenait à rester en tête, Dan serait le premier candidat à une fonction présidentielle d’un État démocratique à rattraper un retard de presque 20 % au premier tour depuis Mário Soares en 1986.
Les exit polls ne prennent pas en compte le vote de la diaspora qui, sauf surprise majeure, devrait favoriser le candidat d’extrême droite et pourrait donc décider le résultat du vote.
  • Plus de 1,6 millions de personnes ont voté à l’étranger, un chiffre record.
  • Si les voix de la diaspora vont à 66 % pour Simion (contre 61 % lors du premier tour) et 33 % pour Dan (contre 25 % le 4 mai), sur un total de plus de 1,6 million de votes, Simion pourrait obtenir autour de 1,15 million de voix et Dan 550 000 voix.
  • Simion aurait donc un avantage net de 600 000 voix. Sur un total de 11 millions de votes exprimés, cela signifie que la diaspora pourrait apporter à Simion autour de 5,5 % 1.
Les sondages des derniers jours montraient une dynamique légèrement favorable au candidat indépendant, sans toutefois qu’apparaisse un mouvement de barrage ou de cordon sanitaire. Par ailleurs, confirmant les tendances, des exit polls informels qui prenaient en compte le vote jusqu’à 19h (sans la diaspora), donnaient également le candidat indépendant Dan en première position avec 55 % des voix (selon l’institut Avangarde) et 54 % (selon l’institut CURS).
Les résultats définitifs sont attendus dans la nuit.
Sources
  1. Cătălin Tolontan, EXIT POLL alegeri prezidențiale 2025, turul 2. CALCULE : rezultatele de la ora 21 nu vor conține voturile din diaspora. Câte procente trebuie adunate pentru cel care are mai mult în străinătate, HotNews, 18 mai 2025.https://legrandcontinent.eu/fr/2025/05/18/presidentielle-en-roumanie-le-candidat-independant-europeiste-nicusor-dan-en-tete-selon-les-sondages-a-la-sortie-des-urnes/

Election de Léon XIV: Combien de divisions ? (Guess who 44 years after the KGB’s attempt on the Pope that almost single-handedly brought down his empire might be again asking Stalin’s famous question as the Vatican elects the first US pope in history… on the very day he and his Chinese partner in crime proclaim the end of the US hegemony ?)

8 Mai, 2025

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Putin, Xi and friendly world leaders celebrate Russia's Victory Day at Moscow Parade | CNN
ImageImage ImageLe Pape ! Combien de divisions ? Joseph Staline (1935)
Nous ne tolérerons jamais les relectures de l’histoire qui s’efforcent de justifier les bourreaux et de calomnier les véritables vainqueurs. (…) La Russie a été et sera toujours un rempart indestructible contre le nazisme, la russophobie, l’antisémitisme. Les partisans de ces idéologies assassines et délétères nous trouveront toujours sur leur chemin. La vérité et la justice sont de notre côté. Vladimir Poutine (2025)
Si le progrès technologique ne s’accompagne pas d’une modernisation des institutions politiques, le résultat sera Gengis Khan avec un télégraphe. Alexandre Herzen (au tsar Alexandre II)
Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. (…)  L’Europe (…) est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings. (…) Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. (…) Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
Ca crée une sorte de brouillard. Au début, certaines de ces choses semblent naturelles, mais ensuite elles se produisent de plus en plus et vous commencez à vous poser des questions. Dans certains cas, il n’y a pas de preuve, mais nous avons de forts soupçons. Haut responsable européen de la sécurité (2025)
Vous savez en effet que le but de ce complot des plus iniques est de pousser les gens à renverser tout l’ordre des affaires humaines et de les attirer vers les théories malfaisantes de ce socialisme et de ce communisme, en les confondant avec des enseignements pervertis. Pius IX (Nostis et Nobiscum, 1849)
Le principe principal du socialisme, la communauté des biens, doit être totalement rejeté. Léon XIII (Rerum Novarum, 1891)
Le communisme, le socialisme, le nihilisme, hideuses difformités de la société civile des hommes et presque sa ruine. Léon XIII (Diuturnum, 1881)
En effet, si la crainte de Dieu et le respect des lois divines disparaissent, si l’autorité des gouvernants est méprisée, si la sédition est permise et approuvée, si les passions populaires sont poussées à l’anarchie sans autre frein que celui du châtiment, il s’ensuivra nécessairement un changement et un renversement de toutes choses. Oui, ce changement et ce renversement sont délibérément planifiés et mis en avant par de nombreuses associations de communistes et de socialistes. Léon XIII (Humanum Genus, 1884)
Nous parlons de cette secte d’hommes qui, sous des noms divers et presque barbares, s’appellent socialistes, communistes ou nihilistes, et qui, répandus dans le monde entier et unis par les liens les plus étroits dans une méchante confédération, ne cherchent plus l’abri de réunions secrètes, mais, marchant ouvertement et hardiment à la lumière du jour, s’efforcent de mener à terme ce qu’ils préparent depuis longtemps : le renversement de toute société civile quelle qu’elle soit. Ce sont eux, en effet, qui, comme l’attestent les Saintes Écritures, « souillent la chair, méprisent la domination et blasphèment la majesté » (Jude 8). Léon XIII (Quod Apostolici Muneris, 1878)
Les socialistes et les membres d’autres sociétés séditieuses, qui travaillent sans cesse à détruire l’État jusque dans ses fondements. Léon XIII (Libertas Praestantissimum, 1888)
Il faut une union d’esprits courageux avec toutes les ressources qu’ils peuvent commander. La moisson de la misère est sous nos yeux, et les terribles projets des plus désastreux bouleversements nationaux nous menacent du fait de la puissance croissante du mouvement socialiste. Ils se sont insidieusement introduits au coeur même de la communauté et, dans l’obscurité de leurs réunions secrètes et à la lumière du jour, dans leurs écrits et leurs harangues, ils poussent les masses à la sédition ; ils rejettent la discipline religieuse ; ils méprisent les devoirs ; ils ne réclament que des droits ; ils travaillent sans cesse sur les multitudes de nécessiteux qui augmentent chaque jour et qui, en raison de leur pauvreté, sont facilement trompés et entraînés dans l’erreur. C’est l’affaire de l’État et de la religion, et tous les hommes de bien doivent considérer comme un devoir sacré de préserver et de garder l’un et l’autre dans l’honneur qui leur est dû. Léon XIII (Graves de Communi Re, 1901)
Nous avons vu que cette grande question sociale ne peut être résolue qu’en posant comme principe que la propriété privée doit être considérée comme sacrée et inviolable. La loi doit donc favoriser la propriété, et sa politique doit tendre à ce que le plus grand nombre possible de personnes deviennent propriétaires. De nombreux avantages découleront de cette mesure ; tout d’abord, la propriété sera certainement plus équitablement répartie. Car la conséquence des changements et des révolutions civiles a été de diviser la société civile en deux classes très distinctes. D’un côté, il y a le parti qui détient le pouvoir parce qu’il possède la richesse ; qui a entre ses mains tout le travail et le commerce ; qui manipule à son profit et pour ses propres fins toutes les sources d’approvisionnement, et qui n’est pas sans influence même dans l’administration de l’État. De l’autre côté, il y a la multitude nécessiteuse et impuissante, malade et affligée dans son esprit, toujours prête à se soulever. Si les travailleurs peuvent être encouragés à envisager d’acquérir une part de la terre, il en résultera que l’écart entre la richesse immense et la pauvreté extrême sera comblé, et les différentes classes se rapprocheront les unes des autres. Un autre avantage en découlera : la grande abondance des fruits de la terre. Les hommes travaillent toujours plus durement et plus volontiers lorsqu’ils travaillent sur ce qui leur appartient ; bien plus, ils en viennent à aimer la terre même qui, par le travail de leurs mains, produit non seulement de quoi se nourrir, mais aussi une abondance de bonnes choses pour eux-mêmes et pour ceux qui leur sont chers. Il est évident qu’un tel esprit de travail volontaire augmenterait la production de la terre et la richesse de la communauté. Et un troisième avantage en découlerait : les hommes s’attacheraient au pays où ils sont nés, car personne n’échangerait son pays pour une terre étrangère si le sien lui offrait les moyens de vivre une vie décente et heureuse. Mais ces avantages ne peuvent être obtenus que si les moyens d’un homme ne sont pas épuisés et drainés par des impôts excessifs. Le droit de posséder une propriété privée est dérivé de la nature, et non de l’homme ; et l’État a le droit d’en réguler l’usage dans l’intérêt du bien public uniquement, mais en aucun cas de l’absorber entièrement. L’État serait donc injuste et cruel s’il privait le propriétaire privé de plus que ce qui est juste. Quant à ceux qui ne possèdent pas les dons de la fortune, ils peuvent toujours, en s’engageant dans une forme de travail, acquérir des biens de manière légitime ; car le travail est le seul moyen par lequel les hommes peuvent accumuler des biens sans dépouiller autrui. Il s’ensuit que chaque homme a un droit naturel à se procurer ce qui est nécessaire pour vivre ; et les pauvres ne peuvent y parvenir autrement que par ce qu’ils sont capables de gagner par leur travail. Pour résumer : les socialistes, en s’efforçant de transférer les possessions des individus à la communauté dans son ensemble, portent atteinte aux intérêts de chaque salarié, car ils le priveraient de la liberté de disposer de son salaire, et par là de tout espoir et de toute possibilité d’augmenter ses ressources et d’améliorer sa condition de vie. Ce qui est bien plus grave, cependant, c’est que le remède qu’ils proposent est manifestement contraire à la justice. Car tout homme a, par nature, le droit de posséder une propriété comme étant la sienne. Ce droit, de plus, est prééminent sur tous les autres droits en ce sens qu’il est plus fondamental ; il est aussi celui qui est le plus étroitement lié aux devoirs de l’homme envers sa famille. Il faut admettre que les différences entre les hommes en termes de force, de santé et de capacité sont telles qu’une égalité absolue à ces égards est impossible ; et de cette inégalité découle nécessairement une inégalité de fortune. Ce n’est pas un mal dont il faut se lamenter, mais une condition qu’il faut accepter comme inévitable, car elle découle de la nature même des choses. Les socialistes peuvent faire tout leur possible à cet égard ; ils ne parviendront jamais à abolir les inégalités de la condition humaine, ni les inégalités de fortune qui en résultent. Bien au contraire, leurs projets, s’ils étaient mis en œuvre, seraient fatals à la communauté ; car ils détruiraient cet encouragement à l’effort qui est le moteur principal de l’activité humaine, et ils instaureraient un état de choses dans lequel les paresseux et les industrieux seraient traités de la même manière — une condition qui serait désastreuse pour le bien commun. Pape Leo XIII (Rerum Novarum, 15 mai, 1891)
[L’Église s’est engagée à protéger l’individu et la famille contre un courant qui menace de provoquer une socialisation totale et qui, en fin de compte, ferait du spectre du « Léviathan » une réalité choquante. L’Église mènera ce combat jusqu’au bout, car il s’agit de valeurs suprêmes : la dignité de l’homme et le salut des âmes. Pie XII (« Message radiodiffusé au Katholikentag de Vienne », 1952)
Poursuivant notre réflexion, … nous devons ajouter que l’erreur fondamentale du socialisme est de nature anthropologique. Le socialisme considère l’individu comme un simple élément, une molécule de l’organisme social, de sorte que le bien de l’individu est complètement subordonné au fonctionnement du mécanisme socio-économique. Le socialisme soutient également que le bien de l’individu peut être réalisé sans référence à son libre choix, à la responsabilité unique et exclusive qu’il exerce face au bien ou au mal. L’homme est ainsi réduit à une série de relations sociales, et le concept de la personne en tant que sujet autonome de la décision morale disparaît, le sujet même dont les décisions construisent l’ordre social. De cette conception erronée de la personne découlent à la fois une déformation du droit, qui définit la sphère d’exercice de la liberté, et une opposition à la propriété privée. Jean-Paul II (Rerum Novarum, 1991)
L’État qui fournirait tout, qui absorberait tout en lui, deviendrait en fin de compte une simple bureaucratie incapable de garantir ce dont la personne souffrante – toute personne – a besoin : une attention personnelle aimante. Nous n’avons pas besoin d’un État qui réglemente et contrôle tout, mais d’un État qui, conformément au principe de subsidiarité, reconnaisse et soutienne généreusement les initiatives émanant des différentes forces sociales et associe spontanéité et proximité avec les personnes dans le besoin. … En définitive, l’affirmation selon laquelle des structures sociales justes rendraient superflues les œuvres de charité cache une conception matérialiste de l’homme : l’idée erronée que l’homme peut vivre ‘de pain seulement’ (Mt 4,4 ; cf. Dt 8,3) – une conviction qui rabaisse l’homme et méconnaît en fin de compte tout ce qui est spécifiquement humain ».  Benoît XVI (Deus Caritas Est, 2005)
La nature antisoviétique des églises et l’incompatibilité de leurs croyances avec l’idéologie marxiste-léniniste ont obligé les organes de sécurité de l’État en URSS à mettre un terme à leurs activités. Le Vatican est l’une des principales cibles de l’observation et de la pénétration des agents du KGB. Vasili Mitrokhin (transfuge du KGB)
Des documents de l’ancienne police secrète est-allemande, la Stasi, récemment mis au jour semblent attribuer au KGB la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II en 1981. (…) De nouveaux documents trouvés dans les dossiers des anciens services de renseignement est-allemands confirment que la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II en 1981 a été ordonnée par le KGB soviétique et confiée à des agents bulgares et est-allemands. Selon le journal italien Corriere della Sera, les documents trouvés par le gouvernement allemand indiquent que le KGB a ordonné à des collègues bulgares de commettre l’assassinat, laissant au service est-allemand connu sous le nom de Stasi le soin de coordonner l’opération et de dissimuler les traces par la suite. La Bulgarie a ensuite confié l’exécution du complot à des extrémistes turcs, dont Mehmet Ali Agca, qui a appuyé sur la gâchette. Ali Agca, qui est aujourd’hui emprisonné en Turquie, a affirmé après son arrestation que l’opération était sous le contrôle de l’ambassade bulgare à Rome. Les Bulgares ont toujours clamé leur innocence et affirmé que l’histoire d’Agca faisait partie d’un complot anticommuniste des services secrets italiens et de la CIA. Les documents consistent principalement en des lettres d’agents de la Stasi à leurs homologues bulgares demandant de l’aide pour dissimuler les traces de l’attentat et nier l’implication de la Bulgarie. (…) Trois Bulgares ont été accusés d’avoir organisé la tentative d’assassinat du 13 mai 1981. L’un des trois, Sergey Antonov, a été arrêté en 1982 et jugé mais acquitté pour manque de preuves. (…) M. Gozzanti a déclaré qu’il était nécessaire de découvrir la vérité avant la mort du pape, qui a déclaré dans ses propres mémoires, « Mémoire et identité : Conversations entre les millénaires », qu’Ali Agca était un instrument des forces extérieures. Lors d’une visite en Bulgarie en mai 2002, le pape a déclaré qu’il n’avait « jamais cru à la soi-disant connexion bulgare ». Deutsche Welle
Consternés par la perspective de voir un Polonais anticommuniste diriger l’Église catholique romaine, les dirigeants du KGB auraient donné l’ordre de détruire Jean-Paul II quelques heures après son élection en 1979. Les opérations – dont les noms de code sont Pagode et Infection – auraient donné pour instruction aux services de renseignement des pays du pacte de Varsovie de « discréditer l’Église et le pape par la désinformation et des provocations qui n’excluent pas son élimination physique ». Ces allégations figurent dans 47 pages de documents communiqués à la commission sur le terrorisme du parlement italien. Les services secrets italiens, le Sisde, auraient obtenu ces documents de la Tchécoslovaquie de l’époque en 1990. Selon des extraits publiés hier dans le journal Il Giorno, les archives ont confirmé les affirmations selon lesquelles l’Union soviétique était à l’origine de la tentative d’assassinat du pape en mars 1981 sur la place Saint-Pierre, à Rome. Il n’a jamais été prouvé que le tireur, Mehmet Ali Agca, membre turc du groupe terroriste des Loups gris, travaillait pour Moscou. Selon les dossiers, des agents du KGB ont comploté pour placer un mouchard dans une statue de la Madone conservée sur une table dans le bureau privé du défunt secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Agostino Casaroli. Un plan visant à placer un autre mouchard dans un cadre photo a également été allégué. Le KGB voulait être en mesure d’anticiper et de combattre le Vatican qui attisait le sentiment anticommuniste en Europe de l’Est. Markus Wolf, qui dirigeait les services secrets de la Stasi en Allemagne de l’Est, a affirmé qu’un moine bénédictin qui travaillait au Vatican était une taupe. La commission sur le terrorisme a promis d’enquêter sur toutes les allégations. Les services secrets italiens seraient en possession de 600 pages supplémentaires de documents tchécoslovaques. Ils ont été remis après l’accession de Vaclav Havel à la présidence. Enzo Fragala, membre du parti de droite Alleanza Nazionale, a déclaré qu’il était clair que l’Union soviétique voulait détruire l’une des plus graves menaces pour son empire. « Les Soviétiques ont réussi à organiser une attaque frontale contre le Vatican et le pape », a-t-il déclaré. Le Vatican a refusé de commenter ces allégations. Rory Carroll

Quelle plus grave menace pour l’empire soviétique ?

Au moment où face au dernier « Gengis Kahn avec le télégraphe »

Et la plus formidable et proprement diabolique campagne depuis 80 ans de mensonges, manipulation et assassinats …

L’Europe redevient comme le rappelait René Girard

Cet « espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings » …

Pendant que de l’autre côté de l’Atlantique, l’Amérique se referme à nouveau dans l’isolationnisme …

Devinez  qui à Moscou 44 ans après la tentative d’assassinat par le KGB du pape …

Qui avait joué un rôle déterminant dans la chute de son regretté empire soviétique dix ans plus tard …

Pourrait à nouveau poser la fameuse question de son prédécesseur …

Au ministre français des affaires étrangères et plus tard infâme collaborateur nazi Pierre Laval …

L’interrogeant sur les prêtres au goulag pour rendre service au pape qu’il venait de rencontrer …

En tant que premier officiel français en 126 ans depuis l’emprisonnement de Pie VII par Napoléon …

Afin de contrer la menace croissante du nazisme, lors des négociations à Moscou pour le traité d’assistance mutuelle franco-soviétique de 1935 …

Qui devait servir de prétexte pour justifier la remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne en 1936…

Quand traumatisés par Verdun et paralysés par la perspective d’une nouvelle guerre mondiale la France et la Grande-Bretagne ont laissé passer leur chance d’arrêter Hitler…

Alors que l’élection du premier pape américain de l’histoire portant le nom de l’un des plus féroces critiques du socialisme…

A lieu le jour même où avec son membre cofondateur chinois de l’Axe du mal…

Il proclame la fin de l’hégémonie américaine ?

KGB plotted to kill Pope and bug Vatican
Rory Carroll in Rome
The Guardian
4 Nov 1999

The KGB plotted to kill the Pope and spy on the Vatican by planting a bug inside a statue of the Virgin Mary, according to Czechoslovak secret service documents published in Italy yesterday.

Appalled at the prospect of an anti-communist Pole leading the Roman Catholic church, KGB bosses allegedly gave orders to destroy John Paul II hours after his election in 1979.

Operations – codenamed Pagoda and Infection – allegedly instructed intelligence agencies in the Warsaw pact countries to « discredit the church and the Pope with disinformation and provocations that do not exclude his physical elimination ».

The claims were contained in 47 pages of documents released to the Italian parliament’s terrorism commission.

Italy’s domestic secret service, Sisde, is believed to have obtained the papers from the then Czechoslovakia in 1990.

The archive vindicated claims that the Soviet Union was behind the March 1981 assassination attempt on the Pope in St Peter’s Square, Rome, according to excerpts published in yesterday’s Il Giorno newspaper.

It has never been proved that the gunman, Mehmet Ali Agca, a Turkish member of the Grey Wolves terrorist group, was working for Moscow.

KGB agents plotted to plant a bug in a statue of the Madonna kept on a table in the private study of the late Vatican secretary of state, Cardinal Agostino Casaroli, according to the files. A plan to put another bug in a picture frame was also alleged.

The KGB wanted to be able to anticipate and combat the Vatican’s stoking of anti-communist sentiment in eastern Europe.

Markus Wolf, who headed East Germany’s Stasi secret service, has claimed that a Benedectine monk who worked inside the Vatican was a mole.

The terrorism commission promised to investigate all the allegations. The Italian secret service is believed to possess another 600 pages of Czechoslovak documents. They were handed over after Vaclav Havel became president.

Enzo Fragala, a member of the rightwing Alleanza Nazionale, said it was clear that the Soviet Union wanted to destroy one of the gravest threats to its empire. « The Soviets succeeded in organising a frontal attack on the Vatican and the Pope, » he said.

The Vatican declined to comment on the allegations.

Voir aussi:

Vatican

“How many divisions does the pope have?” This was Stalin’s sarcastic response to Churchill’s request not to let internal developments in Poland upset relations with the pope. While Stalin’s dismissive statement suggested that the Catholic Church was an insignificant power in international affairs, he could not have been farther from the truth. The Holy See has played an important but understudied role in intelligence and diplomacy through its diplomatic service, which is one of the oldest in the world. The extensive presence of the Holy See’s diplomats combined with their neutrality provides them access to unique information in the far corners of the globe.

Formerly top-secret KGB (Soviet security service) documents declassified after the end of the Cold War reveal the Kremlin’s obsession with containing the papacy’s influence. The Soviet security services devoted substantial resources to penetrating and undermining the Catholic Church for the entirety of the Cold War. And as international threats have become more sophisticated, so too have the Vatican’s methods for protecting itself. Today, because the papacy maintains diplomatic relations with 183 countries, the Catholic Church is still an influential power in international affairs. While the papacy does not possess a formal intelligence service, it does field a diplomatic corps that provides valuable information to the diplomatic community in the far reaches of the globe, including war zones in the Middle East and Africa.

A Brief History of the Pope’s Diplomatic ServiceThe Holy See’s diplomatic service was established over 500 years ago. In addition to his role as the head of the Catholic Church, the pope is the political leader of Vatican City, the smallest sovereign state in the world. Papal ambassadors, called “nuncios,” are the official representatives of the pope to sovereign states and to foreign bodies, such as the United Nations. Their diplomatic cables to Rome include information about secular political, economic, and social concerns in addition to notes about the local church community, such as which priests might be candidates for elevation to bishop.

Papal diplomats train at the Pontifical Ecclesiastical Academy in Rome. Bishops nominate candidates who are then selected by the Secretariat of State headquartered in Vatican City. The Secretariat of State is the central governing bureaucracy of the Catholic Church and is responsible for the Church’s political and diplomatic affairs. The Secretary for Relations with States is the equivalent of a foreign minister and the Holy See’s most senior diplomatic official.

The course of study for papal diplomats at the Pontifical Ecclesiastical Academy is approximately four years in length; if the entering student already has an advanced degree in canon law, the course is shortened to two years. The curriculum includes diplomatic history, international law, negotiation techniques, economics, canon law, theology, and cultural studies. Students are also expected to become proficient in two languages in addition to their mother tongue. U.S. foreign service officers, by comparison, train for several months up to a year or more, depending on the nature of their first assignment and language requirements. Papal diplomatic training is significantly longer due to the obligation to gain expertise in theology and Church law. In a 2016 interview, Archbishop Timothy Broglio, a former papal nuncio who served in Latin America and Africa, said that as in the U.S. State Department, papal diplomats are moved every few years and often serve in austere locations.

With their extensive training, nuncios serve as an invaluable source of information on political, economic, and social developments in dangerous locations around the globe. Hugh Wilson, who served as U.S. ambassador to Germany before the outbreak of World War II, said that the pope had “the best information service in the world.” More recently, the Holy See was credited with using its diplomatic connections in Cuba to assist Washington and Havana’s normalization of relations in 2014. Today as in the past, when wars break out and other diplomats begin evacuating, papal nuncios remain in their posts even though the Holy See allows them to leave as violence escalates. In 2003, rebels in Burundi believed to be from the National Liberation Forces assassinated Archbishop Michael Courtney for his role in negotiating a peace accord between the Burundian government and the Hutu opposition. Perhaps the best example of the influence of papal diplomacy in international relations is its role in combatting communism during the Cold War.

Espionage and the Holy See during the Cold War

Shortly after the Bolshevik Revolution in 1917 and the founding of the Soviet state, senior leadership in the Holy See recognized the threat that the Soviets posed to organized religion. In 1929, Pope Pius XI established the Pontifical Russian College, the Russicum, to prepare priests for service in territories controlled by the communists. However, the Soviets believed it served as a schoolhouse for spies. The 1972 edition of the KGB’s counter-intelligence encyclopedia described the Russicum as a clandestine intelligence organization engaged in active measures and influence operations. It stated that students at the Russicum received political, theological, and language training, “are taught civilian specialties to establish a cover identity,” and that “their goal is organizing support for subverting the Soviet Union.”

Since such a substantial portion of the population in Soviet-occupied territory was Catholic, the Kremlin was especially concerned with the Holy See using its influence to undermine Soviet authority. KGB defector Vasili Mitrokhin stated that the Soviets viewed the Catholic Church as a serious ideological threat and that “the Vatican was a primary target for KGB penetration operations.” Owing to Soviet anxiety about ideological subversion after the rebellions in Hungary and Czechoslovakia, the KGB’s operations targeting the Holy See expanded significantly in the 1960s and 1970s.

The Soviets were particularly concerned about subversion in Lithuania, as more than 80 percent of its population was Catholic. A primary objective of the KGB was to prevent the Holy See from contacting any Catholic clergy not under Soviet control. In 1956, the KGB launched Operation Students, designed to penetrate Vatican bureaucracies and undermine the Catholic Church’s influence in Lithuania, by sending two KGB agents to study as theology students at the Pontifical Lateran University in Rome.

While these agents did interact with senior members of the Holy See — they even met Pope John XXIII — the operation largely failed. Many of their fellow students, Lithuanian emigres in Rome, and clergy suspected that they were cooperating with Soviet authorities. Certainly, the operation did not result in the degradation of the power and influence of the Church among the Catholic faithful in Lithuania that the Soviets so strongly desired.

In 1962, the Soviets tried again to penetrate the inner sanctum of the Holy See. That same year, the pope officially convened the Second Vatican Council, which considered a broad number of reforms in the Catholic Church. Invitations for participation were sent to the Christian Churches in communist territories. In response, the KGB assembled a delegation of Catholic clerics from Lithuania, among whom were several of its agents. The KGB instructed  these agents to directly participate in and shape the discussions taking place at the council. They were to achieve a private audience with the pope, make inroads with the “reform wing” in the Vatican, and work to convince council participants that accounts of persecution of Catholics behind the Iron Curtain were much exaggerated. Because the KGB was not able to cultivate high-level sources in the Holy See, this operation also proved to be of little utility in the Soviet Union’s clandestine war against the Catholic Church.

The Kremlin’s concerns about Catholic influence only increased over time. In 1975, the KGB organized a conference in Warsaw with representatives from the security agencies of East Germany, Czechoslovakia, Hungary, Poland, Bulgaria, and Cuba to devise a strategy for more coordinated intelligence operations targeting the Catholic Church. A formerly top-secret KGB document states that the communist security organs should actively attempt to cultivate several influential Catholic officials, such as Cardinal Agostino Casaroli, a senior Holy See diplomatic official, and Cardinal Franz König, the Archbishop of Vienna. Other stated objectives of the conference included penetrating the academy responsible for training Vatican diplomats and gathering intelligence about future papal elections. The objectives of the Soviets at the conference could be characterized as wishful thinking. The KGB did, however, manage to surreptitiously implant a listening device in a statue that was placed in the dining room of Cardinal Casaroli. Since Casaroli regularly had discussions with papal diplomats focused on the Communist bloc at that location, the electronic bug was likely a good source of information on the Holy See’s policy of Ostpolitik, i.e., rapprochement with the Communist bloc.

Soviet fears about the Holy See turned into hysteria in October 1978, when the College of Cardinals chose Polish Cardinal Karol Wojtyla as pope. When Yuri Andropov, the head of the KGB at the time, learned of Wojtyla’s election, he asked his station chief in Warsaw, “How could you possibly allow the election of someone from a socialist country as pope?” The KGB had been closely following the career of Wojtyla owing to his profound anti-communism before his elevation as Pope John Paul II. A KGB report described him as a dangerous anti-communist. A declassified Central Intelligence Agency report from 1978 presciently stated that a Polish pope would rejuvenate nationalism in Poland and the other Soviet-occupied states, posing a serious challenge to Soviet authority and stability.

The Reagan administration viewed the Catholic Church as a very important ally in the war against communism. Ronald Reagan and Central Intelligence Agency Director William Casey were both elated by the articulate anti-communism of Pope John Paul II, which led to the establishment of diplomatic relations with the Holy See in 1984. Casey traveled to Rome several times to meet personally with the pope and brief him on developments in the communist world. A declassified Central Intelligence Agency report details a January 1986 briefing given by U.S. intelligence representatives to a small number of Holy See officials on Ronald Reagan’s Strategic Defense Initiative, a highly controversial missile defense system. That U.S. intelligence officials provided a classified briefing to a group of papal advisers underlines the importance that the Reagan Administration attributed to the Holy See in world affairs. Additionally, the Central Intelligence Agency used Catholic clergy to funnel money into Poland to support Solidarity, the anti-communist Polish trade union.

The KGB’s fears about the threat to communism posed by the Catholic Church were indeed justified, and the Holy See ranked as one of the top targets of Soviet intelligence services during the Cold War. Nevertheless, the concerted efforts of the Soviet security services to undermine the Catholic Church’s influence in the Eastern bloc were a complete failure. Eminent Cold War historian John Lewis Gaddis identifies Pope John Paul II as an instrumental figure in setting the course for the Soviet Union’s demise. The collapse of communism, however, did not diminish the Holy See’s active role in post-Cold War international relations.

Quietly Influencing International Relations: The Holy See after the Cold War

In the post-Cold War world, the Holy See’s diplomatic efforts are even more apparent in every corner of the globe. Because the Holy See today maintains diplomatic relations with so many countries, it serves as a valued source of information for Western diplomatic services and remains a target of foreign intelligence organizations. In a 2017 interview, one former U.S. diplomat said that many nuncios have in-depth subject matter expertise on foreign governments with whom Western governments have limited or no contact. Because the pope maintains a policy of political nonalignment, his diplomatic corps obtains unique access to foreign powers, especially in the Middle East.

The Holy See has proven a very active force in attempting to prevent the escalation of violence in the Middle East. To achieve this aim, papal diplomats worked diligently to cultivate better relations with Iran in particular, opening a diplomatic mission in Tehran and consecrating a bishop to serve Catholics in Iran. The Holy See’s efforts to engage with Iran have given it greater access to that country’s senior leadership, which now maintains one of the largest diplomatic missions to the Vatican.

Iran and Russia, among others, have acknowledged the Holy See’s weight in international deliberations. In 2013, the Holy See persistently lobbied against military intervention in Syria in response to allegations that Assad used chemical weapons against his own people. Papal diplomats briefed over 70 foreign ambassadors on the pope’s position. When the United States chose not to intervene militarily at the time, it provided evidence that the Holy See remained an influential force in international relations among the great powers. Iran “expressed admiration for the way the pope headed off airstrikes in Syria.”

As the international threat environment has evolved, so too has the Holy See’s approach to security. Given the large number of diplomatic missions accredited to the Holy See, Vatican City remains a center of foreign intelligence activity. Iran maintains a large diplomatic presence in the Vatican. A senior official in Vatican City once said to a journalist, “who knows what other duties they [Iranian diplomats] have,” implying that Iranian intelligence is active in “the world’s great listening post.” Since the Holy See maintains close contact with countries of interest to Tehran, Vatican City is an attractive target for Iran’s intelligence services.

Additionally, the Holy See is ever more concerned about foreign powers using electronic eavesdropping technology, especially during the election of a new pope. When a pope dies or resigns, the College of Cardinals gathers in the Sistine Chapel in Vatican City to elect the new pope. Prior to their meeting, Italian secret services in conjunction with Vatican security officials thoroughly sweep the Sistine Chapel for electronic bugs. Additionally, they employ jamming equipment to prevent radio frequency signals from either entering or emanating from the area. Cardinals are prohibited from bringing cell phones or other electronic devices into the Sistine Chapel during the selection of a new pope.

The Holy See is also concerned about the physical security of its diplomatic missions and the integrity of its communications networks. A former nuncio said during a 2017 interview on diplomacy that papal embassies use modern and sophisticated methods of encryption when transmitting diplomatic cables to Rome. Because the Holy See is neutral and desires to be welcoming, it institutes minimal physical security measures at its overseas diplomatic facilities. In 2009, the residence of Archbishop Paul Gallagher, the nuncio to Burundi who took over after the assassination of Archbishop Courtney, was hit by National Liberation Forces mortars. While Gallagher survived, the incident demonstrated once again that the Holy See’s diplomats are putting their lives on the line in dangerous locations around the world.

Conclusion

Intelligence studies of the Cold War tend to overlook the historical importance of the Holy See, despite the archival material available from the Soviet security services establishing that the Kremlin viewed the Catholic Church as a significant threat to Soviet authority. The persistent efforts of the KGB and its sister services to penetrate and undermine the Holy See proved to be futile. While the Cold War is over, the prominent role of the Catholic Church in international affairs has only expanded. The extensive footprint of papal diplomats around the world has solidified their place as valuable members of the international affairs community. The pope does not have a large military or vast economic resources. Regardless, the Holy See will remain a prime target for espionage due to its influence and possession of one of the most valuable commodities of the present time: accurate and timely information.

Aaron Bateman is pursuing a Ph.D. in history at Johns Hopkins University. Previously, he served for six years as a U.S. Air Force intelligence officer. He has published on a wide variety of subjects including Russian intelligence and Cold War history.

Voir également:

The Last Pope Leo Had Some Great Takes on Socialism

Image
Dominic Pino

National Review

The new pope is taking the regnal name Leo XIV. The last Pope Leo was in office from 1878 to 1903. Perhaps his most famous written work is Rerum novarum, an 1891 encyclical “on capital and labor” that is often described as charting a third way between capitalism and socialism for Catholic teaching. This description is incomplete, if not entirely wrong, as Rerum novarum is very clear that socialism is evil, and markets and private property are essential to human flourishing. And Leo XIII composed some of the strongest denunciations of socialism ever written. It was a major theme of his papacy from beginning to end.

Rerum novarum

Let’s start, though, with Rerum novarum, since it has been so much more influential than his other works. Writing in 1891, Leo XIII said:

The socialists, working on the poor man’s envy of the rich, are striving to do away with private property, and contend that individual possessions should become the common property of all, to be administered by the State or by municipal bodies. They hold that by thus transferring property from private individuals to the community, the present mischievous state of things will be set to rights, inasmuch as each citizen will then get his fair share of whatever there is to enjoy. But their contentions are so clearly powerless to end the controversy that were they carried into effect the working man himself would be among the first to suffer. They are, moreover, emphatically unjust, for they would rob the lawful possessor, distort the functions of the State, and create utter confusion in the community.

“Socialists, therefore, by endeavoring to transfer the possessions of individuals to the community at large, strike at the interests of every wage-earner, since they would deprive him of the liberty of disposing of his wages, and thereby of all hope and possibility of increasing his resources and of bettering his condition in life,” the encyclical says. “Every man has by nature the right to possess property as his own.”

“The socialists, therefore, in setting aside the parent and setting up a State supervision, act against natural justice, and destroy the structure of the home,” Leo XIII wrote. He goes on:

And in addition to injustice, it is only too evident what an upset and disturbance there would be in all classes, and to how intolerable and hateful a slavery citizens would be subjected. The door would be thrown open to envy, to mutual invective, and to discord; the sources of wealth themselves would run dry, for no one would have any interest in exerting his talents or his industry; and that ideal equality about which they entertain pleasant dreams would be in reality the levelling down of all to a like condition of misery and degradation. Hence, it is clear that the main tenet of socialism, community of goods, must be utterly rejected, since it only injures those whom it would seem meant to benefit, is directly contrary to the natural rights of mankind, and would introduce confusion and disorder into the commonweal. The first and most fundamental principle, therefore, if one would undertake to alleviate the condition of the masses, must be the inviolability of private property.

No wiggle room there. Private property is God-ordained and fundamental to human life. Leo XIII’s criticism of capitalism is much more nuanced and restrained. He saw a greater role for organized labor than the U.S. has typically had, and the working classes in Europe were genuinely in worse shape in the late 1800s than they are today. Part of the solution, he believed, was not greater government control but rather more private ownership, and he wrote that government policy “should be to induce as many as possible of the people to become owners.”

Quod apostolici muneris

Now, back to the start. Leo XIII devoted his entire second encyclical, 1878’s Quod apostolici muneris, to the subject of socialism. In the first paragraph, he wrote, “You understand, venerable brethren, that We speak of that sect of men who, under various and almost barbarous names, are called socialists, communists, or nihilists, and who, spread over all the world, and bound together by the closest ties in a wicked confederacy, no longer seek the shelter of secret meetings, but, openly and boldly marching forth in the light of day, strive to bring to a head what they have long been planning – the overthrow of all civil society whatsoever.”

Of socialists, Leo XIII wrote:

Surely these are they who, as the sacred Scriptures testify, “Defile the flesh, despise dominion and blaspheme majesty.” They leave nothing untouched or whole which by both human and divine laws has been wisely decreed for the health and beauty of life. They refuse obedience to the higher powers, to whom, according to the admonition of the Apostle, every soul ought to be subject, and who derive the right of governing from God; and they proclaim the absolute equality of all men in rights and duties. They debase the natural union of man and woman, which is held sacred even among barbarous peoples; and its bond, by which the family is chiefly held together, they weaken, or even deliver up to lust. Lured, in fine, by the greed of present goods, which is “the root of all evils, which some coveting have erred from the faith,” they assail the right of property sanctioned by natural law; and by a scheme of horrible wickedness, while they seem desirous of caring for the needs and satisfying the desires of all men, they strive to seize and hold in common whatever has been acquired either by title of lawful inheritance, or by labor of brain and hands, or by thrift in one’s mode of life. These are the startling theories they utter in their meetings, set forth in their pamphlets, and scatter abroad in a cloud of journals and tracts. Wherefore, the revered majesty and power of kings has won such fierce hatred from their seditious people that disloyal traitors, impatient of all restraint, have more than once within a short period raised their arms in impious attempt against the lives of their own sovereigns.

“But the boldness of these bad men, which day by day more and more threatens civil society with destruction, and strikes the souls of all with anxiety and fear, finds its cause and origin in those poisonous doctrines which, spread abroad in former times among the people, like evil seed bore in due time such fatal fruit,” Leo XIII continued. He saw the church as a source of “doctrines and precepts whose special object is the safety and peace of society and the uprooting of the evil growth of socialism.”

He accused socialists of “stealing the very Gospel itself” and said they would “strive almost completely to dissolve” the bonds of family. He concluded, “And since they know that the Church of Christ has such power to ward off the plague of socialism as cannot be found in human laws, in the mandates of magistrates, or in the force of armies, let them restore that Church to the condition and liberty in which she may exert her healing force for the benefit of all society.”

Diuturnum

This encyclical is about the “origin of civil power.” It also mentions socialism, in a paragraph that begins by noting that “the doctrines on political power invented by late writers have already produced great ills amongst men, and it is to be feared that they will cause the very greatest disasters to posterity.” Leo wrote, “For an unwillingness to attribute the right of ruling to God, as its Author, is not less than a willingness to blot out the greatest splendor of political power and to destroy its force.”

He continued:

We have reached the limit of horrors, to wit, communism, socialism, nihilism, hideous deformities of the civil society of men and almost its ruin. And yet too many attempt to enlarge the scope of these evils, and under the pretext of helping the multitude, already have fanned no small flames of misery.

He didn’t know how right he would turn out to be. Writing in 1881, he didn’t know anything about the Soviet Union, North Korea, Cuba, China, or any of the other communist horrors of the century to come.

Licet multa

This 1881 encyclical is about Catholics in Belgium, but Leo XIII felt it necessary to mention socialism in contrast with Christian society.

Most assuredly we, more than any one, ought heartily to desire that human society should be governed in a Christian manner, and that the divine influence of Christ should penetrate and completely impregnate all orders of the State. From the commencement of our Pontificate we manifested, without delay, that such was our settled opinion; and that by public documents, and especially by the Encyclical Letters we published against the errors of Socialism, and, quite recently, upon the Civil Power.

Auspicato concessum

Writing about St. Francis of Assisi in 1882, Leo XIII mentioned that focusing on his institutes would develop Christian virtue and defend against socialism. “Than this disposition of mind nothing is more efficacious to extinguish utterly every vice of this kind, whether violence, injuries, desire for revolution, hatred among the different ranks of society, in all which vices the beginnings and the weapons of socialism are found.”

Humanum genus

This encyclical is against Freemasonry. In passing, it mentions the “monstrous doctrines of the socialists and communists.”

Quod multum

Leo XIII wrote this encyclical in 1886, addressed to the bishops of Hungary. He wrote that the church is an “effective means of restraining socialism.” He sees Christianity and socialism as necessarily opposed to one another:

Nevertheless to restrain the danger of socialism there is only one genuinely effective means, in the absence of which the fear of punishment has little weight to discourage offenders. It is that citizens should be thoroughly educated in religion, and restrained by respect for and love of the Church. For the Church as parent and teacher is the holy guardian of religion, moral integrity, and virtue. All who follow the precepts of the Gospel religiously and entirely are, by this very fact, far from the suspicion of socialism. For religion commands us to worship and fear God and to submit to and obey legitimate authority. It forbids anyone to act seditiously and demands for everyone the security of his possessions and rights. It furthermore commands those who have wealth to come graciously to the aid of the poor. Religion aids the needy with all the works of charity and consoles those who suffer loss, enkindling in them the hope of the greatest eternal blessings which will be in proportion to the labor endured and the length of that labor. Therefore those who rule the states will do nothing wiser and more opportune than to recognize that religion influences the people despite all obstacles and recalls them to virtue and uprightness of character through her teachings. To distrust the Church or hold it suspect is, in the first place, unjust, and in the second, profits no one except the enemies of civil discipline and those bent on destruction.

Libertas

As the name suggests, this encyclical from 1888 is about the nature of liberty. Leo XIII mentions socialism as an example of a doctrine that perverts true human liberty, because it is based on revolution and envy:

With ambitious designs on sovereignty, tumult and sedition will be common amongst the people; and when duty and conscience cease to appeal to them, there will be nothing to hold them back but force, which of itself alone is powerless to keep their covetousness in check. Of this we have almost daily evidence in the conflict with socialists and members of other seditious societies, who labor unceasingly to bring about revolution. It is for those, then, who are capable of forming a just estimate of things to decide whether such doctrines promote that true liberty which alone is worthy of man, or rather, pervert and destroy it.

Exeunte iam anno

Written in 1888, this encyclical is about “the right ordering of a Christian life.” Leo XIII mentions socialism in a list of evils that result from ignoring Christian religion:

In this way We daily see the numerous ills which afflict all classes of men. These poisonous doctrines have utterly corrupted both public and private life; rationalism, materialism, atheism, have begotten socialism, communism, nihilism evil principles which it was not only fitting should have sprung from such parentage but were its necessary offspring. In truth, if the Catholic religion is wilfully rejected, whose divine origin is made clear by such unmistakable signs, what reason is there why every form of religion should not be rejected, not upheld, by such criteria of truth? If the soul is one with the body, and if therefore no hope of a happy eternity remains when the body dies, what reason is there for men to undertake toil and suffering here in subjecting the appetites to right reason?

Solzhenitsyn said that the best explanation for the evils of the Soviet Union might best be summed up with the sentence: “Men have forgotten God.” Leo XIII was foreshadowing that here.

Dall’alto dell’Apostolico seggio

Another encyclical about Freemasonry, this one focuses on Italy and was written in 1890. Leo XIII devoted an entire section to the dangers of socialism. It begins thus:

Moreover, one of the greatest and most formidable dangers of society at the present day, is the agitation of the Socialists, who threaten to uplift it from its foundations. From this great danger Italy is not free; and although other nations may be more infested than Italy by this spirit of subversion and disorder, it is not therefore less true that even here this spirit is widely spreading and increasing every day in strength. So criminal is its nature, so great the power of its organisation and the audacity of its designs, that there is need of uniting all conservative forces, if we are to arrest its progress and successfully to prevent its triumph.

Compare those words with these, from the mission statement for National Review:

The century’s most blatant force of satanic utopianism is communism. We consider “coexistence” with communism neither desirable nor possible, nor honorable; we find ourselves irrevocably at war with communism and shall oppose any substitute for victory.

Buckley was a Catholic, after all.

Permoti nos

Another encyclical about Belgium, written in 1895, exhorts Belgian Catholics to stand strong against socialism. Leo XIII specifically references Rerum novarum as one of his greatest efforts to warn against the evils of socialism:

Let them rather act in the closest concert in order to oppose all their plans and strength to the wickedness of Socialism, which very clearly will cause evils and great losses. For it is constantly and in every way exerting itself violently against religion and the state; it is striving every day to throw both divine and human laws into confusion and to destroy the good works of evangelical providence. Our voice has been raised often and vehemently against this great calamity, as the commands and warnings which We gave in the Letter Rerum Novarum sufficiently testify. So to this purpose all good men should direct their minds to the exclusion of factional interests. They should uphold the sacred order of God and of their country without doubt, in their legitimate fight on behalf of Christian truth, justice, and charity. For it is from this order that public safety and happiness spring.

Spesse volte

Leo XIII wrote to address the suppression of Catholic institutions in Italy in 1898. It bemoans the “progress of socialism and anarchy” and “the endless evil to which they expose the nation.” He wrote that the Catholic associations and charities that were being suppressed were a “bulwark against the subversive theories of socialism and anarchy” and that they would help the people of Italy by “shielding them from the perils of socialism and anarchy.”

Graves de communi re

Leo XIII opens this encyclical as follows:

The grave discussions on economical questions which for same time past have disturbed the peace of several countries of the world are growing in frequency and intensity to such a degree that the minds of thoughtful men are filled, and rightly so, with worry and alarm. These discussions take their rise in the bad philosophical and ethical teaching which is now widespread among the people. The changes, also, which the mechanical inventions of the age have introduced, the rapidity of communication between places, and the devices of every kind for diminishing labor and increasing gain, all add bitterness to the strife; and, lastly, matters have been brought to such a pass by the struggle between capital and labor, fomented as it is by professional agitators, that the countries where these disturbances most frequently occur find themselves confronted with ruin and disaster.

That was written 1901, but in many respects it could just as easily have been written in 2025.

Leo XIII wrote that he viewed it as his duty to “warn Catholics, in unmistakable language, how great the error was which was lurking in the utterances of socialism, and how great the danger was that threatened not only their temporal possessions, but also their morality and religion.” He said that was why he wrote Quod apolostici muneris almost immediately upon assuming the papacy, and again referenced Rerum novarum as a warning against socialism.

He then contrasted social democracy with Christian democracy. He saw social democracy as a stepping stone to socialism, because it is based on the same rejection of God and embrace of materialism. He wrote that social democracy,

with due consideration to the greater or less intemperance of its utterance, is carried to such an excess by many as to maintain that there is really nothing existing above the natural order of things, and that the acquirement and enjoyment of corporal and external goods constitute man’s happiness. It aims at putting all government in the hands of the masses, reducing all ranks to the same level, abolishing all distinction of class, and finally introducing community of goods. Hence, the right to own private property is to be abrogated, and whatever property a man possesses, or whatever means of livelihood he has, is to be common to all.

“It is clear, therefore, that there in nothing in common between Social and Christian Democracy,” Leo XIII concluded. “They differ from each other as much as the sect of socialism differs from the profession of Christianity.” He later contrasted “Christian sentiments” with “the contamination of socialism which threatens them.”

Leo XIII again sounds prophetic about the evils of socialism that would be coming. Again, this was written in 1901, 16 years before the Bolshevik Revolution:

The condition of things at present proclaims, and proclaims vehemently, that there is need for a union of brave minds with all the resources they can command. The harvest of misery is before our eyes, and the dreadful projects of the most disastrous national upheavals are threatening us from the growing power of the socialistic movement. They have insidiously worked their way into the very heart of the community, and in the darkness of their secret gatherings, and in the open light of day, in their writings and their harangues, they are urging the masses onward to sedition; they fling aside religious discipline; they scorn duties; they clamor only for rights; they are working incessantly on the multitudes of the needy which daily grow greater, and which, because of their poverty are easily deluded and led into error. It is equally the concern of the State and of religion, and all good men should deem it a sacred duty to preserve and guard both in the honor which is their due.

Fin dal principio

In the penultimate encyclical of his pontificate, Leo XIII wrote about the education of Catholic clergy. He stressed the same message about the dangers of socialism and its opposition to the Christian faith, with emphasis on how priests should be educated to support Christian democracy and stay far away from any socialist causes:

We repeat again, and still more warmly, that the clergy go to a Christian people tempted on every side, and with every kind of fallacious promise offered by Socialism to apostatize from the true faith. They must therefore submit all their actions to the authority of those whom the Holy Spirit has constituted Bishops, to rule the Church of God, without which would follow confusion and the most grave disorders to the detriment even of the cause they have at heart to defend and promote. It is for this end that we desire that the candidates for the priesthood, on the conclusion of their education in the seminary, should be suitably instructed in the pontifical documents relating to the social question, and the Christian democracy, abstaining, however, as we have already said, from taking any part whatever in the external movement.

Conclusion

Leo XIII believed socialism was based on the sin of envy, contrary to God’s justice, bad for the poor, destructive of the family and of communities, and detrimental to the incentives to work, which is part of God’s design for mankind. He said socialists pervert Scripture and reject God’s authority. He used words like “evil,” “wicked,” “plague,” “monstrous,” and “hideous” to describe socialism, words he never used to reference markets or private property. On the contrary, he said private property is a bedrock part of God’s natural order for the world, and it must be protected, not undermined, by the state, and that true Christian teaching is a defense against socialism. If Leo XIV was inspired by Leo XIII’s legacy in choosing his regnal name, it would be great to see a resurgence in Catholic teaching on the evils of socialism.

Voir de même:

JD Vance Gets Mugged by Russian Reality

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Dan McLaughlin

We’ve seen presidents and vice presidents come into office before with pie-in-the-sky ideas about how easy it is to bring about world peace if only the mean old United States would stop being such a warmonger. At some point, however, reality tends to intrude. In no case has this been truer than in our Russia policy. Woodrow Wilson, as late as in January 1918, in his “Fourteen Points,” declared that “the treatment accorded Russia by her sister nations in the months to come will be the acid test of their good will, of their comprehension of her needs as distinguished from their own interests, and of their intelligent and unselfish sympathy.” By July, Wilson was dispatching American troops to Russia to stop the Bolsheviks and revive the Eastern Front. Jimmy Carter came to office pledging to slash the military budget and “signal restraint to Moscow.” After the Soviet invasion of Afghanistan, Carter kicked off a major defense buildup and slapped Moscow with a grain embargo and an Olympic boycott. George W. Bush, no dove, treated Russia as a partner against Islamic radicals and told us that he had looked into Vladimir Putin’s soul, but he was singing a different tune after Putin invaded Georgia in 2008. Barack Obama won the Democratic nomination on the back of an anti–Iraq War speech he had given six years earlier and signaled American retreat in Afghanistan; he ended up staying in Afghanistan and going back into Iraq. On the Russia front, Obama and his team gave us Hillary Clinton’s Russian “reset,” the sneering dismissal of Mitt Romney’s warnings with “the ’80s called,” and Obama’s pledge to Dmitry Medvedev that he’d have “more flexibility after the election.” Obama, too, learned the hard way and pivoted to a harder anti-Kremlin line in his final two years, after the 2014 Russian seizure of Crimea. Donald Trump, of course, spent the 2016 election sounding like Putin’s best buddy, but his first term featured a lot of tough sanctions on Russia and the provision of lethal aid to Ukraine.

Now, it’s JD Vance’s turn to be mugged by reality. Much like Obama, Vance has built his whole political identity so completely around opposing the Iraq War, applying it as a model to everything else — especially to American support for Ukraine’s resistance to a Russian invasion — and personally attacking any Republican who deviates from his view that it is difficult to introduce much realism into his ideological framework. But at a Munich Security Conference meeting in Washington, D.C., Vance acknowledged that the whole mind-set of treating the Ukrainians as the opponents of peace was colliding with the reality of the Russian and Ukrainian negotiating positions. While Vance insisted that “I’m not yet that pessimistic on this,” that “I wouldn’t say that the Russians are uninterested in bringing this thing to a resolution,” and that “we think that if cool heads prevail here we can bring this thing to a durable peace,” he elaborated:

Certainly the first peace offer that the Russians put on the table, our reaction to it was, you’re asking for too much, but this is how negotiations unfold. . . . What I would say is right now the Russians are asking for a certain set of requirements, a certain set of concessions, in order to end the conflict. We think they’re asking for too much, ok? And then obviously the Ukrainians matter a lot. They’re the other . . . party . . . to the direct conflict and we have to ask, . . . what do [the Ukrainians] need in order to bring this conflict to a successful completion? . . . The Ukrainians have . . . said they would agree to . . . a 30-day ceasefire. . . . What the Russians have said is a 30-day ceasefire is not in our strategic interest, so we’ve tried to move beyond the obsession with the 30-day ceasefire and more on the what would the long-term settlement look like. [Emphasis added]

Who could have predicted that Putin’s regime would ask for too much and resist any temporary cessation of hostilities that doesn’t advance its interests, except for everyone who has followed the behavior of the Russian regime over the past two decades? This is quite a different tune from the blame-Zelensky narratives we heard so much of just a few months ago.

Vance added that the administration has come around to the idea that it can’t cut a deal with Moscow without the Ukrainians — another error the Trump team had made previously, which was aimed at reaching a deal too onerous for Ukraine for any elected Ukrainian government to swallow. Now, he admits that direct talks are necessary and that the best the United States can do is mediate them rather than force a harsh peace on Kyiv:

The step that we would like to make right now is we would like both the Russians and the Ukrainians to actually agree on some basic guidelines for sitting down and talking to one another. Obviously, the United States is happy to participate in those conversations, but it’s very important for the Russians and the Ukrainians to start talking to one another. We think that is the next big step that we would like to take. . . . The Russians but also the Ukrainians have . . . put a piece of paper in our hands that says this is what we would need in order to bring this conflict to a successful resolution. . . . There’s a big gulf, predictably, between where the Russians and the Ukrainians are, and we think the next step in the negotiation is to try to close that gulf.

You can watch the whole colloquy here:

COMPLEMENT:

Défilé du 9 mai : le discours intégral de Poutine à Moscou

Devant Xi, al-Sissi, Lula, Vučić et les autres, Poutine voulait une mise en scène éclatante : celle d’un nouveau succès dans une guerre éternelle.

La guerre d’il y a quatre-vingt ans ; celle d’aujourd’hui en Ukraine, celle de demain en Europe — celle qui ne s’arrête jamais.

Parmi les douze batailles de la Seconde Guerre mondiale de son discours, on trouvait trois villes ukrainiennes et une autre, russe, qui fait désormais partie du front — Koursk.

Nous le traduisons.

Guillaume Lancereau
Le Grand continent
9 mai 2025
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Tout devait être parfait. Le Kremlin avait méticuleusement préparé sa cérémonie du 9 mai, consacrée à la victoire soviétique dans la Seconde Guerre mondiale, en renforçant notamment son dispositif de sécurité après les annonces de Volodymyr Zelensky, qui menaçait il y a quelques jours  : « En ce moment, les Russes s’inquiètent pour leur défilé, et ils ont raison de s’inquiéter ».

Il était clair qu’il ne fallait attendre de l’Ukraine aucune attaque visant le défilé lui-même  ; en revanche, les drones ukrainiens qui ont pris pour cible les principaux aéroports de Moscou ont perturbé ou suspendu les vols de 60 000 passagers. L’avion du président serbe Aleksandar Vučić a même été contraint de passer par la Turquie et l’Azerbaïdjan avant de parvenir à Moscou, en raison des risques de sécurité de l’espace aérien russe — le motif invoqué par les autorités serbes et russes étant d’ordre plus politique, puisqu’elles ont attribué cet incident à la fermeture inopinée de l’espace aérien de la Lettonie et de la Lituanie.

Comme chaque année, le régime s’était également appliqué à porter les commémorations au plus près du quotidien des populations.

Si les décorations et les « rubans de saint Georges » orange et noir sont des éléments traditionnels de ce décorum, le Kremlin s’était fendu d’un site internet et d’une application mobile recensant des dizaines d’initiatives nationales ou locales aux intitulés limpides, mais sans grande inspiration  : « la dictée de la Victoire », « le train de la Victoire », « le cinéma de la Victoire », « la musique de la Victoire », et d’autres.

Dans ce contexte, aucune parole dissidente, malintentionnée ou malavisée ne pouvait se faire entendre.

L’une des personnalités qui en a fait les frais a été Vitaly Goura. Chef de l’administration de Nova Kakhovka, dans la région de Kherson occupée par la Russie, il a été placé en détention provisoire après la fuite d’une vidéo dans laquelle on l’entendait en « off », avant ses vœux officiels aux habitants de la ville pour le 9 mai, jurer et insulter les autorités.

Manifestement alcoolisé, le dirigeant de l’administration locale, qui a résisté à la police lors de son interpellation, fait désormais l’objet d’une enquête pour « profanation de symboles de la gloire militaire russe » au titre de l’article 354.1, partie 3, du Code pénal de la Fédération de Russie, qui prévoit des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.

Après avoir, donc, fait place nette, le régime a pu lancer son défilé.

Sous le regard d’une série de dirigeants étrangers signalant la fin de l’isolement russe sur la scène internationale, la place Rouge a vu défiler un échantillon des forces létales engagées en Ukraine, dans un conflit qui a causé plus d’1,3 millions de morts et blessés. Aux côtés des classiques chars T-34, le « char de la Victoire », la procession comprenait plus de 11 500 militaires, des systèmes de missiles Iskander — ceux-là mêmes qui ont fait 34 morts parmi les civils à Soumy lors du dernier dimanche des Rameaux — et, pour la première fois, des drones Orlan et Lancet, de fabrication russe.

Le discours de Vladimir Poutine a été, pour sa part, assez convenu. Pour éviter d’assombrir cette manifestation d’unité, il a soigneusement évité de consacrer à l’Ukraine plus qu’une dizaine de mots. On ne peut cependant s’empêcher de constater que, parmi les douze batailles de la Seconde Guerre mondiale citées dans son discours figuraient trois villes ukrainiennes et une ville russe — celle de Koursk — actuellement disputée par les forces armées ukrainiennes.

Par ailleurs, si Donald Trump n’a finalement pas fait partie des personnalités étrangères présentes à Moscou ce 9 mai, la référence au « deuxième front » ouvert en Europe occidentale par les Alliés peut être lue à la lumière du réchauffement récent des relations entre la Russie et les États-Unis.

On ne devait attendre rien d’autre de l’allocution militariste et familialiste de Vladimir Poutine, dont chacun peut juger si la politique qu’il mène, en Ukraine, en Russie et ailleurs, relève bien, comme il l’affirme dans le discours traduit ci-dessous, d’une lutte « pour la justice et pour la vérité ».

Chers citoyens russes, chers vétérans,

Honorables invités,

Camarades soldats et matelots, sergents et adjudants, aspirants et sous-officiers,

Camarades officiers, généraux et amiraux,

Recevez tous mes vœux en ce jour où nous fêtons les quatre-vingts ans de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique.

Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout un sentiment mêlé, de joie et de tristesse, de fierté et de gratitude. Nous nous inclinons avec respect devant cette génération qui a vaincu le nazisme, qui a arraché la liberté et la paix, au profit de l’humanité tout entière et au prix de millions de vies.

Nous chérissons la mémoire de ces événements historiques, ces événements triomphants. En tant qu’héritiers des vainqueurs, nous célébrons le 9 mai comme une date qui nous appartient en propre, comme la fête la plus essentielle pour le pays, pour l’ensemble de ses habitants, pour chaque famille, pour chacune et chacun d’entre nous.

Nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents ont sauvé la Patrie. Ils nous ont ce faisant légué des devoirs  : défendre la Nation, toujours nous montrer soudés, défendre jusqu’au bout les intérêts de notre nation, notre histoire millénaire, notre culture, nos valeurs traditionnelles  : en un mot, tout ce qui nous est cher. Tout ce qui, pour nous, est sacré.

Nous nous souvenons des leçons de la Seconde Guerre mondiale et n’admettrons jamais que ces événements soient déformés. Nous ne tolérerons jamais les relectures de l’histoire qui s’efforcent de justifier les bourreaux et de calomnier les véritables vainqueurs.

L’avion du président serbe Aleksandar Vučić a même été contraint de passer par la Turquie et l’Azerbaïdjan avant de parvenir à Moscou, en raison des risques de sécurité de l’espace aérien russe — le motif invoqué par les autorités serbes et russes étant d’ordre plus politique, puisqu’elles ont attribué cet incident à la fermeture inopinée de l’espace aérien de la Lettonie et de la Lituanie. 
«Nous saluons la contribution des soldats des armées alliées, des combattants de la Résistance, le courage du peuple de Chine, de toutes celles et tous ceux qui ont porté les armes au nom de la paix future.» (Vladimir Poutine)

Défendre l’honneur des combattants et des commandants de l’Armée rouge, l’exploit mémorable des soldats de toute nationalité, qui figurent à jamais dans l’histoire mondiale comme des soldats russes — tel est notre devoir.

La Russie a été et sera toujours un rempart indestructible contre le nazisme, la russophobie, l’antisémitisme. Les partisans de ces idéologies assassines et délétères nous trouveront toujours sur leur chemin.

La vérité et la justice sont de notre côté. Notre pays tout entier, notre société, notre peuple — tous ensemble, nous apportons notre soutien aux participants de l’opération militaire spéciale. Nous sommes fiers de leur courage et de leur détermination, de retrouver en eux cette force d’esprit qui nous a toujours offert la victoire.

Chers amis,

L’Union soviétique a subi les assauts les plus féroces, les plus impitoyables de ses ennemis.

Des millions de personnes, qui n’avaient connu qu’un monde en paix, ont du jour au lendemain pris les armes pour se battre jusqu’à la mort sur toutes les hauteurs, tous les terrains, tous les fronts, déterminant ainsi l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Et ils ont vaincu, grâce à leurs victoires incontestables lors des grandes batailles de Moscou et de Stalingrad, sur le saillant de Koursk et le Dniepr  ; grâce au courage des défenseurs de la Biélorussie, les premiers à faire front à l’ennemi  ; grâce à la ténacité des défenseurs de la forteresse de Brest et de Moguilev, d’Odessa et de Sébastopol, de Mourmansk, de Toula, de Smolensk  ; grâce à l’héroïsme des habitants de Léningrad assiégée  ; grâce encore à la bravoure de celles et ceux qui ont lutté sur tous les front, dans les détachements de partisans et dans la clandestinité  ; grâce enfin au dévouement des citoyennes et citoyens qui, sous les bombardements ennemis, ont évacué les usines du pays, travaillé à l’arrière sans jamais rechigner leur tâche, jetant toutes leurs forces dans l’œuvre de la victoire.

Les plans nazis de conquête de l’Union soviétique se sont heurtés à l’unité de fer de notre pays. La grande masse du peuple a fait preuve d’un héroïsme invraisemblable, toutes les républiques ont partagé l’immense fardeau des combats.

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Sous le regard d’une série de dirigeants étrangers signalant la fin de l’isolement russe sur la scène internationale, la place Rouge a vu défiler un échantillon des forces létales engagées en Ukraine, dans un conflit qui a causé plus d’1,3 millions de morts et blessés.

La contribution des habitants de l’Asie Centrale et du Caucase a été considérable. Depuis ces régions, un flot continu de convois apportait au front tout le nécessaire  ; des hôpitaux y étaient installés partout  ; des centaines de milliers de personnes évacuées y trouvaient un second foyer, là où les habitants offraient leur toit, leur pain, la chaleur de leur cœur.

Nous honorons chacun des vétérans de la Grande Guerre patriotique, nous nous inclinons solennellement devant la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la Victoire, devant la mémoire des fils et des filles, des pères et des pères, des grands-parents, des arrière-grands-parents, des maris et des épouses, des frères et des sœurs, des proches, des amis. Nous nous inclinons devant tous nos compagnons d’armes tombés au champ d’honneur dans leur juste lutte pour la Russie. Observons pour eux une minute de silence.

Une minute de silence.

Chers amis,

L’orbite brûlante de la Seconde Guerre mondiale a attiré à elle presque 80 % de la population de la planète. L’anéantissement final de l’Allemagne nazie, du Japon militariste et de leurs satellites dans diverses régions du monde a été accompli grâce aux efforts conjoints des pays alliés.

Si Donald Trump n’a finalement pas fait partie des personnalités étrangères présentes à Moscou ce 9 mai, la référence au «deuxième front» ouvert en Europe occidentale par les Alliés peut être lue à la lumière du réchauffement récent des relations entre la Russie et les États-Unis.
Aux côtés des classiques chars T-34, le «char de la Victoire», la procession comprenait plus de 11 500 militaires, des systèmes de missiles Iskander — ceux-là mêmes qui ont fait 34 morts parmi les civils à Soumy lors du dernier dimanche des Rameaux — et, pour la première fois, des drones Orlan et Lancet, de fabrication russe.

Nous n’oublierons jamais que l’ouverture du second front en Europe, après les combats décisifs sur le territoire de l’Union soviétique, a rapproché l’heure de la Victoire. Nous saluons la contribution des soldats des armées alliées, des combattants de la Résistance, le courage du peuple de Chine, de toutes celles et tous ceux qui ont porté les armes au nom de la paix future.

Chers amis,

Nous ne cesserons jamais de prendre exemple sur nos vétérans, leur amour sincère de la Patrie, leur détermination à défendre leur foyer, les valeurs de l’humanisme et de la justice. Nous associons ces traditions, cet héritage, à ce que nos cœurs ont de plus précieux, et nous les transmettrons aux générations à venir.

En temps de paix comme en temps de guerre, dans la résolution de nos objectifs stratégiques et de toutes les tâches dont dépendent la Russie, sa grandeur et sa prospérité, nous saurons toujours nous appuyer sur notre unité.

Gloire au peuple vainqueur  ! Bonne fête  ! Bonne journée de la Victoire à tous  ! Hourrah  !


Présidentielle roumaine: Quelle longue tradition soviétique de coups tordus ? (And between the corrupt ruling parties’ tricks and the Trump team’s arrogant ignorance, what Europe that has become once again in the face of the new Genghis Khan with a telegraph… that infinitely vulnerable space that must have been the medieval village in the face of the Vikings ?)

5 Mai, 2025

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In 1959, a synagogue in Cologne, Germany, was one of the places desecrated with Nazi imagery.ImageImage
Etoiles de David taguées à Paris : la piste d'une opération d'ingérence russe privilégiéeJO Paris 2024 : qui a tagué « Attention, chute possible du balcon » dans les rues de la capitale ? - Le Parisien
Des tags pro-russes ont été aperçus à côté du siège de Libération, avenue de Choisy à Paris 13e, mardi 18 juin. (LINH-LAN DAO / FRANCEINFO)
Cercueils devant la Tour Eiffel : une manipulation étrangère ?
I don’t want war. All I want is peace. Peace. Peace! A little piece of Poland, a little piece of France, a little piece of Portugal, and Austria perchance, a little slice of Turkey, and all that that entails, und then a piece of England, Scotland, Ireland, and Wales… All I want is peace. Peace! Peace! A little piece of Poland, a little piece of France. A little nip of Norway, a little spot of Greece, a little hunk of Hungary. Oh, what a lovely feast ! A little bite of Belgium. And now for some dessert,  Armenia, Albania and Russia wouldn’t hurt. A little piece of Poland, a little piece of France, a little piece of India and Pakistan perchance. Hitler (To be, or not to be, Mel Brooks, 1993)
Si le progrès technologique ne s’accompagne pas d’une modernisation des institutions politiques, le résultat sera Gengis Khan avec un télégraphe. Alexandre Herzen (au tsar Alexandre II)
Songeons à la carence de ces avant-gardes qui nous prêchaient l’inexistence du réel ! Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les Croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. (…)  L’Europe (…) est redevenue, après le Communisme, cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings. (…) Il y a là une démission de la raison. Elle ressemble par certains côtés aux apories du pacifisme, dont nous avons vu à quel point elles pouvaient encourager le bellicisme. (…) Il faut donc réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. René Girard
Les communistes ne peuvent se fier à la légalité bourgeoise. Il est de leur devoir de créer partout, parallèlement à l’organisation légale, un organisme clandestin capable de remplir au moment décisif son devoir envers la révolution. 3e Condition de la Troisième Internationale (juillet 1920)
Il est difficile d’expliquer, et sans doute plus difficile à comprendre pour une nouvelle génération, comment les « intellectuels » et les « artistes » de notre pays ont sauté avec une crédulité aussi abandonnée et fanatique dans l’enfer russe de 1920. Ils ont cité des phrases et des slogans éculés. Ils ont été portés à un patriotisme étoilé par l’organisation communiste frauduleuse appelée la Brigade Lincoln. Le saint nom était un charme qui assurait la sécurité et la victoire. La balle frappait la Bible au lieu du cœur. Katherine Ann Porter
Un des grands problèmes de la Russie – et plus encore de la Chine – est que, contrairement aux camps de concentration hitlériens, les leurs n’ont jamais été libérés et qu’il n’y a eu aucun tribunal de Nuremberg pour juger les crimes commis. Thérèse Delpech (2005)
Vous avez finalement un paradoxe aujourd’hui dans la politique française, qui est presque une tenaille. C’est à dire que nous sommes pris en tenaille entre d’une part une gauche qui dans son ensemble ne reconnait pas le danger de l’islamisme, ou en tout cas ne l’évalue pas à sa juste dimension. (…)  Et puis, (…) une droite qui est incapable de penser la question russe. (…) Il y a un côté, que je dirais presque tragique pour nous Français, de se dire qu’il n’y a pas vraiment sur la scène politique un homme politique qui est capable de penser de manière vraiment sérieuse ces deux menaces en même temps. Laure Mandeville
I shouted out, Who killed the Kennedys?  When after all  It was you and me. The Rolling Stones (1968)
Il n’aura même pas eu la satisfaction d’être tué pour les droits civiques. Il a fallu que ce soit un imbécile de petit communiste. Cela prive même sa mort de toute signification. Jackie Kennedy
N’espérez pas contrer la lance à incendie de mensonges avec le pistolet à eau de la vérité. RAND
Quand les dirigeants utilisent une lance à incendie de mensonges, les citoyens se réfugient dans le cynisme et dans la conviction que la vérité est fondamentalement inconnaissable. Si la vérité est inconnaissable, le débat raisonné est inutile parce qu’il n’y a pas de consensus sur les faits. … Lorsque le discours démocratique raisonné n’est pas possible parce qu’il n’y a pas d’accord sur les faits, il ne reste plus que l’exercice politique du pouvoir brut. Philip T. Dunwoody, Joseph Gershtenson, Dennis L. Plane, Territa Upchurch-Poole
Le  » firehose of falsehood » (littéralement « tuyau d’incendie de fausseté » ou « de mensonges ») est une expression anglo-américaine qui désigne une technique de propagande suivant laquelle une grande quantité de messages est diffusée rapidement, répétitivement et en continu à travers plusieurs canaux (comme par voie de presse et par les réseaux sociaux) sans se soucier de leur vérité ni de leur cohérence. Issue des techniques de propagande soviétique, elle est employée par la propagande russe sous le président Vladimir Poutine. Le Kremlin a usé de cette technique lors de son offensive contre la Géorgie en 2008, et a continué à l’exploiter dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, spécifiquement durant l’annexion de la Crimée et du prélude à l’invasion russe de l’Ukraine. (…) Bien que cette propagande soit difficile à contrecarrer, le German Marshall Fund, la RAND et des stratèges militaires ont élaboré des techniques pour répondre au firehose of falsehood, impliquant généralement de les anticiper avec de bonnes informations, de réduire ou de supprimer stratégiquement la désinformation et d’enseigner la culture numérique. En 2016, la RAND Corporation a formulé l’expression « Russian firehose of falsehood », décrivant une technique observée dans la propagande russe qui combine à la fois un nombre de communication élevée et un mépris de la vérité. Elle se distingue des anciennes techniques de propagande soviétique en pratique durant la guerre froide en partie par la quantité beaucoup plus grande de messages et de canaux activés, à travers Internet, et par les changements dans la façon dont les gens consomment les informations. L’objectif immédiat est de divertir, de brouiller et de submerger le public, et d’obtenir le désintérêt de ce dernier vis-à-vis de la vérification des faits, voire son opposition. Cela engendre que la propagande peut être transmise au public plus rapidement que de sources plus véridiques. Le succès de cette approche est à l’opposé de l’idée selon laquelle la communication est plus persuasive lorsqu’elle est semble véridique, possible à croire et non contradictoire. Selon RAND, le modèle de firehose of falsehood comporte quatre facteurs distinctifs : il est à volume élevé et multicanal, il est rapide, continu et répétitif, il manque d’engagement envers la réalité objective, il manque d’engagement envers la cohérence. La quantité élevée de messages, l’utilisation de différents canaux d’information, couplé à l’utilisation de bots et de faux comptes sont efficaces car le receveur de l’information est plus susceptible de croire une histoire lorsqu’elle semble avoir été rapportée par plusieurs sources. Additionnellement au canal « d’information » RT (Russia Today), la Russie diffuse de la propagande en utilisant des dizaines de sites Web proxy, dont les connexions à RT sont « déguisées ou minimisées ». Les gens sont également plus susceptibles de croire une histoire lorsqu’ils pensent que beaucoup d’autres la croient, principalement si ces autres personnes appartiennent à un groupe auquel ils s’identifient. Ainsi, un groupe d’agents peut influencer l’opinion d’une personne en créant la fausse impression qu’une majorité de ses voisins soutiennent une opinion donnée. Wikipedia
Une nuit, ils ont mis des croix gammées partout, renversé des pierres tombales et peint des slogans antijuifs, avant de s’enfuir sans être repérés. Les agents du KGB en poste dans le village pour évaluer la réaction du public ont indiqué que la plupart des gens avaient été troublés ou effrayés par les croix gammées. Mais l’apparition des insignes nazis a également réveillé l’antisémitisme latent d’un certain nombre de Russes et les a incités à commettre eux-mêmes divers actes antijuifs. Quelques semaines après cet essai dans le village soviétique, le KGB a commencé l’opération, en s’appuyant sur les Allemands de l’Est en Allemagne de l’Ouest et sur ses propres agents dans d’autres parties du monde. John Barron (« KGB: Le travail occulte des agents secrets soviétiques », 1974)
Cela aidait l’Allemagne de l’Est à se légitimer en tant qu’État pacifique et antifasciste. (…) [Le parti national-démocrate d’Allemagne (NDPD), contrôlé par les communistes et parfaitement mal nommé, par exemple] a aidé à former, au cours des années 1950, ‘de nombreux groupes de pression, journaux et ‘cercles d’étude’ pour les anciens officiers’ grâce à ses contacts en Allemagne de l’Ouest parmi les anciens nazis et les officiers de la Wehrmacht. À ces fins, le NDPD recevait 700 000 marks est-allemands par mois d’une banque soviétique. Anton Shekhovtsov
Entre la veille de Noël 1959 et la mi-février 1960, a raconté plus tard le journaliste américain John Barron, « les autorités ouest-allemandes ont enregistré 833 actes antijuifs distincts. Puis l’épidémie a cessé presque aussi soudainement et mystérieusement qu’elle avait commencé. La police a arrêté et interrogé 234 personnes. En analysant leurs motivations, le gouvernement a conclu que 24 % d’entre elles avaient agi pour des « motifs nazis subconscients » ; 8 % étaient inspirées par des croyances d’extrême droite ou d’extrême gauche ; 48 % étaient des ivrognes ou des voyous ; 15 % étaient des enfants ; et 5 % étaient mentalement dérangées ». L’affaire semble donc close, à l’exception de quelques bizarreries diagnostiquées chez le patient zéro de cette épidémie. Les deux hommes qui avaient inauguré la série de dégradations à Cologne appartenaient à un minuscule parti néo-nazi d’Allemagne de l’Ouest mais, comme le note Barron, les autorités ont découvert « qu’ils se rendaient fréquemment en Allemagne de l’Est et que l’un d’eux avait un badge du parti communiste caché derrière le revers de son manteau ». Dans un autre incident, le trésorier d’une autre organisation fasciste, âgé de 22 ans, a été arrêté et a admis à la police qu’il était un agent est-allemand dont la mission était d’infiltrer les groupes d’extrême droite en Allemagne de l’Ouest et d’attiser le sentiment antisémite. Tout cela a alimenté le soupçon à Bonn que la simultanéité de ces crimes haineux laissait présager quelque chose de plus qu’une sinistre coïncidence. Il faudra attendre quelques années, lorsque des transfuges de la RDA franchiront le mur de Berlin, pour que la véritable origine de l’ »opération graffitis à la croix gammée » soit connue. Une opération, c’est exactement ce qu’elle était aussi, concoctée par le général Ivan Ivanovitch Agayants, qui dirigeait le département D de la première direction générale du KGB soviétique. Le « D » signifiait Dezinformatsiya, ou désinformation, et Agayants, un Arménien austère, était très bon dans son travail. Pendant son mandat, il a supervisé la falsification de documents alléguant que la CIA prévoyait d’assassiner le président indonésien Sukarno et d’éliminer des responsables militaires et des acteurs politiques turcs dans l’intérêt du Parti de la justice, alors au pouvoir et de centre-droit. Cette provocation vieille de 58 ans a peut-être été un succès tactique, mais elle a été un échec stratégique : L’Allemagne de l’Ouest est restée dans l’OTAN et est restée une démocratie libérale intacte, à l’abri de la restauration de l’hitlérisme, jusqu’à la réunification avec son voisin de l’Est. Mais la campagne de graffitis de croix gammées reste un exemple frappant d’une arme empoisonnée utilisée pendant des décennies, non seulement par les Soviétiques, mais aussi par leur héritier, le président russe Vladimir Poutine, un ancien lieutenant-colonel du KGB, pour tenter d’influencer les nations occidentales, y compris le cours de la démocratie américaine. Agayants avait observé que la réaction immédiate à la première vague d’antisémitisme en 1959 avait été la répulsion et l’embarras, ce qui n’avait fait que donner à l’Allemagne de l’Ouest un air faible et défensif. Si quelques symboles et slogans nazis ont suscité le mépris et le boycott à l’échelle internationale, sans parler des actes de prosternation de l’Occident, imaginez ce qu’une contagion entière de ces symboles et slogans pourrait faire dans les nations alignées sur les États-Unis à travers le monde ? Agayants a même créé un pogrom sur scène pour tester son hypothèse anthropologique. Il a choisi un village situé à 80 km de Moscou et y a envoyé une équipe d’agents du KGB. (…) La désinformation, telle qu’elle est pratiquée par les services de sécurité soviétiques et aujourd’hui russes, fonctionne mieux lorsque le mensonge qu’elle colporte contient un élément de vraisemblance ou le germe d’un fait vérifiable, même s’il est habilement enveloppé de faussetés. (…) Les théories conspirationnistes extravagantes – la CIA a créé le sida pour détruire les communautés noires des quartiers défavorisés et a également assassiné JFK – peuvent devenir des mythes urbains marginaux ou des biopics d’Oliver Stone. Des efforts plus intelligents pour saper l’Occident sont enracinés dans une meilleure compréhension de l’Occident et de ses points de pression sociaux et politiques. Il est toujours plus facile de coopter que de créer. Et comme le néonazisme persistant ou résurgent était un problème en Allemagne de l’Ouest en 1959, même si ce n’était pas dans la mesure exagérée par Agayants, l’opération de graffitis de croix gammées a réussi de deux manières. Premièrement, elle a sapé et subverti une nation ennemie, comme prévu. Deuxièmement, elle a « aidé l’Allemagne de l’Est à se légitimer en tant qu’État pacifique et antifasciste », comme l’affirme Anton Shekhovtsov, un spécialiste du fascisme européen basé à Vienne, dans son nouveau livre opportun et très bien documenté, « Russia and the Western Far Right : Tango Noir ». Comme beaucoup d’opérations du KGB, celle-ci avait la vertu supplémentaire de la projection freudienne : accuser l’Ouest de ce dont l’Est était coupable. Le régime est-allemand, nous rappelle Shekhovtsov, n’a pas hésité à réhabiliter et à suborner d’anciens agents d’Hitler pour qu’ils fassent de l’agitation au nom de leur nouvelle patrie socialiste. (…) Près de 60 ans plus tard, la projection est encore plus effrontée. Alors même que la propagande d’État russe contemporaine vilipende les États baltes ou l’Ukraine en les qualifiant de régimes dirigés par des fascistes, elle ne fait aucun effort pour dissimuler son propre soutien aux organisations politiques européennes d’extrême droite, du Jobbik hongrois, antisémite de longue date, à la Lega Nord italienne, en passant par le Front national français. Les chefs de file de tous ces groupes ont été personnellement accueillis à Moscou par Sergey Naryshkin, lui-même ancien officier du KGB qui a été président de la Douma d’État russe et chef de cabinet de Poutine, et qui dirige aujourd’hui le SVR, le service de renseignement extérieur de la Russie. (En 2014, le Front national a même obtenu un prêt de 9 millions d’euros de la First Czech-Russian Bank, une institution aujourd’hui en faillite qui était liée à Gennady Timchenko, un oligarque russe sanctionné par les États-Unis et membre du cercle rapproché de Vladimir Poutine). (…) Pendant tout ce temps, le Kremlin a joué le rôle de courtisan plutôt que celui de courtisan des extrémistes de droite, les ayant naturellement attirés par une suspicion bien affichée à l’égard de l’homosexualité, de l’immigration musulmane, des révolutions arabes, de l’OTAN, de l’Union européenne et, surtout, de l’ordre international de l’après-guerre dirigé par les États-Unis. Le Kremlin a le mérite d’avoir prédit que tant d’Américains partageraient également cette vision du monde. (…) Il est impossible d’ouvrir un journal ou un site web d’information américain sans lire une nouvelle preuve que des agents des services de renseignement russes, qui relèvent désormais de l’ancien lieutenant-colonel du KGB Vladimir Poutine, se sont immiscés dans les dernières élections américaines en achetant des publicités ciblées démographiquement sur les plateformes de médias sociaux ou en se faisant passer numériquement pour des Américains aux orientations politiques diverses et parfois contradictoires. L’objectif principal était cependant le même : dépeindre une superpuissance en phase terminale de déclin, ruinée par de violentes guerres raciales et une ploutocratie pilleuse, et vidée de sa substance par une expansion impériale démesurée. (…) Ce qui sépare l’ère des Agayants de celle de Poutine, c’est l’innovation technologique. L’opération de graffitis de croix gammées a nécessité beaucoup de travail : des mois de planification logistique, une répétition générale dans un village soviétique, le recrutement, la formation et le financement des agents est-allemands adéquats qui se frayaient ensuite un chemin dans les groupes néo-nazis établis en Allemagne de l’Ouest et menaient à bien leur mission. Comparez cela à la facilité avec laquelle de faux comptes Facebook ou Twitter ont été créés ou une publicité trompeuse a été achetée. Ce n’est pas sans raison qu’Andrey Krutskikh, conseiller principal du Kremlin, a comparé la capacité de guerre de l’information de la Russie d’aujourd’hui aux essais de la bombe atomique soviétique. En tout cas, lui et sa cohorte ont fait mentir l’utopie selon laquelle Internet serait nécessairement une force pour une plus grande démocratisation et l’élargissement des horizons politiques. En fait, la « connectivité » n’a fait que ghettoïser davantage la politique et a servi de terrain de jeu utile aux autoritaires vicieux aussi souvent qu’elle a été un moyen vital pour les révolutionnaires. Là encore, les héritiers du KGB n’ont fait qu’exploiter la nature humaine. Ce qu’Alexandre Herzen, le grand libéral russe du XIXe siècle, disait craindre le plus pour l’avenir, c’était « Gengis Khan avec le télégraphe ». Michael Weiss
La France fut, durant les années de la guerre froide, un nid d’espions soviétiques. C’est ce qu’affirme un livre publié à Londres, Les Archives Mitrokhine, écrit par un universitaire britannique, Christopher Andrew, à partir des copies de documents réalisées par un archiviste du KGB passé à l’Ouest en 1992, Vassili Mitrokhine. «Durant une grande partie, et probablement la majeure partie, de la guerre froide, la « résidence de Paris » [nom donné à l’antenne du KGB dans la capitale française. NDLR] a traité plus d’agents – au moins une cinquantaine – qu’aucune autre station du KGB en Europe de l’Ouest», écrit l’auteur de ce livre événement d’un millier de pages, fondé sur les quelque 200 000 documents que Mitrokhine avait, pendant des années, recopiés à la main en secret et sorti dans ses chaussettes. Le contre-espionnage français a été informé par les services secrets britanniques des principaux éléments concernant la France depuis 1992, comme l’ont été les autres pays occidentaux à propos de leurs «espions» respectifs. Les révélations du transfuge ont permis à la DST de faire d’utiles recoupements et de nourrir des dossiers déjà ouverts. Mais aucun de ces éléments ne devrait donner lieu à des poursuites, faute de preuves absolues. (…) En France, la cinquantaine d’agents mentionnés par Mitrokhine sont disséminés au sein des services secrets français (Sdece, DST et Renseignements généraux), aux ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de la Marine, ainsi que dans la presse et dans l’industrie. L’une des premières et des plus importantes recrues de la résidence est un employé du chiffre au Quai d’Orsay, identifié sous le nom de code de Jour. Il fut recruté en 1945 et resta actif jusque dans les années 80. Il fut décoré de l’Etoile rouge en 1957. «C’était probablement grâce à Jour que, durant la crise des missiles cubains, le KGB a pu donner au Kremlin des copies verbatim des communications diplomatiques entre le Quai d’Orsay et ses ambassades à Moscou et à Washington.» Deux autres agents du chiffre, alias Larionov et Sidorov, viendront compléter ce dispositif. Grâce à Jour, probablement, les nouveaux téléscripteurs installés à l’ambassade de France à Moscou, entre octobre 1976 et février 1977, furent «écoutés» pendant six ans. L’ambassade de France à Moscou était depuis longtemps une cible favorite du KGB, et le livre raconte comment dans les années 60 de charmantes Mata Hari soviétiques entreprirent de séduire l’ambassadeur, Maurice Dejean, et l’attaché de l’air, le colonel Louis Guibaud. Deux missions qui se sont terminées, pour l’un dans la tragédie – Guibaud s’est suicidé – pour l’autre dans le ridicule, quand Dejean, rappelé à Paris, fut accueilli par de Gaulle, qui lui lança: «Alors, Dejean, on couche?» Les archives de la résidence font par ailleurs état du recrutement de deux hommes politiques socialistes proches de François Mitterrand, qui viennent s’ajouter au cas déjà connu de Charles Hernu. Le premier, nom de code Gilbert, puis Giles, fut d’abord recruté par les Tchécoslovaques en 1955 sous le pseudonyme de Roter, tandis que le second, Drom, est approché par le KGB en 1959, recruté en 1961, et sera payé 1 500 francs par mois pendant douze ans. Les autres recrues sont essentiellement des agents d’influence. L’une d’elles est, selon l’ouvrage, un ancien résistant proche des milieux gaullistes et devenu homme d’affaires: François Saar-Demichel. Engagé sous le nom de code de NN, il est censé ouvrir au KGB les portes de l’Elysée (sa veuve, interrogée par l’AFP, qualifie ces accusations de «grotesques»). Le livre cite également André Ulmann, qui fera fonctionner grâce à des subsides du KGB une revue à la tonalité prosoviétique, La Tribune des nations. Thierry Wolton, dans son livre Le KGB en France, raconte qu’Ulmann écrivit notamment un article signé d’un prétendu membre des services secrets américains discréditant Victor Kravchenko, auteur d’un best-seller antisoviétique en 1949: J’ai choisi la liberté. Est également évoqué dans les archives de Mitrokhine Pierre-Charles Pathé, alias Pecherin puis Mason, qui fonde, avec des fonds du KGB, une agence d’informations, le Centre d’information scientifique, économique et politique. Il est arrêté et condamné en 1980 à cinq ans d’emprisonnement. Il sera libéré en 1981.  La presse française fut aussi la cible de la résidence. Le livre cite trois journalistes influents, sans préciser l’organe de presse pour lequel ils travaillaient. L’un est surnommé André, et aurait eu ses entrées auprès de Georges Pompidou. Le deuxième, Argus, aurait entretenu des contacts étroits avec Pierre Messmer. Le troisième répondait au surnom de Brok et aurait tenté une opération de désinformation tendant à rendre difficile le rapprochement de Valéry Giscard d’Estaing et de Jacques Chaban-Delmas au second tour de l’élection présidentielle de 1974. Le Monde et l’Agence France-Presse sont également mentionnés. Le journal du soir aurait été surnommé «Vestnik» (le messager), mais il semble que le KGB avait en son sein de simples «contacts» – «Deux journalistes importants et quelques collaborateurs occasionnels» – plutôt que de véritables recrues. L’AFP, pour sa part, aurait abrité six agents du KGB en son sein, et deux «contacts confidentiels». L’une de ces recrues, Lan, aurait cru longtemps travailler pour la compagnie italienne Olivetti, alors qu’il était en fait payé par le KGB 1 500 francs par mois. Quant à L’Express… Notre magazine a été cité à plusieurs reprises, dans des articles de la presse française consacrés aux Archives Mitrokhine et publiés avant la mise en vente du livre, comme ayant été lui aussi infiltré, en compagnie du Monde et de l’AFP, par le KGB. Peut-être, après tout, l’avons-nous été. Mais Les Archives Mitrokhine ne le disent pas. La seule entrée dans l’index nous concernant est une courte allusion à la publication, en mars 1980, de documents révélant que Georges Marchais avait continué à travailler en Allemagne jusqu’en 1944, et L’Express n’est mentionné nulle part dans le chapitre consacré aux affaires françaises. Cette référence à notre magazine par nos confrères reste donc pour nous un mystère. L’Express
Arafat était un important agent secret du KGB (…) Juste après la guerre israélo-arabe des six jours de 1967, Moscou l’a nommé président de l’OLP. C’est le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, une marionnette soviétique, qui a proposé cette nomination. En 1969, le KGB a demandé à Arafat de déclarer la guerre au « sionisme impérial » américain lors du premier sommet de l’Internationale du terrorisme noir, une organisation néo-fasciste pro-palestinienne financée par le KGB et le Libyen Mouammar Kadhafi. Le cri de guerre impérialo-sioniste a tellement plu à Arafat qu’il a prétendu plus tard l’avoir inventé. Mais en fait, le « sionisme impérial » est une invention de Moscou, une adaptation moderne des « Protocoles des Sages de Sion », et depuis longtemps l’outil favori des services secrets russes pour fomenter la haine ethnique. Le KGB a toujours considéré l’antisémitisme et l’anti-impérialisme comme une source abondante d’anti-américanisme. Ion Mihai Pacepa (ancien chef des services de renseignement roumains)
Avant de quitter mon poste de chef des services de renseignements roumains pour l’Amérique, j’étais chargé de remettre à Arafat environ 200 000 dollars en espèces blanchies chaque mois pendant les années 1970. J’envoyais également deux avions-cargos à Beyrouth par semaine, remplis d’uniformes et de fournitures. D’autres États du bloc soviétique ont fait à peu près la même chose… On m’a remis le « dossier personnel » du KGB sur Arafat. C’était un bourgeois égyptien transformé en marxiste dévoué par les services de renseignements étrangers du KGB. Le KGB l’avait formé à son école d’opérations spéciales de Balashikha, à l’est de Moscou, et avait décidé, au milieu des années 60, de le préparer à devenir le futur chef de l’OLP. Tout d’abord, le KGB a détruit les registres officiels de la naissance d’Arafat au Caire et les a remplacés par des documents fictifs indiquant qu’il était né à Jérusalem et qu’il était donc Palestinien de naissance. Le département de désinformation du KGB a ensuite travaillé sur le tract de quatre pages d’Arafat intitulé « Falastinuna » (Notre Palestine), le transformant en un magazine mensuel de 48 pages pour l’organisation terroriste palestinienne al-Fatah. Arafat dirigeait al-Fatah depuis 1957. Le KGB le distribue dans tout le monde arabe et en Allemagne de l’Ouest, qui accueille à l’époque de nombreux étudiants palestiniens… Arafat était un agent secret important pour le KGB. Juste après la guerre israélo-arabe des six jours de 1967, Moscou l’a nommé président de l’OLP. C’est le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, une marionnette soviétique, qui a proposé cette nomination. En 1969, le KGB a demandé à Arafat de déclarer la guerre au « sionisme impérial » américain lors du premier sommet de l’Internationale du terrorisme noir, une organisation néo-fasciste pro-palestinienne financée par le KGB et le Libyen Moammar Kadhafi. Le cri de guerre impérialo-sioniste a tellement plu à Arafat qu’il a prétendu plus tard l’avoir inventé. Mais en fait, le « sionisme impérial » est une invention de Moscou, une adaptation moderne des « Protocoles des Sages de Sion », et depuis longtemps l’outil favori des services secrets russes pour fomenter la haine ethnique. Le KGB a toujours considéré l’antisémitisme et l’anti-impérialisme comme une source abondante d’anti-américanisme… En mars 1978, j’ai secrètement amené Arafat à Bucarest pour qu’il reçoive les dernières instructions sur la façon de se comporter à Washington. « Vous n’avez qu’à continuer à prétendre que vous allez rompre avec le terrorisme et que vous allez reconnaître Israël – encore et encore et encore », lui a dit Ceausescu pour la énième fois… Ion Mihai Pacepa (ancien chef des services de renseignement roumains)
Nous devions instiller une haine de type nazi pour les Juifs dans l’ensemble du monde islamique et transformer cette arme des émotions en un bain de sang terroriste contre Israël et son principal soutien, les États-Unis. (…) L’Islam était obsédé par la prévention de l’occupation de son territoire par les infidèles, et il serait très réceptif à notre caractérisation du Congrès américain comme un organe sioniste rapace visant à transformer le monde en un fief juif. Youri Andropov
Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, pas moins de 29 professionnels des médias ont été assassinés en lien direct avec leurs activités professionnelles. Agressions et assassinats se perpétuent à un rythme égal, nourri par l’impunité générale. RSF
Les Russes ont monté de toutes pièces des « séparatistes » ossètes, et abkhazes, pour casser la Géorgie, coupable de lèse-Russie. Moscou préparait depuis des mois l’assaut qui vient de se produire. La 58ème armée, qui s’est ruée sur la Géorgie, avait été préparée de longue main. (…) Poutine a préparé l’action (…) dès le mois d’avril, nous dit le spécialiste russe des affaires militaires Pavel Felgenhauer. On ne lance pas à l’improviste une opération combinée des commandos, des unités de blindés, de la marine et de l’armée de l’air, sans oublier une vaste cyber-attaque commencée une ou deux semaine avant l’assaut. Vu l’état général des forces russes, où les officiers vendent les pneus, les munitions, les carburants et les équipements, il a fallu préparer spécialement l’invasion pendant des mois. Laurent Murawiec
Quel autre pays au monde peut en effet se permettre de raser des villes, de spolier les étrangers, d’assassiner les opposants hors de ses frontières, de harceler les diplomates étrangers, de menacer ses voisins, sans provoquer autre chose que de faibles protestations? Françoise Thom
La politique de « redémarrage » des relations russo-américaines proposée par le président Obama a été interprétée à Moscou comme l’indice de la prise de conscience par les Américains de leur faiblesse, et par conséquent comme une invitation à Moscou de pousser ses pions (…) Le contrat d’achat des Mistrals présente un triple avantage: d’abord, la Russie acquiert des armements de haute technologie sans avoir à faire l’effort de les développer elle-même ; deuxièmement, elle réduit à néant la solidarité atlantique et la solidarité européenne ; troisièmement, elle accélère la vassalisation du deuxième grand pays européen après l’Allemagne. Un expert russe a récemment comparé cette politique à celle de la Chine face aux Etats-Unis : selon lui, à Washington le lobby pro-chinois intéressé aux affaires avec la Chine est devenu si puissant que les Etats-Unis sont désormais incapables de s’opposer à Pékin; la même chose est déjà vraie pour l’Allemagne face à la Russie et elle le sera pour la France après la signature du contrat sur les Mistrals. Françoise Thom
Des documents de l’ancienne police secrète est-allemande, la Stasi, récemment mis au jour semblent attribuer au KGB la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II en 1981. (…) De nouveaux documents trouvés dans les dossiers des anciens services de renseignement est-allemands confirment que la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II en 1981 a été ordonnée par le KGB soviétique et confiée à des agents bulgares et est-allemands. Selon le journal italien Corriere della Sera, les documents trouvés par le gouvernement allemand indiquent que le KGB a ordonné à des collègues bulgares de commettre l’assassinat, laissant au service est-allemand connu sous le nom de Stasi le soin de coordonner l’opération et de dissimuler les traces par la suite. La Bulgarie a ensuite confié l’exécution du complot à des extrémistes turcs, dont Mehmet Ali Agca, qui a appuyé sur la gâchette. Ali Agca, qui est aujourd’hui emprisonné en Turquie, a affirmé après son arrestation que l’opération était sous le contrôle de l’ambassade bulgare à Rome. Les Bulgares ont toujours clamé leur innocence et affirmé que l’histoire d’Agca faisait partie d’un complot anticommuniste des services secrets italiens et de la CIA. Les documents consistent principalement en des lettres d’agents de la Stasi à leurs homologues bulgares demandant de l’aide pour dissimuler les traces de l’attentat et nier l’implication de la Bulgarie. (…) Trois Bulgares ont été accusés d’avoir organisé la tentative d’assassinat du 13 mai 1981. L’un des trois, Sergey Antonov, a été arrêté en 1982 et jugé mais acquitté pour manque de preuves. (…) M. Gozzanti a déclaré qu’il était nécessaire de découvrir la vérité avant la mort du pape, qui a déclaré dans ses propres mémoires, « Mémoire et identité : Conversations entre les millénaires », qu’Ali Agca était un instrument des forces extérieures. Lors d’une visite en Bulgarie en mai 2002, le pape a déclaré qu’il n’avait « jamais cru à la soi-disant connexion bulgare ». Deutsche Welle
Je n’ai pas menti. Je ne savais pas que c’était faux. J’étais secrétaire d’État, pas directeur du renseignement. Colin Powell (2021)
Les troupes russes, en collaboration avec les services de renseignement irakiens, ont très certainement retiré le matériel hautement explosif qui a disparu de l’installation d’Al-Qaqaa, au sud de Bagdad. Les Russes ont fait venir, juste avant le début de la guerre, toute une série d’unités militaires. Leur principale mission consistait à détruire toutes les preuves des accords contractuels qu’ils avaient conclus avec les Irakiens. Les autres étaient des unités de transport. J’ai récemment obtenu des informations fiables sur le programme de distribution d’armes auprès de deux services de renseignement européens qui ont une connaissance détaillée de la collaboration russo-irakienne en matière d’armement. La plupart des armes les plus puissantes de Saddam ont été systématiquement séparées des autres armes telles que les mortiers, les bombes et les roquettes, et envoyées en Syrie et au Liban, voire en Iran. L’implication de la Russie dans la dispersion des armes de Saddam, dont quelque 380 tonnes de RDX et de HMX, fait toujours l’objet d’une enquête. Le RDX et le HMX, qui sont utilisés pour la fabrication d’explosifs et d’armes nucléaires, sont probablement d’origine russe. John A. Shaw (sous-secrétaire adjoint à la défense pour la sécurité technologique internationale, 2004)
Les inspecteurs de l’ONU qui ont examiné le site de l’attaque chimique syrienne du 21 août près de Damas ont trouvé un moteur de fusée intact portant une inscription en cyrillique, ce qui indique que le vecteur était d’origine russe. Le stock d’armes chimiques de la Syrie – environ 1 000 tonnes d’agents neurotoxiques et d’agents vésicants – est estimé à 50 % de plus qu’en 2003. Mes collaborateurs sur le terrain ont pu suivre avec certitude l’acheminement par les Russes d’armes chimiques et d’explosifs irakiens vers trois sites en Syrie et deux au Liban en 2003. Les convois russes de camions transportant les armes ont été photographiés par satellite et confirmés par le chef des services de renseignement ukrainiens, qui a fourni au Pentagone des informations précises sur les unités d’opérations spéciales impliquées et sur le matériel qu’elles ont retiré. Aujourd’hui, les Russes s’apprêtent ostensiblement à certifier des quantités d’armes dont personne n’admettait l’existence en Syrie il y a encore quelques semaines, et encore moins qu’une partie de ces armes avait été déplacée d’Irak, ou que toutes ces armes étaient russes. S’agit-il de troupes russes speznaz en civil qui les ramènent, ou du spectacle encore plus intéressant de troupes syriennes qui transportent des gaz neurotoxiques en Irak en passant la frontière ? Mais la vraie question est de savoir à qui [les armes] sont destinées et quelle est leur véritable destination. Nous avons transformé le braconnier en garde-chasse, alors attendez-vous à l’avalanche habituelle de démentis, de distractions et de dissimulations de la part des Russes. John A. Shaw (2015)
Je crois que les forces spéciales russes ont réussi à sortir des obus de gaz toxique d’Irak, alors comment croire que les Russes peuvent maintenant être des courtiers honnêtes en aidant à collecter les obus de gaz toxique utilisés en Syrie. Edward Timperlake (former deputy to Mr. Shaw at the Pentagon)
Je suis témoin et j’ai reçu trois fois l’ordre d’utiliser des gaz chimiques l’année dernière. Mais je n’ai pas exécuté ces ordres. Général de brigade Zaher Saket (ancien commandant de l’armée syrienne ayant fait défection)
A recent defector from Cuba’s General Intelligence Directorate (DGI) says that the April, 1980, flood of 125,000 refugees from the port of Mariel was part of a plan to destablize the United States and relieve Cuba of « excess » population it could not support.In an interview, defector Genaro Perez said that this « Plan Bravo » was conceived by Cuban President Fidel Castro and the DGI. Before defecting last year, Perez operated under cover of Havanatur, a DGI-run travel agency in Miami that maintained surveillance of Cuban-Americans visiting Cuba and tried to recruit intelligence agents from among them. (…) The CIA added that Castro’s removal of security guards from Havana’s Peruvian embassy on April 4, 1980–causing thousands of Cubans to invade that embassy–« was probably calculated to precipitate a crisis and force the U.S…. to accept sizable numbers of new refugees. » Perez charges that Plan Bravo would « unleash violence in the U.S.–riots, disturbances, bombings, shootouts, assaults on banks–in an effort to terrorize the American public and government. » He adds that Puerto Rican terrorists are vital to Castro’s plan and would encourage violence « in all parts of the U.S.–not only in New York or Chicago but also Washington, Miami, Los Angeles. » In addition, Perez says, the plan involves the incitement of racial conflict among Mexicans, Puerto Ricans, and « especially blacks. » (…)Tomas Regalado–a respected reporter whose « Cuba Today » radio program on Miami’s WHRC is listened to widely in Cuba–adds another charge. Under cover of the chaotic boatlift, he says, Castro sent « hundreds » of new intelligence operatives to the U.S. (…) The KGB created the DGI in the early 1960s and, though still a satellite of the Soviet agency, is rated professionally as among the world’s top five intelligence services, after the KGB, the CIA, Israel’s Mossad, and Britain’s M16. The DGI has special value for the KGB because its officers, accredited diplomats, are allowed complete freedom of movement in this country, while Soviet and other Soviet-bloc emissaries are restricted to a 25-mile radius around New York and Washington. (…)The DGI has a special interest in tourism as a source of dollars and intelligence agents. Havanatur was the DGI’s most important tourism agency in Miami until agent Genaro Perez, posing as a Havanatur executive, broke with it and exposed it last year. Perez claims that the agency fleeced Cuban-Americans anxious to visit relatives in Cuba of $100 million in surcharges and « commissions ». But more sinister, he said, was agents’ secret videotaping of the tourists’ Havana hotel rooms to learn whether they could be blackmailed into working for the DGI. Agents would threaten to harm Cuban relatives if the tourists did not « cooperate » with the Castro regime upon returning home. Daniel James (The Chicago Tribune, 1981)
The KGB has systematically helped criminals leave the Soviet Union. And U.S. officials say the Kremlin appears to have, from its point of view, two eminently practical reasons for doing so: –First, to be rid of the criminals–much as President Fidel Castro did when he opened Cuban jails during the Mariel boatlift a decade ago. –Second, to create a network in the West for their agents. Under Soviet law, members of ethnic and national minority groups who have relatives in the West are theoretically allowed to emigrate to their “historic homeland.” Soviet Jews make up by far the most prominent group seeking to take advantage of this rule, but ethnic Germans, Armenians and others are also sometimes allowed to leave. Jews get permission to go to Israel but most now come instead to the United States, where they also have relatives. Robert C. Toth and Ronald J. Ostro
Apparently, about half of the people who enter the EU illegally every month via the German-Polish border enter the EU via Belarus. In an autocratic state like this, border crossings on this scale are certainly no coincidence. It is obvious that these illegal entries are part of a strategy to destabilize the EU. In addition to flexible controls at the border with Poland, stationary ones are also needed. Andrea Lindholz (German MP, CSU, 2023)
Many of the arriving migrants also carry fresh Russian visas. That alone does not prove that the Russian state is deliberately bringing people into the country as ‘transit migrants’ heading for the EU. But Russia’s leadership knows that migration is a very polarizing and divisive issue in the EU. Belarus is doing nothing to prevent people from continuing their journey. There are also repeated reports from Belarus that people are threatened with violence if they try to return after a failed border crossing. So some often remain in no man’s land between the border fences for days.” Jakob Wöllenstein (Konrad Adenauer Foundation, 2023)
In the nine months between July 2022 and March 2023 alone, Germany’s Federal Police registered 8,687 people who entered Germany undocumented after a Belarus connection. This has emerged from the Ministry of the Interior’s response to an inquiry by MP Andrea Lindholz, deputy chair of the Christian Social Union (CSU) parliamentary group, which was made available to Die Welt. The migration pressure on the Belarus route — which was now supposedly closed after a huge crisis in 2021 that saw Belarus strongman Alexander Lukashenko threatening to “flood” the EU with drugs and migrants — has thus increased significantly again. (…) In addition to flexible controls at the border with Poland, stationary ones are also needed, said Lindholz. (…) Lindholz also called on the German government to revoke landing permits for airlines that facilitate illegal migration via Russia and Belarus. The Belarus route had already caused concern throughout the EU in 2021. At that time, sometimes highly dramatic scenes took place at the border with Poland. Thousands of migrants tried to enter the EU undocumented — many of them transported there by soldiers or border guards of Belarusian ruler Alexander Lukashenko. Poland even feared an attempt to break through the border en masse. The EU accused Lukashenko of flying migrants in an organized manner from crisis areas into his country in order to then smuggle them into the EU — with the end goal of splitting the European Union. The Putin ally denied an active role, but stressed that he no longer wanted to stop people on their way to the EU considering the EU sanctions against his country. In 2021, more than 11,000 people entered Germany undocumented via Belarus and Poland. The situation only eased when Poland massively tightened border controls. In addition, the EU had increased pressure on airlines that transported people from the Middle East to Belarus. But now cases are on the rise again. A particularly large number of people are apparently arriving in Belarus by plane from Egypt in order to move to the EU by land. The flight schedule of Minsk airport lists daily arrivals from vacation destinations such as Sharm el-Sheikh and Hurghada, as well as from Turkey and Russia. According to Germany’s Federal Police, among the nearly 8,700 undocumented migrants who entered Germany via Belarus, 1,330 alone are said to have Egyptian citizenship. This was the third largest group after Syria (3,000) and Afghanistan (1,632). According to Christopher Forst, representative for Belarus of the Friedrich Ebert Foundation (FES), which is close to the Social Democrat Party (SPD), about 2,500 attempts of undocumented migration are registered at the border with Poland every month. It is hard to estimate how many unreported cases there are, he said. “The route is currently being used again to a greater extent.” But now Belarus itself has an interest in keeping migration out of the focus of the domestic public, he said. In 2021, when a large number of people landed in Minsk, numerous arrivals also camped under bridges or in subway stations in the capital, causing unrest and discontent. “That is currently no longer the case,” Forst said. Nevertheless, Lukashenko’s threat of 2021 to “flood the EU with drugs and migrants” until the sanctions are lifted is still valid. According to Jakob Wöllenstein, who heads the Belarus office of the Konrad Adenauer Foundation, a political foundation closely associated to the Christian Democratic Union (CDU), many of the arriving migrants also carry fresh Russian visas. Die Welt (May 30, 2023)
Ce lundi 12 février, le service français de lutte contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) a révélé l’existence d’un réseau d’au moins 193 « portails d’information » russes, à destination d’un public international. Un ensemble baptisé « Portal Kombat » par l’organisme français, « en référence à [sa] stratégie informationnelle offensive », précise-t-il dans son rapport technique. En Europe comme aux Etats-Unis, ces sites « diffusent des contenus pro-russes » qui légitiment la guerre contre l’Ukraine et mettent en avant des informations susceptibles de déstabiliser les soutiens de Kiev. Estimant que les sites de « Portal Kombat » peuvent agir comme des cellules « dormantes », capables d’être activées à tout moment – et notamment à l’occasion des nombreuses élections attendues en 2024 – Paris et Berlin ont communiqué d’une même voix, ce lundi. A l’issue d’une réunion au format « Weimar », à laquelle était également convié le ministre polonais des Affaires Etrangères, le ministre français Stéphane Séjourné a annoncé, dans une vidéo publiée ce mardi sur X, le lancement d’un « système de riposte » à des « ingérences inacceptables ». A l’origine, les quelque 147 sites appartenant à « l’écosystème historique » créés depuis 2013 ciblaient « des audiences russes et ukrainiennes », avec des noms de domaine comportant le nom de localités des deux pays. Pour la plupart, ils reprennent des contenus « relativement peu politisés, voire inoffensifs ». Certains d’entre eux ont d’ailleurs été désactivés. Mais les sites les plus récents, fondés en juin 2023, ciblent directement plusieurs pays occidentaux : la France (avec le nom de domaine pravda-fr.com), l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse (pravda-de.com), la Pologne (pravda-pl.com), l’Espagne (pravda-es.com), le Royaume-Uni et les Etats-Unis (pravda-en.com). Tous appartiennent à « l’écosystème Pravda » – un mot russe qui signifie « vérité » et qui renvoie à l’ancien quotidien du Parti communiste soviétique. Viginum estime « avec un haut degré de confiance » que ces groupes « appartiennent à la même infrastructure numérique », mais l’identité du prestataire de services russes n’a pas encore été dévoilée. Ce réseau structuré est par ailleurs référencé par Google – où il apparait parfois en tête des résultats de recherches – et massivement alimenté. Selon Viginum, le système Pravda a publié plus de 152 000 articles entre le 23 juin et le 19 septembre. Ce que l’on sait, c’est que tous ces contenus ont pour point commun d’être « très orientés idéologiquement [et] exposent des narratifs manifestement inexacts ou trompeurs ». « Compte tenu de ses caractéristiques techniques, des procédés mis en œuvre ainsi que des objectifs poursuivis, ce réseau constitue une ingérence numérique étrangère », peut-on lire dans le rapport technique. Sur la version française, on trouvait par exemple cette fausse information selon laquelle des mercenaires français auraient été tués à Kharkiv lors d’une frappe russe, en janvier. Ou encore, un contenu titré « ‘Ça suffit !’ : la France appelle à des mesures radicales contre Zelensky ». Si ces propos semblent, avec cet intitulé, avoir été tenus par un membre du gouvernement, la réalité est tout autre. Ils ont été prononcés par le président des Patriotes, Florian Philippot, devenu complotiste pro-russe après son échec lors des dernières élections législatives. La France, en tant qu’alliée de Kiev, est particulièrement visée par le réseau. En témoigne, selon Viginum, les contenus publiés sur pravda-fr « dénigrant la présence française au Sahel ou promouvant un accroissement de la coopération entre la Russie et le continent africain ». Le tout, dans l’objectif de décrédibiliser « la parole politique et les médias », souligne l’organisme à l’origine de l’enquête. Toutefois, « malgré un système élaboré, les conséquences en France sont restées modérées », explique Viginum dans les colonnes du Figaro. En effet, au vu du nombre d’articles publiés, les audiences de pravda-fr semblent relativement faibles : le site a enregistré 10 700 visites en novembre 2023. C’est beaucoup moins que les versions polonaise (17 600), allemande (34 400), anglophone (36 700) et espagnole (55 000). Chloé Sémat (février 2024)
L’opération Doppelgänger (double maléfique) est une opération de désinformation russe ayant pour cible certains pays occidentaux dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne débutée en 2014. Elle s’inscrit plus précisément dans la campagne de désinformation prorusse menée par la Russie contre l’Ukraine depuis la crise russo-ukrainienne, ayant abouti à l’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis 2022. On parle de guerre de l’information, de guerre hybride et de cyberguerre. La méthode utilisée pour cette opération de désinformation consiste en la création de doubles numériques imitant graphiquement de grands organes de presse ou des organisations du pays ciblé. Ces doubles numériques sont installés sur des noms de domaine qui utilisent la technique du typosquattage et peuvent prendre au piège l’internaute lambda. L’agence française de lutte contre les ingérences numériques étrangères VIGINUM a dénombré 355 noms de domaines usurpant l’identité de médias français. Pour la France les sites internet doublés sont ceux du Monde, de 20 Minutes, du Figaro, de La Croix ou du Parisien ainsi que le site du ministère des Affaires étrangères. Pour l’Allemagne les sites visés sont ceux du Frankfurter Allgemeine Zeitung, du Spiegel, de Bild et de Die Welt. L’Italie, le Royaume-Uni (avec The Guardian) et l’Ukraine sont également des pays cibles de cette opération. Pour chaque média copié, une vingtaine d’articles de propagande critiquent l’Occident et la guerre en Ukraine. Ces articles sont ensuite proposés sur les réseaux sociaux de manière à atteindre un certain niveau de viralité. Les ambassades et centres culturels russes relaient officiellement ces articles de propagande, ainsi que de multiples faux comptes créés sur Facebook et Twitter. En juillet 2024, le rapport d’HarfangLab met en évidence que le message de désinformation posté sur Twitter est l’aboutissement d’une chaîne technique complexe composée de plusieurs sites de redirection et d’un tracker avant d’atteindre le site final. Ce rapport met aussi en évidence que les structures techniques utilisées pour héberger les sites internet sont parfois partagées avec des cybercriminels. Le rapport souligne aussi la capacité d’adaptation des processus établis, capables de rebondir sur les élections législatives françaises de 2024 pourtant imprévues, pour être opérationnels en temps voulu. Chacun de ces sites n’est utilisé que quelques jours, le temps de se faire détecter par Facebook ou Twitter. Puis d’autres sites sont créés pour prendre la relève. Le modèle repose donc sur des milliers de sites internet achetés en continu auprès d’hébergeurs. L’ONG de défense des médias Quirium montre dans un rapport du 11 juillet 2024 que les gestionnaires de l’opération Doppelgänger utilisent les mêmes infrastructures techniques que certains groupes cybercriminels. Wikipedia
Notre analyse a montré que TikTok constituait une partie essentielle de l’appareil de désinformation du Kremlin. En effet, des organes de presse russes utilisent désormais la plateforme pour cibler l’Ukraine ou pour promouvoir les justifications supposées de l’invasion. Nous remarquons par ailleurs que les organes d’information russes contrôlés par l’Etat reçoivent un niveau d’engagement ahurissant. Dans certains exemples, ces engagements dépassent ceux sur YouTube. Certaines publications font de la désinformation manifeste avec des récits trompeurs ou faux publiés par l’Etat russe, par exemple sur la fuite de Volodymyr Zelensky de Kiev. Puis, d’autres histoires se trouvent dans une zone grise et ont peut-être un élément de vérité, mais elles sont placées dans un récit plus large qui exagère l’information ou inclut d’autres fausses informations aussi. (…)  C’est l’une des premières grandes guerres dans lesquelles TikTok a été à l’avant-poste des événements sur le terrain – à la fois pour ceux qui regardent de loin mais aussi pour ceux qui essaient de documenter les événements, de diffuser des récits et de façonner les perceptions. Il est vital que TikTok prenne des mesures pour limiter la portée des médias russes promouvant la désinformation ou, au moins, pour sensibiliser les utilisateurs sur la source de l’information qu’ils consomment, avec la création de labels. TikTok et Bytedance sont régulièrement l’objet de questions et de critiques concernant leurs liens avec l’Etat chinois ou l’influence potentielle du gouvernement. Ces questions sont d’autant plus pertinentes que la Chine refuse de condamner catégoriquement les actions de la Russie en Ukraine. Ciarán O’Connor (ISD)
Bombardements d’immeubles, civils en larmes et villes dévastées : depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, TikTok est, comme d’autres réseaux sociaux, devenu une vitrine de la guerre. Mais l’application chinoise constitue surtout une porte d’entrée sur les fausses informations, révèle la dernière enquête de Newsguard, une start-up américaine qui lutte contre la désinformation. Dans leurs conclusions, publiées le 3 mars dernier, les analystes pointent du doigt le réseau social, qui constitue un « puits sans fond de la désinformation de guerre », « à laquelle est exposé un public jeune ». Et ce même si les utilisateurs « ne cherchent pas de contenus liés à l’Ukraine ». (…) Selon une analyse de l’Institut du dialogue stratégique (ISD) publiée le 2 mars, la plateforme est abondamment utilisée par des comptes liés à des médias russes contrôlés par l’Etat, par exemple Russia Today, RIA Novosti ou Sputnik, sans que les utilisateurs ne puissent le déceler. (…) Dans leur enquête, Ciarán O’Connor et son équipe ont par exemple repéré pas moins de dix comptes exploités par Russia Today sur TikTok. (…) L’enquête de l’ISD montre ainsi la réelle difficulté, pour les utilisateurs russes qui n’ont pas accès à une information libre, d’identifier les comptes cachés des médias russes, ce que Ciarán O’Connor décrit comme « le défi majeur » du réseau social désormais. (…) Depuis les premiers faux pas de la plateforme lors de la guerre en Ukraine, TikTok a annoncé la suspension de nouveaux téléchargements en Russie en réponse aux deux lois qui interdisent la diffusion d’informations visant à « discréditer » les forces armées russes. (…) Mais cette nouvelle interdiction ne veut pas dire que la désinformation a disparu du réseau social, selon Ciarán O’Connor. (…) Selon les spécialistes interrogés par 20 Minutes, l’exposition de TikTok à la désinformation vient essentiellement du jeune âge du réseau social. Créée en 2016, l’application n’a pas encore eu le temps d’anticiper les problématiques liées à la lutte contre la désinformation, explique Serguey Sanovich, postdoctorant spécialisé dans la désinformation et la gouvernance des plateformes de médias sociaux à l’université de Princeton, aux Etats-Unis. Mais (…) le réseau social TikTok appartient à la société chinoise Bytenance, ce qui joue un rôle dans la modération selon Serguey Sanovich. Selon le chercheur de l’université de Princeton, l’entreprise chinoise ne fera jamais de la désinformation sa priorité. Et Ciarán O’Connor de rappeler : « TikTok et Bytedance sont régulièrement l’objet de questions et de critiques concernant leurs liens avec l’Etat chinois ou l’influence potentielle du gouvernement. Ces questions sont d’autant plus pertinentes que la Chine refuse de condamner catégoriquement les actions de la Russie en Ukraine. » Mais selon les chercheurs, il est encore difficile de mesurer l’influence et l’emprise de la Chine sur le réseau social. 20 minutes (2022)
On est face à une menace asymétrique, nos adversaires n’ont pas de limites tandis que les Européens ont des limites comme le droit international ou national  et partent donc avec un handicap. Source militaire française
La polémique des punaises de lit (…) a été artificiellement amplifiée sur les réseaux sociaux par des comptes dont il a été établi qu’ils sont d’inspiration ou d’origine russe, avec même un lien faux crée entre l’arrivée de réfugiés ukrainiens et la diffusion des punaises.  Jean-Noël Barrot (ministre français délégué à l’Europe)
Cela a été «très largement amplifié par des comptes liés au Kremlin ». Et si la psychose autour des punaises de lit avait été montée en épingle ? C’est en tout cas ce qu’affirme le ministre français délégué à l’Europe Jean-Noël Barrot. Ce dernier affirme en effet que le phénomène a été « artificiellement amplifié » par la Russie. Pour rappel, la paranoïa autour de ces petits insectes parasites d’à peine quelques millimètres s’est répandue en France à l’automne dernier. Photos et vidéos amateurs signalant la présence de ces insectes, qui se nourrissent de sang humain et censés avoir disparu de la vie quotidienne depuis les années 1950, avaient alors inondé les réseaux sociaux à partir de la mi-septembre. Si bien que le grand retour des nuisibles avait pris des dimensions d’affaire d’État, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris, manifestation sportive à fort enjeu touristique. Sept établissements scolaires et des classes avaient même été fermés. Pourtant, les cas signalés (fauteuil de cinéma, siège de train…) étaient loin d’être tous avérés. Interrogé sur la chaîne TF1 sur des tentatives de déstabilisation en France qui seraient conduites par la Russie, le ministre est donc revenu sur cette affaire qui avait fait le tour du monde.  (…) Il faut dire que les opérations de cyberattaques et de désinformation de la Russie ont « commencé à s’accélérer depuis deux ans, depuis le début de la guerre en Ukraine ». Surtout à l’égard de la France, celle-ci ayant raffermi son soutien à l’Ukraine. (…) Encore en début de semaine, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, présentait la Russie comme « la première menace » dans la guerre informationnelle. Il était notamment revenu sur l’affaire des étoiles de David taguées sur des immeubles de la région parisienne en octobre. Pour rappel, des dizaines d’étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes sur des façades d’immeubles à Paris et en banlieue. Un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave pro-russe, identifié. Une ingérence en plein conflit entre le groupe islamiste palestinien Hamas et Israël. La semaine dernière, une source proche dossier avait affirmé à l’AFP que cette opération des étoiles de David taguées avait été pilotée par les services de sécurité russes (FSB), confirmant une information du journal Le Monde. Mi-février, une vidéo virale, faussement attribuée à France 24, accusait l’Ukraine d’avoir projeté d’assassiner le président français, ce qui aurait poussé ce dernier à annuler un déplacement sur place. Si le voyage en Ukraine annoncé par Emmanuel Macron lui-même pour février n’a effectivement pas eu lieu, tout le reste relève d’un « deepfake », selon la chaîne de télévision française. (…) Mais la Russie ne s’arrête pas là. Des groupes pro-russes avaient déjà été identifiés par Meta (maison-mère de Facebook et Whatsapp) et les autorités françaises pour la campagne « Doppelgänger ». Depuis 2022, les sites Internet de grands médias comme Le Monde en France ou encore The Guardian au Royaume-Uni sont copiés visuellement à l’identique, pour pouvoir diffuser ensuite des fausses informations. En Moldavie, à l’ouest de l’Ukraine, les « tentatives de déstabilisation » sont « vraisemblablement pilotées par la Russie », selon Paris.  Pour mieux se défendre face aux ingérences russes, la France a créé Viginum, évoquée plus haut par Jean-Noël Barrot. Une structure de détection des fausses informations et des ingérences. «Il y a une prise de conscience générale de la menace informationnelle et du besoin d’y répondre», explique Viginum à l’AFP.«L’idée n’est pas de dire aux gens ce qui est vrai ou faux (…) mais de démonter la mécanique et montrer aux citoyens comment des acteurs étrangers sont en train d’essayer de manipuler le débat public numérique», ajoute l’institution. Plus largement, l’Europe a également largement renforcé son arsenal ces dernières années. (…) D’autant que l’information est devenue un enjeu clé en 2024, une année marquée par la tenue des élections européennes, propices aux ingérences… La Tribune
La Russie mène des actions offensives qui peuvent avoir des conséquences directes sur la vie des Français : tentatives d’incendie de centres commerciaux, attaque sur des câbles sous-marins de télécommunication, cyberattaques sur des terminaux satellitaires, (…) cyberattaques visant à faire dysfonctionner des infrastructures critiques, fragiliser l’organisation de la société ou espionner des entités françaises. (…) A l’occasion d’une visite en Russie, les ordinateurs des ingénieurs œuvrant pour une entreprise française du secteur de la défense ont été manipulés et consultés, l’un d’eux ayant même été dérobé à l’aéroport. (…) Les responsables politiques sont régulièrement approchés par des officiers russes qui utilisent leur couverture diplomatique « pour nouer des relations afin de recueillir du renseignement d’ordre politique et peser en faveur de la Russie dans les débats français et européens. (…) En 2023-2024, plusieurs comptes de messagerie Internet du ministère des Armées ont été compromis par des attaquants vraisemblablement liés à la Russie. (…) La Russie a utilisé un réseau d’acquisition illégal pour dissimuler, à partir de 2014, des achats de semi-conducteurs auprès d’une société française. Le destinataire final des puces était en réalité une société russe détenue par l’Etat. (…) tout comme le secteur des télécommunications, qui fait l’objet d’un ciblage soutenu par des cyberattaquants liés à l’Etat russe, la déstabilisation du secteur de l’énergie » en France est un objectif russe. En 2024, le GRU a cherché à compromettre des équipements industriels d’entités françaises du secteur hydroélectrique. (…) une cyberattaque, très probablement menée par le GRU, a été découverte en 2023 contre une entreprise clé de la défense française, conduisant à une exfiltration massive de courriels de la société afin d’obtenir des informations sur le soutien militaire à l’Ukraine. (…) Le 11 mars 2024, le collectif Anonymous Sudan, « potentiellement lié au GRU », écrit le SGDSN, a revendiqué une cyberattaque contre six ministères. Une attaque contre le réseau interministériel d’Etat en mars 2024 a perturbé pendant une journée le fonctionnement des administrations. Rapport services secrets français
Le fait nouveau, depuis l’invasion de l’Ukraine, c’est que les Russes sont totalement désinhibés, ils osent tout. Militaire français
C’est un manque de professionnalisme inouï des ingénieurs. Pomper les données d’un téléphone ou d’un ordinateur étranger, pour les Russes, c’est l’enfance de l’art. Nous, on conseille aux ingénieurs d’aller à l’étranger avec des téléphones blancs, des ordinateurs blancs. Conseiller gouvernemental
Dans les scénarios les plus inquiétants aujourd’hui, l’Iran est capable d’atteindre le sud de l’Europe. Militaire français
Les missiles iraniens peuvent désormais toucher la France, en particulier la Corse et l’Alsace. Membre des services de renseignement français
Vous, journalistes, êtes la cible de la désinformation russe, tout simplement car vous lui donnez de l’écho. La part de gens qui y croient est assez stable. C’est la part de gens exposés qui varie. (…) Les Russes font d’une pierre deux coups, ils jettent un peu de discrédit sur le pouvoir, tout en obtenant quelques données personnelles, c’est toujours bon à prendre. David Colon (Sciences Po)
Parce qu’elles sont sans doute peu palpables pour le grand public, les agressions russes ne préoccupent pas encore vraiment les Français. Pourtant… « La mention de frappes possibles de missiles conventionnels contre le territoire national est inédite depuis la fin de la guerre froide », peut-on lire dès l’introduction de ce document vertigineux, rédigé entre mars et avril derniers. Dans les airs, dans l’espace, sous la mer, dans les lieux de pouvoir, sur le plan cyber… Les exemples s’accumulent et dessinent une évidence : partout où ils le peuvent, les hommes de Vladimir Poutine se déchaînent contre la France. « La Russie mène des actions offensives qui peuvent avoir des conséquences directes sur la vie des Français : tentatives d’incendie de centres commerciaux, attaque sur des câbles sous-marins de télécommunication, cyberattaques sur des terminaux satellitaires, […] cyberattaques visant à faire dysfonctionner des infrastructures critiques, fragiliser l’organisation de la société ou espionner des entités françaises », est-il écrit. « Le fait nouveau, depuis l’invasion de l’Ukraine, c’est que les Russes sont totalement désinhibés, ils osent tout », commente un militaire. Ainsi, des laboratoires de recherches dont, fait inouï, ceux de l’Ecole militaire polytechnique et du CNRS, sont ciblés par l’espionnage russe, des ingénieurs travaillant dans des entreprises du secteur de la défense sont surveillés, leurs ordinateurs dérobés… Sur le plan purement militaire, le document révèle que de nouvelles armes qui pourraient frapper la France sont développées par la Russie, laquelle aide également des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord à mettre au point de nouveaux missiles, ce qui « constitue une menace réelle pour notre territoire ». Sommes-nous vulnérables ? C’est la question qui obsède à la lecture de ce document. En mars 2024, une cyberattaque russe a suffi à « perturber pendant une journée le fonctionnement des administrations ». « La vulnérabilité des infrastructures publiques est un sujet que l’on traite, admet un membre du renseignement français. Mais les hackers font évoluer leurs codes. On ne peut jamais considérer qu’on est à l’abri, jamais. » Soudain, notre faiblesse paraît si grande… Un fleuron de l’intelligence française, l’une des écoles de l’enseignement supérieur jouissant du plus grand prestige, un établissement formant les meilleurs ingénieurs qui rejoignent ensuite les entreprises privées ou publiques : Polytechnique a été visée par les Russes, notamment ses recherches « dans le domaine des lasers de forte intensité », apprend-on dans la note du SGDSN. Et X n’est pas la seule dans ce cas. De même, ce sont plusieurs centres de recherche liés aux questions de défense qui ont été ciblés. « A l’occasion d’une visite en Russie, les ordinateurs des ingénieurs œuvrant pour une entreprise française du secteur de la défense ont été manipulés et consultés, l’un d’eux ayant même été dérobé à l’aéroport », est-il écrit. Des ingénieurs français espionnés et volés en Russie : c’est la preuve d’une naïveté qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui et qui atteste d’un manque sidérant de prise de conscience. « C’est un manque de professionnalisme inouï des ingénieurs, observe un conseiller gouvernemental. Pomper les données d’un téléphone ou d’un ordinateur étranger, pour les Russes, c’est l’enfance de l’art. Nous, on conseille aux ingénieurs d’aller à l’étranger avec des téléphones blancs, des ordinateurs blancs. » Ce qui n’est pas toujours facile à exécuter lors d’une mission, mais la règle devrait s’appliquer dès qu’on franchit une frontière, quelle qu’elle soit. « Vous venez d’intégrer le ministère, vous êtes devenu une cible. » Voici les premiers mots qu’entendent désormais les collaborateurs ministériels, mais aussi les parlementaires et leurs assistants, quand bien même ces derniers ne se penchent pas sur les sujets de défense. Les responsables politiques sont régulièrement approchés par des officiers russes qui utilisent leur couverture diplomatique « pour nouer des relations afin de recueillir du renseignement d’ordre politique et peser en faveur de la Russie dans les débats français et européens », indiquent les rédacteurs de la note. « Toute personne qui vous parle, même dans un bar, est potentiellement là pour vous espionner ou vous influencer, plus aucune rencontre n’est une rencontre neutre », prévient la DGSI quand ils instruisent les nouveaux entrants au Parlement ou au gouvernement. L’espionnage ou la déstabilisation peut aussi se faire sous la couette, il n’est pas rare que la Russie envoie des femmes séduire des responsables politiques. « En 2023-2024, plusieurs comptes de messagerie Internet du ministère des Armées ont été compromis par des attaquants vraisemblablement liés à la Russie », écrivent les auteurs de la note. L’attaque est réelle mais elle a plus fait peur que mal. Ces comptes de messagerie Internet du ministère des Armées ne correspondaient pas aux adresses traditionnelles mais à un système secondaire et la méthode employée fut celle du ciblage aléatoire. En procédant à l’aveugle, sans aucune logique, les agresseurs ont récupéré des mots de passe mais n’ont pas pu pousser très loin leur offensive. Derrière la Chine, l’ombre de la Russie. En juillet 2023, Le Parisien révèle l’affaire Ommic, du nom d’une entreprise de puces high-tech, les semi-conducteurs. Deux Français et deux Chinois sont mis en examen pour avoir livré à la Chine ces petits bijoux technologiques, très utilisés dans les équipements militaires, en dehors de toute autorisation. Le renseignement français estime aujourd’hui que cette opération d’espionnage a été conduite… également au bénéfice de l’armée russe. « La Russie a utilisé un réseau d’acquisition illégal pour dissimuler, à partir de 2014, des achats de semi-conducteurs auprès d’une société française. Le destinataire final des puces était en réalité une société russe détenue par l’Etat », écrit le SGDSN. Une opération menée « sans collusion établie entre les deux pays », nous indique un dirigeant sécuritaire. Les deux puissances ont tout simplement exploité le même filon. La Russie a pu se fournir jusqu’en mars 2023, date des interpellations diligentées par la DGSI. Selon nos informations, les services secrets français suivent avec une grande vigilance l’enquête sur la gigantesque coupure de courant du 28 avril en Espagne et au Portugal, mais aussi dans une partie des Pyrénées-Orientales et des Pyrénées-Atlantiques. Un sabotage russe est considéré comme une hypothèse sérieuse. Car, tout comme le secteur des télécommunications, qui fait « l’objet d’un ciblage soutenu par des cyberattaquants liés à l’Etat russe », indique le SGDSN, la « déstabilisation du secteur de l’énergie » en France est un objectif russe. « En 2024, le GRU a cherché à compromettre des équipements industriels d’entités françaises du secteur hydroélectrique », écrivent les services secrets français. Selon nos informations, il est fait notamment référence au moulin de Courlandon, piraté par des hackeurs russes en avril 2024, sans grande conséquence. L’épisode a néanmoins été perçu comme le signal que la Russie cherche à couper l’électricité des Français. Les Jeux olympiques sont des occasions idéales pour qui veut déstabiliser de façon spectaculaire un Etat. En juillet 2024, peu de temps avant l’ouverture des JO de Paris, un ressortissant de nationalité russe a été mis en examen alors qu’il « projetait des actions violentes sur le territoire en marge de la cérémonie d’ouverture », est-il écrit dans la note. Un autre ressortissant russe « qui avait des instructions » a également été arrêté en juin 2024 à l’aéroport de Roissy. Jusqu’à imaginer un projet d’attentat ? Au sein du renseignement français, on se montre dubitatif. « On pense que la Russie n’a pas voulu commettre d’acte très grave, comme du terrorisme, contre les JO car cela aurait entraîné une réprobation mondiale. Ils ont voulu nous envoyer le message de ce qu’ils étaient capables de faire, tout en en gardant sous le pied », estime un dirigeant sécuritaire. Jusqu’à la prochaine fois ? Le Kremlin a l’industrie de défense française dans son viseur. Les services de renseignement écrivent qu’ »une cyberattaque, très probablement menée par le GRU, a été découverte en 2023 contre une entreprise clé de la défense française, conduisant à une exfiltration massive de courriels de la société afin d’obtenir des informations sur le soutien militaire à l’Ukraine ». Selon nos informations, il s’agit de KNDS France, le nouveau nom de Nexter, fabricant des fameux canons Caesar. Le 11 décembre 2023, l’entreprise a publié sur son site Internet un communiqué discret indiquant qu’ »une analyse réalisée début 2023 en collaboration avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a révélé la compromission d’équipements informatiques » et « l’exfiltration de certains courriels » pendant « plusieurs mois ». L’implication russe n’avait jamais été révélée. Ces cyberattaques à des fins d’espionnage diffèrent des piratages russes « destructeurs », uniquement voués à perturber le fonctionnement de la société. Selon nos informations, le piratage de l’hôpital de Dax (Landes), le 10 février 2021, qui a rendu tout le système interne définitivement inutilisable, est imputé au renseignement russe. Le 11 mars 2024, le collectif Anonymous Sudan, « potentiellement lié au GRU », écrit le SGDSN, a revendiqué une cyberattaque contre six ministères. « Une attaque contre le réseau interministériel d’Etat en mars 2024 a perturbé pendant une journée le fonctionnement des administrations », écrit le renseignement français. « C’est le premier acte de guerre cyber de l’histoire », commente un général très au fait du dossier. Des éléments épars ont été publiés mais jamais l’histoire dans son ensemble. Le 24 février 2022, une heure avant l’invasion russe de l’Ukraine, Vladimir Poutine déclenche en parallèle une cyberattaque d’ampleur. Quelque « 40 000 modems » de l’entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat, dont une partie sont exploités par l’opérateur français Eutelsat, s’arrêtent de fonctionner, nous assure une source proche des faits. Les attaquants russes ont décelé une faille « zero day », comme on appelle ces vulnérabilités impossibles à contrer car personne ne s’en est jamais aperçu. L’offensive cause « une énorme perte de communication au tout début de la guerre », a reconnu Viktor Zhora, le directeur adjoint de l’Agence de cybersécurité ukrainienne. Effet collatéral, plusieurs pays européens sont touchés, dont la France, où l’attaque « a rendu indisponibles les communications avec certains services d’urgence et affecté de nombreuses collectivités et entreprises ». Concrètement, les sites fonctionnant grâce à la fibre optique sont préservés mais Internet est coupé dans de nombreux quartiers équipés de l’ADSL, ce dont plusieurs médias régionaux se sont faits l’écho. Depuis lors, l’armée russe utilise l’espace comme un terrain de guerre. Selon le SGDSN, elle tente de piéger les avions français par le biais du « spoofing », c’est-à-dire l’envoi par piratage de fausses coordonnées satellitaires, afin de provoquer des accidents. « En 2024, plus de 200 atteintes aux systèmes de positionnement par satellite ont été reportées par les aéronefs sous pavillon français », insiste le service de Matignon. Existe-t-il pire scénario que l’alliance de nos ennemis ? C’est malheureusement bien à cela que les renseignements semblent préparer les esprits en évoquant dans la note secrète que nous nous sommes procurée « l’aide conséquente fournie par la Russie à l’Iran et à la Corée du Nord, dans le domaine spatial, présentant une forte porosité avec celui des missiles balistiques intercontinentaux ». Si la coopération entre la Russie et l’Iran est ancienne, comme le rappelle un connaisseur du dossier citant par exemple la récente livraison par la République islamique de missiles Fattah à la Russie, elle semble prendre une dimension nouvelle. La portée de missiles iraniens s’accroît et si la Russie ne semble pas soutenir le programme nucléaire de l’Iran, « elle apporte une aide en termes de technologie militaire », selon un dirigeant du renseignement. Ainsi, le développement de leur programme balistique est un élément de pression sur la France qui intéresse la Russie. Concrètement ? « Dans les scénarios les plus inquiétants aujourd’hui, l’Iran est capable d’atteindre le sud de l’Europe », glisse l’un de nos interlocuteurs. Un autre membre des services de renseignement, encore plus pessimiste, assure : « Les missiles iraniens peuvent désormais toucher la France, en particulier la Corse et l’Alsace. » Une faiblesse française à portée de main du pouvoir russe. Ne pas être dupe du « chantage » [nucléaire], selon le mot d’un responsable de l’exécutif français, sans sous-estimer la folie poutinienne. Depuis février 2022, les services de sécurité français accueillent les menaces atomiques russes avec vigilance. Le programme de missiles dit « Orechnik », potentiellement pourvu de « têtes nucléaires », est particulièrement suivi. Le tir du 21 novembre 2024 sur une « cible civile » en Ukraine est considéré comme un « signalement sans précédent », note le SGDSN, d’autant que l’Orechnik a une portée de « 3 000 à 5 500 kilomètres », selon le renseignement, donc jusqu’au territoire français. « Pour nous, ce n’est pas du bluff, ce n’est pas simplement une stratégie de communication. L’attaque nucléaire est une option sur la table de Poutine », souligne un dirigeant sécuritaire. D’ores et déjà, un autre de nos interlocuteurs considère comme « possible que la Russie sorte du registre de la dissuasion pour utiliser l’arme nucléaire sur le champ de bataille en Ukraine ». Le renseignement russe a fait de la désinformation numérique un art. Faux comptes, faux sites de médias (le fameux réseau dit « Doppelganger » imitant des quotidiens français, cité par le SGDSN), fausses nouvelles et désormais, de fausses vidéos, crées notamment grâce à « l’IA », usurpant des visages et des « voix », écrit le service de Matignon. Le 21 juillet 2024, le groupe dit « Storm-1516 », dont l’utilisation « est attribuée au GRU », selon les services secrets français, se fait passer pour le Hamas. Dans cette fausse déclaration, les terroristes « menacent de conduire des attentats durant les JO 2024 ». Hélas pour les Russes, très peu de médias français relayeront l’information. « Vous, journalistes, êtes la cible de la désinformation russe, tout simplement car vous lui donnez de l’écho. La part de gens qui y croient est assez stable. C’est la part de gens exposés qui varie », analyse l’historien David Colon, chercheur à Sciences Po et spécialiste de la propagande russe. En janvier 2025, nouvelle tentative : les trolls russes diffusent une fausse vidéo du groupe HTC au pouvoir en Syrie menaçant de brûler la cathédrale Notre-Dame. Là encore, un demi-échec médiatique, même si le spot est vu 17 millions de fois sur les réseaux sociaux. Dans ces cas-là, le GRU peut utiliser son réseau Doppelganger pour générer les articles « qu’il aurait rêvé de susciter », a remarqué David Colon, ou utiliser le mode opératoire dit « Matriochka », dont le principe est de contacter directement les médias via des faux comptes pour qu’ils vérifient l’allégation. Peu importe qu’ils réfutent, seule la visibilité compte. « Storm-1516 » a publié en février une fausse vidéo attribuant une agression sexuelle à Brigitte Macron, vue plus de 15 millions de fois. Emmanuel Macron utiliserait-il des trolls ? C’est ce qu’a voulu faire croire le renseignement russe pendant l’élection présidentielle de 2022, selon les services secrets français. L’opération « s’est déroulée en deux phases », écrit le SGDSN. D’abord, une trentaine de comptes sur les réseaux sociaux « ont promu de façon délibérément exagérée la candidature d’Emmanuel Macron, tout en dénigrant celle des autres candidats », de décembre 2021 à février 2022. Puis il s’est agi de « révéler » l’existence de ces comptes et d’en « attribuer la responsabilité à la France, à travers la publication, quinze jours avant la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, d’une trentaine d’articles dans des médias africains francophones ». « Des trolls africains votent Macron sur les réseaux sociaux », titre par exemple le média Burkina24.com, le 9 avril. Pendant les élections législatives de 2024, le groupe « Storm-1516 » a tenté de se faire passer pour la coalition présidentielle en proposant faussement aux électeurs une « prime Macron » de 100 euros en échange de leur vote. Il était demandé d’envoyer également son « numéro de sécurité sociale ». « Les Russes font d’une pierre deux coups, ils jettent un peu de discrédit sur le pouvoir, tout en obtenant quelques données personnelles, c’est toujours bon à prendre », relève David Colon. Laureline Dupont, Étienne Girard et Eric Mandonnet
Même si l’opération des cercueils est grossière, on peut estimer que l’objectif est politique : renforcer les divisions de la société française autour du soutien à l’Ukraine.  Il y a une nouvelle posture du gouvernement de la France, en matière d’influence et de contre-ingérence, qui consiste à nommer et attribuer ces attaques. On en entend plus parler. Ces opérations « physiques » de déstabilisation à l’étranger s’inscrivent « dans une continuité historique, un savoir-faire des services russes. En 1959, le KGB, ancêtre du FSB, avait ainsi mené à Cologne (Allemagne) une campagne d’affichage de slogans antisémites et de croix gammées, afin de discréditer l’Allemagne de l’Ouest auprès de ses alliés occidentaux. Il ne faut pas tout résumer à des initiatives du Kremlin. Il y a des acteurs para-étatiques, des acteurs privés, des médias d’Etat, des médias numériques, des services de renseignements, dont les objectifs stratégiques sont les mêmes. C’est un système pas coordonné et hétérogène. Reste que ces opérations poursuivent des objectifs communs sur le long terme: dénigrer ce que les Russes appellent ‘l’Occident collectif’, légitimer les positions de la Russie à l’étranger et discréditer le système démocratique libéral pour le présenter comme un système dysfonctionnel.  Maxime Audinet (Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire)
C’est une stratégie opportuniste et irresponsable visant à exploiter les crises internationales pour semer la confusion. Le ministère des Affaires étrangères français
Tout commence trois semaines environ après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, en octobre 2023. Entre les 27 et 31 octobre, la France découvre plus de 250 tags d’étoiles de David bleues, réalisés au pochoir sur des murs d’immeubles de région parisienne. La classe politique réagit à chaud à ce qu’elle considère comme des actes antisémites. Elisabeth Borne, alors Première ministre, condamne ces « agissements ignobles », tandis que la mairie du 14e arrondissement de Paris estime dans un communiqué partagé sur X que « cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale, qui ont conduit à l’extermination de millions de juifs ». L’enquête, aussitôt diligentée, mène sur une tout autre piste : celle de l’ingérence étrangère. Un couple moldave est arrêté et un homme d’affaires de la même nationalité, ouvertement prorusse, Anatoli Prizenko, identifié comme possible commanditaire. Le Monde révèle fin février, s’appuyant sur une note de la Direction générale de la sécurité intérieure, qu’il s’agit d’une opération pilotée par le « cinquième service du FSB », un département des renseignements russes chargé des opérations d’influence extérieure. L’histoire semble se répéter dans la nuit du 13 au 14 mai. Des mains rouges, symboles utilisés pour dénoncer les massacres à Gaza, sont taguées sur le Mur des Justes à l’extérieur du Mémorial de la Shoah, à Paris. L’événement provoque, à nouveau, des réactions d’indignation en chaîne : « Cette dégradation (…) résonne comme un cri de ralliement haineux contre les Juifs. Abject ! » s’émeut sur X Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France. Emmanuel Macron dénonce, également sur X, « l’atteinte à la mémoire » des victimes des crimes nazis et promet une République « inflexible face à l’odieux antisémitisme ». A nouveau, l’enquête privilégie bien vite la piste de l’opération de déstabilisation. Deux semaines plus tard, samedi 1er juin, cinq cercueils remplis de plâtre sont retrouvés devant la tour Eiffel, ornés de drapeaux français et de l’inscription « Soldats français de l’Ukraine ». Trois suspects sont placés sous statut de témoin assisté : un Allemand et un Ukrainien, accusés d’avoir déposé les cercueils, ainsi qu’un Bulgare, qui leur aurait servi de chauffeur. En analysant le téléphone de ce dernier, les enquêteurs retrouvent la trace de l’un des hommes suspectés d’avoir tagué le Mémorial de la Shoah. Ils font ainsi le lien entre les deux affaires. Le 8 juin, huit graffitis représentant des cercueils et trois autres mots écrits en cyrillique sont découverts sur des façades d’immeubles du 7e arrondissement de Paris. Trois jeunes Moldaves sont interpellés. A nouveau, l’ingérence étrangère est aussitôt suspectée. Ces deux derniers incidents interviennent quatre mois après qu’Emmanuel Macron a évoqué un potentiel envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien. Des propos qu’il a réitérés le 16 mars. (…)  Les tags découverts mardi, évoquant les « Mirage pour l’Ukraine », sur lesquels la police parisienne enquête, résonnent comme un écho de la promesse faite par Emmanuel Macron, le 6 juin, de céder des Mirage 2000-5 à Kiev. Des pilotes ukrainiens se forment déjà sur ces appareils en France. Dans le cas des tags retrouvés sur Le Figaro, deux suspects de nationalité moldave ont été interpellés jeudi. Poursuivis pour « dégradations en réunion » et « association de malfaiteurs », ils ont déclaré avoir été payés 100 euros chacun pour réaliser ces graffitis. Pour les autorités françaises, il est certain que la Russie interfère sur le territoire. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dénoncé sur France 2 les ingérences russes, y voyant « un poison qui cherche à manipuler l’opinion », menaçant de devenir « notre nouvelle guerre mondiale ». Emmanuel Macron, invité de France 2 et de TF1, jeudi 6 juin, a assuré que la France était prête à « faire face à tous les risques » liés à la Russie, notamment les « risques de provocations, comme on en a encore eu ces derniers jours ».  (…) Des accusations rejetées en bloc par le Kremlin. « La Russie n’a pas interféré et n’interfère pas dans les affaires intérieures de la France, notre pays a des priorités plus importantes », a déclaré l’ambassade de Russie à Paris, mardi 4 juin. Elle a exprimé « sa vive protestation contre une nouvelle campagne russophobe déclenchée dans les médias français », invitant à y « mettre fin ». Ces opérations « physiques » de déstabilisation à l’étranger s’inscrivent « dans une continuité historique, un savoir-faire des services russes », constate Maxime Audinet. En 1959, le KGB, ancêtre du FSB, avait ainsi mené à Cologne (Allemagne) une campagne d’affichage de slogans antisémites et de croix gammées, afin de discréditer l’Allemagne de l’Ouest auprès de ses alliés occidentaux, illustre le chercheur. Si les ingérences physiques de ces derniers mois ont « réussi », c’est en partie grâce aux relais dont elles ont bénéficié sur internet. Le ministère des Affaires étrangères a mis au jour sur son site l’implication d’un réseau de 1 095 bots (comptes automatisés) prorusses, auteurs de 2 589 publications sur le réseau social X ayant alimenté la polémique sur les étoiles de David. Selon Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères du ministère, ce relais fait partie d’une vaste campagne numérique dénommée RRN/Doppelgänger (en référence à Recent Reliable News, la plateforme d’actualité diffusant de la désinformation prorusse et au Doppelgänger, « sosie » en allemand), lancée en septembre 2022 dans plusieurs pays occidentaux pour « discréditer le soutien occidental à l’Ukraine ». Cette campagne est suivie de près depuis fin octobre par le collectif Antibot4Navalny, spécialisé dans la surveillance des opérations d’influence liées à la Russie sur X. Selon ce groupe d’analystes anonymes, une armée de bots prorusses liée à Doppelgänger a également amplifié l’affaire des cercueils et celles des mains rouges sur le réseau social d’Elon Musk. Les posts étaient coordonnés et presque toujours accompagnés de narratifs fustigeant le chef d’Etat français : « Macron semble prêt à sacrifier nos vies pour son ambition. Inacceptable », ou encore : « Ceci est un acte de haine qui ne devrait pas rester impuni. M. Macron, où est votre engagement contre l’antisémitisme ? » Au début de l’opération RRN/Doppelgänger, les propagandistes ont aussi créé des copies des sites de médias nationaux et d’institutions gouvernementales diffusant de fausses informations et de la propagande prorusse. Le Parisien, Le Figaro, Le Monde, 20 Minutes et plusieurs ministères en ont fait les frais. Au total, 355 noms de domaines ont été usurpés, selon une note de Viginum. Aujourd’hui, cette ingérence prorusse s’inscrit dans le quotidien des Français : selon un rapport de l’Irsem, « 80% des efforts d’influence » en Europe sont attribués à la Russie. « Il ne faut pas tout résumer à des initiatives du Kremlin », tempère Maxime Audinet. (…) Reste que ces opérations poursuivent des objectifs communs sur le long terme : « Dénigrer ce que les Russes appellent ‘l’Occident collectif’, légitimer les positions de la Russie à l’étranger et discréditer le système démocratique libéral pour le présenter comme un système dysfonctionnel », résume le chercheur.  Près de deux ans après Doppelgänger, le collectif Antibot4Navalny et l’AFP(Nouvelle fenêtre) ont révélé l’existence d’une autre campagne d’ingérence étrangère : l’opération Matriochka. Actif depuis au moins septembre 2023, son réseau propage de façon coordonnée sur X « des faux contenus » aux narratifs majoritairement anti-ukrainiens, voire anti-JO, détaille un rapport de Viginum publié lundi 10 juin. « Au regard de ces éléments, Viginum considère que la campagne Matriochka, toujours en cours, réunit les critères d’une ingérence numérique étrangère », précise ce rapport. Cette campagne a déjà visé plus de 800 organisations, médias et journalistes luttant contre la désinformation. La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Ukraine sont les principaux pays ciblés. Si ces entreprises de manipulation de l’opinion ont été démasquées, elles n’en continuent pas moins. Un deepfake avec Tom Cruise, qui annonce « mettre en lumière les dirigeants incompétents qui se cachent derrière le Comité olympique », des contenus anxiogènes… Les Jeux olympiques, qui doivent débuter le 26 juillet , font déjà l’objet de campagnes de déstabilisation. « La Russie tente, et va presque sûrement continuer, de saper les JO de Paris à travers plusieurs opérations d’influence maligne en cours, y compris des campagnes lancées depuis au moins 2023 », jugent les experts en cybersécurité de Recorded Future, dans un rapport publié le 4 juin. Deux jours plus tôt, un rapport du Centre d’analyse des menaces de Microsoft (MTAC) a dévoilé l’existence d’un « réseau d’acteurs affiliés à la Russie », menant une série de campagnes malveillantes contre la France, Emmanuel Macron et le Comité international olympique. Ainsi, une fausse vidéo de la CIA annonçant un niveau de menace terroriste élevé lors des JO a circulé sur X, puis une fausse vidéo de France 24 a affirmé que 24% des tickets pour les Jeux ont été restitués par crainte d’une attaque terroriste. Des allégations mensongères qui entretiennent un climat anxiogène. Selon le rapport du MTAC, ce n’est pas la première fois que la Russie tente de perturber les JO. « Des hackers russes ont dévoilé des informations médicales secrètes sur plusieurs athlètes américains » pour les faire accuser de dopage, lors des JO de Rio, en 2016, tandis qu’en 2018, une cyberattaque intitulée « Olympic Destroyer » a visé les serveurs informatiques des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud. Le département de la Justice américain a poursuivi deux officiers du renseignement militaire russe liés à cette attaque en 2020. En avril, Emmanuel Macron avait déclaré n’avoir « aucun doute » que la Russie cible l’organisation des Jeux olympiques, « y compris en termes informationnels ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté démenti toute campagne de désinformation visant la compétition, qualifiant de « pure calomnie » le rapport du MTAC. Malgré les démentis, l’observatoire de Microsoft s’attend à ce que cette désinformation « s’intensifie » dans les prochains mois. France info (juin 2024)
Mon opinion subjective, c’est les deux. Il s’agit d’une aide externe et interne, mais c’est ainsi que fonctionne le manuel de propagande du Kremlin. C’est ce qu’ils font dans les territoires occupés en Ukraine. C’est ce qu’ils font en Moldavie. Il s’agit d’une approche basée sur la copie. Madalina Voinea (chercheuse en médias roumaine)
Les vidéos (…) appartiennent à un vaste réseau russe de faux comptes TikTok se faisant passer pour de vrais utilisateurs d’Allemagne, de France, de Pologne, d’Israël et d’Ukraine. En combinant des recherches de hashtags et les recommandations de TikTok, BBC Verify a pu retracer des centaines de vidéos similaires ciblant des dizaines de responsables ukrainiens. Les comptes qui les publiaient utilisaient des photos de profil volées, notamment celles de célébrités telles que Scarlett Johansson, Emma Watson et Colin Farrell. À quelques exceptions près, ils n’ont posté qu’une seule vidéo chacun – une tactique nouvelle selon TikTok, qui vise à échapper à la détection et à manipuler le système de recommandation de vidéos de la plateforme aux utilisateurs. L’effort semble avoir été coordonné : parfois, les vidéos ont été publiées par différents comptes le même jour et présentaient des scripts identiques ou très similaires. Au cours de l’enquête, BBC Verify a trouvé des preuves circonstancielles et cohérentes indiquant une possible origine russe du réseau. Il s’agit notamment d’erreurs linguistiques typiques des locuteurs russes, y compris certaines expressions russes qui ne sont pas utilisées dans d’autres langues. En outre, de nombreuses vidéos contenaient des liens vers un site web précédemment révélé par Meta comme faisant partie d’un réseau lié à la Russie et usurpant l’identité de sites web d’information occidentaux légitimes. De nombreuses vidéos analysées par BBC Verify visaient M. Reznikov, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et d’autres responsables ukrainiens, les dépeignant comme obsédés par l’argent et indifférents aux Ukrainiens ordinaires ou à l’effort de guerre. (…) Ils évitaient les allégations directes d’actes répréhensibles, mais laissaient entendre que des hommes politiques avaient acheté des propriétés ou des biens de luxe en temps de guerre – des affirmations qui, après vérification, se sont toujours révélées fausses. (…) Roman Osadchuk, du Digital Forensic Research Lab de l’Atlantic Council, qui a enquêté sur le réseau en collaboration avec la BBC, a déclaré que les faux comptes ciblant les Ukrainiens tentaient de saper leur confiance dans les dirigeants du pays. « Ils essaient de rendre l’Ukraine moins résistante d’une certaine manière et de faire en sorte que la société ukrainienne cesse de se battre contre les Russes », a-t-il déclaré. Renee DiResta, responsable de la recherche technique à l’Observatoire de l’Internet de Stanford, explique que l’accent mis par les vidéos sur la corruption dans l’effort de guerre de l’Ukraine visait particulièrement l’Occident. « Toutes ces choses qu’ils allèguent [à propos des fonctionnaires ukrainiens] comme les formes dans lesquelles la corruption devient de l’escroquerie, ce serait pour saper le soutien continu, en particulier par les pays européens, à l’effort de guerre ukrainien ». Lorsque nous avons fait part de nos découvertes à TikTok, un porte-parole nous a répondu : « Nous poursuivons constamment et sans relâche ceux qui cherchent à influencer notre communauté par des comportements trompeurs, et nous avons supprimé une opération d’influence secrète provenant de Russie, dans le cadre d’une enquête initiée par TikTok et à laquelle la BBC a contribué. TikTok a déclaré qu’il continuait d’enquêter sur l’identité de l’auteur du réseau et qu’il avait trouvé de fausses vidéos dans deux autres langues : l’italien et l’anglais. Malgré les efforts de TikTok pour fermer le réseau, dans les semaines qui ont suivi le signalement des comptes par BBC Verify, l’application nous a recommandé des dizaines d’autres vidéos qui semblent faire partie du même réseau. Certaines d’entre elles ont été publiées à la fin du mois de novembre et couvrent des événements récents. BBC (15 novembre 2023)
Ca crée une sorte de brouillard. Au début, certaines de ces choses semblent naturelles, mais ensuite elles se produisent de plus en plus et vous commencez à vous poser des questions. Dans certains cas, il n’y a pas de preuve, mais nous avons de forts soupçons. Haut responsable européen de la sécurité
L’objectif stratégique est de semer la discorde et l’insécurité. Ils ne détruisent pas d’infrastructures importantes. Ils se concentrent sur des cibles faciles qui influencent la perception générale de l’insécurité dans la société. Il s’agit d’une opération psychologique classique. Piotr Krawczyk (ancien chef du service de renseignement extérieur polonais)
Vous emprisonnez une personne et une autre surgit pour la remplacer. Ces personnes sont jetables et Moscou ne se soucie pas d’elles. Fonctionnaire européen chargé de la sécurité
Il est plus facile de s’occuper d’espions sous couverture diplomatique ou même de clandestins. Ce type d’action devient dangereux pour nous tous. Haut fonctionnaire européen chargé de la sécurité
Leur objectif n’est pas le même que celui des djihadistes islamistes, qui veulent faire le plus de victimes possible. Mais si quelqu’un meurt, ils s’en fichent. (…) Ce n’est pas une question d’idéologie, mais d’affaires et de parents à l’intérieur de la Russie. Quand on regarde les gens, leur compréhension globale du monde ne va pas au-delà de la survie. Harrys Puusepp (Kapo, agence de sécurité intérieure estonienne)
Les agences de renseignement européennes affirment que Moscou a lancé une campagne de sabotage, d’incendie criminel et de désinformation contre le continent. Cette campagne vise parfois des cibles spécifiques liées au soutien de l’effort de guerre ukrainien, mais le plus souvent, elle vise simplement à semer le chaos et le malaise. En Lituanie, un magasin Ikea a été incendié ; en Grande-Bretagne, sept personnes ont été inculpées pour l’incendie criminel d’une entreprise liée à l’Ukraine ; en France, cinq cercueils portant l’inscription « Soldats français en Ukraine » ont été déposés sous la Tour Eiffel ; en Estonie, les vitres des voitures du ministre de l’intérieur et d’un journaliste local ont été brisées. De nombreux incendies suspects ont eu lieu en Pologne, dont un qui a détruit un grand centre commercial à Varsovie. L’ensemble de ces incidents montre que les services de renseignement russes se sont orientés vers un nouveau type d’attaque contre l’Occident, dangereuse et violente, mais aussi fragmentaire et difficile à prouver. Sur le terrain, les actes sont perpétrés par des personnes recrutées en ligne et souvent payées en crypto-monnaie. Certains savent exactement ce qu’ils font et pourquoi, d’autres ne réalisent pas qu’ils travaillent en fin de compte pour Moscou. Les agents de renseignement professionnels qui dirigent les opérations n’ont jamais besoin de quitter le territoire russe. Ce récit de l’offensive de sabotage de la Russie s’appuie sur des milliers de pages de documents judiciaires provenant de Grande-Bretagne et de Pologne, sur des entretiens avec des responsables actuels et anciens de la sécurité et du renseignement dans plusieurs pays européens et aux États-Unis, ainsi que sur des témoignages de personnes ayant participé à des opérations de sabotage. Ce récit de l’offensive de sabotage de la Russie est basé sur des milliers de pages de documents judiciaires provenant de Grande-Bretagne et de Pologne, sur des entretiens avec des responsables actuels et anciens de la sécurité et du renseignement dans plusieurs pays européens et aux États-Unis, et sur des discussions avec des personnes qui connaissaient certains des auteurs de ces actes. (…) Le degré d’agressivité de la campagne reste une question de conjecture. Les responsables occidentaux du renseignement affirment que ces derniers mois, il y a eu une accalmie, peut-être parce que Vladimir Poutine explore la possibilité d’une amélioration des relations avec les États-Unis sous Donald Trump. Mais avant le changement d’administration américaine, il y avait des signes que Moscou faisait monter les enchères de plus en plus haut. L’année dernière, des informations sur un complot apparent visant à envoyer des colis explosifs aux États-Unis, ce qui aurait pu entraîner un accident d’avion et des pertes massives, ont suscité une telle inquiétude à Washington que les hauts responsables de la sécurité de l’administration Biden ont appelé leurs homologues russes pour les avertir qu’une telle escalade forcerait les États-Unis à réagir. Ils ne savaient pas si les ordres venaient du Kremlin ou de planificateurs de niveau intermédiaire trop enthousiastes. (…) Les appels téléphoniques ont semblé mettre un terme au projet d’explosion des colis, mais l’épisode a laissé les nerfs à vif quant aux limites que la Russie pourrait être disposée à franchir à l’avenir, et aux conséquences qui pourraient en découler. (…) La campagne russe de mise à feu n’est pas née de nulle part. Des recherches dans les archives des services de sécurité communistes montrent que le sabotage dans les pays ennemis faisait partie de la doctrine de renseignement du KGB dès les années 1960, à lancer en période de tensions accrues ou de guerre. Après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans l’est de l’Ukraine en 2014, les agents russes ont ciblé des usines de munitions et des marchands d’armes en Europe qui soutenaient l’Ukraine. Contrairement à une grande partie de la vague actuelle de sabotage, ces attaques étaient soigneusement planifiées et faisaient appel à des agents entraînés pour viser des cibles spécifiques. Nombre de ceux qui les ont menées appartenaient à une unité secrète du GRU, connue sous le nom de 29155, dont les tâches comprenaient le sabotage et les assassinats dans toute l’Europe. Toutefois, leurs activités étaient si effrontées qu’ils ont fini par être démasqués. Après l’empoisonnement de Sergei Skripal en 2018 avec l’agent neurotoxique novichok, les autorités britanniques – ainsi que les journalistes d’investigation de l’organisation Bellingcat – ont identifié les empoisonneurs comme étant des agents du 29155. En réponse, les pays européens ont ordonné l’expulsion de centaines d’agents de renseignement russes travaillant sous couverture diplomatique hors des ambassades. En consultant les bases de données des passeports, Bellingcat a pu identifier de nombreux autres agents du 29155 qui avaient été utilisés pour des missions de courte durée, ce qui a mis fin à leur couverture et les a empêchés de voyager. Puis, après l’invasion totale de l’Ukraine en février 2022, une nouvelle série d’expulsions diplomatiques a eu lieu. Ces épisodes ont sérieusement entravé la capacité de Moscou à opérer en dehors de la Russie, et les chefs des services d’espionnage ont dû faire preuve de créativité pour combler les lacunes. Tout d’abord, certains diplomates en règle encore à l’étranger ont été cooptés. (…) Deuxièmement, la Russie a activé son réseau d’« illégaux », des agents d’infiltration se faisant passer pour des étrangers, dont les missions pouvaient durer des décennies. En leur confiant des missions plus audacieuses, on augmentait le risque de capture et, dans l’année qui a suivi l’invasion de l’Ukraine, des clandestins ont été identifiés en Slovénie, en Norvège, en Grèce et au Brésil. Ceux qui n’ont pas fui à temps ont été arrêtés. Troisièmement, la Russie s’est tournée vers les services de toutes sortes d’indépendants. Dans certains cas, il s’agissait d’engager des personnes liées au crime organisé, comme Orlin Roussev, un Bulgare basé au Royaume-Uni qui a mené des opérations de surveillance et autres pour la Russie en utilisant un groupe de compatriotes bulgares qu’il appelait ses « sous-fifres », dont trois ont été reconnus coupables le mois dernier à l’Old Bailey de Londres. En plus d’utiliser de nouveaux acteurs pour accomplir d’anciennes tâches, Moscou a également lancé une campagne de sabotage beaucoup plus vaste que tout ce qui avait été fait auparavant. Contrairement aux premières actions ciblées, cette vague serait plus dispersée et aurait des objectifs différents. Un ancien responsable du renseignement américain a déclaré qu’au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Washington s’attendait à voir des cyberattaques russes massives lancées contre l’Occident. Ces attaques ne se sont pas matérialisées, et une théorie veut que Moscou ait opté pour une option plus explosive. (…) Dans de nombreux cas, il est difficile de prouver l’implication de Moscou au-delà de tout doute raisonnable. Des signaux contradictoires ont été émis quant à savoir si les dommages causés à une série de câbles sous-marins dans la mer Baltique étaient le résultat d’actions néfastes de la Russie ou s’ils avaient des causes plus inoffensives. Mais même lorsqu’il n’y a pas de preuve apparente d’un acte criminel, comme dans le cas de l’incendie qui a entraîné la fermeture de l’aéroport d’Heathrow le mois dernier, il est désormais inévitable de spéculer sur une éventuelle implication de la Russie. (…) Selon des responsables occidentaux, un grand nombre d’agents de l’unité 29155, qui ont participé à des opérations de sabotage pendant plus d’une décennie, font partie de la nouvelle campagne. L’unité a été intégrée à un département plus important du GRU et est toujours dirigée par son chef de longue date, Andrei Averyanov. Mais désormais, le travail sur le terrain est effectué par d’anciens agents recrutés sur Telegram, plutôt que par les officiers d’état-major de l’unité, dont la plupart ne sont plus en mesure de se rendre en Europe. Et au lieu de se concentrer sur des cibles spécifiques étroitement liées à la guerre en Ukraine, l’approche est beaucoup plus large, visant des centres commerciaux, des entrepôts et d’autres infrastructures civiles. (…) La manière dont Moscou recrute ses agents et choisit ses cibles varie d’un pays à l’autre. Dans les États baltes, les services russes utilisent les nombreux liens familiaux de la population russophone locale, selon les responsables des services de renseignement de la région. Les recrutements sont effectués lors de visites en Russie, et Telegram est alors utilisé pour communiquer, plutôt que pour établir le premier contact. Le facteur de motivation est généralement l’argent ou le chantage. (…) Ailleurs en Europe, les gens sont recrutés par Telegram, sans aucune interaction en personne. Certains, comme Serhiy, pensent d’abord qu’ils discutent avec des amis partageant les mêmes idées au sujet d’un projet commercial commun. D’autres peuvent penser qu’ils travaillent sur ordre de groupes suprématistes blancs ou d’acteurs politiques nationaux. Les opérateurs sont recrutés par l’intermédiaire des groupes d’emploi gris où les immigrés trouvent souvent un travail occasionnel dans le cadre de l’économie parallèle, rémunéré au noir. Il s’agit souvent de personnes qui opèrent en marge de la loi depuis un certain temps et qui, lorsqu’elles reçoivent l’ordre d’incendier quelque chose, peuvent penser qu’il s’agit d’un différend criminel plutôt que d’un travail de renseignement. Certaines recrues ont des affinités idéologiques avec la Russie, comme Serhiy, qui a soutenu la guerre russe en Ukraine et souhaite ardemment que sa ville natale d’Odessa passe sous contrôle russe. Mais le plus souvent, il n’y a pas de composante idéologique. En mai dernier, les autorités polonaises ont arrêté un Polonais et deux Biélorusses soupçonnés de préparer des actes de sabotage pour les Russes à l’intérieur de la Pologne. Les trois hommes avaient auparavant combattu en Ukraine du côté de Kiev. Un groupe distinct de 16 saboteurs, principalement des Ukrainiens et des Biélorusses, a été appréhendé en Pologne au début de l’année 2023 et condamné par la suite. Ce groupe était principalement composé de personnes qui n’avaient que peu de sympathie pour les objectifs géopolitiques du Kremlin, mais qui cherchaient simplement à gagner de l’argent dans le cadre de l’économie de l’engagement. Les recrues se sont vu proposer des tâches en Pologne qui allaient de l’affichage de tracts anti-OTAN à l’installation de caméras qui surveilleraient les trains transportant du fret humanitaire et militaire à destination de l’Ukraine. Les paiements, effectués en crypto-monnaie, allaient de 5 dollars pour la pose d’une affiche à 400 dollars pour l’installation d’une caméra. Les activités du groupe étaient dirigées par un homme qui s’est identifié uniquement comme « Andrei », et qui communiquait avec deux membres du groupe et leur demandait de répartir les tâches entre les autres. (…) Pour les Russes, l’avantage d’utiliser des agents ponctuels est que, si quelque chose tourne mal, Moscou peut s’en débarrasser et les laisser faire leur temps en prison. Aucun diplomate russe ne travaille en coulisses à la libération de Serhiy, et il est très peu probable qu’il soit inclus dans un échange de prisonniers. Au lieu de cela, les contrôleurs au siège du GRU peuvent simplement créer de nouveaux comptes Telegram et recommencer le processus. (…) La possibilité que toute personne cherchant des petits boulots sur Telegram puisse s’inscrire à des missions des services de renseignement russes soulève des dilemmes en matière de surveillance et de protection de la vie privée qui rappellent le travail de lutte contre le terrorisme, les autorités s’efforçant d’attraper les auteurs potentiels avant qu’ils ne passent à l’action. Une autre question se pose également, mise en lumière par le prétendu complot avorté visant à envoyer des colis explosifs aux États-Unis l’année dernière : quelle est la finalité de l’opération ? Selon un haut responsable de la sécurité, la Russie considérant de plus en plus l’Europe comme partie prenante à la guerre en Ukraine, la campagne de sabotage ne peut que s’intensifier tant que la guerre se poursuit. « Ils franchissent une ligne rouge après l’autre et nous ne savons pas jusqu’où ils iront », a déclaré le fonctionnaire. Shaun Walker
Les opérations de TikTok sont restées opaques et n’ont pas eu à rendre de comptes, facilitant la diffusion rapide de contenus polarisants et contournant les contrôles traditionnels. La campagne du candidat indépendant pro-russe Călin Georgescu a tiré parti des mécanismes viraux de TikTok pour amplifier les récits nationalistes et anti-occidentaux, en ciblant particulièrement la diaspora roumaine, forte de 7 millions de personnes. Alors que les parties prenantes nationales et européennes ont pris les premières mesures pour exiger un contrôle public de TikTok, soulevant des préoccupations importantes quant à la conformité de la plateforme avec les articles 33 et 34 de la loi sur les services numériques de l’UE (DSA) – qui exige que les plateformes atténuent les risques systémiques pour les processus démocratiques – il est évident que des lacunes réglementaires et d’application persistent, et qu’il reste beaucoup à faire pour relever les défis évolutifs de l’ère numérique. La Roumanie est récemment entrée dans une période d’incertitude politique importante, illustrée par une série d’événements électoraux critiques. Il s’agit notamment d’un vote parlementaire et d’un second tour présidentiel annulés par la Haute Cour de justice moins de deux jours avant le scrutin initialement prévu le 8 décembre, ce qui a suscité des inquiétudes quant à l’intégrité électorale et à l’influence des plateformes technologiques sur les processus démocratiques. Le premier tour des élections présidentielles a eu des résultats inattendus, bouleversant la domination traditionnelle des principaux acteurs politiques. Marcel Ciolacu, du parti social-démocrate (PSD), et George Simion, de l’Alliance pour l’unification des Roumains (AUR), n’ont pas réussi à se qualifier pour le second tour. Le candidat indépendant d’extrême droite Călin Georgescu et Elena Lasconi de l’Union libérale-progressiste Sauver la Roumanie (USR) se sont imposés comme les deux principaux candidats. Călin Georgescu, qui se présente comme un candidat pro-paix et anti-système, est devenu une figure polarisante. Sa rhétorique antimondialiste et antiukrainienne s’aligne sur les sentiments nationalistes de l’extrême droite et a trouvé un écho auprès des électeurs désillusionnés par la corruption perçue de l’élite politique roumaine. Georgescu est sceptique à l’égard de l’OTAN et de l’UE, critique à l’égard de l’implication de la Roumanie en Ukraine et prône des liens plus étroits avec la Russie. Sa campagne a utilisé une stratégie de médias sociaux très efficace, en particulier sur TikTok, qui l’a fait passer d’un candidat marginal avec environ 5 % dans les sondages (les sondages de sortie des urnes le plaçaient à 16 %) à un concurrent avec près de 23 % des voix au premier tour. Le rôle de TikTok est une question clé des élections roumaines. La plateforme s’est adressée aux électeurs désengagés et a permis à des candidats non traditionnels comme Georgescu de se faire connaître sans les investissements publicitaires substantiels requis sur les plateformes Meta. Le rapport préliminaire de BROD publié immédiatement après les élections a analysé les rôles de Meta et TikTok dans la campagne. Nos données indiquent que les principaux partis politiques ont dépensé environ 4,94 millions d’euros en publicités Meta au cours du mois précédant les élections. En revanche, les efforts de Georgescu en matière de publicité Meta ont été minimes, avec seulement 25 publicités politiques actives au cours des 30 derniers jours précédant les élections, financées par d’obscurs organes de presse aux budgets limités. Georgescu a plutôt tiré parti de la conception algorithmique de TikTok, en exploitant des récits d’extrême droite qui contournaient les règles de transparence en matière de publicité politique. Ses messages nationalistes ont connu un succès considérable, ses posts TikTok préconisant l’arrêt de l’aide à l’Ukraine et mettant l’accent sur la « sagesse de la Russie » ayant suscité un engagement remarquable. Les indicateurs de TikTok présentés dans le rapport de BROD illustrent l’ascension de Georgescu : une augmentation de 223 % du nombre de followers, une augmentation de 222 % du nombre de vidéos vues et une augmentation de 311 % du nombre de commentaires au cours de la semaine du 10 au 16 novembre. Au premier tour des élections, ses messages avaient été vus 62,7 millions de fois, soit une augmentation de 214 % en une semaine seulement. Des hashtags tels que #calingeorgescu ont connu une croissance exponentielle, avec plus de 73,2 millions de vues en 7 jours, ce qui témoigne d’une campagne hautement stratégique. Alors que les plateformes Meta ont dominé les budgets de publicité politique divulgués – l’USR, le PNL, le PSD et l’AUR ont collectivement dépensé des millions d’euros en publicités divulguées – il est clair que TikTok est resté dans une zone grise réglementaire. Notre rapport met en évidence les faiblesses systémiques de TikTok en matière de responsabilité. Malgré les affirmations selon lesquelles TikTok n’héberge pas de publicité politique et n’autorise pas l’accès aux mécanismes de monétisation pour les candidats ou les fonctionnaires, notre analyse montre que TikTok a été utilisé pour amplifier des messages par le biais de réseaux d’influenceurs et de faux comptes, échappant ainsi aux obligations de transparence prévues par l’ASD. Des documents récemment déclassifiés du Conseil national de défense indiquent que plus de 20 000 comptes TikTok ont été liés à la campagne de Georgescu. Parmi ces comptes, 800 ont été créés dès 2016. Ces comptes auraient facilité les paiements en crypto-monnaie aux influenceurs, certains paiements présumés atteignant au moins 1 million d’euros par le biais des systèmes de dons de TikTok pendant les livestreams. En ce qui concerne les efforts de transparence publiquement signalés, TikTok a déclaré par l’intermédiaire de son Centre de transparence qu’en septembre, il avait identifié un réseau de 22 comptes diffusant des informations erronées et promouvant des récits critiques à l’égard du gouvernement roumain. Début décembre, TikTok a annoncé avoir perturbé un réseau de 78 comptes comptant 1 781 adeptes et promouvant la campagne politique de Călin Georgescu. Ce réseau, principalement basé en Roumanie, a été démantelé fin novembre. Cependant, l’ampleur de cette opération semble modeste par rapport à l’activité coordonnée plus large observée pendant l’élection. Les enquêtes menées par le groupe de réflexion Digihumanism mettent en évidence d’importantes lacunes dans l’application de la loi. Entre le 28 novembre et le 3 décembre, après la divulgation initiale de TikTok, les chercheurs ont identifié 47 nouveaux comptes usurpant l’identité de Georgescu ou adoptant un comportement inauthentique. Les représentants de Digihumanism soulignent qu’en dépit de la suppression par TikTok de comptes signalés pour des violations similaires, de nouveaux comptes continuent d’apparaître, ce qui démontre la difficulté de lutter contre les comportements inauthentiques coordonnés. En outre, leur analyse de la bibliothèque de contenu commercial de TikTok a révélé 48 publicités politiques actives promouvant la candidature de Georgescu dans 12 pays de l’UE, en Suisse et au Royaume-Uni, ciblant environ 300 000 utilisateurs. Malgré des politiques explicites contre la publicité politique, ces publicités ont persisté même après que la Commission européenne a demandé à TikTok de fournir des explications publiques. En réponse, la Commission européenne a demandé à TikTok des informations supplémentaires concernant sa gestion des risques de manipulation de l’information et des systèmes de recommandation dans le cadre de l’ASD. TikTok a jusqu’au 13 décembre pour répondre à ces préoccupations, notamment en démontrant l’efficacité de ses efforts pour atténuer les comportements inauthentiques et permettre la surveillance par des tiers. Le 8 décembre, au moment de la rédaction de ce billet, la Roumanie est aux prises avec des troubles politiques et sociaux importants à la suite de l’annulation des élections. Les questions non résolues concernant le financement des campagnes électorales, l’ingérence de l’État et l’éventualité d’une ingérence étrangère ont alimenté le mécontentement du public. Dans ce contexte, une réponse transparente de la part de TikTok, ainsi qu’un engagement ferme à mettre en œuvre la politique de l’Union européenne en matière de droits de l’homme, sont essentiels. Il est tout aussi important que les autorités roumaines, tant politiques que judiciaires, accordent la priorité à la transparence dans leurs processus de prise de décision. Une enquête publique sur la campagne est essentielle pour restaurer la confiance dans les institutions nationales. Ce n’est que grâce à de telles mesures que des résultats similaires pourront être évités lors des prochains cycles électoraux, réduisant ainsi la méfiance et la polarisation du public tout en favorisant des choix électoraux plus éclairés. Dans un billet précédent, nous avons analysé les risques posés par la désinformation non traitée pendant les élections, en soulignant le rôle des émotions et l’effet boule de neige généré par la propagande algorithmique. Des recherches antérieures ont également exploré le déclin de la confiance dans les médias grand public, entraîné par la politisation extrême du contenu éditorial et l’utilisation de budgets publicitaires politiques pour réduire au silence les médias indépendants. La dissolution du journalisme en tant que gardien traditionnel de l’information d’intérêt public a encore amplifié l’influence des plateformes technologiques sur la perception qu’ont les citoyens du paysage politique. Ce changement a eu des effets dramatiques sur l’accès à des informations impartiales et substantielles, les remplaçant par des messages prédigérés et rapidement consommés sur les médias sociaux, qui renforcent les visions polarisées du monde. Enfin, il est important de noter que les recherches de BROD s’appuient sur les données de la Meta Ads Library accessibles au public et sur des outils d’extraction de données tels qu’Exolyt, en raison de l’absence d’accès direct aux API des plateformes malgré des demandes répétées. Ces lacunes en matière de transparence soulignent le besoin urgent d’une surveillance réglementaire plus forte et de la mise en œuvre de mécanismes efficaces de gouvernance des données pour les chercheurs. En conclusion, le cas roumain constitue un avertissement sévère : le modèle commercial des grandes plateformes technologiques – fondé sur l’opacité, la monétisation et le manque de transparence – représente une menace sérieuse pour les processus démocratiques, non seulement en Roumanie, mais dans toute l’Europe. L’adage « pirater la démocratie par la technologie » semble désormais plus approprié que « sauver la démocratie par la technologie ». Les risques liés aux publicités non contrôlées, aux financements non divulgués et aux comportements inauthentiques coordonnés continuent de poser un défi à la surveillance. Pour faire face à ces risques, les autorités européennes et nationales doivent renforcer la transparence et veiller à ce que les plateformes remplissent leurs obligations en matière de protection de l’intégrité des élections. Madalina Botan
Dans leur note, les services secrets estiment qu’« une campagne de promotion agressive », avec « l’exploitation des algorithmes » du réseau social TikTok, a réussi, principalement dans les 15 derniers jours de la campagne, « à assurer la victoire au premier tour » de Georgescu. Ils incriminent des robots ayant généré une activité sur de faux comptes TikTok – la plateforme l’admettra ultérieurement en supprimant 27.000 comptes. Georgescu aurait également profité de messages publiés sur de vrais comptes TikTok. Mais ceux-ci, indiquent les services secrets, « auraient été coordonnés par un acteur étatique » en sous-main, utilisant d’autres services de messagerie, notamment Telegram, afin de ne pas être repéré par la plateforme TikTok. Les services secrets assurent en outre qu’un dénommé Bogdan Peschir, qui a fait fortune dans les cryptomonnaies, a dépensé 380.000 dollars pour promouvoir son candidat sur TikTok, ce que confirme la plateforme. Les enquêteurs avancent aujourd’hui le chiffre de 900.000 dollars. Georgescu a également reçu le soutien sur TikTok de plus de 100 d’influenceurs payés par FameUp, une plateforme connue pour la monétisation des activités de promotion online. Les services secrets pointent enfin « des interventions d’un cyberacteur étatique » sur les infrastructures informatiques électorales, menées par « des plateformes de cybercriminalité russes ». Alors que Georgescu déclarait n’avoir rien dépensé pour sa campagne, celle-ci aurait bien profité de financements. Mais « mon soutien est volontaire, comme celui d’Elon Musk pour Donald Trump  », a répliqué Bogdan Peschir, qui a assuré ne pas connaître Georgescu. Ce chef d’entreprise, qui fut arrêté car accusé d’avoir « corrompu les électeurs », a été dernièrement libéré, et lavé de toute charge. Les Russes se sont évidemment bien gardés de réagir. C’est le président français qui le premier, le 6 janvier 2025, les a nommément désignés. Il a depuis réitéré ses affirmations à plusieurs reprises. À l’inverse, le vice-président des États-Unis, JD Vance, le 14 février, a reproché à la Roumanie d’avoir annulé ses élections, en raison de « vagues soupçons d’une agence de renseignement et de l’énorme pression exercée par ses voisins continentaux ». L’ambassade américaine à Bucarest a enfoncé le clou ce 24 avril, à la veille de la nouvelle présidentielle, en citant une nouvelle saillie de JD Vance : « Un mandat démocratique ne peut être obtenu en censurant ses opposants ou en ignorant l’électorat. » Les délires de Georgescu – il ne croit pas que l’homme soit allé sur la Lune, une « manipulation » comme le Covid, alors qu’il doute moins de l’existence des extraterrestres – sont trop nombreux pour être recensés. Ses affinités prorusses, lui qui a fait campagne contre l’UE, l’Otan et la guerre en Ukraine, ne sont désormais plus sujets à débat, y compris au sein de son propre électorat. Toutefois, bien qu’il ait objectivement fait le jeu du Kremlin face aux autres candidats proeuropéens, aucun document prouvant ses liens directs avec Moscou – il est sous contrôle judiciaire et doit pointer chaque semaine au commissariat – n’a été à ce jour montré par les enquêteurs. En revanche, le site d’investigation roumain Snoop.ro, citant une source au sein de l’administration fiscale, a appris que celle-ci avait réalisé un audit concluant qu’une des campagnes favorables à Georgescu sur TikTok « avait été financée avec de l’argent venu du Parti national libéral » au pouvoir. Snoop.ro a vérifié cette information auprès de la société britannique Kensington Communication, qui a réalisé cette campagne pour le PNL. Cette société reconnaît être passée par la plateforme FameUp pour la rétribution de 130 influenceurs. Mais elle affirme que son hashtag « équilibre et sérieux », commandé par le PNL pour motiver le vote de la jeunesse, a été détourné. Il s’est transformé en « équilibre et verticalité », un mot d’ordre de la campagne de Georgescu. La note des services secrets désigne d’ailleurs ce hashtag « équilibre et verticalité » parmi ceux ayant fait la promotion du candidat sur TikTok. En attendant que les enquêteurs démêlent les responsabilités entre le PNL, Kensington Communication et FameUp, les analystes politiques avancent une autre grille de lecture : le PNL souhaitait faire monter Georgescu pour qu’il se retrouve au second tour face à son candidat. L’autre parti du pouvoir, le PSD, avait lui misé sur George Simion, un autre représentant de l’extrême droite. PNL et PSD, pensant chacun de se retrouver au second tour, voulaient se choisir un adversaire repoussoir. Mais leurs candidats ont été éliminés le 25 novembre 2024. Pour l’analyste Otilia Nutu, de l’ONG ExpertForum, cette affaire est une combinaison de « stupidité, d’influence russe et d’incompétence ». Elle vise tout autant les politiques, Moscou que les services secrets roumains, qui n’ont rien vu venir. Thierry Portes

Attention: une opération peut en cacher bien d’autres !

Ciblage d’infrastructures militaires et d’usines de munitions dans toute l’Europe dès l’annexion de la Crimée en 2014, instrumentalisation du trafic d’êtres humains via le Belarus  à la cubaine, vandalisation des voitures d’un ministre et d’un journaliste estoniens à Tallinn en décembre 2023,  incendies criminels l’n dernier d’un magasin Ikea à Vilnius, d’un grand centre commercial à Varsovie et d’une entreprise liée à l’Ukraine à Londres,  tentative d’incendie d’une usine de peinture polonaise à Wroclaw, psychose des punaises de lit, tags au pochoir d’étoiles de David bleues, de mains rouges, d’avions-cercueils et d’avertissements de chutes de balcons, dépôt de cercueils sous la Tour Eiffel avec l’inscription « Soldats français en Ukraine » à Paris à la veille des JO, complot heureusement déjoué visant à envoyer des colis piégés aux États-Unis, fausses unes de presse, faux contenus sur la plateforme chinoise TikTok

Comment au lendemain d’une nouvelle élection présidentielle en Roumanie …

Qui entre les magouilles des corrompus du parti au pouvoir et l’arrogante ignorance de l’Equipe Trump, voit à nouveau le candidat de Poutine en tête …

Mais après, des Affaires Sacco et Vanzetti ou Rosenberg à l’opération de graffitis nazis d’Allemagne de l’ouest, à l’assassinat de Kennedy, du financement des terroristes palestiniens et de l‘invention d’Arafat et la « Palestine », de la disparition des ADM de Saddam Hussein ou des tentatives d’assassinat physique ou moral d’au moins deux papes

Quelques 80 années presque ininterrompues d’assassinats et d’intoxication via leurs nombreux agents mais aussi idiots utiles, y compris au sein de nos propres services et gouvernements

Comment ne pas voir à nouveau …

Appuyée par l’autre membre fondateur chinois de l’Axe du mal …

Qui comme par hasard attendent tous deux toujours leurs procès de Nuremberg après leurs 100 millions de morts combinés …

La main de Moscou et la même stratégie de sabotage, de désinformation et de manipulation mais cette fois plus dissimulée parce qu’hybride  …

De services de renseignement russes contraints d’innover suite à l’affaiblissement de leurs réseaux traditionnels liées aux expulsions massives d’Occident de leurs « diplomates » et agents dormants …

Après la révélation au grand jour de leurs tentatives d’empoisonnement de leurs propres agents en plein coeur de l’Angleterre de 2018 et l’invasion de l’Ukraine il y a trois ans …

Avec l’élargissement des cibles aux infrastructures civiles les plus variées et les plus inattendues …

Et loin des partie des réseaux traditionnels d’espionnage, rendant ses actions plus fragmentaires et plus difficiles à détecter et attribuer …

Le changement des moyens toujours plus indirects …

Et des méthodes de recrutement cette fois en ligne de recrues à la fois « ponctuels » et « jetables » (plus besoin en cas d’arrestation de coûteux marchandages et échanges de prisonniers) au sein de populations marginalisées …

Comme des immigrés (ukrainiens compris pour mieux brouiller les pistes !) plus ou moins clandestins vivant au jour le jour de petits boulots dans l’économie informelle, parallèle ou criminelle …

Recrutés donc à distance et sans contact direct et le plus souvent ignorant qu’ils travaillent pour Moscou et pensant participer à des activités criminelles ou à des projets locaux …

Pour un coût à la fois dérisoire et difficile à tracer comme la pose de caméras de surveillance des trains de matériel militaire ou l’affichage de tracts anti-OTAN, payés en cryptomonnaie entre 5 et 400 dollars par mission …

Lui permettant de minimiser les risques pour ses propres agents tout en maximisant l’impact psychologique de ses actions …

Qui après l’échec de plus en plus patent des pieds nickelés de l’Equipe Trump pour la paix en Ukraine …

Ne peut que s’intensifier…

Semant à travers de véritables opérations de guerre psychologique, la  zizanie et l’insécurité dans nos populations …

En visant à influencer leur perception, les faisant douter de leur sécurité et créant un sentiment d’insécurité généralisé…

A travers une sorte de « brouillard » d’incertitude, sans jamais la preuve directe et irréfutable d’implication russe et via des actes qui semblent aléatoires ou d’origine accidentelle ou « naturelle », voire purement « symboliques » …

Posant à l’instar de la lutte antiterroriste dont nous ne sommes toujours pas sortis …

Via l’exploitation toujours plus poussée des failles de nos sociétés ouvertes …

Et repoussant toujours plus les limites de ce que la Russie est prête à faire …

Des défis et des problèmes croissants, entre surveillance des plateformes comme Telegram ou Tik Tok et annulations d’élections suspectes …

A nos services de sécurité et à nos gouvernants accusés naturellement d’empiéter sur les libertés individuelles …

D’une Europe « redevenue » comme le rappelait René Girard, face au dernier « Gengis Kahn avec le télégraphe »…

« Cet espace infiniment vulnérable que devait être le village médiéval face aux Vikings » ?

Présidentielle en Roumanie : cette affaire Georgescu qui a fait dérailler l’élection

Thierry Portes Envoyé spécial à Bucarest (avec Paul Cozighian à Bucarest)</Le Figaro
2 mai 2025

RÉCIT – Sur la foi d’une note des services secrets, les autorités judiciaires ont annulé le scrutin de l’hiver 2024 et disqualifié Calin Georgescu, le candidat arrivé en tête grâce à une campagne TikTok possiblement manipulée par la Russie. Mais les preuves manquent.

Les Roumains ne se sont toujours pas remis de ce cataclysme. Une nation européenne et, au-delà, une démocratie dans le monde, a-t-elle déjà annulé, deux jours avant le second tour, une élection présidentielle, avant d’écarter le candidat arrivé en tête, en reprogrammant l’ensemble du scrutin ? Telles furent pourtant les décisions de la Cour constitutionnelle roumaine, appuyées par l’autorité électorale permanente et le pouvoir de Bucarest. Le pire, aux yeux des Roumains appelés à revoter ce dimanche 4 mai, est que leurs autorités ne sont toujours pas parvenues à apporter des preuves formelles pouvant justifier l’éviction de Calin Georgescu, qui avait remporté avec 23 % des suffrages ce premier tour de la présidentielle de l’hiver dernier.

Dans leur note, les services secrets estiment qu’« une campagne de promotion agressive », avec « l’exploitation des algorithmes » du réseau social TikTok, a réussi, principalement dans les 15 derniers jours de la campagne, « à assurer la victoire au premier tour » de Georgescu. Ils incriminent des robots ayant généré une activité sur de faux comptes TikTok – la plateforme l’admettra ultérieurement en supprimant 27.000 comptes. Georgescu aurait également profité de messages publiés sur de vrais comptes TikTok. Mais ceux-ci, indiquent les services secrets, « auraient été coordonnés par un acteur étatique » en sous-main, utilisant d’autres services de messagerie, notamment Telegram, afin de ne pas être repéré par la plateforme TikTok.

Les services secrets assurent en outre qu’un dénommé Bogdan Peschir, qui a fait fortune dans les cryptomonnaies, a dépensé 380.000 dollars pour promouvoir son candidat sur TikTok, ce que confirme la plateforme. Les enquêteurs avancent aujourd’hui le chiffre de 900.000 dollars. Georgescu a également reçu le soutien sur TikTok de plus de 100 d’influenceurs payés par FameUp, une plateforme connue pour la monétisation des activités de promotion online. Les services secrets pointent enfin « des interventions d’un cyberacteur étatique » sur les infrastructures informatiques électorales, menées par « des plateformes de cybercriminalité russes ».

Alors que Georgescu déclarait n’avoir rien dépensé pour sa campagne, celle-ci aurait bien profité de financements. Mais « mon soutien est volontaire, comme celui d’Elon Musk pour Donald Trump  », a répliqué Bogdan Peschir, qui a assuré ne pas connaître Georgescu. Ce chef d’entreprise, qui fut arrêté car accusé d’avoir « corrompu les électeurs », a été dernièrement libéré, et lavé de toute charge. Les Russes se sont évidemment bien gardés de réagir. C’est le président français qui le premier, le 6 janvier 2025, les a nommément désignés. Il a depuis réitéré ses affirmations à plusieurs reprises.

À l’inverse, le vice-président des États-Unis, JD Vance, le 14 février, a reproché à la Roumanie d’avoir annulé ses élections, en raison de « vagues soupçons d’une agence de renseignement et de l’énorme pression exercée par ses voisins continentaux ». L’ambassade américaine à Bucarest a enfoncé le clou ce 24 avril, à la veille de la nouvelle présidentielle, en citant une nouvelle saillie de JD Vance : « Un mandat démocratique ne peut être obtenu en censurant ses opposants ou en ignorant l’électorat. »

Les délires de Georgescu – il ne croit pas que l’homme soit allé sur la Lune, une « manipulation » comme le Covid, alors qu’il doute moins de l’existence des extraterrestres – sont trop nombreux pour être recensés. Ses affinités prorusses, lui qui a fait campagne contre l’UE, l’Otan et la guerre en Ukraine, ne sont désormais plus sujets à débat, y compris au sein de son propre électorat. Toutefois, bien qu’il ait objectivement fait le jeu du Kremlin face aux autres candidats proeuropéens, aucun document prouvant ses liens directs avec Moscou – il est sous contrôle judiciaire et doit pointer chaque semaine au commissariat – n’a été à ce jour montré par les enquêteurs.

En revanche, le site d’investigation roumain Snoop.ro, citant une source au sein de l’administration fiscale, a appris que celle-ci avait réalisé un audit concluant qu’une des campagnes favorables à Georgescu sur TikTok « avait été financée avec de l’argent venu du Parti national libéral » au pouvoir. Snoop.ro a vérifié cette information auprès de la société britannique Kensington Communication, qui a réalisé cette campagne pour le PNL. Cette société reconnaît être passée par la plateforme FameUp pour la rétribution de 130 influenceurs. Mais elle affirme que son hashtag « équilibre et sérieux », commandé par le PNL pour motiver le vote de la jeunesse, a été détourné. Il s’est transformé en « équilibre et verticalité », un mot d’ordre de la campagne de Georgescu.

La note des services secrets désigne d’ailleurs ce hashtag « équilibre et verticalité » parmi ceux ayant fait la promotion du candidat sur TikTok. En attendant que les enquêteurs démêlent les responsabilités entre le PNL, Kensington Communication et FameUp, les analystes politiques avancent une autre grille de lecture : le PNL souhaitait faire monter Georgescu pour qu’il se retrouve au second tour face à son candidat.

L’autre parti du pouvoir, le PSD, avait lui misé sur George Simion, un autre représentant de l’extrême droite. PNL et PSD, pensant chacun de se retrouver au second tour, voulaient se choisir un adversaire repoussoir. Mais leurs candidats ont été éliminés le 25 novembre 2024. Pour l’analyste Otilia Nutu, de l’ONG ExpertForum, cette affaire est une combinaison de « stupidité, d’influence russe et d’incompétence ». Elle vise tout autant les politiques, Moscou que les services secrets roumains, qui n’ont rien vu venir…

Voir aussi:

‘These people are disposable’: how Russia is using online recruits for a campaign of sabotage in Europe
Shaun Walker
The Guardian
Moscow’s intelligence services have launched a new type of attack on the west, violent but piecemeal and hard to prove
4 May 2025

Serhiy was just about to board a coach bound for Germany when Polish security services detained him at the bus station in the city of Wrocław.

In his backpack, the officers found firelighter cubes, a juice bottle filled with paraffin, a lighter, two pocket knives, a mini handsaw and a face mask. Later, when they searched the mobile phone of the 49-year-old Ukrainian refugee, they found a pdf of a Russian-language book called Modern Pyrotechnics. It contained detailed instructions on how to start fires and detonate explosives.

Serhiy S – as he is identified in accordance with Polish law on naming criminal suspects – is one of dozens of people who have been rounded up across Europe over the past two years and accused of being foot soldiers in a new front of Russia’s war against the west.

European intelligence agencies say Moscow has launched a campaign of sabotage, arson and disinformation against the continent. Sometimes, it is focused on specific targets related to support for the Ukrainian war effort, but more often it is simply aimed at causing chaos and unease.

In Lithuania, an Ikea shop was set on fire; in Britain, seven people were charged over an arson attack on a business with links to Ukraine; in France, five coffins inscribed with the words “French soldiers in Ukraine” were left under the Eiffel Tower; in Estonia, the car windows of the interior minister and a local journalist were smashed. There have been numerous suspicious fires in Poland, including one that destroyed a huge shopping centre in Warsaw.

Taken together, the incidents point to how Russia’s intelligence services have moved towards a new kind of attack on the west, one that is dangerous and violent but also piecemeal and hard to prove.

On the ground, the acts are carried out by people who are recruited online and often paid in cryptocurrency. Some know exactly what they are doing and why, others do not realise they are ultimately working for Moscow. The professional intelligence officers who direct the operations never need to leave Russian territory.

This account of Russia’s sabotage offensive is based on thousands of pages of court documents from Britain and Poland, interviews with current and former security and intelligence officials in several European countries and the US, and discussions with people who knew some of the perpetrators.

“It’s easier to deal with spies under diplomatic cover or even [deep-cover] illegals,” said one senior European security official. “This kind of action is becoming dangerous for all of us.”

Just how aggressive the campaign might become remains a matter of conjecture. Western intelligence officials say that in recent months there has been a lull, perhaps as Vladimir Putin explores the possibility of improved relations with the US under Donald Trump.
But before the change of US administration, there were signs that Moscow was raising the stakes ever higher. Intelligence last year about an apparent plot to send exploding parcels to the US, which could have led to a plane crash and mass casualties, caused so much alarm in Washington that top Biden administration security officials called their Russian counterparts to warn them that such an escalation would force the US to respond. They were not sure if the orders had come from the Kremlin or from overenthusiastic mid-level planners.

“We didn’t know if Putin had approved it or knew about it,” said a former US security official. In a series of calls, senior Russian officials denied there was any such operation in the works but promised to pass on the message to Putin.
The phone calls seemed to put an end to the exploding parcels plan, but the episode left nerves frayed over what lines Russia might be willing to cross in future, and what the consequences might be.

“Their goal is not the same as Islamist jihadists who want as many victims as possible,” said Harrys Puusepp, the head of bureau at Kapo, Estonia’s internal security agency. “But if someone dies, they don’t care.”

Serhiy was born in Odesa in 1974 into a Soviet military family. As he was finishing school, the Soviet Union collapsed and his home city became part of independent Ukraine. The years went by, and Serhiy grew increasingly disdainful of the government in Kyiv, believing it discriminated against Russian speakers like him.

His motto, displayed on his Facebook page, was: “I speak Russian. Only Russian”. After the Maidan revolution of 2014, he spent a lot of time scrolling through pro-Russian news websites. Soon after the full-scale invasion in February 2022, he left a comment under a political video on a Telegram channel, and another commentator, a man called Alexei, messaged him privately to say he agreed with Serhiy’s point of view.

Alexei said he was a Kyiv-based businessman in the construction sector, and asked a lot of questions about Serhiy’s life and work. He made it clear he also hated Volodymyr Zelenskyy and the Ukrainian authorities.

In the middle of 2023, scared of being conscripted into the Ukrainian army to fight in a war he did not believe in, Serhiy illegally crossed the border into Moldova. He made his way to Germany, where a former schoolfriend from Odesa told him there was casual work that paid €75 a day.

After a few months of doing these odd jobs, his old Telegram buddy Alexei got back in touch from a new account. Alexei said he was now based in the Baltic states and suggested meeting up in Latvia or Lithuania to discuss a business proposal.

Serhiy told him it was too far away and too expensive for him to travel, but Alexei offered to pay for the trip and suggested a closer destination – Wrocław in Poland. He transferred about £350 in Ukrainian currency to Serhiy’s wife’s bank account, and Serhiy bought a bus ticket to Wrocław. He left on 27 January 2024.

Soon after Serhiy arrived in Poland, Alexei called him and apologised – something had come up and he was not able to travel. But he could reveal the business proposal: he wanted Serhiy to look for shopping malls and industrial centres in Wrocław and photograph them. If they found a suitable place, Serhiy was to set it ablaze. Alexei would pay him $2,000 upfront, and a further $2,000 on receiving proof of the arson.
For Serhiy, who was taking day jobs to keep afloat, it was a huge amount of money. According to the story he later told Polish investigators, he asked no questions about who might want to order such a plan or why.

Serhiy paced the streets of Wrocław looking for possible targets. Eventually he settled on a paint wholesaler in an industrial estate on the outskirts of town. He sent photographs of the building to Alexei, who agreed it was an excellent target – near various sensitive infrastructure sites and close to a canal that could be heavily polluted if paint spilled into it. Serhiy bought supplies for starting a fire.

But at some point, all alone in Wrocław and realising the seriousness of what he had signed up for, Serhiy got cold feet.

He remembered a building near his home in Germany that had burned down, and told his wife to send him a photo of it. Perhaps, he thought, he could send that to Alexei and pass it off as somewhere in Wrocław, to get the money without doing the deed. He decided there would be no arson, on this trip at least, and bought a bus ticket back to Germany. He was arrested just before he boarded the coach.

A week after Serhiy was arrested, a message appeared on a small Telegram group with 28 subscribers that shared white supremacist content. It was posted below an image of a mountain range that, if you squinted, appeared to show an image of Adolf Hitler’s face.
“Attention! Fight with blacks. We are looking for partisans in Europe,” read the message, in English. “We are looking for comrades who make arson to the store of black migrants.” The reward was $5,000. Attached was a photograph of the building Serhiy had identified.
The account that posted the message was the same one used by “Alexei”, who had told Serhiy he was a construction magnate from Kyiv. Now, the account was posing as a European neo-Nazi.

In fact, Polish authorities believe, it was run by a staff officer of the GRU, Russia’s military intelligence service.

Russia’s campaign of setting things on fire did not come out of nowhere. Research in the archives of communist security services shows that sabotage in enemy countries was part of the KGB’s intelligence doctrine as early as the 1960s, to be launched in times of heightened tension or war.

After the annexation of Crimea and the start of the war in east Ukraine in 2014, Russian operatives targeted ammunition factories and arms dealers in Europe who supported Ukraine. Unlike much of the current wave of sabotage, those attacks were carefully planned, using trained operatives against specific targets.

Many of those who carried it out were from a shadowy GRU unit known as 29155, whose tasks included sabotage and assassinations across Europe. However, their activities were so brazen that they were eventually unmasked. After the poisoning of Sergei Skripal in 2018 with the nerve agent novichok, British authorities – as well as investigative journalists from the outlet Bellingcat – identified the poisoners as 29155 operatives.
In response, European countries ordered the expulsion of hundreds of Russian intelligence officers working under diplomatic cover out of embassies. Checking passport databases, Bellingcat was able to identify many other 29155 operatives who had been used on short-term missions, busting their cover and rendering them unable to travel. Then, after the full-scale invasion of Ukraine in February 2022, there was a new round of diplomatic expulsions.

These episodes severely hampered Moscow’s ability to operate outside Russia, and spy bosses had to get creative to plug the gaps. First, some of the clean diplomats still abroad were co-opted. “We saw them tasking ordinary diplomats with intelligence activities, and this is not a phenomenon limited to Estonia,” said Puusepp, in an interview at the domestic security agency’s headquarters in Tallinn.

Second, Russia activated its network of “illegals”, deep-cover operatives posing as foreigners, whose missions could last decades. Giving them more daring missions meant more risk of capture, and in the year after the invasion of Ukraine, illegals were identified in Slovenia, Norway, Greece and Brazil. Those who did not flee in time were arrested.
Third, Russia turned to the services of all kinds of freelancers. In some cases, this meant hiring people with organised crime ties, such as Orlin Roussev, a Bulgarian based in the UK who ran surveillance and other operations for Russia using a group of fellow Bulgarians he called his “minions”, three of whom were found guilty last month at the Old Bailey in London.

In addition to using new actors to carry out old tasks, Moscow also launched a campaign of sabotage that was much broader than anything seen before. Unlike the earlier, targeted actions, this wave would be more scattergun and have different goals.

One former US intelligence official said that, in the immediate aftermath of the Russian invasion of Ukraine, Washington had expected to see massive Russian cyber-attacks launched against the west. These attacks largely did not materialise, and one theory is that Moscow went for a more explosive option instead. “The idea of sabotage was always in the field of vision as a possibility, but it’s still very surprising to see it play out,” said the former official.

In many cases, it is hard to prove Moscow’s involvement beyond reasonable doubt. There have been mixed signals over whether damage to a series of undersea cables in the Baltic Sea was the result of nefarious Russian actions or had more innocuous causes. But even when there is no apparent evidence of foul play, such as in the fire that closed down Heathrow airport last month, there is now inevitable speculation of possible Russian involvement.

Substation fire in Hayes, London causes widespread outages and Heathrow airport closure – video
“It creates a kind of fog,” said one senior European security official. “In the beginning some of these things look natural, but then it happens more and more and you start to wonder. You have cases where there is no proof, but we have strong suspicions.”
Many of the same operatives from unit 29155 who have been involved in sabotage operations for more than a decade are part of the new campaign, western officials say. The unit has been folded into a bigger GRU department and is still run by its longstanding chief, Andrei Averyanov.

But now, the work on the ground is done by one-time operatives recruited over Telegram, rather than the unit’s staff officers, most of whom are no longer able to travel to Europe. And instead of focusing narrowly on specific targets closely related to the Ukraine war, the approach is much broader, targeting shopping centres, warehouses and other civilian infrastructure.

“The strategic aim is to sow discord and insecurity. They are not destroying significant infrastructure. They are concentrating on soft targets that influence a general perception of insecurity in society. This is classic psy-ops,” said Piotr Krawczyk, the former head of Poland’s foreign intelligence service.

The way Moscow recruits operatives and selects targets varies from country to country. In the Baltic states, the Russian services make use of the extensive family ties of the local Russian-speaking population, according to intelligence officials there. Recruitments are made during visits to Russia, and Telegram is then used for communication, rather than for making the initial contact. The motivating factor is usually either money or blackmail.
Puusepp said: “It’s not a question of ideology but of business and relatives inside Russia. When we look at the people, their overall understanding of the world is not about much more than survival.”

Elsewhere in Europe, people are recruited over Telegram, without any in-person interaction at all. Some, like Serhiy, initially think they are talking to like-minded friends about a joint business project. Others may think they are working on the orders of white supremacist groups or domestic political actors.

Operatives are recruited via the grey employment groups where immigrants often find casual gig-economy work that pays under the counter. Often, they are people who have operated on the margins of the law for some time, and when the order comes to burn something down, they may think it is part of a criminal dispute rather than intelligence work.

Some recruits do have an ideological affinity with Russia, such as Serhiy, who supported Russia’s war in Ukraine and longed for his native Odesa to become Russian-controlled. More often, though, there is no ideological component.

Last May, Polish authorities arrested a Pole and two Belarusians on suspicion of planning sabotage acts for the Russians inside Poland. All three men had previously fought in Ukraine on the side of Kyiv.

A separate group of 16 saboteurs, mostly Ukrainian and Belarusian men, was apprehended in Poland in early 2023 and later sentenced. This group mainly comprised people who had little sympathy for the Kremlin’s geopolitical goals but were simply looking to earn money in the gig economy.

The recruits were offered tasks in Poland that ranged from posting anti-Nato flyers to installing cameras that would monitor trains with humanitarian and military cargo bound for Ukraine. Payments, made in cryptocurrency, ranged from $5 for putting up a poster to $400 for installing a camera.

The group’s activities were directed by a man who identified himself only as “Andrei”, and who communicated with two of the group and told them to distribute tasks among the others.

One of the defendants, a 20-year-old Belarusian woman who was arrested and convicted with her boyfriend, claimed that neither of them were supporters of Russia’s war effort. Her boyfriend, she claimed, would often put up a poster, take a photo to provide proof, and then immediately pull it down.

“He was doing this to earn money for us, because I was spending a lot. He just did it to have some extra cash without thinking of the consequences,” she wrote in a letter to her family after her arrest. “This is the worst thing to happen to me in my whole life.”

In late February, Serhiy was brought into a courtroom in Wrocław, dressed in the red prison overalls reserved for highly dangerous prisoners, his hands and legs in chains.
“The goal of the accused was to lower our morale, to question the effectiveness and competency of our state, and to question our support for Ukraine,” said the judge, Marcin Myczkowski, reading his verdict.

Serhiy looked on impassively, giving the occasional sigh, as an interpreter whispered the judge’s words into his ear. He had previously agreed a plea bargain with prosecutors in exchange for a three-year sentence but Myczkowski cancelled the deal, claiming it was too lenient.

Even though Serhiy had not, in the end, set anything on fire, and was arrested when he was about to board a bus out of the country, Myczkowski handed him an eight-year sentence. In part, the judge said, it was meant as a warning to others – “a clear and unequivocal signal to you and to all potential candidates that committing such acts is not worthwhile”.
For the Russians, the benefit of using one-time operatives is that, if something goes wrong, Moscow can discard them and leave them do their time in prison. No Russian diplomats are working behind the scenes to free Serhiy, and it is highly unlikely that he would be included in any prisoner exchange. Instead, the controllers at GRU headquarters can simply set up new Telegram accounts and start the process again.

“You jail one person and another pops up to take their place. These people are disposable and Moscow doesn’t care about them,” said a European security official.

The possibility that anyone looking for odd jobs on Telegram could be signing up for Russian intelligence missions sparks surveillance and privacy dilemmas reminiscent of counter-terrorism work, as authorities scramble to catch potential perpetrators before they act.

There is another question, too, brought into focus by the alleged aborted plot to send explosive packages to the US last year: what is the endgame?

One senior security official said that as Russia increasingly considers Europe a party to the war in Ukraine, the sabotage campaign is only likely to intensify as long as the war goes on. “They are crossing one red line after another and we don’t know how far they will go,” said the official.

Voir également:

Guerre en Ukraine : TikTok aux avant-postes de la désinformation

RESEAUX SOCIAUXL’invasion russe est parfois désignée comme la « première guerre TikTok »

Lina Fourneau

L’essentiel

  • Plusieurs études publiées depuis l’invasion russe soulignent que TikTok constitue un vecteur privilégié pour la diffusion de fausses nouvelles sur la guerre en Ukraine, émanant en particulier de médias pro-Kremlin.

  • Certaines publications trompeuses « reçoivent un niveau d’engagement ahurissant », constate Ciarán O’Connor, analyste au sein de l’Institut du dialogue stratégique (ISD), un think tank basé à Londres.

  • Contrairement à Twitter ou Facebook, l’application est pour la première fois confrontée à une campagne de désinformation massive, souligne Serguey Sanovich, chercheur à l’université de Princeton, aux Etats-Unis. Et le fait que TikTok est détenu par une entreprise chinoise n’est pas sans conséquences.

Bombardements d’immeubles, civils en larmes et villes dévastées : depuis le début de l’invasion russe en UkraineTikTok est, comme d’autres réseaux sociaux, devenu une vitrine de la guerre. Mais l’application chinoise constitue surtout une porte d’entrée sur les fausses informations, révèle la dernière enquête de Newsguard, une start-up américaine qui lutte contre la désinformation. Dans leurs conclusions, publiées le 3 mars dernier, les analystes pointent du doigt le réseau social, qui constitue un « puits sans fond de la désinformation de guerre », « à laquelle est exposé un public jeune ». Et ce même si les utilisateurs « ne cherchent pas de contenus liés à l’Ukraine ».

Mais pourquoi l’application est-elle particulièrement touchée par les faux contenus liés à la guerre ? Selon une analyse de l’Institut du dialogue stratégique (ISD) publiée le 2 mars, la plateforme est abondamment utilisée par des comptes liés à des médias russes contrôlés par l’Etat, par exemple Russia Today, RIA Novosti ou Sputnik, sans que les utilisateurs ne puissent le déceler. « Notre analyse a montré que TikTok constituait une partie essentielle de l’appareil de désinformation du Kremlin, explique à 20 Minutes Ciarán O’Connor, l’analyste qui a piloté ce rapport. En effet, des organes de presse russes utilisent désormais la plateforme pour cibler l’Ukraine ou pour promouvoir les justifications supposées de l’invasion. »

Dans leur enquête, Ciarán O’Connor et son équipe ont par exemple repéré pas moins de dix comptes exploités par Russia Today sur TikTok. « Nous remarquons par ailleurs que les organes d’information russes contrôlés par l’Etat reçoivent un niveau d’engagement ahurissant. Dans certains exemples, ces engagements dépassent ceux sur YouTube », relève notre interlocuteur.

La difficile distinction des contenus

L’enquête de l’ISD montre ainsi la réelle difficulté, pour les utilisateurs russes qui n’ont pas accès à une information libre, d’identifier les comptes cachés des médias russes, ce que Ciarán O’Connor décrit comme « le défi majeur » du réseau social désormais. « Certaines publications font de la désinformation manifeste avec des récits trompeurs ou faux publiés par l’Etat russe, par exemple sur la fuite de Volodymyr Zelensky de Kiev. Puis, d’autres histoires se trouvent dans une zone grise et ont peut-être un élément de vérité, mais elles sont placées dans un récit plus large qui exagère l’information ou inclut d’autres fausses informations aussi », souligne notre interlocuteur.

Depuis les premiers faux pas de la plateforme lors de la guerre en Ukraine, TikTok a annoncé la suspension de nouveaux téléchargements en Russie en réponse aux deux lois qui interdisent la diffusion d’informations visant à « discréditer » les forces armées russes. « TikTok est un débouché pour la créativité et le divertissement qui peut fournir une source de soulagement et de connexion humaine en temps de guerre où les gens sont confrontés à une immense tragédie et à l’isolement. Cependant, la sécurité de nos employés et de nos utilisateurs reste notre priorité absolue », annonçait alors le réseau social sur son site Internet. Avant d’ajouter : « A la lumière de la nouvelle loi russe sur les « fake news », nous n’avons pas d’autres choix que de suspendre la diffusion en direct et le nouveau contenu de notre service vidéo. »

Mais cette nouvelle interdiction ne veut pas dire que la désinformation a disparu du réseau social, selon Ciarán O’Connor. « Cela a probablement réduit le nombre d’utilisateurs en Russie, ou peut-être le temps par jour que l’utilisateur moyen passe sur TikTok. Mais en même temps, les utilisateurs russes des médias sociaux connaissent bien les VPN et les autres méthodes pour éviter les blocages. Par exemple, la rédactrice en chef de Russia Today, Margarita Simonyan, continue à publier de nouvelles vidéos, alors qu’on sait qu’elle est en Russie », avance l’analyste de l’ISD.

Des mesures plus strictes à prendre, selon l’ISD

Selon les spécialistes interrogés par 20 Minutes, l’exposition de TikTok à la désinformation vient essentiellement du jeune âge du réseau social. Créée en 2016, l’application n’a pas encore eu le temps d’anticiper les problématiques liées à la lutte contre la désinformation, explique Serguey Sanovich, postdoctorant spécialisé dans la désinformation et la gouvernance des plateformes de médias sociaux à l’université de Princeton, aux Etats-Unis. « Les plateformes basées aux Etats-Unis comme Twitter et Facebook ont pu commencer à penser aux fausses nouvelles bien plus tôt, après l’ingérence dans les élections américaines de 2016, et ont maintenant largement retiré de leurs réseaux les bellicistes financés par l’Etat russe. »

« C’est l’une des premières grandes guerres dans lesquelles TikTok a été à l’avant-poste des événements sur le terrain – à la fois pour ceux qui regardent de loin mais aussi pour ceux qui essaient de documenter les événements, de diffuser des récits et de façonner les perceptions », abonde Ciarán O’Connor. Pour lui, « il est vital que TikTok prenne des mesures pour limiter la portée des médias russes promouvant la désinformation ou, au moins, pour sensibiliser les utilisateurs sur la source de l’information qu’ils consomment, avec la création de labels. »

Une application chinoise, différence de taille

Mais ce n’est pas tout : le réseau social TikTok appartient à la société chinoise Bytenance, ce qui joue un rôle dans la modération selon Serguey Sanovich. Selon le chercheur de l’université de Princeton, l’entreprise chinoise ne fera jamais de la désinformation sa priorité. Et Ciarán O’Connor de rappeler : « TikTok et Bytedance sont régulièrement l’objet de questions et de critiques concernant leurs liens avec l’Etat chinois ou l’influence potentielle du gouvernement. Ces questions sont d’autant plus pertinentes que la Chine refuse de condamner catégoriquement les actions de la Russie en Ukraine. » Mais selon les chercheurs, il est encore difficile de mesurer l’influence et l’emprose de la Chine sur le réseau social.

Pour l’ISD, les prochains mois vont sans doute être très importants pour les réseaux sociaux en Russie. « Alors que la guerre continuera et que l’intensité de la couverture médiatique pourrait s’estomper, nous devrons continuer à surveiller les plateformes, insiste Ciarán O’Connor. Maintiendront-elles encore les restrictions ou annuleront-elles leurs blocages ? Ce sera à observer… »

Voir de même:

Etoiles de David, mains rouges, cercueils… Comment les sphères prorusses tentent de déstabiliser la France

Léa Deseille, Linh-Lan Dao

France Télévisions
21/06/2024
En moins d'un an, la France a fait l'objet d'au moins quatre incidents qui ont marqué l'opinion publique et pour lesquels les enquêteurs suspecetent une opération de déstabilisation prorusse. (ASTRID AMADIEU / FRANCEINFO / ANTIBOT4NAVALNY / AFP)
En moins d’un an, la France a fait l’objet d’au moins quatre incidents qui ont marqué l’opinion publique et pour lesquels les enquêteurs suspecetent une opération de déstabilisation prorusse. (ASTRID AMADIEU / FRANCEINFO / ANTIBOT4NAVALNY / AFP)

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les campagnes de déstabilisation et de désinformation se multiplient à l’égard des pays soutiens de Kiev, dont la France. La Russie dément tout implication, bien que des acteurs prorusses soient mis en cause.

Des centaines d’étoiles de David taguées sur des murs d’Ile-de-France, fin octobre. Le mémorial de la Shoah vandalisé avec des mains rouges peintes en mai. Cinq cercueils de « soldats français de l’Ukraine » déposés au pied de la tour Eiffel, samedi 1er juin, et des graffitis représentant ces mêmes cercueils(Nouvelle fenêtre) découverts à Paris, une semaine plus tard. Des tags figurant des avions de chasse en forme de cercueils, avec la mention « Des Mirage pour l’Ukraine », retrouvés dans plusieurs arrondissements de la capitale, mardi 18 juin. D’autres en lien avec la guerre de la Russie en Ukraine découverts jeudi sur le bâtiment du journal Le Figaro à Paris.

Tous ces incidents, survenus en moins d’un an, largement médiatisés et relayés sur les réseaux sociaux, ont ému l’opinion publique. Les enquêteurs suspectent des opérations de déstabilisation orchestrées depuis la Russie. Franceinfo revient sur les différentes tentatives d’ingérence ayant touché la France ces derniers mois.

Des tags pro-russes ont été aperçus à côté du siège de Libération, avenue de Choisy à Paris 13e, mardi 18 juin. (LINH-LAN DAO / FRANCEINFO)
Des tags pro-russes ont été aperçus à côté du siège de Libération, avenue de Choisy à Paris 13e, mardi 18 juin. (LINH-LAN DAO / FRANCEINFO)

Tout commence trois semaines environ après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, en octobre 2023. Entre les 27 et 31 octobre, la France découvre plus de 250 tags d’étoiles de David bleues, réalisés au pochoir sur des murs d’immeubles de région parisienne. La classe politique réagit à chaud à ce qu’elle considère comme des actes antisémites. Elisabeth Borne, alors Première ministre, condamne ces « agissements ignobles », tandis que la mairie du 14e arrondissement de Paris estime dans un communiqué partagé sur X(Nouvelle fenêtre) que « cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale, qui ont conduit à l’extermination de millions de juifs ».

Des suspects venus d’Europe de l’Est

L’enquête, aussitôt diligentée, mène sur une tout autre piste : celle de l’ingérence étrangère. Un couple moldave est arrêté et un homme d’affaires de la même nationalité, ouvertement prorusse, Anatoli Prizenko, identifié comme possible commanditaire. Le Monde(Nouvelle fenêtre) révèle fin février, s’appuyant sur une note de la Direction générale de la sécurité intérieure, qu’il s’agit d’une opération pilotée par le « cinquième service du FSB », un département des renseignements russes chargé des opérations d’influence extérieure.

L’histoire semble se répéter dans la nuit du 13 au 14 mai. Des mains rouges, symboles utilisés pour dénoncer les massacres à Gaza, sont taguées sur le Mur des Justes à l’extérieur du Mémorial de la Shoah, à Paris. L’événement provoque, à nouveau, des réactions d’indignation en chaîne : « Cette dégradation (…) résonne comme un cri de ralliement haineux contre les Juifs. Abject ! » s’émeut sur X(Nouvelle fenêtre) Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France. Emmanuel Macron dénonce, également sur X(Nouvelle fenêtre)« l’atteinte à la mémoire » des victimes des crimes nazis et promet une République « inflexible face à l’odieux antisémitisme ». A nouveau, l’enquête privilégie bien vite la piste de l’opération de déstabilisation. 

« Renforcer les divisions de la société française »

Deux semaines plus tard, samedi 1er juin, cinq cercueils remplis de plâtre sont retrouvés devant la tour Eiffel, ornés de drapeaux français et de l’inscription « Soldats français de l’Ukraine ». Trois suspects sont placés sous statut de témoin assisté : un Allemand et un Ukrainien, accusés d’avoir déposé les cercueils, ainsi qu’un Bulgare, qui leur aurait servi de chauffeur. En analysant le téléphone de ce dernier, les enquêteurs retrouvent la trace de l’un des hommes suspectés d’avoir tagué le Mémorial de la Shoah. Ils font ainsi le lien entre les deux affaires.

Le 8 juin, huit graffitis représentant des cercueils et trois autres mots écrits en cyrillique sont découverts sur des façades d’immeubles du 7e arrondissement de Paris. Trois jeunes Moldaves sont interpellés. A nouveau, l’ingérence étrangère est aussitôt suspectée(Nouvelle fenêtre). Ces deux derniers incidents interviennent quatre mois après qu’Emmanuel Macron a évoqué un potentiel envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien. Des propos qu’il a réitérés le 16 mars.

« Même si l’opération des cercueils est grossière, on peut estimer que l’objectif est politique : renforcer les divisions de la société française autour du soutien à l’Ukraine », avance Maxime Audinet, chercheur en sciences politiques à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem). Les tags découverts mardi, évoquant les « Mirage pour l’Ukraine », sur lesquels la police parisienne enquête, résonnent comme un écho de la promesse faite par Emmanuel Macron, le 6 juin, de céder des Mirage 2000-5 à Kiev. Des pilotes ukrainiens se forment déjà sur ces appareils en France.

Dans le cas des tags retrouvés sur Le Figaro, deux suspects de nationalité moldave ont été interpellés jeudi. Poursuivis pour « dégradations en réunion » et « association de malfaiteurs », ils ont déclaré avoir été payés 100 euros chacun pour réaliser ces graffitis.

Le Kremlin pointé du doigt par l’Elysée

Pour les autorités françaises, il est certain que la Russie interfère sur le territoire. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dénoncé sur France 2(Nouvelle fenêtre) les ingérences russes, y voyant « un poison qui cherche à manipuler l’opinion », menaçant de devenir « notre nouvelle guerre mondiale ». Emmanuel Macron, invité de France 2 et de TF1(Nouvelle fenêtre), jeudi 6 juin, a assuré que la France était prête à « faire face à tous les risques » liés à la Russie, notamment les « risques de provocations, comme on en a encore eu ces derniers jours ».

Des accusations rejetées en bloc par le Kremlin« La Russie n’a pas interféré et n’interfère pas dans les affaires intérieures de la France, notre pays a des priorités plus importantes », a déclaré l’ambassade de Russie à Paris, mardi 4 juin. Elle a exprimé « sa vive protestation contre une nouvelle campagne russophobe déclenchée dans les médias français », invitant à y « mettre fin ».

Un « savoir-faire » depuis la Guerre froide

Ces opérations « physiques » de déstabilisation à l’étranger s’inscrivent « dans une continuité historique, un savoir-faire des services russes », constate Maxime Audinet. En 1959, le KGB, ancêtre du FSB, avait ainsi mené à Cologne (Allemagne) une campagne d’affichage de slogans antisémites et de croix gammées, afin de discréditer l’Allemagne de l’Ouest auprès de ses alliés occidentaux, illustre le chercheur.

Si les ingérences physiques de ces derniers mois ont « réussi », c’est en partie grâce aux relais dont elles ont bénéficié sur internet. Le ministère des Affaires étrangères a mis au jour sur son site (Nouvelle fenêtre) l’implication d’un réseau de 1 095 bots (comptes automatisés) prorusses, auteurs de 2 589 publications sur le réseau social X ayant alimenté la polémique sur les étoiles de David. Selon Viginum(Nouvelle fenêtre), le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères du ministère, ce relais fait partie d’une vaste campagne numérique dénommée RRN/Doppelgänger (en référence à Recent Reliable News, la plateforme d’actualité diffusant de la désinformation prorusse et au Doppelgänger, « sosie » en allemand), lancée en septembre 2022 dans plusieurs pays occidentaux pour « discréditer le soutien occidental à l’Ukraine ».

Cette campagne est suivie de près depuis fin octobre par le collectif Antibot4Navalny, spécialisé dans la surveillance des opérations d’influence liées à la Russie sur X(Nouvelle fenêtre). Selon ce groupe d’analystes anonymes, une armée de bots prorusses liée à Doppelgänger a également amplifié l’affaire des cercueils(Nouvelle fenêtre) et celles des mains rouges (Nouvelle fenêtre) sur le réseau social d’Elon Musk. Les posts étaient coordonnés et presque toujours accompagnés de narratifs fustigeant le chef d’Etat français : « Macron semble prêt à sacrifier nos vies pour son ambition. Inacceptable », ou encore : « Ceci est un acte de haine qui ne devrait pas rester impuni. M. Macron, où est votre engagement contre l’antisémitisme ? »

« Discréditer le système démocratique libéral »

Au début de l’opération RRN/Doppelgänger, les propagandistes ont aussi créé des copies des sites de médias nationaux et d’institutions gouvernementales diffusant de fausses informations et de la propagande prorusse. Le ParisienLe FigaroLe Monde20 Minutes et plusieurs ministères en ont fait les frais. Au total, 355 noms de domaines ont été usurpés, selon une note de Viginum(Nouvelle fenêtre).

Aujourd’hui, cette ingérence prorusse s’inscrit dans le quotidien des Français : selon un rapport de l’Irsem(Nouvelle fenêtre)« 80% des efforts d’influence » en Europe sont attribués à la Russie. « Il ne faut pas tout résumer à des initiatives du Kremlin »tempère Maxime Audinet. 

Reste que ces opérations poursuivent des objectifs communs sur le long terme : « Dénigrer ce que les Russes appellent ‘l’Occident collectif’, légitimer les positions de la Russie à l’étranger et discréditer le système démocratique libéral pour le présenter comme un système dysfonctionnel », résume le chercheur.

Près de deux ans après Doppelgänger, le collectif Antibot4Navalny et l’AFP(Nouvelle fenêtre) ont révélé l’existence d’une autre campagne d’ingérence étrangère : l’opération Matriochka. Actif depuis au moins septembre 2023, son réseau propage de façon coordonnée sur X « des faux contenus » aux narratifs majoritairement anti-ukrainiens, voire anti-JO, détaille un rapport(Nouvelle fenêtre) de Viginum publié lundi 10 juin.

« Au regard de ces éléments, Viginum considère que la campagne Matriochka, toujours en cours, réunit les critères d’une ingérence numérique étrangère », précise ce rapport. Cette campagne a déjà visé plus de 800 organisations, médias et journalistes luttant contre la désinformation. La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Ukraine sont les principaux pays ciblés.

Des campagnes ciblant les JO

Si ces entreprises de manipulation de l’opinion ont été démasquées, elles n’en continuent pas moins. Un deepfake avec Tom Cruise(Nouvelle fenêtre)qui annonce « mettre en lumière les dirigeants incompétents qui se cachent derrière le Comité olympique », des contenus anxiogènes… Les Jeux olympiques, qui doivent débuter le 26 juillet , font déjà l’objet de campagnes de déstabilisation« La Russie tente, et va presque sûrement continuer, de saper les JO de Paris à travers plusieurs opérations d’influence maligne en cours, y compris des campagnes lancées depuis au moins 2023 », jugent les experts en cybersécurité de Recorded Future, dans un rapport(Nouvelle fenêtre) publié le 4 juin.

Deux jours plus tôt, un rapport(Nouvelle fenêtre) du Centre d’analyse des menaces de Microsoft (MTAC) a dévoilé l’existence d’un « réseau d’acteurs affiliés à la Russie », menant une série de campagnes malveillantes(Nouvelle fenêtre) contre la France, Emmanuel Macron et le Comité international olympique. Ainsi, une fausse vidéo de la CIA annonçant un niveau de menace terroriste élevé lors des JO a circulé sur X(Nouvelle fenêtre), puis une fausse vidéo(Nouvelle fenêtre) de France 24 a affirmé que 24% des tickets pour les Jeux ont été restitués par crainte d’une attaque terroriste. Des allégations mensongères qui entretiennent un climat anxiogène.

Selon le rapport du MTAC, ce n’est pas la première fois que la Russie tente de perturber les JO. « Des hackers russes ont dévoilé des informations médicales secrètes sur plusieurs athlètes américains » pour les faire accuser de dopage, lors des JO de Rio, en 2016, tandis qu’en 2018, une cyberattaque intitulée « Olympic Destroyer » a visé les serveurs informatiques des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud. Le département de la Justice américain a poursuivi deux officiers du renseignement militaire russe liés à cette attaque en 2020.

En avril, Emmanuel Macron avait déclaré n’avoir « aucun doute » que la Russie cible l’organisation des Jeux olympiques, « y compris en termes informationnels ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté démenti toute campagne de désinformation visant la compétition, qualifiant de « pure calomnie » le rapport du MTAC. Malgré les démentis, l’observatoire de Microsoft s’attend à ce que cette désinformation « s’intensifie » dans les prochains mois.

Voir de plus:

Fin 2023, la paranoïa autour des punaises de lit avait envahi les réseaux sociaux ainsi que le débat public. Mais à y regarder de plus près, la Russie aurait eu un rôle à jouer, pointe le ministre français délégué à l’Europe, Jean-Noël Barrot. Des ingérences de ce type se sont multipliées depuis le début de la guerre en Ukraine.
La Tribune
01/03/24
Et si la psychose autour des punaises de lit avait été montée en épingle ? C’est en tout cas ce qu’affirme le ministre français délégué à l’Europe Jean-Noël Barrot. Ce dernier affirme en effet que le phénomène a été « artificiellement amplifié » par la Russie. Pour rappel, la paranoïa autour de ces petits insectes parasites d’à peine quelques millimètres s’est répandue en France à l’automne dernier. Photos et vidéos amateurs signalant la présence de ces insectes, qui se nourrissent de sang humain et censés avoir disparu de la vie quotidienne depuis les années 1950, avaient alors inondé les réseaux sociaux à partir de la mi-septembre.
Si bien que le grand retour des nuisibles avait pris des dimensions d’affaire d’État, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris, manifestation sportive à fort enjeu touristique. Sept établissements scolaires et des classes avaient même été fermés. Pourtant, les cas signalés (fauteuil de cinéma, siège de train…) étaient loin d’être tous avérés.
Interrogé sur la chaîne TF1 sur des tentatives de déstabilisation en France qui seraient conduites par la Russie, le ministre est donc revenu sur cette affaire qui avait fait le tour du monde.
«La polémique des punaises de lit (…) a été artificiellement amplifiée sur les réseaux sociaux par des comptes dont il a été établi qu’ils sont d’inspiration ou d’origine russe, avec même un lien faux crée entre l’arrivée de réfugiés ukrainiens et la diffusion des punaises», a-t-il déclaré.Cela a été «très largement amplifié par des comptes liés au Kremlin», a-t-il ajouté.
Multiplication des attaques
Il faut dire que les opérations de cyberattaques et de désinformation de la Russie ont « commencé à s’accélérer depuis deux ans, depuis le début de la guerre en Ukraine ». Surtout à l’égard de la France, celle-ci ayant raffermi son soutien à l’Ukraine.
«Nous le savons parce que le président de la République a créé en 2021 un service qui s’appelle Viginum, dont la mission est de détecter ces manœuvres qui visent à déstabiliser l’opinion publique en France et à affaiblir le soutien public à l’Ukraine», a rappelé le ministre.
Encore en début de semaine, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, présentait la Russie comme « la première menace » dans la guerre informationnelle. Il était notamment revenu sur l’affaire des étoiles de David taguées sur des immeubles de la région parisienne en octobre. Pour rappel, des dizaines d’étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes sur des façades d’immeubles à Paris et en banlieue.
Un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave pro-russe, identifié. Une ingérence en plein conflit entre le groupe islamiste palestinien Hamas et Israël. La semaine dernière, une source proche dossier avait affirmé à l’AFP que cette opération des étoiles de David taguées avait été pilotée par les services de sécurité russes (FSB), confirmant une information du journal Le Monde.
Une menace «asymétrique»
Mi-février, une vidéo virale, faussement attribuée à France 24, accusait l’Ukraine d’avoir projeté d’assassiner le président français, ce qui aurait poussé ce dernier à annuler un déplacement sur place. Si le voyage en Ukraine annoncé par Emmanuel Macron lui-même pour février n’a effectivement pas eu lieu, tout le reste relève d’un « deepfake », selon la chaîne de télévision française
«On est face à une menace asymétrique, nos adversaires n’ont pas de limites», explique à l’AFP une source militaire française, tandis que les Européens ont «des limites comme le droit international ou national » et partent donc « avec un handicap».
Mais la Russie ne s’arrête pas là. Des groupes pro-russes avaient déjà été identifiés par Meta (maison-mère de Facebook et Whatsapp) et les autorités françaises pour la campagne « Doppelgänger ». Depuis 2022, les sites Internet de grands médias comme Le Monde en France ou encore The Guardian au Royaume-Uni sont copiés visuellement à l’identique, pour pouvoir diffuser ensuite des fausses informations.
En Moldavie, à l’ouest de l’Ukraine, les « tentatives de déstabilisation » sont « vraisemblablement pilotées par la Russie », selon Paris
Se défendre face aux attaques
Pour mieux se défendre face aux ingérences russes, la France a créé Viginum, évoquée plus haut par Jean-Noël Barrot. Une structure de détection des fausses informations et des ingérences.
«Il y a une prise de conscience générale de la menace informationnelle et du besoin d’y répondre», explique Viginum à l’AFP.«L’idée n’est pas de dire aux gens ce qui est vrai ou faux (…) mais de démonter la mécanique et montrer aux citoyens comment des acteurs étrangers sont en train d’essayer de manipuler le débat public numérique», ajoute l’institution.
Plus largement, l’Europe a également largement renforcé son arsenal ces dernières années. L’Union européenne a établi en 2018 un code non-contraignant de bonnes pratiques, signé par plus de 30 acteurs de la publicité, de la société civile et surtout du numérique. Depuis août 2023, le Digital services act (DSA) oblige les très grandes plateformes à plus de transparence et à des actions renforcées contre la haine en ligne et les infox.
En parallèle, le service d’action extérieur européen, bras diplomatique de l’UE, recense les opérations de déstabilisation. D’autant que l’information est devenue un enjeu clé en 2024, une année marquée par la tenue des élections européennes, propices aux ingérences…

Voir de plus:

Stasi Files Implicate KGB in Pope Shooting

DW staff / AFP

April 1, 2005

Recently unearthed documents from the ex-East German secret police, the Stasi, appear to pin the 1981 assassination attempt on Pope John Paul II on the KGB. Italy and Bulgaria have pledged to investigate the claim.

New documents found in the files of the former East German intelligence services confirm the 1981 assassination attempt against Pope John Paul II was ordered by the Soviet KGB and assigned to Bulgarian and East German agents.

According to Italian newspaper Corriere della Sera, the documents found by the German government indicated that the KGB ordered Bulgarian colleagues to carry out the killing, leaving the East German service known as the Stasi to coordinate the operation and cover up the traces afterwards.

Bulgaria then handed the execution of the plot to Turkish extremists, including Mehmet Ali Agca, who pulled the trigger.

Ali Agca, who is now in jail in Turkey, claimed after his arrest that the operation was under the control of the Bulgarian embassy in Rome. The Bulgarians have always insisted they were innocent and argued that Agca’s story was part of an anti-communist plot by the Italian secret service and the CIA.

Bulgaria and Italy to cooperate

The documents consist mostly of letters from Stasi operatives to their Bulgarian counterparts seeking help in covering up traces after the attack and denying Bulgarian involvement.

So far, Bulgaria has declared its readiness to give Italy all the information it possesses about the alleged involvement of its then Communist secret services in the assassination attempt on Pope John Paul II, an Italian deputy told Bulgarian bTV television Thursday.

Paolo Gozzanti, head of the parliamentary commission inquiring into the activities of the Soviet KGB in Italy during the Cold War, said the Bulgarian Ambassador in Rome had promised to help him obtain relevant documents that the former Stasi sent to Bulgaria in 2002.

« We agreed to launch an immediate procedure for getting the documents as soon as possible, » he said.

Bulgarian government spokesperson Dimitar Tsonev confirmed his country’s readiness to cooperate in the investigation « as soon as we have an official demand » from Italy. »

However, the Berlin office supervising the Stasi archives said it had no evidence linking the Stasi, or Soviet and Bulgarian secret services to the assassination attempt.

And the former head of the Stasi, Marcus Wolf, said on Bulgarian national television that the documents concerned demands on the part of Bulgaria for the Stasi’s help to end a « campaign against Bulgaria by the American CIA. »

Wolf added that the files also had been sent to Italy in 1995.

Pope believed assassin was a ‘patsy’

Galerie Papst 25 Jahre Vatikan
Answers before Pope’s death?Image: AP

Three Bulgarians were accused of masterminding the assassination attempt on May 13, 1981. One of the three, Sergey Antonov, was arrested in 1982 and put on trial but acquitted for lack of evidence.

Metodi Andreev, former head of a Bulgarian parliamentary commission entitled to open the files of the Communist-era secret services, confirmed that Sofia had received some Stasi documents in the spring of 2002.

« I do not know if they is any proof of a Bulgarian involvement in the attack but we need to clear up that problem in order not to throw a shadow on contemporary Bulgaria, » he said.

Gozzanti said it was necessary to find out the truth before the death of the pope, who has said in his own memoir, « Memory and Identity: Conversations Between Millenniums, » that Ali Agca was a tool of outside forces. And in a visit to Bulgaria in May 2002, the pope said he « never believed in the so-called Bulgarian connection. »

Voir par ailleurs:

Belarus May Be Pushing Migrants Into The EU Again — This Time With Russian Help

In 2021, Belarus strongman Lukashenko triggered a migration crisis when he actively drove asylum seekers to the EU. According to the German government, those numbers are on the rise again.
DIE WELT English edition • WORLDCRUNCH
Belarus May Be Pushing Migrants Into The EU Again — This Time With Russian Help
Migrants on the Belarusian side of the Polish border wall in Bialowieza. Attila Husejnow/ZUMA

Analysis

BERLIN — In the nine months between July 2022 and March 2023 alone, Germany’s Federal Police registered 8,687 people who entered Germany undocumented after a Belarus connection. This has emerged from the Ministry of the Interior’s response to an inquiry by MP Andrea Lindholz, deputy chair of the Christian Social Union (CSU) parliamentary group, which was made available to Die Welt.

The migration pressure on the Belarus route — which was now supposedly closed after a huge crisis in 2021 that saw Belarus strongman Alexander Lukashenko threatening to “flood” the EU with drugs and migrants — has thus increased significantly again.

“Apparently, about half of the people who enter the EU illegally every month via the German-Polish border enter the EU via Belarus,” Lindholz told Die Welt. In an autocratic state like this, border crossings on this scale are certainly no coincidence, she said. “It is obvious that these illegal entries are part of a strategy to destabilize the EU.”

In addition to flexible controls at the border with Poland, stationary ones are also needed, said Lindholz. Interior Minister Nancy Faeser should agree on a concrete roadmap with Poland “on how to significantly reduce illegal entries into Germany.” Lindholz also called on the German government to revoke landing permits for airlines that facilitate illegal migration via Russia and Belarus.

The Belarus route had already caused concern throughout the EU in 2021. At that time, sometimes highly dramatic scenes took place at the border with Poland. Thousands of migrants tried to enter the EU undocumented — many of them transported there by soldiers or border guards of Belarusian ruler Alexander Lukashenko. Poland even feared an attempt to break through the border en masse.

The EU accused Lukashenko of flying migrants in an organized manner from crisis areas into his country in order to then smuggle them into the EU — with the end goal of splitting the European Union. The Putin ally denied an active role, but stressed that he no longer wanted to stop people on their way to the EU considering the EU sanctions against his country.

New pressure on Europe

In 2021, more than 11,000 people entered Germany undocumented via Belarus and Poland. The situation only eased when Poland massively tightened border controls. In addition, the EU had increased pressure on airlines that transported people from the Middle East to Belarus.

But now cases are on the rise again.

A particularly large number of people are apparently arriving in Belarus by plane from Egypt in order to move to the EU by land. The flight schedule of Minsk airport lists daily arrivals from vacation destinations such as Sharm el-Sheikh and Hurghada, as well as from Turkey and Russia.

According to Germany’s Federal Police, among the nearly 8,700 undocumented migrants who entered Germany via Belarus, 1,330 alone are said to have Egyptian citizenship. This was the third largest group after Syria (3,000) and Afghanistan (1,632).

Belarus President Alexander Lukashenko talks to migrants at the Belarusian-Polish border.
Belarus President Alexander Lukashenko talks to migrants at the Belarusian-Polish border. – Sergei Bobylev/TASS

Migration is lucrative

According to Christopher Forst, representative for Belarus of the Friedrich Ebert Foundation (FES), which is close to the Social Democrat Party (SPD), about 2,500 attempts of undocumented migration are registered at the border with Poland every month. It is hard to estimate how many unreported cases there are, he said. “The route is currently being used again to a greater extent.”

But now Belarus itself has an interest in keeping migration out of the focus of the domestic public, he said.

Russia’s leadership knows that migration is a very polarizing and divisive issue in the EU.

In 2021, when a large number of people landed in Minsk, numerous arrivals also camped under bridges or in subway stations in the capital, causing unrest and discontent. “That is currently no longer the case,” Forst said. Nevertheless, Lukashenko’s threat of 2021 to “flood the EU with drugs and migrants” until the sanctions are lifted is still valid.

According to Jakob Wöllenstein, who heads the Belarus office of the Konrad Adenauer Foundation, a political foundation closely associated to the Christian Democratic Union (CDU), many of the arriving migrants also carry fresh Russian visas.

“That alone does not prove that the Russian state is deliberately bringing people into the country as ‘transit migrants’ heading for the EU,” Wöllenstein said. “But Russia’s leadership knows that migration is a very polarizing and divisive issue in the EU.”

He said that Belarus is doing nothing to prevent people from continuing their journey. He added that there are also repeated reports from Belarus that people are threatened with violence if they try to return after a failed border crossing. “So some often remain in no man’s land between the border fences for days.”

Lukashenko has failed in his goal of forcing the lifting of sanctions by instrumentalizing migrants, says Alexander Moisseenko of the Razam association, an advocacy group of Belarusians living in Germany. “That’s why he continues to try to blackmail the EU to get the sanctions withdrawn.”

But in addition to destabilizing the situation in the EU, another motivation is likely to play a role, says Anna Kravtšenko, project manager for Ukraine and Belarus at the Friedrich Naumann Foundation.

“Illegal migration could serve as an additional source of revenue for Belarusian security services, on whom Lukashenko’s regime relies heavily,” she says. “After all, illegal migration is a lucrative business for everyone involved — except the migrants themselves.”

 

 

 

 

COMPLÉMENT:

EXCLUSIF. Les 13 agressions de Poutine en France : l’effrayante note des services secrets
Enquête. Vol d’ordinateurs, menace nucléaire, pannes électriques, espionnage à Polytechnique… La Russie agresse quotidiennement la France selon un document confidentiel de la DGSI et de la DGSE.
Laureline Dupont, Étienne Girard et Eric Mandonnet
L’Express
13/05/2025

C’est un document inédit de 16 pages que L’Express s’est procuré. Rédigée par la DGSI, la DGSE, la Direction du renseignement militaire, la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense et compilée par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), cette note, à destination exclusive des ministres tant son contenu est jugé sensible, s’intitule « Menaces et actions russes contre la France ». « C’est le livre noir de Poutine en France », explicite un dirigeant du renseignement français. Parce qu’elles sont sans doute peu palpables pour le grand public, les agressions russes ne préoccupent pas encore vraiment les Français.

Pourtant… « La mention de frappes possibles de missiles conventionnels contre le territoire national est inédite depuis la fin de la guerre froide », peut-on lire dès l’introduction de ce document vertigineux, rédigé entre mars et avril derniers. Dans les airs, dans l’espace, sous la mer, dans les lieux de pouvoir, sur le plan cyber… Les exemples s’accumulent et dessinent une évidence : partout où ils le peuvent, les hommes de Vladimir Poutine se déchaînent contre la France. « La Russie mène des actions offensives qui peuvent avoir des conséquences directes sur la vie des Français : tentatives d’incendie de centres commerciaux, attaque sur des câbles sous-marins de télécommunication, cyberattaques sur des terminaux satellitaires, […] cyberattaques visant à faire dysfonctionner des infrastructures critiques, fragiliser l’organisation de la société ou espionner des entités françaises », est-il écrit. « Le fait nouveau, depuis l’invasion de l’Ukraine, c’est que les Russes sont totalement désinhibés, ils osent tout », commente un militaire.

Ainsi, des laboratoires de recherches dont, fait inouï, ceux de l’Ecole militaire polytechnique et du CNRS, sont ciblés par l’espionnage russe, des ingénieurs travaillant dans des entreprises du secteur de la défense sont surveillés, leurs ordinateurs dérobés…
Sur le plan purement militaire, le document révèle que de nouvelles armes qui pourraient frapper la France sont développées par la Russie, laquelle aide également des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord à mettre au point de nouveaux missiles, ce qui « constitue une menace réelle pour notre territoire ».

Sommes-nous vulnérables ? C’est la question qui obsède à la lecture de ce document. En mars 2024, une cyberattaque russe a suffi à « perturber pendant une journée le fonctionnement des administrations ». « La vulnérabilité des infrastructures publiques est un sujet que l’on traite, admet un membre du renseignement français. Mais les hackers font évoluer leurs codes. On ne peut jamais considérer qu’on est à l’abri, jamais. » Soudain, notre faiblesse paraît si grande…

1/Espionnage à Polytechnique
Un fleuron de l’intelligence française, l’une des écoles de l’enseignement supérieur jouissant du plus grand prestige, un établissement formant les meilleurs ingénieurs qui rejoignent ensuite les entreprises privées ou publiques : Polytechnique a été visée par les Russes, notamment ses recherches « dans le domaine des lasers de forte intensité », apprend-on dans la note du SGDSN. Et X n’est pas la seule dans ce cas. De même, ce sont plusieurs centres de recherche liés aux questions de défense qui ont été ciblés.

2/Vol d’ordinateur à l’aéroport
« A l’occasion d’une visite en Russie, les ordinateurs des ingénieurs œuvrant pour une entreprise française du secteur de la défense ont été manipulés et consultés, l’un d’eux ayant même été dérobé à l’aéroport », est-il écrit. Des ingénieurs français espionnés et volés en Russie : c’est la preuve d’une naïveté qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui et qui atteste d’un manque sidérant de prise de conscience. « C’est un manque de professionnalisme inouï des ingénieurs, observe un conseiller gouvernemental. Pomper les données d’un téléphone ou d’un ordinateur étranger, pour les Russes, c’est l’enfance de l’art. Nous, on conseille aux ingénieurs d’aller à l’étranger avec des téléphones blancs, des ordinateurs blancs. » Ce qui n’est pas toujours facile à exécuter lors d’une mission, mais la règle devrait s’appliquer dès qu’on franchit une frontière, quelle qu’elle soit.

3/ »Vous êtes une cible »

« Vous venez d’intégrer le ministère, vous êtes devenu une cible. » Voici les premiers mots qu’entendent désormais les collaborateurs ministériels, mais aussi les parlementaires et leurs assistants, quand bien même ces derniers ne se penchent pas sur les sujets de défense. Les responsables politiques sont régulièrement approchés par des officiers russes qui utilisent leur couverture diplomatique « pour nouer des relations afin de recueillir du renseignement d’ordre politique et peser en faveur de la Russie dans les débats français et européens », indiquent les rédacteurs de la note. « Toute personne qui vous parle, même dans un bar, est potentiellement là pour vous espionner ou vous influencer, plus aucune rencontre n’est une rencontre neutre », prévient la DGSI quand ils instruisent les nouveaux entrants au Parlement ou au gouvernement. L’espionnage ou la déstabilisation peut aussi se faire sous la couette, il n’est pas rare que la Russie envoie des femmes séduire des responsables politiques.

4/Les emails des militaires attaqués
« En 2023-2024, plusieurs comptes de messagerie Internet du ministère des Armées ont été compromis par des attaquants vraisemblablement liés à la Russie », écrivent les auteurs de la note. L’attaque est réelle mais elle a plus fait peur que mal. Ces comptes de messagerie Internet du ministère des Armées ne correspondaient pas aux adresses traditionnelles mais à un système secondaire et la méthode employée fut celle du ciblage aléatoire. En procédant à l’aveugle, sans aucune logique, les agresseurs ont récupéré des mots de passe mais n’ont pas pu pousser très loin leur offensive.

5/L’achat clandestin de puces high-tech
Derrière la Chine, l’ombre de la Russie. En juillet 2023, Le Parisien révèle l’affaire Ommic, du nom d’une entreprise de puces high-tech, les semi-conducteurs. Deux Français et deux Chinois sont mis en examen pour avoir livré à la Chine ces petits bijoux technologiques, très utilisés dans les équipements militaires, en dehors de toute autorisation. Le renseignement français estime aujourd’hui que cette opération d’espionnage a été conduite… également au bénéfice de l’armée russe. « La Russie a utilisé un réseau d’acquisition illégal pour dissimuler, à partir de 2014, des achats de semi-conducteurs auprès d’une société française. Le destinataire final des puces était en réalité une société russe détenue par l’Etat », écrit le SGDSN. Une opération menée « sans collusion établie entre les deux pays », nous indique un dirigeant sécuritaire. Les deux puissances ont tout simplement exploité le même filon. La Russie a pu se fournir jusqu’en mars 2023, date des interpellations diligentées par la DGSI.

6/Les Russes veulent couper le courant
Selon nos informations, les services secrets français suivent avec une grande vigilance l’enquête sur la gigantesque coupure de courant du 28 avril en Espagne et au Portugal, mais aussi dans une partie des Pyrénées-Orientales et des Pyrénées-Atlantiques. Un sabotage russe est considéré comme une hypothèse sérieuse. Car, tout comme le secteur des télécommunications, qui fait « l’objet d’un ciblage soutenu par des cyberattaquants liés à l’Etat russe », indique le SGDSN, la « déstabilisation du secteur de l’énergie » en France est un objectif russe. « En 2024, le GRU a cherché à compromettre des équipements industriels d’entités françaises du secteur hydroélectrique », écrivent les services secrets français. Selon nos informations, il est fait notamment référence au moulin de Courlandon, piraté par des hackeurs russes en avril 2024, sans grande conséquence. L’épisode a néanmoins été perçu comme le signal que la Russie cherche à couper l’électricité des Français.

7/Les JO perturbés

Les Jeux olympiques sont des occasions idéales pour qui veut déstabiliser de façon spectaculaire un Etat. En juillet 2024, peu de temps avant l’ouverture des JO de Paris, un ressortissant de nationalité russe a été mis en examen alors qu’il « projetait des actions violentes sur le territoire en marge de la cérémonie d’ouverture », est-il écrit dans la note. Un autre ressortissant russe « qui avait des instructions » a également été arrêté en juin 2024 à l’aéroport de Roissy. Jusqu’à imaginer un projet d’attentat ? Au sein du renseignement français, on se montre dubitatif. « On pense que la Russie n’a pas voulu commettre d’acte très grave, comme du terrorisme, contre les JO car cela aurait entraîné une réprobation mondiale. Ils ont voulu nous envoyer le message de ce qu’ils étaient capables de faire, tout en en gardant sous le pied », estime un dirigeant sécuritaire. Jusqu’à la prochaine fois ?

8/Les fameux canons Caesar dans le viseur
Le Kremlin a l’industrie de défense française dans son viseur. Les services de renseignement écrivent qu’ »une cyberattaque, très probablement menée par le GRU, a été découverte en 2023 contre une entreprise clé de la défense française, conduisant à une exfiltration massive de courriels de la société afin d’obtenir des informations sur le soutien militaire à l’Ukraine ». Selon nos informations, il s’agit de KNDS France, le nouveau nom de Nexter, fabricant des fameux canons Caesar. Le 11 décembre 2023, l’entreprise a publié sur son site Internet un communiqué discret indiquant qu’ »une analyse réalisée début 2023 en collaboration avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a révélé la compromission d’équipements informatiques » et « l’exfiltration de certains courriels » pendant « plusieurs mois ». L’implication russe n’avait jamais été révélée.

Ces cyberattaques à des fins d’espionnage diffèrent des piratages russes « destructeurs », uniquement voués à perturber le fonctionnement de la société. Selon nos informations, le piratage de l’hôpital de Dax (Landes), le 10 février 2021, qui a rendu tout le système interne définitivement inutilisable, est imputé au renseignement russe. Le 11 mars 2024, le collectif Anonymous Sudan, « potentiellement lié au GRU », écrit le SGDSN, a revendiqué une cyberattaque contre six ministères. « Une attaque contre le réseau interministériel d’Etat en mars 2024 a perturbé pendant une journée le fonctionnement des administrations », écrit le renseignement français.

9/La guerre des étoiles de Poutine
« C’est le premier acte de guerre cyber de l’histoire », commente un général très au fait du dossier. Des éléments épars ont été publiés mais jamais l’histoire dans son ensemble. Le 24 février 2022, une heure avant l’invasion russe de l’Ukraine, Vladimir Poutine déclenche en parallèle une cyberattaque d’ampleur. Quelque « 40 000 modems » de l’entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat, dont une partie sont exploités par l’opérateur français Eutelsat, s’arrêtent de fonctionner, nous assure une source proche des faits. Les attaquants russes ont décelé une faille « zero day », comme on appelle ces vulnérabilités impossibles à contrer car personne ne s’en est jamais aperçu. L’offensive cause « une énorme perte de communication au tout début de la guerre », a reconnu Viktor Zhora, le directeur adjoint de l’Agence de cybersécurité ukrainienne.

Effet collatéral, plusieurs pays européens sont touchés, dont la France, où l’attaque « a rendu indisponibles les communications avec certains services d’urgence et affecté de nombreuses collectivités et entreprises ». Concrètement, les sites fonctionnant grâce à la fibre optique sont préservés mais Internet est coupé dans de nombreux quartiers équipés de l’ADSL, ce dont plusieurs médias régionaux se sont faits l’écho.

Depuis lors, l’armée russe utilise l’espace comme un terrain de guerre. Selon le SGDSN, elle tente de piéger les avions français par le biais du « spoofing », c’est-à-dire l’envoi par piratage de fausses coordonnées satellitaires, afin de provoquer des accidents. « En 2024, plus de 200 atteintes aux systèmes de positionnement par satellite ont été reportées par les aéronefs sous pavillon français », insiste le service de Matignon.

10/L’aide inquiétante à l’Iran

Existe-t-il pire scénario que l’alliance de nos ennemis ? C’est malheureusement bien à cela que les renseignements semblent préparer les esprits en évoquant dans la note secrète que nous nous sommes procurée « l’aide conséquente fournie par la Russie à l’Iran et à la Corée du Nord, dans le domaine spatial, présentant une forte porosité avec celui des missiles balistiques intercontinentaux ». Si la coopération entre la Russie et l’Iran est ancienne, comme le rappelle un connaisseur du dossier citant par exemple la récente livraison par la République islamique de missiles Fattah à la Russie, elle semble prendre une dimension nouvelle.

La portée de missiles iraniens s’accroît et si la Russie ne semble pas soutenir le programme nucléaire de l’Iran, « elle apporte une aide en termes de technologie militaire », selon un dirigeant du renseignement. Ainsi, le développement de leur programme balistique est un élément de pression sur la France qui intéresse la Russie.

Concrètement ? « Dans les scénarios les plus inquiétants aujourd’hui, l’Iran est capable d’atteindre le sud de l’Europe », glisse l’un de nos interlocuteurs. Un autre membre des services de renseignement, encore plus pessimiste, assure : « Les missiles iraniens peuvent désormais toucher la France, en particulier la Corse et l’Alsace. » Une faiblesse française à portée de main du pouvoir russe.

11/La menace nucléaire « prise au sérieux »
Ne pas être dupe du « chantage », selon le mot d’un responsable de l’exécutif français, sans sous-estimer la folie poutinienne. Depuis février 2022, les services de sécurité français accueillent les menaces atomiques russes avec vigilance. Le programme de missiles dit « Orechnik », potentiellement pourvu de « têtes nucléaires », est particulièrement suivi. Le tir du 21 novembre 2024 sur une « cible civile » en Ukraine est considéré comme un « signalement sans précédent », note le SGDSN, d’autant que l’Orechnik a une portée de « 3 000 à 5 500 kilomètres », selon le renseignement, donc jusqu’au territoire français.

« Pour nous, ce n’est pas du bluff, ce n’est pas simplement une stratégie de communication. L’attaque nucléaire est une option sur la table de Poutine », souligne un dirigeant sécuritaire. D’ores et déjà, un autre de nos interlocuteurs considère comme « possible que la Russie sorte du registre de la dissuasion pour utiliser l’arme nucléaire sur le champ de bataille en Ukraine ».

12/L’intox du Hamas
Le renseignement russe a fait de la désinformation numérique un art. Faux comptes, faux sites de médias (le fameux réseau dit « Doppelganger » imitant des quotidiens français, cité par le SGDSN), fausses nouvelles et désormais, de fausses vidéos, crées notamment grâce à « l’IA », usurpant des visages et des « voix », écrit le service de Matignon. Le 21 juillet 2024, le groupe dit « Storm-1516 », dont l’utilisation « est attribuée au GRU », selon les services secrets français, se fait passer pour le Hamas. Dans cette fausse déclaration, les terroristes « menacent de conduire des attentats durant les JO 2024 ». Hélas pour les Russes, très peu de médias français relayeront l’information. « Vous, journalistes, êtes la cible de la désinformation russe, tout simplement car vous lui donnez de l’écho. La part de gens qui y croient est assez stable. C’est la part de gens exposés qui varie », analyse l’historien David Colon, chercheur à Sciences Po et spécialiste de la propagande russe.

En janvier 2025, nouvelle tentative : les trolls russes diffusent une fausse vidéo du groupe HTC au pouvoir en Syrie menaçant de brûler la cathédrale Notre-Dame. Là encore, un demi-échec médiatique, même si le spot est vu 17 millions de fois sur les réseaux sociaux. Dans ces cas-là, le GRU peut utiliser son réseau Doppelganger pour générer les articles « qu’il aurait rêvé de susciter », a remarqué David Colon, ou utiliser le mode opératoire dit « Matriochka », dont le principe est de contacter directement les médias via des faux comptes pour qu’ils vérifient l’allégation. Peu importe qu’ils réfutent, seule la visibilité compte. « Storm-1516 » a publié en février une fausse vidéo attribuant une agression sexuelle à Brigitte Macron, vue plus de 15 millions de fois.

13/Discrédit sur le candidat Macron
Emmanuel Macron utiliserait-il des trolls ? C’est ce qu’a voulu faire croire le renseignement russe pendant l’élection présidentielle de 2022, selon les services secrets français. L’opération « s’est déroulée en deux phases », écrit le SGDSN. D’abord, une trentaine de comptes sur les réseaux sociaux « ont promu de façon délibérément exagérée la candidature d’Emmanuel Macron, tout en dénigrant celle des autres candidats », de décembre 2021 à février 2022. Puis il s’est agi de « révéler » l’existence de ces comptes et d’en « attribuer la responsabilité à la France, à travers la publication, quinze jours avant la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, d’une trentaine d’articles dans des médias africains francophones ». « Des trolls africains votent Macron sur les réseaux sociaux », titre par exemple le média Burkina24.com, le 9 avril.

Pendant les élections législatives de 2024, le groupe « Storm-1516 » a tenté de se faire passer pour la coalition présidentielle en proposant faussement aux électeurs une « prime Macron » de 100 euros en échange de leur vote. Il était demandé d’envoyer également son « numéro de sécurité sociale ». « Les Russes font d’une pierre deux coups, ils jettent un peu de discrédit sur le pouvoir, tout en obtenant quelques données personnelles, c’est toujours bon à prendre », relève David Colon.

https://www.lexpress.fr/politique/exclusif-les-13-agressions-de-poutine-en-france-leffrayante-note-des-services-secrets-E5C7PGIFWBG6NBRDGP6L4GLNRI/


Vendredi Saint: Quelle époque surréaliste ? (What otherworldly days when barely 69 years ago, Wall Street celebrated Good Friday and we were not ashamed to invoke not only God, but the very Jesus Christ we are now again rejecting ?)

18 avril, 2025
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ImageImageOn tue un homme : on est un assassin. On en tue des millions : on est un conquérant. On les tue tous : on est un Dieu. Jean Rostand
Aujourd’hui on repère les boucs émissaires dans l’Angleterre victorienne et on ne les repère plus dans les sociétés archaïques. C’est défendu. René Girard
Méprisé et abandonné des hommes (…) nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu (…) semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie (…) quoiqu’il n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche. Esaïe 53 : 3-9
Il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Jean 19 : 18
Je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. Jésus (Matthieu 23: 34-35)
Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Jésus (Jean 15: 20)
Le Pharaon (…)  dit à son peuple: Voilà les enfants d’Israël qui forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. (…) Alors Pharaon donna cet ordre à tout son peuple: Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra. Exode 1 : 9-22
L’Éternel dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Égypte: (…) C’est la Pâque de l’Éternel. Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Égypte. (…) Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. (…) Au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux. Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et tous les Égyptiens; et il y eut de grands cris en Égypte, car il n’y avait point de maison où il n’y eût un mort. Dans la nuit même, Pharaon appela Moïse et Aaron, et leur dit: Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, vous et les enfants d’Israël. Allez, servez l’Éternel, comme vous l’avez dit. (…) Les Égyptiens pressaient le peuple, et avaient hâte de le renvoyer du pays, car ils disaient: Nous périrons tous. Exode 12 : 1-14
Israël est détruit, sa semence même n’est plus. Amenhotep III (Stèle de Mérenptah, 1209 or 1208 Av. JC)
Je me suis réjoui contre lui et contre sa maison. Israël a été ruiné à jamais. Mesha (roi de Moab, Stèle de Mesha, 850 av. J.-C.)
J’ai tué Jéhoram, fils d’Achab roi d’Israël et j’ai tué Ahziahu, fils de Jéoram roi de la Maison de David. Et j’ai changé leurs villes en ruine et leur terre en désert. Hazaël (stèle de Tel Dan, c. 835 av. JC)
Pour se rendre compte du contraste remarquable entre l’histoire de l’Exode telle qu’elle est réellement racontée dans le livre de l’Ancien Testament et la façon mythologique dont de telles histoires sont habituellement racontées, il suffit de se demander : « À quoi ressemblerait l’histoire de l’Exode si les Égyptiens l’avaient racontée à la place des Israélites ? ». Malheureusement, il n’existe pas de documents historiques égyptiens datant du 14e ou du 13e siècle avant notre ère pour raconter la version égyptienne de l’histoire. Cependant, il existe des versions égyptiennes plus tardives de l’histoire de l’Exode, datant de la période hellénistique. Ces versions égyptiennes ultérieures indiquent que du point de vue égyptien, le départ des Hébreux d’Égypte était en fait une expulsion justifiée. Les sources principales sont les écrits de Manéthon et d’Apion, qui sont résumés et réfutés dans l’ouvrage de Josèphe intitulé Contre Apion …. Manéthon était un prêtre égyptien d’Héliopolis. Apion était un Égyptien qui écrivait en grec et jouait un rôle important dans la vie culturelle et politique de l’Égypte. Son récit de l’Exode a été utilisé pour attaquer les revendications et les droits des Juifs d’Alexandrie. [La version hellénistique-égyptienne de l’Exode peut être résumée comme suit : Les Égyptiens étaient confrontés à une crise majeure précipitée par un groupe de personnes souffrant de diverses maladies. De peur que la maladie ne se propage ou que quelque chose de pire ne se produise, ce groupe hétéroclite a été rassemblé et expulsé du pays. Sous la conduite d’un certain Moïse, ce peuple fut expédié ; il se constitua alors en unité religieuse et nationale. Ils s’installèrent finalement à Jérusalem et devinrent les ancêtres des Juifs.  James G. Williams
Le poète et musicien Guillaume de Machaut écrivait au milieu du XIVe siècle. Son Jugement du Roy de Navarre mériterait d’être mieux connu. La partie principale de l’œuvre, certes, n’est qu’un long poème de style courtois, conventionnel de style et de sujet. Mais le début a quelque chose de saisissant. C’est une suite confuse d’événements catastrophiques auxquels Guillaume prétend avoir assisté avant de s’enfermer, finalement, de terreur dans sa maison pour y attendre la mort ou la fin de l’indicible épreuve. Certains événements sont tout à fait invraisemblables, d’autres ne le sont qu’à demi. Et pourtant de ce récit une impression se dégage : il a dû se passer quelque chose de réel. Il y a des signes dans le ciel. Les pierres pleuvent et assomment les vivants. Des villes entières sont détruites par la foudre. Dans celle où résidait Guillaume – il ne dit pas laquelle – les hommes meurent en grand nombre. Certaines de ces morts sont dues à la méchanceté des juifs et de leurs complices parmi les chrétiens. Comment ces gens-là s’y prenaient-ils pour causer de vastes pertes dans la population locale? Ils empoisonnaient les rivières, les sources d’approvisionnement en eau potable. La justice céleste a mis bon ordre à ces méfaits en révélant leurs auteurs à la population qui les a tous massacrés. Et pourtant les gens n’ont pas cessé de mourir, de plus en plus nombreux, jusqu’à un certain jour de printemps où Guillaume entendit de la musique dans la rue, des hommes et des femmes qui riaient. Tout était fini et la poésie courtoise pouvait recommencer. (…) aujourd’hui, les lecteurs repèrent des événements réels à travers les invraisemblances du récit. Ils ne croient ni aux signes dans le ciel ni aux accusations contre les juifs mais ils ne traitent pas tous les thèmes incroyables de la même façon; ils ne les mettent pas tous sur le même plan. Guillaume n’a rien inventé. C’est un homme crédule, certes, et il reflète une opinion publique hystérique. Les innombrables morts dont il fait état n’en sont pas moins réelles, causées de toute évidence par la fameuse peste noire qui ravagea la France en 1349 et 1350. Le massacre des juifs est également réel, justifié aux yeux des foules meurtrières par les rumeurs d’empoisonnement qui circulent un peu partout. C’est la terreur universelle de la maladie qui donne un poids suffisant à ces rumeurs pour déclencher lesdits massacres. (…) Mais les nombreuses morts attribuées par l’auteur au poison judaïque suggèrent une autre explication. Si ces morts sont réelles – et il n’y a pas de raison de les tenir pour imaginaires – elles pourraient bien être les premières victimes d’un seul et même fléau. Mais Guillaume ne s’en doute pas, même rétrospectivement. A ses yeux les boucs émissaires traditionnels conservent leur puissance explicatrice pour les premiers stades de l’épidémie. Pour les stades ultérieurs, seulement, l’auteur reconnaît la présence d’un phénomène proprement pathologique. L’étendue du désastre finit par décourager la seule explication par le complot des empoisonneurs, mais Guillaume ne réinterprète pas la suite entière des événements en fonction de leur raison d’être véritable. (…) Même rétrospectivement, tous les boucs émissaires collectifs réels et imaginaires, les juifs et les flagellants, les pluies de pierre et l’epydimie, continuent à jouer leur rôle si efficacement dans le récit de Guillaume que celui-ci ne voit jamais l’unité du fléau désigné par nous comme la « peste noire ». L’auteur continue à percevoir une multiplicité de désastres plus ou moins indépendants ou reliés les uns aux autres seulement par leur signification religieuse, un peu comme les dix plaies d’Egypte. René Girard
Que trouve-t-on aux chapitres 52 et 53 d’Isaïe, sinon un phénomène de bouc émissaire, la mort du serviteur souffrant, lynché par une foule furieuse. Nous en ignorons la raison, si ce n’est son total dévouement à ceux-là même qui le lynchent. Ce que la foule n’a pu tolérer, c’est sa bonté. Ainsi est-il dit du serviteur souffrant qu’il est celui que les hommes aiment à faire souffrir, une sorte de souffre-douleur, de victime potentielle. Il y a là me, semble- t-il, une lecture de la mythologie. Le traitement biblique du sujet est radicalement autre. Nous ne le voyons pas car les thèmes sont les mêmes et que nous fonctionnons généralement de manière statistique. Comparons cela, par exemple, à l’affaire Dreyfus. Pour peu que l’on retrouve dans cinq mille ans tous les articles de presse publiés autour de cette affaire, une étude statistique en un temps où le français ne sera plus très bien connu portera les chercheurs à dire, comme aujourd’hui les déconstructeurs, qu’il y a trois cent mille interprétations de cette affaire mystérieuse, et que toutes se valent, aucune n’est vraie, aucune n’est fausse. Et l’on négligera une toute petite chose, à savoir que sur un point bien déterminé n’existent que deux interprétations : celle de l’innocence de Dreyfus, défendue par certains, et celle de sa culpabilité, défendue par d’autres. Or, cette différence-là n’est pas du même ordre que celles, insignifiantes, relevées à propos de nombreux sujets. Donc, à mon avis, le mythe est essentiellement un procès toujours perdu par la victime. Il est regagné en appel, me direz-vous, puisque la victime en est divinisée. Certes, mais elle ne l’est qu’après avoir été envoyée ad patres. Cette divinisation de la victime est justement ce qui masque la différence significative dont nous venons de parler. Les grands dieux grecs, à bien y regarder, ont commis les mêmes crimes qu’Œdipe, fornication, bestialité, inceste, etc. Pourquoi ? Ce sont les frasques des dieux, rétorque- t-on, traitant cela comme les péchés mignons de nos présidents. Ces mythes sont si anciens que la criminalité s’estompe. Mais un examen plus attentif montre qu’il y a, derrière tout dieu archaïque et primitif, un crime qui relève de ceux que toutes les foules en panique ou fureur attribuent à leur victime. Nous retrouvons tout à fait le schéma que je viens de décrire dans les Évangiles, où l’essentiel est l’innocence de la victime, ce qui me rend partisan de l’expression « judéo-chrétien » : La victime est accu- sée des mêmes crimes qu’un héros mythique et est innocente. Vous y trouvez plus de signes encore soulignant qu’il s’agit d’un bouc émissaire car celui-ci n’est jamais aussi bon qu’autant qu’il réunit tout le monde contre lui. La révélation du phénomène du bouc émissaire dans les Évangiles pose un problème extraordinaire : s’il fonctionne, tout le monde est contre lui – tous les témoins donc sont faux, et il n’est meilleur faux témoin que celui qui croit en la fausseté de son témoignage. C’est pourquoi Levinas citait d’abondance cette sentence si proche des Évangiles : « Lorsque tout le monde est d’accord pour condamner un accusé, libérez-le, il doit être innocent », admirable parole du Talmud qui revenait comme une espèce de refrain chez le meilleur Levinas (…) Vous trouvez donc la même idée dans les Évangiles, mais avec quelque chose de plus, toutes sortes de citations bibliques que les chrétiens déclarent prophétiques. On se moque beaucoup aujourd’hui du prophétisme, mais regardez par exemple les phrases appliquées à Jésus, dont un prophète dit : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » ; ou cette autre phrase extraordinaire, empruntée à un psaume : « Ils m’ont haï sans raison ». Vous vous demandez alors pourquoi les évangélistes ont repris ce verset, quel rapport avec la crucifixion de Jésus ? Mais c’est tout simplement la définition du bouc émissaire au sens que je viens d’en donner. Cela s’applique au personnage du psaume, haï sans raison, cela revient à propos du Serviteur d’Isaïe et une fois de plus ici. Non seulement les Évangiles retrouvent cette innocence de la victime, mais ils sont autoréférentiels en ce sens qu’ils ont conscience de ce dont ils parlent. C’est pourquoi ils s’appuient sans cesse sur la Bible, citant Joseph. Lorsque celui-ci teste la propension de ses frères à user d’un bouc émissaire en la personne de Benjamin qu’il exige de garder, Judah est seul à refuser et cela suffit à Joseph pour qu’il les accueille tous en Égypte. Ce n’est donc pas sans raison que les Évangiles voient en Judah une  » figure du Christ » – figura Christi. Nous nous trouvons là encore dans le domaine de la victime faussement accusée et réhabilitée. Mais ici s’affirme l’originalité prodigieuse, l’unicité de la tradition judéo-chrétienne, différente de la veine mythologique tant admirée par nos humanistes esthétisants. La tradition biblique nie ce système culturel et si l’univers où nous sommes aujourd’hui nous paraît incompréhensible, c’est faute de voir qu’il est en quelque sorte miné, rongé par cette vérité biblique qu’il ne reconnaît pas. René Girard
Ils ne l’ont ni tué ni crucifié (…) ce n’était qu’un faux semblant ! (…) mais Dieu l’a élevé vers Lui. Le Coran (4 : 157-158)
La condition préalable à tout dialogue est que chacun soit honnête avec sa tradition. A l’égard de l’islam, les chrétiens ont battu leur coulpe. Au point d’oublier que le Coran a récupéré et transposé leur patrimoine symbolique. Les figures bibliques majeures (Abraham, Moïse, Jésus) sont en effet totalement transformées, islamisées, dans le but d’accuser les  » juifs » et les  » chrétiens » d’être des falsificateurs de la Révélation, de s’être volontairement détournés de la vérité qu’ils avaient reçue à l’origine. Il y a, dans le Coran, à la fois imitation et rejet du judéo-christianisme. (…) les chrétiens ont repris tel quel le corpus de la Bible hébraïque. Saint Paul parle de  » greffe » du christianisme sur le judaïsme, ce qui est une façon de ne pas nier celui-ci. Et, au XXe siècle, les chrétiens ont eu une lucidité critique à l’égard du judaïsme, en reconnaissant qu’ils avaient pu faire une lecture abusive, antijuive de leurs Ecritures. Dans l’islam, le corpus biblique est, au contraire, totalement remanié pour lui faire dire tout autre chose que son sens initial : certains éléments sont montés en épingle, d’autres sont occultés. La récupération sous forme de torsion ne respecte pas le texte originel sur lequel, malgré tout, le Coran s’appuie. René Girard
Dans la foi musulmane, il y a un aspect simple, brut, pratique qui a facilité sa diffusion et transformé la vie d’un grand nombre de peuples à l’état tribal en les ouvrant au monothéisme juif modifié par le christianisme. Mais il lui manque l’essentiel du christianisme : la croix. Comme le christianisme, l’islam réhabilite la victime innocente, mais il le fait de manière guerrière. La croix, c’est le contraire, c’est la fin des mythes violents et archaïques. René Girard
Le christianisme (…) nous a fait passer de l’archaïsme à la modernité, en nous aidant à canaliser la violence autrement que par la mort.(…) En faisant d’un supplicié son Dieu, le christianisme va dénoncer le caractère inacceptable du sacrifice. Le Christ, fils de Dieu, innocent par essence, n’a-t-il pas dit – avec les prophètes juifs : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice » ? En échange, il a promis le royaume de Dieu qui doit inaugurer l’ère de la réconciliation et la fin de la violence. La Passion inaugure ainsi un ordre inédit qui fonde les droits de l’homme, absolument inaliénables. (…) l’islam (…) ne supporte pas l’idée d’un Dieu crucifié, et donc le sacrifice ultime. Il prône la violence au nom de la guerre sainte et certains de ses fidèles recherchent le martyre en son nom. Archaïque ? Peut-être, mais l’est-il plus que notre société moderne hostile aux rites et de plus en plus soumise à la violence ? Jésus a-t-il échoué ? L’humanité a conservé de nombreux mécanismes sacrificiels. Il lui faut toujours tuer pour fonder, détruire pour créer, ce qui explique pour une part les génocides, les goulags et les holocaustes, le recours à l’arme nucléaire, et aujourd’hui le terrorisme. René Girard
C’est une image très puissante. Mon cœur a été touché de penser à cette époque où, publiquement et culturellement, nous n’avions pas honte d’invoquer non seulement Dieu, mais aussi Jésus-Christ. Pasteur Alex McFarland (Caroline du Nord)
La foi religieuse et son expression publique étaient autrefois bien accueillies dans la société américaine. L’assaut d’un sécularisme agressif nous a malheureusement privés de cet aspect de notre humanité. Au lieu d’être encouragée, l’expression religieuse est activement réprimée et rejetée. L’histoire montre que notre pays a été fondé par des chrétiens sur des principes chrétiens. Notre Constitution, notre Déclaration des droits, notre défense des droits de l’homme dans le monde, le fondement de notre foi dans les droits de l’homme, sont nés de l’ADN chrétien. Père Jeffrey Kirby (Église catholique Our Lady of Grace, Indian Land, Caroline du Sud)
Cette image aurait pu effrayer de nombreux juifs, car ils ont été persécutés au cours des siècles, souvent par des chrétiens. Mais l’image de 1956 met en évidence l’état de la société d’aujourd’hui, qui a imprudemment basculé dans l’autre sens – non seulement en refusant d’afficher publiquement sa foi en Dieu, mais en rejetant et en se moquant de cette foi. Les gens se sont éloignés de la parole de Dieu. Ils ne sont plus disposés à se tenir sur les bases sur lesquelles ce pays a été fondé. Rabbin Schneider
Le mois dernier, un sondage du Wall Street Journal a révélé que seulement 39 % des Américains déclarent que leur foi religieuse est très importante pour eux, alors qu’ils étaient 62 % en 1998. Le rejet par la nation des valeurs judéo-chrétiennes s’est accompagné d’un effondrement des fondements de la société, autrefois sacrés, y compris la famille. En 1950, seuls 5 % des enfants américains vivaient dans des foyers monoparentaux, selon les données fédérales. Aujourd’hui, ce chiffre est de 38 % parmi les familles non immigrées, et même de 50 % dans certains États. Fox news (2023)

Quelle époque d’un autre monde ?

En ce Vendredi Saint chrétien ..

Mais aussi avant-dernier jour de la Pâque juive en Israël (avant-avant-dernier en diaspora) ….

Où célébrant, derrière sa probable expulsion transmuée en véritable massacre des innocents égyptien, la libération fondatrice de leur peuple …

Nos pères fondateurs juifs attendent toujours après bientôt un an et demi celle de ses otages retenus par les barbares génocidaires du Hamas

Et voient à travers la planète leur pays à nouveau conspuer …

Pendant qu’en haut comme en bas de la classe politique dans le reste du monde libre comme en France …

On récompense les tortionnaires de nos frères israéliens et n’ose même plus honorer nos propres justes …

Et que portés par une immigration proprement hors de contrôle et l’effondrement de notre propre culture et volonté …

Les islamistes et leurs idiots utiles multiplient, jusqu’au voilement de la Tour Eiffel  et la promotion du Coran par Bruxelles, les provocations et avancent leurs pions

Que cette vision proprement d’un autre monde…

Il y a 69 ans à peine de ces gratte-ciel de Wall Street célébrant le Vendredi Saint…

Quand nous, chrétiens, n’avions pas honte d’invoquer non seulement Dieu…

Mais le même Jésus-Christ que nous rejetons à nouveau aujourd’hui ?

Faith leaders and ordinary Americans are stunned by a spectacular public display of Christian faith that lit up the skyscrapers of New York City on Good Friday in 1956 and resurfaced on social media this week.

« It’s a very powerful image, » Alex McFarland, president of McFarland Ministries in North Carolina, told Fox News Digital.

« My heart was moved to think about that time when publicly and culturally we were not ashamed to invoke not only God, but invoke Jesus Christ. »

The photo shows three Wall Street skyscrapers emblazoned with bright crosses — lights turned on inside each building to illuminate the image of the cherished Christian symbol against the darkness of unlit rooms and the night sky around them.

Each cross measured 150 feet tall.

The trio of towers with crosses appears to create the effect of Jesus crucified on Calvary on Good Friday beside two thieves, one who mocks the Savior, according to the Gospel of Luke, and the other who repents and asks to be taken into the Kingdom of Christ.

NYC skyscrapers with crosses

Buildings with lighted crosses to honor Good Friday in April 1956. Left to right: 60 Wall Tower, 20 Exchange Place (formerly known as City Bank Farmers Trust Co.) and 40 Wall Street. Photo taken on April 5, 1956.  (Ed Peters/NY Daily News Archive via Getty Images)

It’s a moment and an image at the very core of Christianity.

But the values upon which the nation was founded appear not only to be waning today, but under direct assault by politicians, pop culture, education and academia.

« My heart was moved to think about that time when publicly and culturally we were not ashamed to invoke not only God, but invoke Jesus Christ. » — Alex McFarland

« A mere 65 years ago, New York City celebrated the ultimate sacrifice of Jesus’ death on Calvary for all to see. There is no question the nation has performed a complete transformation, and not for the better, » Patti Garibay, founder of American Heritage Girls in Cincinnati, told Fox News Digital.

She called the image of the skyscrapers with crosses « otherworldly. »

Jesus crucifixion

The photograph of three New York City skyscrapers illuminated with crosses on Good Friday 1956 reminds many of the crucifixion of Jesus and two thieves at Mount Calvary. Calvary Triptych, central panel, 1480s. Found in the collection of Szepmuveszeti Muzeum, Budapest. Artist Memling, Hans.   (Fine Art Images/Heritage Images via Getty Images)

Last month, a poll from The Wall Street Journal found that just 39% of Americans say their religious faith is very important to them, compared with 62% as recently as 1998.

The nation’s rejection of Judeo-Christian values has been accompanied by a breakdown of basic and once-sacred building blocks of society, including the family.

In 1950, only 5% of U.S children lived in single-parent homes, according to federal data.

Today, that figure is 38% among non-immigrant families, and as high as 50% in some states.

« Religious faith and its public expression were once readily welcomed in American society. » — Fr. Jeffrey Kirby

The breakdown of the family creates a whole slew of related social ills, including crime, poverty and failures in education.

« The fruit of evil is chaos, disorder and confusion, » Rabbi Kirt Schneider of Ohio, author of « Messianic Prophecy Today » and host of the TV program, « Discovering the Jewish Jesus, » told Fox News Digital.

Fr. Jeff Kirby

« Religious faith and its public expression were once readily welcomed in American society, » Fr. Jeffrey Kirby, pastor of Our Lady of Grace Catholic Church in Indian Land, South Carolina, told Fox News Digital.  (Fr. Jeff Kirby)

« Everything is compromised. Everybody thinks their moral standing is more compassionate than the word of God. »

He cited the so-called « gender-fluid » movement as an example of this chaos — and conveyed his belief that people are so lost without foundational values they can no longer accept the reality of gender as created by God and defined by science.

« The vacuum is filled by chaos, » he said.

Rabbi Schneider said he was immediately uneasy upon seeing the overt displays of Christian faith in the photos of the New York City skyscrapers — and understands why others might have felt same in 1956.

« The image might have struck in hearts of many Jewish people because they had been persecuted over the centuries » and often by Christians, the rabbi said.

But the image from 1956 sets in relief the state of society today that has swung recklessly too far the other way — not only unwilling to publicly display faith in God, but rejecting and mocking that faith.

« People have drifted away from God’s word, » said the rabbi. « They’re no longer willing to stand on the foundation this country was founded upon. »

The photo of the skyscrapers in the financial heart of the nation was sent over the wire by United Press Telephoto and appeared in newspapers around the United States — often front page center.

Building with cross

A photo from 1952 shows one New York City skyscraper illuminated with a cross on Easter weekend. (Alamy)

« Religious faith and its public expression were once readily welcomed in American society, » Fr. Jeffrey Kirby, pastor of Our Lady of Grace Catholic Church in Indian Land, South Carolina, told Fox News Digital.

« The onslaught of aggressive secularism, however, has sadly robbed us of this aspect of our humanity. Rather than being encouraged, religious expression is actively suppressed and dismissed. »

Said McFarland, « The historical record is that our country was founded by Christians on Christian principles. Our Constitution, our Bill of Rights, our advocacy for human rights around the world, the foundation of our faith in human rights, were birthed with Christian DNA. »

McFarland also said, « If we want to retain a free, safe, prosperous, stable America, it really behooves us to acknowledge those foundations that made us free, safe, prosperous and stable. And, like it or not, that foundation was Christianity in all its permutations. »

He added, « I’d love to see those buildings of New York City show the same faith today. »